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même., foit avec l’efprit de v in T o i t avec l’éther
déjà formé; la plus grande partie des produits aè-
riformes fût encore de l’acide méphitique, & al crut
ne pouvoir douter que l’acide vitriolique aufli bien
que l’acide nitreux fe convertiraient en cette efpèce
de gas. , .
*' Cette couver lion pouvoit aufli bien être regardée
comme un.e composition nouvelle , que comme
le produit delà rèfohition de ces acid.es minéraux en
leurs parties constituantes: M. Prieftley avoit adopté
la première opinion,^formellement déclaré queî’<z-
cide méphitique étoit unefubftance fatiice;M. Landriani
fuppola également que cet acide pouvoit être formé
par composition d’une fubftance plus fimple, telle
que l’air vital-; mais ayant, vérifié par lui-même
que les acides vitriolique , nitreux , muriatique,
arfenical, phofphorique & acéteux fourniffoient
conftamment.de f acide méphitique& en quantité,
pendant .leur diftillation avec refprit-de-vin , il
jugea que cet acide gafeux étoit probablement fa çade
primitif élémentaire , en un m o t, Y acide univerfel.
Le célèbre Fontana eft revenu fur cette queftion
importante dans quelques-uns de fes derniers ouvrages:
i l aflure ( dans un-opufoule fur.les principes
de la foliditè & de la fluidité des corps ) que
c e gas contient du phlogiftique & un acide foible
.& fubtil différent de tous les autres acides. Enfin,
dans fa lettre au D r. Murrai, il rappelle fes premières
expériences fur plaideurs acides végétaux
& animaux, que les chymijles croient tout-à-fait
différens entr'eux, il s’appuie fur - tout de celle
par laquelle il a réduit entièrement l’acide nitreux
en air fimple, & paroît être difpofé à admettre
comme une hypothèfe tres-probable , que 1 air fixe
ou gas méphitique eft Vacide univerfel tant cherché
par les anciens chymiftes, & qu’elle fera portée au
dégré d’évidence néceflaire , quand il fera prouvé
que tous les autres acides fe réduifent mtïerement
*n air. #
Les principes que j’ai établis à l’article a c i d e
me ferviront ici à réfoudre cette queftion : j’ai pu
d ire , il y a quelques années, en parlant de l’acide
des fourmis, qu’il ne feroit pas furprenant que l’on
parvînt à prouver quil n etoit compoje que d air fixe , j
& d'une légère portion d'huile animale ; l’obfervation |
de Margraff, que la potafîe féparée de cet acide,
par le feu , avoit fourni des cryftaux non déliquef-
cens, ne me mettoit pas dans le cas de porter mes
vues plus loin. Mais lorfque je me fus affuré que
l ’air pur étoit partie constituante de l’acide nitreux
en tant qu'acide , que Pair étoit abforbé & fixé
par l’acide vitriolique dans la combuftion du foufre,
que l’air fe fixoit de même & devenoit partie
conftituante de l’acide phofphorique pendant la
combuftion du phofphore ; lorfque j’eus réfléchi
enfin que ces combuftions ne fe faifoient réellement
que par l’air pur ou déphlogiftiqué, que nous
fommes convenus d’appeller aujourd’hui air vital;
ce ne fût plus de l’air fixe, mais de l’air lui-même
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que j’ofai former la conjecture, qu’il entrait comme
partie conftituante dans la compofition de tous les
acides , qu'il étoit véritablement l'acide univerfel,
l'élément acide. ( Élémens de chymie de l’académie
de Dijon , tome I , page 312; tome I I , page 20 ;
& tome III, page 108. Notes fur les opufcules de
M. Bergman, tome I , page 66,
L’attention que j’ai eue de rapporter l ’opinion
de M. Fontana dans fes propres expreflions, peut
faire juger que ce phyficien célèbre n’eft nullement
décidé à attribuer cette qualité d’acide primitif
& univerfel , exclufivement à Y air fixe^ puifqu’il
lui fubftitue allez fouvent l’expreffion fimple d’tfir ;
& lion verra dans la fuite de ce paragraphe combien
fes recherches ont répandu de lumières fur la
véritable nature de -l’acide méphitique„
Que l’on fe rappelle préfentement les belles
expériences que j’ai déjà citées de M. Lavoifier ,
& on n’héfitera pas de conclure avec lui que l’air
vital eft le vrai principe acidifiant commun ; dès-
lors Y acide méphitique, loin d’être l’acide univerfel,
ne fera plus lui-même qu’un être fecondaire, com-
pofé comme les autres de ce principe acidifiant
commun. S’il eft poffible qu’il contribue à la for-
, mation d’un acide différent, ce ne fera plus lui
tout entier, mais feulement fon principe acidifiant
féparé de la bafe qui le conftituoit acide méphitique.
C ’eft ainfi que l’on doit entendre fans doute cette
propofition de M. Ingen-Houfz, que Y acide aérien
ou air fixe peut fe changer en tout autre acide ; car
quoiqu’il ne foit pas démontré impoflible qu’il
exifte un furcompofé acide , qui admettrait à la
fois & la bafe aff uélie du principe acidifiant dans
Y acide méphitique, & une troifième fubftance qui
en Changerait toutes les propriétés, je nevoisjuf-
qu’a prelent aucune preuve d’une pareille furcom-,
pofition.
Je pourrois au contraire réunir ici plufîeurs
autres faits qui tendent à confirmer ce point de
théorie que Ydcide méphitique eft formé de l’air
v ita l, comme principe acidifiant ; mais ces faits
appartiennent, plus effentieilement a d’autres quef-
tions qui méritent un examen particulier ; le leffeur
faura bien les rapprocher, & il ne lui échappera
pas que cet accord, dans les réfolutions de problèmes
fi différens, eft un des lignes les moins équivoques
de la vérité.
Ltl. L’acide méphitique éxifte-t-il tout formé dans
lés Mrps dont on le retire? Il y a certainementun
grand nombre de fubftances dans lefquelles il exifte
affuellement dans lé même état de compofition ,
pourvu des mêmes propriétés que nous avons reconnues
dans le fluide aériforme recueilli fous les
_ récipiens de.nos appareils; de forte que l’on ne
fait réellement que le dégager, que le remettre
en liberté, comme on fépare tout autre acide complet
de la bafe à laquelle il étoitmm,un préfentant
à cette bafe une fubftance avec laquelle elle ait plus
d’affinité.
IKaut d’abord mettre dans cette claffe Veau que
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«ions diftjns abforber ce g a s , qui ne s’unit à lui
que parce qu’ils fe diffolvent réciproquement, dans
la rigueur de l’expreflion chymique ; qui le laiffe
enfuite aller tel qu’elle l’a reçu, lorfqu’on l’expofe
à l’affion de la chaleur r. lorfqu’elle paffe à l’état
folide de la congélation , ou feulement lorfque par
la cefiatioi.1 de la preffion de l’air-athmofphérique,
la volatilité de ce gas acquiert une force capable
de vaincre la force avec laquelle il eft attiré par
l ’eau.
On ne peut encore révoquer en doute qu’il
©’exifte tout formé dans la terre calcaire & les
alkàlis cryftalifés ; quand on fait paffer cet acide
en gas dans l’eau de chaux, ou qu’on y verfe de
l’eau méph.tifée, il fe forme fur le champ un précipité
qui n’ëft plus diffoluble; dans l’eau p u req u i
a acquis la propriété qu’il n’avoit pas auparavant
de fournir le même gas acide, lorfqu’on le décom-
pofera. par un acide plus fort ; on n’a donc fait dans
là première opération que procurer la combinaifon
de l’acide gafeux avec une bafe ; on ne fait dans
la fécondé que rompre cette union, & remettre en
liberté cet acide, tel qu’il étoit avant la combinai;
fbn ;: ces phénomènes font exactement les mêmes
que ceux que. préfentent tous les autres acides
avec les mêmes bafes. Pour pouvoir méconnoître.
ici cette marche commune à tous les fels neutres r
il faudrait donc d’abord imaginer une hypothèfe
nouvelle, qui expliquerait d’une manière différente
pourquoi' l’affion de ces deux principes fe trouve
û fort èmouffée, pourquoi leurs propriétés fe trouvent
changées précifément comme celles de toute
autre matière faline dans l’affe de la neutralifation ;
il faudrait fuppofer encore qu’il fe recompofe toujours
à l’inftant du dégagement, de quelque nature
que foit l’agent qu’on emploie pour le produire :
il n’y a^ jufqu’à préfent ni preuve ni probabilité
d’aucune de ces fuppofitions., on ne doit donc, pas
héfiter d’admettre comme une vérité inconteftable
que l’acide exifte tout formé ,; foit dans la terre
calcaire naturelle , foit dans cellè que l’on, a-régénérée
après fa calcination, par l’addition de ce même
acide..
Ce quejeviëns de dire du calce s’applique également
au barote, à la magné fie & aux trois alkalis,
-qui éprouvent les mêmes changemens en s’uniffant
à cet acide, & à. qui on peut l’enlever à volonté
tel que'l’on leur a donné. -
Il y a plus de difficulté par rapport aux chaux
métalliques : plufîeurs de ces chaux s’uniflent très-
bien a cet acide, d’autres fe refufent abfolument
à cette combinaifon ; il y en a , -telles que les chaux
de plomb, de zinc &c. qui n’en fourniflènt pas
nu atome, pendant leur dmolution dans les acides,
quand elles font récentes, qui , après avoir été
expofées à l’a ir , annoncent fa préfence par une
effervefcence très-fenfible ; iLy en a enfin , comme
là chaux de mercure, & peut-être de tous les métaux
parfaits , qui ne font fufceptibles de donner
le gas méphitique que par certains procédés, .dans
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de certaines conditions, hors desquelles elles ne
donnent que de., l’air vital. En réfléchifiant fur ces
faits que je ne puis .qu’indiquer ic i, parce qu'ils
feront développés ailleurs , on fendra que la première
conféquence néceflaire à en tirer eft que le
gas .acide, méphitique,n’eft nullement eftentiel à l’état
de ces chaux,, comme.il l’eft au calce & aux àlkâ-
lis dulcifiés ou non cauftiques. On en conclura en,
fécond lieu que celles de ces chaux qui font efifer-
vefcence avec les acides, en tiennent a&uellement
de tout formé ; de quelque manière qu’elles l’aient
reçu. Quant à celles qui n’en fourniffent que par
certains procédés , ©n fera fans doute porté à
croire qu’il n’exiftoit pas tout formé ,. qu’il a été
produit dans l’aéle du dégagement; cette opinion
acquerra déjà une aflez grande vraifemblance ,
lorfque l’on corifidèrera en même temps qu’il eft
bien difficile que le gas méphitique fe mafque, quand
la bafe où on le fuppofe engagé eft reprife par
un autre acide; que les métaux ne fe calcinent pas
dans le gas méphitique ; que les terres métalliques ,
ayant une analogie marquée avec les acides , ne
peuvent recevoir comme eux que de l’air vital le
caractère qui les rapproche; en un mot, que ces
chaux ne pouvant être préfumées tenir à la fois l’a ir '
vital & le gas méphitique, ni fournir exclufivement
l’un des deux , fuivant les divers procédés de dégagement,
on feroit conduit naturellement à fup-
poier avec bien moins de fondement la convefrfion
de Vacide méphitique en air vital. Ne nous preffons
pas cependant d’adopter une conclufion aufli importante
que cètte formation de Y acide méphitique
jufqu’à ce que nous ayons vu s’il n’y a pas d’autres
phénomènes qui tendent à l’établir.
Après les chaux métalliques viennent les- acides-
que nous devons à leur tour confidérer fous ce-
nouveau point de vue : ce ne fon t pas feulement :
les acides végétaux & animaux qui fe convertiflènt
en acide méphitique ; les acides minéraux en donnent
également, lorfqù’on les traite avec l*efprit-de-vin
ou l’éther ,-îl n’eflpas poflible de foupçonner qu’il
exifte tout formé dans la compofition de ces' deux,
fluides. M. Fontana a converti l’acide nitreux lui—-
même tout entier en gas méphitique, & e’eft :
celui dont on peut affirmer avec plus de confiance-
qu’il tient actuellement de l’air vital, parce que^
l’aélion feule du feu le dégage du nitre ; M. Lan-
driani a fait voir que l’acide arfenical traité avec'
la chaux, les fleurs de zinc, &c. donnoit de l’air'
vital aufli pur que l’acide nitreux & ce même1
acide a fubi comme lés autres la converfion en gas-
méphitique dans le procédé de l’Ether : voilà donc '
cette fois la formation de Y acide méphitique fuffi--
famment prouvée , on peut donc le retirer des •
corps où il n’exiftoit pas, il peut fe compofer enfin *
dans l’aâe du dégagementyiarfqu’il fe. rencontre kc
la fois de l’air vital principe- acidifiant ' commun ,,,
& un autre principe que“ je. nomme bafe addifiabh-
du gas méphitique , lorfque l’un ou l’autre ne. font'
pas forcés de céder à une affinité fupérieure $§£.