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cipe qui lui eft effentiel , uni à un çombuftlble ;
d’une autre efpèce. Lors même que ce principe fe
préfente fous la forme gafeufe, il n’eft pas toujours
exempt de mélange ; on fait au contraire que. le
charbon eft une des parties confti mantes du gas inflammable
des marais, du gas de la diftillation des
matières végétales & animales > des mofettes de
quelques mines, de l’air chargé des vapeurs de l’éther,
&c. &c. C ’eft donc fur le gas hydrogène le
plus pur, tel que celui qu’on recueille pendant la dif-
folution des métaijx dans les acides délayés, qu’on
doit diriger d’abord les expériences pour reconnoître
l’a&ion qui lui eft propre, & la nature du produit
de fa combuftion.
Le gas hydrogène ne s’allume que par l’approche
d’un corps aéluellement enflammé, ou par l’étincelle
éleélique ; cependant il ne faudroit pas fe preffer
d’en conclure que la combinaifon qui eft le produit
de fa combuftion ne s’opère jamais qu’à une température
aufli élevée; on a déjà pu voir un exemple
du contraire dans l’expérience que j’ai rapportée fur
la dilatabilité de ce gas ( Voye^ ci-devant page 686)I,
puifqu’il a été altéré avant que la température eût
atteint le 60e. degré : mais cela tient à l’état différent
dans lequel il rencontre la bafe de l’air. Nous
en trouverons dans la fuite bien d’autres preuves.
Il n’eft même plus douteux que dans jg p& de la
refpiration une portion de l’air qui difparoît fe combine
avec le même principe, puifque, fuivant lo b -
fervation de M. Lavoifier, il y a o , 192 de lair ab—
lorbé par la refpiration d’un cochon d’Inde, qui ne
fe retrouve pas dans le gas acide carbonique produit
( Mémoires de la Société royale de Médecine, année
iÿ 8 f, p. 574 ). Ici ce n’eft plus l’état de Pair , mais
bien celui dans lequel fe trouve l’hydrogene qui fa-
vorife la combinaifon, à une température qui n eft
guère au deffus de 32 degrés.
Ce gas une fois allumé par le contaâ de la plus petite
étincelle propage de lui-même fa combuftion,
o u , pour mieux dire, elle eft inftantanée & totale
dans tout l’efpace qu’il occupe, fi l’air y -eft diftri-
bué en allez grande quantité ; ce qui tjient à la chaleur
très-co’nfidérable qui l’accompagne & qui détermine
cette raréfaâion. fubite que nous nommons ex-
plofion. Lorfque le gas ne reçoit que peu à peu le
contafl de l’air , il ne brûle aufli que fucceffivement,
comme l’indiquent les expériences X X X I , XXXII
& XXXIII. M. Lavoifier a obfervé qu’on obtient la
même combuftion. lente ^ en entretenant un jet d’air
pur dans une bouteille remplie de gas- qu on a précédemment
allumé y de forte que c’eft l’air lui-même
qui paroît dans ces circonftances fournir le dard de
la flammé ( Ment, de VAcad. ann. 1781, page 471 ).
II eft prouvé par l’expérience XXX- que, fans le
contaél de l’air, ce gas ne peut brûler ni faire brûler
les corps les plus combuftibles à quelque degré qu’on
élève leur température.
La combuftion du gas hydrogène met en liberté
une trèse grande quantité de chaleur; M. Monge rapporte
que dans l’appareil décrit ( Expét-, XXXFIII)
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& oîi il brûloit chaque fois tout au plus 16 pouces
de vrai gas hydrogène, l’explofion occafionnoit une
chaleur fubite qui fe faifoit fentir, d'une manière très-
fenjible au v if âge , même à la difiance de trois pieds du
ballon« M. Lavoifier a fait plufieurs effais pour déterminer
les quantités d’air pur que s’approprioient,
pendant la combuftion du charbon , la matière qui lui
étoit propre & le gas hydrogène ’qu’il recèle, fur^tout
lorfqu’on ne lui a pas t'ait fubir auparavant le feu de
calcination ( Mém. de VAcad, des Sc. ann. 1781,p. 472).
Il réfulte de fes calculs, fondés fur la comparaifon
des produits, que tandis que 17,833 grains de carbone
prennent 44,962 d’air vital, 0 ,7 1 7 grains
d’hydrogène en prennent 4,749-; ou , ce qui eft la
même chofe,*que 100 grains de carbone exigeant
pour, leur combuftion 252,12 grains d’air vital, il
faudra 662,34 même air pour 10O de gas hydrogène
; o u , fuivant une troifième expreflion du
même rapport, que 100 d’air pur fuffifent à la
combuftion de 39,66 de carbonne, tandis que la
même quantité eft confumée par 15 ,09 d’hydrogène
; proportion plus que double, & d’après laquelle
on peut évaluer affez fûrement la matière de
la chaleur rendue libre , en tenant compte de la portion
que retient le produit de la combuftion ; or
cette dernière condition laiffe encore l’avantage à
l’hydrogène, puifque l’eau en fixe une moindre quantité
que le gas acide carbonique.
M. Crawford a entrepris de déterminer par une
voie plus direâe la quantité de chaleur mife en liberté
pendant la combuftion du gas hydrogène. Il
s’eft fervi pour cela d’un infiniment femblable à l’eu-
diomètre de M. Vo lta, excepté que l’excitateur électrique
étoit placé dans le haut, & que la boule extérieure
s’élevoit à quelques pouces au deflus du vaif-
feau ; il l’a rempli d’un mélange de deux parties d’air
vital & d’une partie de gas hydrogène, & l’ayant
placé au milieu d’un cylindre plein d’eau, recouvert
de flanelle pour empêcher la diflipation de la chaleur,
il a allumé par l’étincelle éleétrique : des 16
once-mefures & trois, dragmes de mélange, il ne
s’en eft brûlé que 11 , qui équivalent à 17 ,6 9 pouces
cubiques françois, dans lefquels on ne peut guère
fuppofer que 5,35 pouces cubes ou 0,205 g^his
d’hydrogène parfaitement pur ; & cette foible quantité
a produit une chaleur capable d’élever progref-
fivement, dans un intervalle de huit minutes, de
6,26 degrés (échelle deRéaumur) à .7 ,3 7 , la température
de 9558,6 grains d’eau en nature , &
■ d’autres corps environnans repréfentés par 2450,29
I grains d’eau ( On animal Heat, &c. p. 274 & fuiv, ).
! Ce réfultat doit d’autant moins étonner, que nous
favons d’ailleurs que le gas hydrogène contient lni-
! même une quantité très-conüdérable de matière de
la chaleur. Voye^ c a lo r iq u e ..
Les phénomènes de Vaugmentation de poids du com-
buftible, de la diminution correfpondante de l'air, qui
accompagnent toute combuftion, fe préfentent ici dans
le plus haut degré d’éyidcnce ; le poids de l’eau qui
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fe forme furpaffe 6 fois & plus le poids du gas qu’t
eft brûlé. L’air difparoît à Vue d’oe il, un inftant en
confomme des maffes prodigieufes, c’eft un moyen
de faire le vuide dans des efpaces illimités ; & n l’h ydrogène
fe trouvoit dans l’état de gas aufli facilement
, aufli abondamment que l’e^iu, il nous four-,
niroit de même par les raréfaélions & condenfations
alternatives une puiflance méchanique bien fùpérieure
à celle des pompes à feu, pour laquelle les*,étincelles
d’une petite machine éle&rique femplàceroient ces
montagnes de charbon employées pour réduire l?eau
en vapeurs.
La nature du produit de cette combuftion eft ici ce
qu’il y a de plus remarquable. Si on l’opère fur l’eau
bu fur des liqueurs aqueufes , comme dans lés expériences
XXXIII, XX X IV , XXXV & X X X V I , ce
produit fe confond tellement avec l’eau , qu’il eft irn-
poflible de l’en féparér & de’le diftinguer. Si on opère
fur des gas renfermés par des corps fees ou même
deflechés, comme dans les expériences XXXVIII &
XXXIX, on trouve encore de l’eau, & on ne trouvé
que de l’èau qui puifle repréfenter la portion pefante
des gas qui a difparu, que l’on fait très-certainement
ne- pouvoir être tranfmife à travers les vaifleaux employés,
qui cohféquemment n’a pu que changer de
forme par l’effet d’une'combinaifon dans laquelle le
calorique en eft féparé.poijr là plus grande partie,
Ainfl l’eau eft véritablement compofée dans cette
opération , & l’explofion qui l’accompagne n’eft due
qu’a la raréfaêlion prodigieufe qu’elle éprouve inftan-
tanément.
L’eau eft un compofé ! Il eft difficile de fe défen- j
dre d’une impreflion de furprife la première fois qu’on
entend une proposition aufli contraire à la tradition
de tous, les fiècles, aux principès enfeignés jufqu’àce
jour dajis toutes les Ecoles; aufli voyons-nous en- I
core un affez grand nombre de Phyficiens rejeter;
abfolument cette conclufion, fe mettre l’efprit à la
torture pour expliquer d’une autre maniéré les faits
qui l’établiffent, & effayer de plier les réfultats de
l’obfervation aux. diverfes hypothèfes qu’ils imaginent
pour la remplacer. D ’après cela il fembleroit
que je ne puis trop infifter fur les preuves, que;je-
ne dois m’arrêter qu’après avoir examiné toutes les
objé&ioris; mais THiftoire de l’Efprit humain nous a
appris -que la dernière fanétion des grandes vérités eft
aufli bien l’ouvrage du temps que de la difeuflioh ;
que ferviroit d’accumuler des raifonnemens qui nè
feront jamais entendus par ceux dont l’oreille eft
endurcie parla prévention, que Ies‘autres jugeraient
inutiles & faftidieux ? Tandis que j’écris ceci , la génération
de ceux qui défendent avec opiniâtreté leurs ]
opinions d’habitude, , s’éloigne infenûblement ; une !
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autre génération s’approche, qui, n’ayant pas été déçue
par l’autorité d’une tradition uniforme, n’aura
befoin, pour fe décider, que d’une Ample expofition.
Je me garderai donc de relever tous les argumens
frivoles -que- l’on a-opp-ofés à cette doârine (1) ; le
complément de fes preuves fe trouvera dans une
fuite d’expériences d’un ordre inverfe : en attendant,
je me bornerai à quelques éclairciffemens fur celles
qui précèdent;
A la pretftière furprife que fait éprouver le récit
de cette découverte, il en fuccède bientôt une autre ÿ
c’eft que ’nos yeux aient été fl long-temps fermés à
l’obfervation .qui devoit nous y conduire ; puifqu’il
eft certain que la fumée qui fe rend vifible en arrivant
dans un milieu plus froid, que là vapeur qui
fé cohdenfe fur les parois intérieures des verres de
lanterne du côté du v en t, que l’e.au‘enfin qui coule
de l’extrémité des tuyaux de nos poêlés domeftiques
n’eft’ pour la plus grande partie , comme le remar^
que M. Monge, que de l’eau pfoduité par la combuftion.
L’humidité qui accompagne même dans les
temps les plus focs l’air expiré des poumons des animaux
, peut être mife encore au rang des phénomènes
qui nous Retracent habituellement la régénération
de ce fluide ; l’eau qui fe^dépofe fur les glaces d’une
voiture fermée ne vient! sucement pas toute de l’air;
car fa température lie changeant pas il 'n’y a point
de raifon pbu¥"qü’il ne 'rémporte pas" eh s’éloignant1
la même Quantité dont il étoit chargé- lorfqu’il s’y
eft introduit ; ce n’eft pas rio'n : plus uniquement de
l’eau enlevée1 par Pair plus chaud aux parties animales
qu’il ,toûche;;' /cet air étant fans ceffe, renouv
e lé , il en réfulteroit à là fin une deflîccafion abfolument
femblable à celle' que- les; mêmes parties ti-'
rées de l’animal éprouverOiênt dans une étuve entretenue
pu même degré ; -une portion de cette eau
eft donc Vifiblement produite, & on peut en efti-
mer'la quantité, eii partant ide l’expérience déjà citée
de M. Lavoifier, puifque fi l’on prend pour terme
moyen de la refpiration d’un animal fain les réfultats
dé cette expérience, on trouve qu’une maffe d’air
de cinq pieds • cubes eft nécèflaire pour entretenir
ila refpiràtron d’un homme pendant üne heure ; que
de cette quantité , il n?y à guère que le quart véritablement
confommé , une partie de l’air vital qu’il
[contient échappant elle-même à la décompofition ;
que cîes. 2160 pouces cubes réellement décompofés>
il n’en entre que ;i 646'dans la formation du gas acide’
carbonique; qu’il en refte par conféquent 514 qut
ne pouvant etre préfumés retenus dans le fang en
nature, ont dû fe combiner avec l’hydrogène dans
la proportion déterminée d’ailleurs en poids de 85:
à 15 ; d’où l’on tire que. dans- l’a&e de la refpiratioa
d’un homme en fanté,
(1) On a dit y par exemple : fi l’eau eft compofée d’air vital & d’air inflammable , pourquoi ne détonne-t-elle pas quanck
on la chauffe ? J’ai regret que M. Berthollet ait interrompu le cours-de fes lavantes recherches-, pour répondre que
c^ft .par la même raifon que le: foufre , converti en acide par la combuftion , ne s’allume pas ( Joum. phyf. tom. X X I X „
pag. ijÿ);. C’eft perdre- fon temps que d’entrer en. lice avec celui que ne frappe point l’évidence d’una telle] raifgn.^ ou.
.qui la diiTinai.de»