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plètement, comme l'indiquent les bulles que l’on ap-
perçoit encore en portant l’eau bouillie fous le récipient
de la machine pneumatique , ou en l’expofant
à un degré de froid capable de la faire paffer à l’état
de glace. Dans l’expérience de Schéele pour recon-
jnoitre la préfence de l’air dans l’eau par le fulfate
de fe r , il n’y a pas fimplement précipitation de l’air
mais décompofition, puifque l’oxide métallique ne
prend que le gas oxigène , & qu’il eft certain que
c’eft l’air athmofphérique qui exifte le plus habituellement
dans l’eau ( Voyeç ci-devant expér. XLIX).
Ce n’eft pas feulement l’eau qui atttire l’air, plu-
fieurs autres liquides jouiffent également de la propriété
d’en retenir une certaine quantité au degré
de preflion ordinaire de l’athmofphère. Mariotte &
Nollet avoient déjàobfervé qu’il le dégageoit de l ’air
de la bière, lorfqu’elle étoit placée fous le récipient de
la machine pneumatique ; que 1 olait s’y élevoir en
cnouffe jufqu’à pafler fur les bords du vafe. Neuman
dit avoir obfervé la même chofe de l’alcohol, de
l’urine, du -fang ( Von'der luft § . 4p.) ; j’ai tiré de Fair
du vin par le même procédé ; on a vu qu’il y en avoit
dans l’eau de chaux ( ci-devant page 731 ) : mais ce
qui m’a bien plus étonné,. c’eft que les diflblutions
jfalines, même faturées, en tiennent ; que plufieurs
en donnentaffez abondamment, telles^ que lesdijfo-
lutions de fulfate de fonde, de fulfate de fe r , de mu-
riate de fonde, de muriate ammoniacal, &c. &c. c’eft
que Y acide acéteux ou vinaigre diftillé en fourniffe
âu point de bouillonner très - fortement ; c’eft qu’il
s’en trouve, à la vérité beaucoup moins , jufques
dans Y acide fulfurique concentré.
U huile-fixe n’eft pas elle - même exempte d’une
portion d’air : j’ai mis fous le récipient de la machine
pneumatique deux livres d’ijpile de navette; ce ré-:
cipient étoit furmonté d’un autre petit récipient que
j’a'vois auparavant purgé d’air, & qui étoit féparé
du récipient inférieur par lin robinet ; ayant fait le
vüide dans celui-ci, je vis- s’élever de l’huile une
grande quantité de bulles, j’établis alors la communication
ayec le petit récipient, ce qui me donna
la facilité de recueillir une: portion du fluide élaftique
forti de l’huile pour en faire l’eflai ; il avoit une
odeur grafle, mais il entretint la lumière , fans l’aug-
menter, & fe comporta à l’eudiomètre foit avec le
gas nitreux , foit avec le gas hydrogène , comme de
l’air à 0,23 d’oxigène. Je ne doute pas qu’il n’eût
été encore plus foible, fi j’avois pu l’obtenir ab-
folument exempt de mélange de l’air des récipiens.
11 exifte auffi de l’air dans un grand nombre de j
corps folides, de ceux-mêmes dont les pores ne fo n t 1
pas visibles à l’oeil nud. Si l’on plonge fous l’eau du
bois fec, à mefure qu’elle y pénètre, l’air qu’elle
déplace fe raflêmble en bulles qui paroiffent s’élever
de la furface du bois. .Ces; bulles ne viennent pas
de l’eau, puifque la même chofe a lieu dans l'eau
qui a ceffé d’en fournir dans le vuide. On en ap-;
perçoit de femblables pendant la diflolution du fucre
& de plufleurs fels. Mais le charbon eft de toutes les,
fubftances folides celle qui paroît jufqu’à préfem en
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Contenir le plus; 1152 grains de charbon de hêtre
bien fec , mis fous une cloche remplie d’eau, onf
laifléaller 3 ,07 pouces cubiques de fluide élaftique,
qui s’eft trouvé, à l’épreuve, du bon air commun ; le
charbon avoit acquis aflêz de pefanteur pour fe tenir
au fond de l’eau. En appliquant la chaleur au
charbon , on en tire une bien plus grande quantité
d’air, & cela n’eft. pSs étonnant, puifque l’on fait
que le charbon récent, ainfi que celui qui en a été
privé , a la propriété d’abforber non-feulement Fair,
mais prefque tous les fluides aériforfties dans lesquels
il eft plongé. Que l’on prenne un charbon ardent
, qu’on l’éteigne dans le mercure, & qu’on ren-
verfe fur-le-champ deflus un petit récipient ; le mercure
remplira tous les pores groffiers du charbon , &
cela n’empêchera pas qu’il n’abforbe encore une quantité
d’air aflêz confidérable ; j’ai Souvent répété, &
toujours avec fucçès, cette expérience du célèbre
Fontana. M. le Comte Morozzo, qui a obfervé ce
phénomène avec beaucoup d’attention, & en employant
différens charbons, a vu qu’un charbon de
hêtre, par exemple, du poids de 36 grains (formant
à peine un volume de demi-pouce cpbe) éteint
de cette manière dans le mercure , puis introduit dans
un cylindre rempli d’air , en avoit pris en 24 heures
1 ,5 6 pouce cube ( Acad. de Turin, 1786, p. 197 ).
M. Prieftley a expolé à l’air dans un plat évafé 364
grains de charbon récemftient fait; le lendemain il
avoit acquis 26 grains., trois jours après 3 3 , & au
bout d’environ huit mois 57 ( Continuation , &c. part»
I V , fe&. 13 ). Le charbon rend l’air ou les gas tels
qu’il les a abforbés, à moins qu’il ne fe forme de
nouvelles combinaifons, comme quand le charbon a
repris une certaine quantité d’eau qui pour-lors, à
faide de la chaleur, acidifie le carbone & laiflé aller
fon gas hydrogène ; c’eft ce que M. Prieftley a très-
bien v u , & qui lui a expliqué pourquoi le charbon
diminuoit de poids, dans les opérations où il fe pro-,
pofoit feulement de dégager l’air qu’il avoit ab-
forbç.
Dans ces abforptipns de l’air tant par les liquides
que par les folides, il y a une circonftance eflên-,
tielle à laquelle il ne me paroît pas qu’on ait fait beaucoup
d’attention jufqu’ici. Ou la quantité d’air que le
corps abforbe , & que l’on peut en expulfer fans
toucher à la compofition qui le çonftitue tel, eft au
deffous du volume de ce corps, lors même que cet
air eft mis en liberté; ou elle furpaflê ce volume:
dans le premier cas, il eft évident que le volume
d’air abforbé ou dégagé répond à la fomme des pores
ou parties vuides du corps dont il s’agit, & qu’il f
eft fimplement logé comme dans tout autre efpace
non occupé; quoiqu’il puiflê bien y avoir encore
une attra&ion d’adhéfion femblable à celle qui empêche
les corps fortans d’un air fec, & même des
aiguilles de métal, de £é mettre tout de fuite en
çontaét avec l’eau. Dans le fécond cas, au contraire ,
comme il feroit abfurde .de fuppofer que la fomme
des pores d’un corps quelconque pût excéder fon
volume, il s’enfuit que l’air en y entrant a perdu de.
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'fort expanfion \ & par conféquent qu’il y a affinité,
puifqu’il n’y a réellemeut que l’affinité qui puiflê
changer le volume d’un fluide, la température & la
preflion demeurant les mêmes. A in fi, dans l’expérience
de M. Prieftley fur le charbon, nous voyons
( en la traduifant en mefures de France) que 444,08
grains de charbon de chêne fe c , dont le volume
peut .être évalué à 5,5 pouces cubes, ont acquis
dans les premières 24 heures 3 1 ,7 2 grains qui, en
fuppofant cette augmentation due toute entière à l’air,
donneroient un volume de 56,5 pouces cubes. On
doit fans doute en retrancher quelque chofe pour
l’eau que le charbon a feçu de l’athmofphère , &
qu’il feroit facile de déterminer par la production de
gas hydrogène lors du dégagement par la chaleur;
mais Pair éxpulfé en nature excède encore de beaucoup
le volume du charbon, il y a donc manifefle-
ment affinité entre ces deux fubftances. Les expériences
de M. le Comte Morozzo annoncent que
l’air n’eft pas attiré ;auffi puiffamment ou du moins
en auffi grande quantité parle charbon, que le gas
acide carbonique ,. le gas ammoniacal 6c même le gas
azote Voye^ CARBONE.
Je ne doute pas qu’il n’y ait bien d’autres fubftances
jouiffant de la même propriété de condenfer
l ’air par leur affinité avec ce fluide ; les cryftaux
falins , ceux fur-tout qui fe forment à la furface de
leur liqueur , méritent d’être examinés fous ce point
de v u e , ainfi que la plupart des matières végétales
& animales.
L’air fe charge des huiles volatiles,, des parties odorantes
, d’une infinité d’émanations plus ou moins
compofées de tous les corps. L’illuftre Lambert croyoit !
que le tiers du poids d’un pied cube d’air pris à la 1
furface de la terre, confiftoit en particules étrangères
( Joum. phyf t. XVIII, p. 12.7 ). On n’a pas encore I
déterminé, pour la plupart de ces matières, fi l’air I
n’eft que le milieu qui les reçoit,ou s’il les tient en j
diflolution, quoiqu’il foit bien certain qu’elles lui communiquent
dîverfes propriétés. On fait, par exemple,
que l’athmofphère de quelques plantes riches en huile
volatile, telles que la fraxinelle, eft très-inflammable
que fl l’on fait évaporer dans une chambre de l’ai- j
cohol camphré, l’approche d’une lumière la met fur-
le-champ tout en feu; que l’air qui a traverfél’éther
eft fufceptible de produire à peu près les mêmes
effets que le mélange d’air & de gas hydrogène, &c.
Cependant il réfulte des expériences de M. Wbyte
que les corps odorans, lorfqu’ils ont été féparés de
toute matière putrefcible, comme le mufc, le camphre
, Yajfa-foetida , Y opium, Yammoniaque n’affeâent
pas fenfiblement la qualité de l’air ( Tranf. philof
1778 ). Les muifmes contagieux ne font fans doute
pas tous de même nature, mais il y en a qui font
manifeftement portés par l’air :: des moutons fains
paflênt fous le vent d’une bergerie où il y a des j
moutons attaqués du claveau , ils prennent cette ma- j
ladie ( Voye£ le DiEllonnaire de Vétérinaire ). D’autre, j
part, les témoignages des Voyageurs, d’àcçord avec
jce qui s’obfêrye dans les lazarets | nous autorifent |
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à penfer que la peflc ne fe communique pas par
l’air ; eft-ce donc que cette communication ne s’opère
que par7 des molécules pefantes & groflières qui
ne peuvent fe foutenir aflêz dans l’air pour qu'il
devienne , ou par lui-même ou par d’autres corps légers
, rinftrument d-’un attouchement immédiat ' au
corps animal ? E f t - c e parce que ces miafmes font
décompofés par l’affinité de quelques-uns de leurs
élémens avec un des principes de l’air ? Ne feroit-il
pas poflîble encore que leur funefte énergie fut détruite
par la furcompofltion avec l’air lui-même, au
moyen de laquelle ils feroient rapidement diftribués
& comme anéantis dans la maflê de ce fluide (ainfi
que nous l’obfervons pour le gas acide carbonique)
jufqu’à ce qu’ils euflênt auffi rencontré les inftrumens
de leur dernière analyfe ? Quelque paradoxes que
paroiflênt au . premier coup d’oeil ces propositions ,
il eft bon de les infcrire au nombré des poflibilités
dont il importe d’être averti en interrogeant la nature
fur une matière auffi obfcure 6t d’un auffi grand
' intérêt Voye^ a n a l y s e a n im a l e .
En rapprochant les ferions de cet article , on fera
1 furpris de voir que la connoiflànce des affinités de
l’air foit bien moins avancée que fon analyfe, qui
fêmblbit préfenter bien plus de difficultés; mais on
jugera en même temps que Celle-ci devoit précéder
pour nous apprendre à diftinguer les propriétés ;dè
compofé des propriétés de fes élémens , peut-être
.aufli pour faire naître des queftions auxquelles oiï
n’auroit point penfé avant la découverte de tant de
j fluides aériformes fi différens. Voye^ g a s .
A ir a c id e m a r in , voye^ g a s a c id e m u r îa .-
! TIQUE. ,
A ir a c id e m a r in .d é ph lo g isTiq u e , voye^ g a s
ACIDE MURIATIQUE O&IGENÉ.
A ir a c id e s p a t iq u e voye{ gas a c id e f l u o -
RIQUE.
A ir A.CÎDE VEGETAL , voÿe{ GAS ACIDE ACÉTEUX,
A ir a c id e : v it r io l iq u e ., voye^ g a s a c id e sulfu
r e u x .
A ir a l k a l in , voye^ g a s a m m o n ia c a l .
A ir a th m o s ph é r iq u e . , a ir com m u n . Ces noms
fe donnent indifféremment à la maffe de fluide éla£
tique qui environne *la terre ÿ c’eft Y air proprement
d it, vôyei ce mot.
A ir d é ph lo g is t iq u é , a ir Du feu , voyez g a s
o x ig è n e .
A ir f ix e , voyeç. g a s a c id e c a r b o n iq u e .
A ir h é p a t iq u e ., voyeç g a s h y d r o g è n e sulfureux.
A ir in fl am m ab le , voye{ gas h yd r o g è n e .
A ir : m é ph it iq u e . Plufieurs nomment ainfi le gas
acide carbonique ; mais la dénomination de ce corn—
pofé fe trou vam aujourd'hui fixée par l’expreflion de
fon. radical connu , il eft naturel de conferver l’ufag©
de l’adjeéfif méphitique pour indiquer en- général ura
air mal fai fa nt, fur-tout lorfqu’on n’èft pas dans le cas
de fpécifier la nature & la quantité des diflêrens- gas
qui peuvent le rendre funefte aux animaux,.
E e e e i|