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Vacide firupeux concentré a une faveur très-
piquante *, il rougit fortement les couleurs bleues
végétales. Cartheufer, dans fà differtation de ge-
nericis planiarum principiis, compare fon odeur a
celle du raifort fauvage qui prend le n e z , fait
éternuer & pleurer, Si dit avoir obfervè qui!
laiffoit fur la peau une tache jaune qui ne s en
alloit que par la defquammation.
Expofé au feu en vaiffeaux ouverts , il fe yola-
tilife & ne laiffe qu’une tache brune : fi on lui fait
éprouver une forte chaleur en vaiffeaux clos, le
réfidu eft plus confidérable & de la nature du
charbon de fucre.
Il attaque avec une vive effervefcence les me-
phites terreux & alkalins, & forme avec leurs
bafes des fels effentiellement differens de ceux
qui réfultent de l’union de ces mêmes bafes avec
l ’acide faccharin. Je leur donne le nom generique
de firupes. Voyeç SiRUPE ALUMINEUX, SiRUPE
DE SOUDE , &C.
Suivant M. Schrickel , cet acide diffcut I V ,
même en état de métal ; il affure avoir fait plusieurs
fois cette expérience, & même 1 avoir repétée
en préfence de Fréel. Aug. Cartheufer. Ce
Chymifte n’eft pas le premier qui lui ait attribue
cette propriété ; Lemery dit précifément que l efiprit-
de-m ïel reEtifié étant mis en digejlion fur des feuilles
d ’or. , dijfout quelque légère portion de ce métal .y mais
fans qu’on y apperçoive aucune ■ jermentation. Neu-
man rapporte aufïi comme une opinion établie dans
les ouvrages de Depré-, YYEttmuîler, Si de plufieurs
autres, que l’efprit-de-miei & l’efprit-de-manne dif-
folvent l’or ; mais il la rejette comme une fable
accréditée par les adeptes", fur le fondement que le
miel & la manne étoient des fubftances aeriennes
eu céleftes , formées de la rofée, chargées de fel
hermétique, de Fefprit du monde, ou menftrue
uni ver fel. C ’eft en effet dans ces termes^ qu’en parle
EttmuHer. Neuman affirme au contraire que l’ef-
nrit acide de manne le plus concentre n a pas
plus d’aâioq fur l’or que l’acide acéteux ou tout
autre acide végétal- J’ai voulu juger par moi-même
fi l’opinion des Chymiftes qui ont précédé Neuman
avoit quelque fondement; j ai fait bouillir a
diverfes reprifes de l’acide firupeux fur un cornet
d’or de départ, la.liqueur eft devenue d’un
jaune plus foncé à rai fon de l’évaporation ; mais y ayant mis enfuite une lame cfétain , il n’y a pas
eu un atome de précipité pourpre , quoique la
feuille d’étain eût été attaquée & prefqtie totalement
diffoute, ou réduite en chaux blanche.
On n’a pas tenté la diffolution de la platine par
cet acide.
Pour Yargent, M. Schrickel le met au nombre
des métaux qu’il n’attaque pas , & ce qui eft plus
rèmarquable , il affure qu’il ne s’unit pas même
avec Ta chaux.
Il en dit autant du mercure & de fa chaux, &
$n cçla il fi’cft pas d’accord avec Lemery, qui parle
AGI
expreffément dé j à diffolution du merCufe par cet
acide ; je nie fuis affuré que le mercure n’étoit pas
attaqué en état de métal, même à l ’aide d’une
longue digeftion.
L’aéïion de l’acide firupeux eft plus marquée fur
les métaux imparfaits; il corrode le plomb à fa
furface , & perd lui-même fa tranfparen.ee , cette
diffolution fournit des cryftaux allongés très-ftyp-
tiques; il donne avec le cuivre une diffolution
verte; il diffout Y étain en partie; il forme avec
le fer des cryftaux verds, avec Y antimoine Si le
fine des diffolutions verdâtres. J’expoferai ailleurs
plus en detail les propriétés de ces fels ; je me
borne à les indiquer ici, comme faifant connoître
les caraôères particuliers de notre acide. Voye£
SlRUPES d’or, de fer, de fine, &c.
Il nous manque encore bien des obfervations
pour déterminer .exaéïement les^ affinités de cet
acide ;• cependant j’ai vérifié qu?il préféroit les ai-
kalis aux terres, & même que le firupe barotique
étoit décompofé fur-le-champ par la potaffe cauf-
tique, & d’après cela je crois pouvoir indiquer
l’ordre fuivant :
La potaffe.
La fonde.
Le barote.
Le calee.
La magnéfîe.
L’ammoniac,
L’alumine.
JLes chaux métalliques*
L ’eau.
L’efprit-de-vin.
Suivant M. S c h r ic k e lla diffolution fîrupenfè
de cuivre n’eft décompofée par aucun des acides-
minéraux.
Le firupe de plomb eft décompofé par ces trois
acides.
L ’acide firupeux ne cède l ’étain à aucun de ces
acides.
La diffolution de fer dans cet acide n’eft précipitée
que par l’acide muriatique, & non-par les-
acides vitrrolique & nitreux.
Les acides vitriolique & muriatique lui reprennent
l’antimoine, mais non Facide nitreux.
. Il ne laiffe pas aller le zinc à l’acide muriatique
ni même à Facide nitreux , mais bien à l’acrde
vitriolique.
L’aâion de cet acide fur les huiles n’a pas encore
été examinée , non plus que fà eombinaifoiï
éthérée avec l’efprit-de-vin.
A c id e TARTAREUX , acide du tartre. Cet acide *
quoique très - anciennement connu & employé
dans un grand nombre de préparations, n’a cependant
été mis en état d’acide libre que depuis;
quelques années. Il eft vrai que quoiqu’en partie
faturé il faifoit réellement fonction de diffolvartf:
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acîde, c’eft celui qui a été nommé crème de tartre.
Non-feulement cette expreffion très-impropre doit
être proferite füivant nos règles de nomenclature ,
mais comme la découverte de Yacide tartareux
libre ne nous empêche pas d employer cet acide
dans l’état de faturation incomplette % ou la nature
nous le préfente , d’examiner fon aftion ainfi modifiée
, & les produits de fes combinaifons à double
ha fe , il en réfulte que nous avons ici a confide-
rer deux êtres très - diftin&s , l’un plus fimple,
l’autre plus compofé, & que ce feroit s’expofer
volontairement à une confufion habituelle que
de vouloir les comprendre fous une même .dénomination.
Je laifferai donc parier ceux qui aime-
roient mieux éternifer les imperfeélions de la
fcience que de renoncer à quelques mots d habitude,
Si je nommerai acide tartareux l’acide du
tartre libre & ifolé de toute bafe ; je nommerai
acidulé tartareux le même acide dans l’état de faturation
incomplette , & tartres trifules ou triples,
les fels dans lefquels cet acide retient fa bafe naturelle
, & en fixe en même-temps.une différente
pour achever la faturation. Au moyen de
ces dénominations, qui me paroiffent aufïi claires
qu’exaéFes -, tout s’entendra fans circonlocution ,
fans crainte d’équivoque ; le terme acidulé^ n’a pas
fiefoin d’explication , il eft pris dans fa vraie figni-
fication.
Cette diftinéïion néceffaire me donne donc ici
en quelque forte deux diffolvans à traiter , mais
trop analogues pour en faire deux articles féparés;
je m’occuperai d’abord de Yacide tartareux libre ,
comme l’être le plus {impie, je pafferai en fui te à
l’examen de cet acide' réduit à la condition d’acidulé
; mais je dois , avant tou t, faire connoître le
tartre qui eft la matière première de l’un & de
l ’autre , & l’acide empireumatique que fournit fon
analyfe par le feu.
§ . I . Du tartre & de fa purification,
Le tartre eft une matière. faline concrète d’une
faveur acidulé ,- qui fe dépofe en forme d’incruf-
tation pierreufe fur les parois intérieures des tonneaux
remplis de vin.
Le nom de tartre, qui vient de tartarum, lui a
été donné, fuivant quelques anciens, comme indiquant
plutôt le lieu que la matière , c’eft-à-dire ,
la profondeur fombre où elle fe forme,, & ils ap-
jvuy oient cette origine par la figure même du caractère
que lui ont donné les Qiymiftes , qui eft
ann quarré & une- croix au-deffous. Paracclfe qui
en fit le principe de tout mal & de tout remède,
«jui vouloir que tout corps fufceptible de donner
am produit concret eût un germe tartareux , que
3e fang eût fon tartre, que l ’eau eût fon tartre,
que l’efprit de-vin lui - même eût fon tartre, Sec.
dit précifément qu’il eft ainfr nommé], parce qu’il
engendre de lui-même l’huile, l’eau, la teinture
& le fel qui1 brûle le malade comme l’enfer ou ïe
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târtare ( de morhis tartareis, cap. 1 ). C/eft affez d’annoncer
en quelques mors cet étrange fyftême,
dont Vanhelmont ne tarda pas à défabufer Fée oie
de Paracelfe.
Cette fubftance a reçu differens noms des auteurs
cabaliftiques, mais ils ne méritent guèrés
d’être tirés de l’oubli. Pott nous apprend que c ’e'ft
Yacide Julfur eux radical de Wielling.
Toutes les liqueurs vineufes, & même tous
les vins de raifin, ne foürnifïent pas une égale
quantité de tartre. Neuman a remarqué que les
vins de Hongrie n’en laiffoient qu’une couche
mince, que les vins d’Efpagne , de Frontignan ,
& autres vins liquoreux en donnoient extrêmement
peu ; que les vins ordinaires de France en
fourniffoient davantage & de meilleure qualité,
mais que les vins du Rhin Si de la Meufe le donnoient
le plus pur Si en pins grande quantité:
{tome 11, part. I F , chap. 28) . M. Scopoli croit
que les vins d’Autriche Sc de Styrie, naturellement
plus acides, produifent anflî plus de tartre.
Ori diftingne le tàrtre rouge Si le tartre blanc ;
ils ne diffèrent que par la partie colorante que le
vin rouge fournit au premier , & qui ne lui eft
pas effentielle. Le blanc fe trouve aufïi d’une couleur
terne , & même quelquefois grife , parce
qu’il s‘y mêle toujours de la lie fine, ou quelques
impuretés dont le vin étoit chargé accidentellement
, & qu’il laiffe précipiter.
En générale le tartre crud a une apparence pierreufe;
cependant on y apperçoit quelques cryftaux:
fa faveur , quoique lenfiblement acide, a
un caradère vineux. Les académiciens de Dijon
ont obfervé qu’une once d’eau à la température
de 10 degrés au-deffus de zéro , n’en pouvoit di£
foudre que quatre grains; qu’elle en prenoit un
peu plus à la chaleur de l’ébullition , mais qu’il
fe eryftallïfoit par le refroidiffement.
Avant que d’examiner les propriétés du tartre,
il. faut le débafraffer, comme l’on v o i t d e fes
impuretés, & fur-tout d’une partie extradive qui
lui eft le plus adhérente. Le Chymifte peut fe dif-
penfer de faire lui-même cette opération, qui fe
pratique en grand pour l’n fagede la pharmacie,
des teintures , Sic. ( voye{ dift. des arts ) ; mais :E
ne doit pas ignorer les moyens que l’on emploie,
Si les conféquences qui en réfultent pour Fana-;
lyfe.M
. Fizes a donné dans le recueil de l’académie
pour 172,5 , un mémoire fur la maniéré de
puriner le tartre à Calviffon & Aniante près de
Montpellier. Ces fabriques, dit M. Monter , fe
font fort multipliées depuis • il y en a à Montpellier
même, il y en a dn côté d’Uzès , à Béda-
rieux, &c. On fait d’abord beuiîür le tarrre dans
l’eau, on filtre & on laiffe dépofer par refroidiffe-
ment la partie qui a été diffoute. Les cryftaux
que fournit cette première opération font encore
roux & chargés de matière extradiye huileufç?