
à la diftillatïon ufle légère odeur d’empyreume
fans autre altération effentielle, mais en totalité,
comme l’acide tartareux ; 6c fous ce point de vue
les efprits acides empyreumatiques que fonrniffent
les matières végétales 6c animales annoncent bien
moins la volatilité des acides exiftans naturellement
dans ces fubftances, que le cara&ère des
nouveaux acides rêfultans déSeur décompofition
gar le feu.
C O N C L U S I O N
D e l 'a r t i c le A C I D E, 6» ADDI T IONS .
En finiffant ce long article, que l’on peut confi-
dé rer comme un traité complet des acides divifé
en plufieurs chapitres qu’il eft facil^de rapporter
au fyflême méthodique des trois -iê'gnes , j’ai la
farisfaétion de pouvoir annoncer que tous les faits
que j’ai recueillis, [tous les phénomènes que j’ai
décrits , toutes les difcuflions qu’ils ont amenées
lorfqu’il a fallu en rechercher les cailles , n’ont
fait que confirmer les principes généraux que j’ai
- établis tout en commençant, fur la nature & les
propriétés de ces,fubftances aftives, dont les produits
auffi variés’ que merveilleux, -conftituent la
plupart des corps qu’il nous importe de connoître,
Sc qui fourniffent à l’art fe's plus précieux inftru-
mens. Ainfi l’on a toujours vu les acides, les plus
Ji^iples naître de la combinaifon d’un radical ou
bafe acidifiable propre , de fon genre , avec l’air
vital , principe oxygine. ou acidifiant commun ;
en a vu le phlogiftique & l’air vital fe fuccéder
réciproquement dans ces bafes , par l’effet d’une
double affinité ; on a vu , fuivant la progreffion
de ces échanges, les foufres devenir acidès , les
acides repaffer à l’état de foufre , les chaux métalliques
s’approcher , de l’état d’acide ou reprendre le
brillant du régule ; & dans ces décompoTitions &
rqcompofitions alternatives, l’élément déplacé fe
inanifefter#en état aériforme , os en fe fixant dans
d’autres matières , y laiffer des lignes vifibles de fa
préfënce. \
J’infifterai feulement ici fur trois obfervations
que je n’étois pas encore' en état de eénéra-
lifer.
La p r em ièr e eft que les acides qui n’alrèrent pas
feulement les couleurs végétales , mais qui les dé-
truifènt, me paroilfent devoir cette propriété à la ■
matière de la chaleur bien plus qu’à tout autre
principe. V o y e^ A c id e v i t r io u q u e p h l o g is -
t iq u é .
La fé c o n d é eft que les acides qui méritent proprement
le nom de f u m a n s ( o n t des acides Amplement
mis en état fec , qui agiffent fur Fèau de l’air,...
fans agir fur l’air même; j’en ai donné les preuves
à l’article A c id e v it r io l iq u e f u m a n t .
La t r o ijièm e , que les chaux métalliques peuvent
être acides faos fe diffoudre dans l’eau , puifque
rendues folubles par une faturation imparfaite avec
l’alkali volatil, leur propriété acide devientfenfiblé
par l’excès. Voye% Acide tungstiqùe.
Je fuis fort éloigné de penfer -qu’il ne puiffe
exifter d’autres acides que ceux que j’ai traités ;
je prévois cependant que plufieurs Chymifles
s’écrieront : voilà bien des acides ! je ne puis que
les renvoyer à ce que j’en ai dit d’après les Bergman,
les Lavoifier , les Schéele, 6cc. ( Voye\ ci devant,
page 31. ) S’ils veulent juger la dodrine de ces
maîtres par les préjugés de l’ancienne école, 8c
avant que de s’être mis au niveau de leurs con-
noiffances, ce n’eft pas pour eux que j’écris. Ce
feroit fans doute une prétention bien puérile que
; celle de chercher à multiplier les êtres Chymiques
déjà trop nombreux pour nos foibles facultés ;
mais ou il faut dire avec -une prétention encore
plus imbécille qu’il ne refte rien à découvrir, ou
il faut permettre d’annoncer comme des êtres nouveaux
ceux qui diffèrent de tout ce qui étoit connu,
qui ne peuvent y être ramenés par aucun des procédés
dont l ’art eft en poffeffion : en un mot,
que l’on ajoute à la férié de ces êtres , - ou que
l’on en retranche qui n’y avoient qu’un rangufurpé,
la fcience marche également vers fon but, quand
c’eft 1’obfervationi qui la conduit. Telles font les
vues que j’ai déjà exprimées dans plus d’une occasion,
& d’après lesquelles je vais encore ajouter
Si. retrancher, en profitant de quelques expériences
publiées depuis que l’impreffion de cette partie eft
commencée. - ' ,
Règne minéral.
A l’exemple de plufieurs Chymiftes célèbres ;
j’avois compté l ’A c id è -Sÿ d é r it iq u e au nombre
des acides métalliques ; M Klaproth ayant prouvé
que ce n’étoit que l’acide phofphorique uni au fer ,
je ne me fuis plus occupé dans cet article qu’à
faire voir le fruit que l’on pouvoit recueillir des
expériences qui avoient trompé les Bergman, les
Mey er , 8cc. 8c de celles qui avoient ramené M.
Meyer lui-même à un point où il ne feroit jamars
arrivé, fans la connoiffance des phénomènes qui
avoient déterminé fon premier jugement. '
Depuis l’impreffion de l’article A cide boracin ,
M. le chevalier Landriani a bien voulu me faire
pafter quelques bouteilles de l’eau du lac Cher-
chiaio ; -M. Maret s’eft chargé d’en faire l’analyfe
exaéfe ; elle a été publiée dans le fécond fémeftre
des mémoires de l’académie de Dijon pour 1784;
il réfulte de cette analyfe que l’eau de ce lac tient
en diflolution , par pinte, mefure de Paris,
. D ’acide boracin ou fel fédatif. . . 94,5 grains.
De calce, envirbn , . . . 3.
non compris un dépôt blanc-jaunâtre , doux au'
toucher, qui s’étoit fait dans les bouteilles & qui
étoit formé. • .
De foufre pur . . . 51,792' grains~\ Aufii par
De terre ahjmineufe 61,208 /pinte d’eau*
Ces réfultats étoient bien faits pour confirmer
l’opinion que j’avois annoncée, que l’acide boracin
étoit un acide propre, de fon genre, différent
de tous les acides connus, 8c probablement dégagé
de quelques matières’' volcaniques , ou produit par
quelque compofition de diverfes fubftancès altérées
par lesffeux fouterreins.
•Cependant MM. Exfchaquet & Struve viennént
de publier des expériences dont ils croient pouvoir
conclure que l’acide du borax eft u n m ix te
com p o fé (F a c id e p h o fp h o r iq u e, d e terre v it r if ia b lc & de
matière d u f e u , ou , comme ils la nomment, f e u
fixé, & qu’ils diftinguent, du phlogiftique. { J o u r ,
phyfi. T om .sX X V I l , p a g e ti6'. ) Je ne m’arrêterai
pas aux tentatives nombreufes que. ces phyficiens
ont faites pour confirmer cette analyfe par la fyn-
thèfe, puifqu’ils font obligés de convenir à la fin
qu’ils ne font pas parvenus à faire du v r a i b o r a x ,
mais feulement des fels qui en avoient to u te s les-
propriétés r e la tiv e s a u x a r ts , c’eft-à-dire, qui .don-'
noient un verre propre à favorifer la foudure des
métaux; ils fuppofent d’ailleurs que la terre alu-_
mineufe n’eft qu’une modificatiori du quartz , que
les cendres contiennent de la terre argilleufë , que
l’acide phofphorique décompofe Talkaii pour s’unir
à fon principe terreux par l’intermède de la matière
du feu , &C-. les Chymiftes exigent préfenre-
ment, pour de pareils faits, d’autres preuves que
celles que ces auteurs fourniffent.
Pour ce qui eft de l’expérience dans laquelle ces
auteurs croient avoir décompofé l’acide du borax,x
elle eft digne de fixer l’attention des Chymiftes,
quoiqu’elle laiffe encore beaucoup à defirer. Ils ont
traité dans une cornue de verre un mélange d’une
partie d’acide boracin ou fel fédatif,-de deux parties
d’acide phofphorique, en confiftance demie!,
8c de deux parties d’eau; ils ont pouffé la diftilla-
tion jufqu’à faire rongir-la cornue ,8c ils ont trouvé
apres l’opération, un réfidu blanc terreux , furpaf-
fant en poids les trois quarts du fel fédatif employé :
cette terre n é to it p o in t f u f i b le a u f e u o rd in a ir e , e lle
n a v o it p o in t d e g o û t, e lle n e f e d i f fo lv o i t d a n s a u cu n
a cid e ; fo n d u e a v e c V'a lk a l i, e lle p r é f e n to it le s memes
phénomènes q u e la l iq u e u r d e s ca illo u x - : e lle p a r o if fo it
a in f i de même n a tu re q u e la terré quartzeufe ou v i t i i -
fia b le .
J’ai voulu obferver moi- même une décompofi-
tion auffi curieufe ; mais de tous mes éffais, je n’ai
recueilli que des doutes; & pour mettre le leéleur
en état de les apprécier , je vais èxpofer la manière
dont; j’ai opéré. ;
J’ai mis dans une bonne cornuê de verre 2 gros
d acide boracin avec huit gros d’acide pliofporique,
dont la pefanteur fpécifique étoit 1,306 , 8c qui
avoit été retiré du pholphore par combuftion lente,
puis évapore pour l’amener à un point de concentration
qui répondit, autant que j’en poüvois ju-
£er, au mélange de deux parties d’eau avec deux
parties d’acide phofphorique en confiftance de miel.
#1 a paffé d’abord dans le récipient un peu de
flegme, bientôt après la liqueûr devint blanche >
& fur la fin de plus en plus épaiffe. Cette liqueur
paroiffoit entraîner un peu de fel blanc fublime
dans le col de la cornue. Il faut remarquer que
dans aucun temps le fiphon pneumatique adapté
au récipient n’a donné de gas , ni même de vapeurs
fenfibles. La cornue ayant été entretenue rouge
pendant plus de demi - heure, on apperçut feulement
dans cet intervalle, à la faveur de la nuit
qui commençoit, une flamme phofphorique ondulant
continuellement dans le col de la cornue,
& qui paroiffoit s’écouler par flocons, mais fans
porter dans le récipient d’autres traces qu’une légère
odeur de phofphore.
Les vaiffeaux refroidis , je trouvai dans le récipient
5 gros 67 grains de liqueur qui avoit toujours
l’apparence laiteufe, qui fe comporta avec les
réaélifs'abfolument comme un mélange d’acide
phofphorique & d’acide ,boracin.
Il y avoit dans la cornue 3 gros 21 grains de
matière blanche , grisâtre fur les bords , qui pa-
roiffoit bourfouflée en quelques endroits, & principalement
dans le pourtour vers les parois. Cette
matière étoit encore fenfiblement acide , l’odeur
phofphorique fe développa au moment où elle
fut arrofée d’un peu d’eau. J’effayai de l’édulcorer 9
elle fe détacha affez facilement, elle commença
même de fe ramollir & de.fe divifer; mais voyant
la difficulté qu’il y auroit de la déffàler complètement
, je pris le parti de la mettre dans un creufet
de hefte, & de l’expo fer au feu de. vitrification ;
elle ne perdit guère- dans cette,opération que le
quart de fon poids, elle ne parut avoir éprouvé
auciin antre changement, étant toujours blanche,
pulvérulente, & n’ayant pas même éprouvé un
commencement de fufion, excepté quelques portions
qui avoient coulé fur les parois du creufet ,
ou du moins qui adhéroient à fa furface intérieure
comme un enduit vitreux.
Jufques-là , ces réfultats femblent appuyer la
conjeifture de MM. Exfchaquet & Struve ; on pouvoit
feulement foupçonner que le verre de la cornue
avoit quelque part à ce produit, car on fait
que. l’acide phofphorique attaque le verre à l’aide
de la chaleur, 6c j’avois en effet remarqué une
altération très-fenfible à la furface intérieure de la
cornue dans toute la partie occupée par le réfidu ,
laquelle étoit dépolie 6c raboteufe ; cependant il
étoit difficile de fe perfuader que la portion de verre
enlevée put modifier à ce point la totalité du ré-
ftdu : ce qui m’a obligé de recourir à d’autres
moyens pour déterminer fa nature.
Un fragment de ce réfidu, ainfi pouffé au feu
de vitrification , effayé au chalumeau avec le phof-
phàte natif ou fel microcofmique, s’y eft diffous
fans effervefcence ,- mais bien plus facilement que
la terre quartzeufe.
Un autre fragment s’eft diffous tout aufii promptement
dans le borax , 6c le globule eft refté tranfi
parent.