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U air vital employé, qui étoit tiré en entier de.
l’oxide noir de manganèfe, occupoit un efpace de
35085,1 pouces cubiques, à la température de 10
degrés au deffus de zéro, & à la. preffion de 28
pouces de mercure; il pefoit 18298,5 grains.
Le gas hydrogène avoit été recueilli pendant la
diffolution du fer doux dans l’acide fulfurique étendu
de cinq parties d’eau. Le volume de ce gas, à la
même preffion & à la même chaleur, étoit de 7496,7
pouces cubiques , & fon poids de 4756, 3 grains.
La totalité des deux gas ainfi réduite par un calcul
rigoureux, en tenant compte de toutes les variations de
prejjion 6» de température de Vathmofiphere , formoit
donc un poids de.............. .. 23054,8 grains
Sur quoi ôtant le poids du gas ré-
fîdu ou de la portion non confom-
inée, qui fe trouva de . . . .............. 2831
Il reliera pour le poids des gas
réellement décompofés....................20223 ,8 grains
On eut en remplacement de cette
quantité de matière d’une pefanteur
fenfible :
i b. L’eau exiftant en nature dans
le ballon après l’opération , qui
pefa.............................. 20139 grV\
20. L’eau emportée par- /
les neuf fuccions de gas - l
réfidu dans le ballon, & J 93
que l’on reconnut ( i ) être 1
du poids d e ..................... ^ g r . j ____
Différence.............. 30,8
Il manqua, comme l’on voit, j » pour la correspondance
exaéle du poids de la matière employée
avec le poids de la fubftance produite, au lieu que
dans l’expérience de M. Lavoifier, le poids de l’eau
avoit furpaffé de celui des gas. Cette circonf-
tance fuffiroit pour prouver qu’il n’y a réellement
ici ni déficit ni excès, mais un léger mécompte difficile
à éviter dans des opérations où les poids ne
peuvent être conclus que des volumes fujets à
changer à chaque minute. Au furplus, quand on
pourroit ne pas regarder comme un accident ce déficit
d’un 657e. dans l’expérience du Collège roy al, je
n’imagine pas comment ôn parviendroit à fonder là-
deflùs un doute raifonnable de la compofition de l’eau ,
puifqu’il eft évident qu’il faudrait en même temps
admettre que dans ioooo grains de mélange des deux
gas, il en préexifle plus de 9984 d’eau toute formée,
& par conféquent, que c’eft l’eau qui acidifie le
foufre & le phofphore; que c’efl elle qui augmente
d’un tiers le poids du fer calciné; qu’elle refte unie
au plomb dans l’état de verre ; que, dans la réduâion
des métaux par le gas hydrogène, c’efl: l’eau du gas
qui agit fur l’eau de la chaux métallique , & récipro-
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quement q u e c ’eft l’eau de la chaux métallique qui
fait reparaître l’eau du gas fous fa forme première
fans qu’il y ait aucune nouvelle combinaifon, [aucune
affinité que celle de Feau avec l’eau ; que les 16 grains
de matière qui mafquoient les propriétés des 9984
grains d’eau, qui les mettoient .dans l’état de gas
permanent, au terme de la glace, fe font annihilés
dans l’opération : il faudrait admettre bien d’autres
fuppofitions tout auffi gratuites, o u , pour mieux
dire , auffi abfurdes.
L’eau examinée en préfence de MM. Lavoifier,
le R o i, Monge, Berthoïlet, Bayen & Pelletier, s’eft
trouvée dans le rapport de pefanteur fpécifique avec
l’eau diftillée : : 1,001025:1.
Les réaélifs n’y ont fait découvrir ni acide fulfurique
ni acide muriatique.
Elle étoit néanmoins acide au goût, & fon acidité
fe manifefloit par l’altération des couleurs bleues
végétales.
0606 grains de cette eau prirent pour leur fatu-
ration, avec effervefçence, 36 grains de carbonate
de potaffe, & donnèrent par l’évaporation 26, ç
grains de cryftaux de nitre bien caraélérifés ( quoiqu’on
n’eût point employé d’acide nitrique dans la
préparation des gas ) ; c’eft-à-dire, que la totalité de
l’eau produite eut fourni à la faturation de 10 9 ,7
grains de carbonate de potaffe, & qu’ainfi elle tenoit
26,63 grains d’acide nitrique j fuivant l’eflimation
de Bergman ( Voye^ ci-devant là Table, page S K
Il fut encore reconnu non - feulement que l’eau
produite troubloit légèrement l’eau de chaux, mais
encore que dans le gas réfidu de l’opération, il y
avoit auffi du gas acide carbonique ; M. le Fevre de
Gineau a fenti combien il importoit d’en déterminer
la quantité & d’en affigner l’origine, pour faire tomber
l’objeâion que l’on tire de la rencontre de quelques
parcelles d'air fixe dans la plupart des opérations de ce
genre, & il y eft parvenu. Le réfidu aériforme, qui
formoit en volume le 19e. des deux gas, & en poids
le 8e. perdit fur l’eau de chaux 462 grains ou à peu
prés le 6e. de la maffe entière, de refte étoit du gas
azote avec un 12e. environ d’air vital. On voyoit
donc déjà alfez clairement que dans la'maffe des
deux gas il avoit pu tout auffi-bien s’introduire, un 49e.'
de gas acide carbonique qu’un 1 i e. de gas azote, dont
on n’avoit pas moins cherché à prévenir le mélange
par tous les moyens poffibles. Mais le célèbre Pro-
feffeur du Collège royal eft allé plus loin : 1 °. il a
fait voir qu’un volume de 1870 pouces cubiques
d’air vital qui ne troubloit pas Veau de chaux perdoit
entre un 38e. & un 40e. de fon poids lorfqu’on le
lavoit dans le lait de chaux ; 20. dans une fécondé
expérience, il a lavé les deux gas dans le lait de chaux
& il n’y a point éu d’acide carbonique; 30. dans une
3e. expérience, il a lavé, feulement l’air vital dans le
lait de chaux, & le gas réfidu a été pareillement exempt
de tout acide carbonique, Ce qui prouve que l’air vital
(1) J’ai indiqué ci-devant, page 6941 les expériences direftes par lefquelles cette quantité fut déterminée*
A î it
ijuî ne trouble pas fenfiblement l’eau de chàux peut
encore retenir près d’un 40e. de gas acide carbonique;
que c’eft l’air vital qui tranfporte ce gas acide dans
les appareils de ces expériences ; enfin que quand
le gas hydrogène a été préparé avec foin, i f ne recèle
pas une quantité fenfible de ce gas acide, de
forte que dans ce cas, ce n’eft que par le mélange
idu gas azote ou même d’un peu d’air commun qu’il
acquiert une pefanteur fpécifique fupétieure à celle
qui lui eft propre dans fon état de pureté.
Une dernière conféquence de ces belles expériences
de M. le Fevre de Gineau, & qui n’eft pas la moins
importante, c’eft la .confirmation des rapports des
parties conftituantes de l’eau indiqués par M. Lavoifier.
Je ne parle pas encore de la preuve inverfe ou d’ana-
lyfe qu’il a eu l’attention de réunir & de comparer
dans fon Mémoire : à s’en fénir à la compofition,
lès proportions- indiquées par une première opération
font, pour 100 livres d’eàü produite,
Oxieène . . . . 84,8 I
Tjr , v > 100,0
Hydrogéné. . 1 5 ,2 1
Et par une fécondé opération i<
Oxigène----- 84,9594 ou 84,85 > 100)00
Hydrogène.. 15,-0406 ou 14 ,15 J |.
L’accord de ces réfultats entre eux, dit très-bien l
M. le Fevre de Gineau, ferait unè nouvelle preuve. :
de la théorie de l’eau, f i elle en avoit befioin%
Etant ainfi bien démontré que l’eau eft le vrai
produit de la combuftion. des deux gas ou de la combinaifon
de leur fubftance grave, on doit abandonner
à elles - mêmes ces objeélions tant de fois re-
nouvellées que l’air vital éprouve ici une altération
purement analogue à celle qu’il reçoit dans tous
les procédés phlogifliques, qu’il ne fait que fe convertir
ou en air phlogifliqué ou en air fixe. Il eft présentement
reconnu que l’air prétendu phlogifliqué
Ou gas azote ne fe trouve jamais qu’en quantité
dès-inférieure à celle des gas qui ont difparu ; que
cette quantité varie; qu’elle fe réduit à très-peu
de chofe quand les gas font auffi purs que l’on peut
lés obtenir, quand l’épreuve du gas nitreux, par
exemple, a vérifié que l’air vital en étoit exempt:
c’en eft affez pour ne plus le confondre avec le produit
dont la condition effentielle eft de repréfenter,
du moins en poids, les matières que l’on lui affigne
pour parties conftituantes ; & nous verrons dans un
inftantque ce gas azote eft lui-même un combuftible
de fon genre qui laiffe'en brûlant avec l’air un produit
d’une nature bien différente.
A l’égard de Y air fixe ou gas acide carbonique, on
a vu ( Expér. X X V II) qu’il fe formoit directement
de l’union de la fubftance charbonneufe avec la bafe
de l’air ; s’il s’en formoit. auffi dans la combuftion
du gas hydrogène, il faudrait convenir réellement
que le gas" hydrogène & le charbon font deux corps
identiques, qu’ils ne diffèrent que par quelques nio-
AIR ... ,>n
dificatiôfis, quë par l’état aétuel d’aggrégation, que
par l’expanfion que le premier reçoit du principe de
la chaleur; voilà bien ce que prétendent ceux qui
s’efforcent de foütênir l’ancienne hypothèfe d’un feul
combuftible. Mais indépendamment des difficultés que
préfeiite cêtte identité fuppofée de deux corps fi dif-
'fé'rens , que l’on n’eft parvenu à rapprocher par
aucune autre propriété qùë par leur affinité avec la
baie de l’air, cette identité eft formellement démentie
par. l’expérience XXXV. Si dans les opérations où l’on
confomme une très-grande quantité d’air, il fe trouve
à la fin du gas acide carbonique dans le gas réfidu,
comme il eft arrivé dans l’expérience du Collège royal j
il s’en faut bien qu’il égale en poids feulement le
vingtième des matières confommées, il répond jufte-
ment à cette fôible proportion que l’air peut retenir j
même après avoir paffé par l’eau de chaux.
Qu’On ne penfe pas au furplus que ce foit ici un
de ces objets encore à demi-voilés par la nature, &
fur lefquels le verre de chaque Obfervateur porte
néceffairement la couleur de fes opinions ; c’étoic
une vérité reoonnue avant qu’on eût entrevu la théorie
de la compofition de l’eau ; C’eft un fait attefté par
ceux mêmes qui la combattent. Ainfi l’exaét Scheele
affirmoit déjà dans fon Traité du Feu ( §. ip) que l’on
ne trouvoit point d'acide aérien dans le réfidu de la
combuftion de ce gas. M. Gren a fait la même obfer-
vation, même avec le gas hydrogène tiré du fer par
l’acide muriatique, & n’a eu du gas acide carbonique
que lorfqu’il a employé le gas retiré par la diffolution
des végétaux ( L. cit. Exper. 2p & 39). M. Hermftadt
lui-même convient formellement que quand on opère
avec les précautions convenables, il n’y a point de
gas acide ( Phyf. Chenu fiche yerfiuch, &c. part. 1 , page
281 ). Enfin M. Pricfiley répète ce témoignage en
vingt endroits de fes Ecrits, & quelquefois fans diffi-
muler fà furprife fur un réfultat auffi éloigné de ce
qu’il attendoit ( on peut voir entre autres la fe&. X I
de \itroifilme partie de fa Continuation, &c. ) ; fi d’autres
fois il découvre tin peu d’air fixe, l’exaétitude de
fes deferiptions en indique bientôt la véritable origine:
c’eft ainfi que l’expérience dont il a parlé dans
fon dernier volume ( fieSlion XXVI 'j ne peut laiffer
d’incertitude fur la caufe de la prefence d’un peu
d’air fixe, puifqu’il dit expreflement que les veffies
dans lefquelles le gas hydrogène avoit été confervé
avoient acquis une odeur putride, & qu’il eft bien
connu que l’acide carbonique eft un produit de la
ptitréfa&ion. .
Ne craignons donc pas d’affirmer que l’eau fe com-
pofe réellement pendant la combuftion du gas hydrogène
avec l’air v ita l, & que tous les faits qui pouvaient
répandre quelques nuages fur cette importante
vérité difparoiffènt à mefure qu’on les foumet à un
examen un peu férieux.
E x p é r i e n c e X L I V . &
Le gas açote ou cette portion de l’air commun qui
s’eft trouvée jufqu’à préfent dans les réfidus de nos