
terai feulement qu’elle refte blanche à la calcina- i
tion ; qu’au feu du chalumeau elle' fe fond aifé- <
ment fur le charbon en un globule de couleur cendrée
clairej qu’elle donne au borax une couleur
obfcure ; qu’elle fe diffout fans effervefcence dans j
les acides, 8c y forme affez fouvent une gelée ; \
qu’elle eft attaquée par tous les alkalis, 8c leur j
communique une couleur brune*.
A cide sirupeux. Je donne ce nom à l’acide ;
que l’on retire du fucre par la diflillation , qui
exiftè dans tous les végétaux qui récèlent un fuc
lucre ou firop naturel, dont j’emprunte cette déno- 1
mination , pour diftinguer cet acide de l’acide fac-
charin de M. Bergman , dont l’origine, les propriétés
8c les produits font effentiellement diffé-
rens.. V oye^ Acide végétal.
En parlant de l’acide faccijarin qui. a été dans
l’origine , 8c qui eft encore aujourd’hui communément
préparé avec le fucre , quoique l’on
puiffe le compofer avec bien d’autres fubftances,
j ’ai été obligé de donner l’analyfe. complette du
fucre ( voye^ ACIDE SACCHARIN , g. ÏI ) , & par
conséquent d’annoncer l’acide,.qui eft une de fes
parties conflituantes ; j’aurai attention de ne pas
répéter ce que j’en ai dit à cette oceafion x iL feffira
dë rappellèr ici quelques faits principaux, 8c.d’ïn-
fifter fur ceux qui n’ont pas été'affez développés.
Lemery fai foi t un' efprit de fucre en traitant à la
dîffillation le lucre candi avec le fel ammoniacs
M. Baron remarque très-bien que le fel ammoniac
eff parfaitement inutile dans cette.opération,puisqu’il
fe fublime fans le décompofer. Boerhaave
affure précifément que le fucre diffillé en yaiffeaux
fermés donne un efprit acide.* pénétrant (. procejf.
f8 ) Neuman, MacquerCartheufer- 6t. Buquet en
ont fait aulîi mention ; mais perfonne n’a travaillé
cette matière avec plus de foin que M. Schrickel3
«font j’ai.déjà, fait connoître en partie les expériences*
§» I. De la. préparation .& rectification de. cet acide,.
On.met dans une cornue de verre la quantité
que l’on veut dé fucre fin pulvérifé, 8con diftille
au bain de fable, en augmentant le feu par degrés.
La cornue doit être allez grandé pour qu’il relie
au moins j de vuide,,parce que cette matière fe
bourfouffle confidérablement, 6c pafferoif fans
cela jufques dans le récipient > ou du moins rem-
pliroit le col dé la cornue, ai*point d’arrêter la
aîftillation & de faire éclater, les vàifféaux. Le
récipient doit être auffi fuffifammeitt grand^pour
là condénfation dés vapeurs.
Ayant traité de cette manière 4 onces de fucre
raffiné , ,6c adapté au récipient un fiphon pneumatique
, il s’eft dégagé dans les commencemens une
fi grande'quantité de gas, qu’il n’a pas été poffible
de remplacer à temps les cloches de verre pour
Bièii .pas. perdre on on a feulemeut. recueilli
pouces cubiques f , dont 29 pouces \ ont encore
été abforbés par l’eau de l’appareil, 6t lui ont
communiqué la propriété de blanchir fur-le*champ
l’eau de chaux. Le furplus étoit du gas inflammable
huileux, brûlant avec flamme bleue.,. 6c
détonnnapt très-foiblement.
On a trouvé dans le récipient 5- gros 68 grains
de liqueur brune , dont la plus grande partie étoit
du flegme fenfiblement acide, rougiffant le papier
bleu , feulement coloré par une matière huileufe,
8c mêlé d’un peu de charbon, qui s’éteit élevé
fur la fin de l’opération..
Le charbon refté dans la cornue, 8c qui étoit
raréfié au point de la remplir prefqu’en entier,
pefoit 13 gros 46 grains. Un phénomène qui n’a
été annoncé par aucun Chymifle, 6c que j’ai ol>
fervé deux fois d’une manière non équivoque,
c’eft,que la furface intérieure de la cornue effatta*
quée dans cette opération. Celles dont je me fois
fervi étoient de verre blanc, 8c les ayant caffées
pour en tirer le charbon, j’en trouvai une portion
qui étoit très-adhérente vers le fond, 8c à-
mefure que je la d é ta ch o is je découvrois des;cavités
irrégulières d’une profondeur fenfible ,. dont
le diamètre moyen étoit de alignes, 6c tellement
rapprochées, que j’en comptai jufqu’à 7 dans l’ef-
pace d’un pouce quarré. Il faut remarquer que lé"
fond" de ces cavités n’étoit nullement dépoli, ce
qui annonçoit une aâion lente 6c fucceffive; je.
m’appliquai à rechercher les fràgmens de verre
enlevés pour juger s’ils-n’auroient pas été Amplement
détachés à la faveur de PadHefion , comme
je l’avois remarqué for deux petites glaces qui
n’étoient que dêucies , 6c qui étant reflèes longtemps
en contad fous un certain poids 3 s’étoient
unies au point que l’une avoit enlevé une écaille
de la furface de l’autre. J’apperçus- bien quelque«
particules de verre qui réellement adhéraient à la
croûte charbonneufe, mais- il n’y- avoir aucune
. proportion^ ni pour le nombre, ni pour la grandeur
de ces fràgmens. Je conferve les fonds de
ces cornues qui repréfentent exadement les traces
qpe. les puftules de .la variole laiffent fur la peau.
Je ne doute pas que cet effet nefoit dû en partie
à 1 intenftte du feu que j’ai porté à‘ dëffein au •
plus haut degré que puiffent fupporter les vaif-
feaux.de verre dans le bain- de- fable ; cependant
il n efl pas? moins certain qu’il n’ÿ a eu aucune
fufion, puifqué la furface extérieure ne fe reffentoit
pas de ces altérations : dès-lors ce ne peut être
qu une diffolution opérée par quelque fubflance ,
a l’aide de la chaleur. Seroit-ce l’acide même? 31
ne m a> donné jufqu’à i préfent aucune preuve de
cette propriété ; 6c f i , d’une part, il ne la mani-
fefte pas à froid, d’autre côté fa redification prouve
que quand il eft feul, il n’effpas en état de fiip-
porter le degré de chaleur néceffaire pour le
rendre adif. II y a donc toute apparence qu’il y
à. ici un diffôlvant compofé ; û l’on fe rappelle, ce
»que fai dit ailleurs de'la diffolution du cryftal de ;
roche par l’acide méphitique chargé de fer ( voye1
A cide méphitique),' il paroîtra peut-être affez
vraifemblable que la plombagine ou foufre méphitique
, qui constitue la plus grande partie du réfidu
charbonneux, eft le principal agent de cette diffolution
, à lafaveur de la fluidité du feu , foit que
l’acide y concoure en effet, ou que cela n’arrive
qualors qu’il s’eft féparé en état de vapeurs. Au
furplus, quand on ne regarderoit ce phénomène
que comme feffet d’une fimple adhéfîon, on au-
roit ' encore befoin de la même explication; la
propriété de coller dépend d’une attraftion qui approche
beaucoup du degré qui conftiruë l’affinité.
On a vu que M. Schrickel recommandoit de
reéfifier. fur de l’argille le produit de la première
diftillation ; j’ai effayé cette opération fans intermède
, 6c des 5 gros 68 grains dont j’ai parlé ci-
devant j’ai obtenu, à un feu doux, 4 gros 25 grains
d’acide qui n’avoit plus qu’une très-légère teinte
jaune, dont la pefanteur fpêcifique étoit 1,01 15 ,
le thermomètre étant à 2,0 degrés , qui n’avoit
qu’une ffoibîe odeur empireumatique, 6c qui rou-
giffoit tout de fuite fortement le papier bleu. Il
refloit encore beaucoup d’acide dans la cornue,
'que j’aurois pu retirer en continuant la diflillation ;
mais mon intention étoit d’avoir le produit auffi
peu chargé de couleur qu’il étoit poffible.
J’ai diftillé de la même manière le fucre brut
•ou caffonade, 6c l’acide reéfifié ne m’a préfenté
aucune différence, fl ce n’efl qu’il étoit un peu
moins concentré. •
C e t acide s’élevant à-péu-près au même degré
de chaleur que l’eau, il n’eft guères poffible de le
féparer par la diflillation; mais on y parvient
aîfément en l’expofant à un froid capable de réduire
l’eau en glace: c’eft ainfi que M. Schrickel
a préparé l’acide concentré dont il s’efl fervi pour
examiner fes combinaifons. Je fuis perfuadé qu’on
obtiendroit de même cette concentration, en fatn-
rant d’abord l’acide avec une bafe , par exemple,
avec la potaffe, prenant le fel cryftallifé, ou , fi
l’on veut, précipité par l’efprit-de-vin, qui le puri-
fieroit encore de fon huile, 8c le décompofant
enfin à la diflillation par un acide concentré 6c
plus puiffant. Si on employoit de l’acide vitrioli-
que dans cette opération, il feroit facile de débar-
raffer le produit dé tout mélange étranger en y
verfant une diffolution de terre barotique faite par
le même acide. On n’auroit point de mélange à
craindre en fe fervant d’acide muriatique pour dégager
Y acide firupeux, fur - tout fl on obfervoit
d’en mettre plutôt moins que trop , 6c de n’appareiller
lqs vaiffeaux que quand i’acide muriatique
feroit complettement engagé dans la bafe.
§. IL De la nature & des propriétés de l’acide
firupeux. «
Cet acide exifte tout formé dans le fucre 6c les
focs fucrês , à la différence de l’acide fàccharin,
dont le fucre ne fournit que la bafe acidifiable*
c’efl un fait que j’ai fuffifamment établi. L'acide
firupeux que l’on obtient de toutes les fubftances
fnfceptiblês de la fermentation fpiritueufe, 6c
même du fucre de lait, eft donc le principe qui
conftitue effentiellement leur huile en état de favori
ou d’hépar foluble dans l’eau; c’eft lui qui fe développe
par l’aéfion du feu dans le travail du vézout
6c des fucres bruts, 6c qui produit ce qu’on appelle
mélaffe ou firop, qui n’e ft, comme je l’ai
dit, qu’une portion de fucre décompofé comme
dans notre diflillation , dont l’acide eft' mafqué
par le fucre parfait qu’il retient en diffolution, 6c
par l’huile qui lui'communique en même temps
fa couleur.
Lorfqu’on croyoit , avec M. Bergman , que l’acide
faccharin étoit l’acide propre du fucre, il fui-
voit de cette hypothèfe que l’on devoit en effet
préférer la chaux à l’alkali pour le purifier de
l’acide furabondant, en le mettant en état de fel
infoluble; maintenant que nous femmes aflurés
que ce n’efl pas l’acide laccharin, mais Y acide firupeux
qui exifte dans les melaffes, la connoiffance
des propriétés de ce dernier, 6c des phénomènes
de fes combinaifons doit nous conduire à une
pratique toute différente, puifque nous verrons
que le fe l firupeux alkalin eft bien moins foluble
que le fe l firupeux calcaire, 8c même que celui-c»
ne peut être obtenu fous forme concrète.
L’acide firupeux eft compofé d’air vital acidifiant
6c d’un radical particulier : comme nous ne lui
fourniffons immédiatement aucun de ces principes,
jious ne pouvons en donner d’autre preuve que 1«
fluide aériforme qui s’en fépare à la diflillation ,
en proportion de ce que l’aaion du feu en détruit
une plus grande quantité, ou, pour mieux dire , la
réfout en fes élémens.
Il faut rapporter à cet acide tout ce que les auteurs
ont écrit de l’efprit de miel, de manne , de
gomme, de froment, 6c en général des efprits em-
piretimatiques tirés des focs doux, ou autres fubf-
! tances végétales analogues ; nous verrons même
qu’ils ont déjà été rapprochés par quelques-unes
de leurs propriétés les plus marquées. Suivant Lemery,
16 onces de manne donnent 11 onces 2
gros d’efprit acide reâifié par une fécondé diftilla-
tion, 6c on en tire à-peu-près autant du miel. Ce
Chymifle avoit très-bien vu qu’en remêlant l’acide
6c l’huile, on. n y fait pas renaître la douceur, ce
qui pourroit bien dépendre de ce que les propor,
rions de l’huile ou des fubftances qui la compo-
foient avant l’opération ne font plus les mêmes,
de ce qu’il s’efl: diffipé du gas inflammable , de
ce qu’il s’efl: peut-être fixé une portion de calorifique
dans l’un ou dans l’autre des produits.
C’e fl- là le problème important dont j’ai déjà
parlé plufieurs fois, 6c qui fe repréfente dans toutes
les analyfes par le feu.