
bua fans Soute encore à diminuer la chaleur fenfible
du dernier, c’eft que le barreau d’ac ie rav an t que
d’être refroidi, s’échappa de delfous le tube de verre
évafé en forme de pavillon qui me fervoit à le fixer
au fond de la capfule.
9°. Dans le nombre des matières' qui peuvent
fervir a la trempe , il y en a qui. méritent d’être
confiderees par rapport à leur caraélère particulier ,
ce font fur-tout celles que l’on nomme graffes ou
phlogiftiques. M. Perret, qui confeille une première
trempe aû fu i f , pour préferver l’acier des cafîures
auxquelles il eft fujet quand on le trempe tout de
fuite à l’eau , ne croit pas que le fuif puiffe le durcir,
& femble attribuer le peu de dureté qu’il reçoit
de l’huile végétale, à la portion d’eau qu’elle recèle
en plus grande quantité que la graille ; mais la-pré-
1 férice de l’eau n’eft pas plus démontrée dans l’huile
que dans le fuif ; ce rationnement fuppoferoit d’ailleurs
qu’aucun endurciffement ne' pourrait réfulter
que1 du contaél des parties aqueufes, tandis qu’il eft
certain que tout corps refroidiflànt, le- produit. A la
vérité,- le fuif ne donne jamais une trempe auffi
fèche, mais il durcit réellement, ainfi que tous les huileux
, & change le grain de l’acier ; j’en ai eu moi-
même la preuve fur deux aciers trempés dans l ’huile
de lin. Réaumur avoit déjà £ùt l’eflài du fu i f , du
beurre , de la cire , de thuile , de la réfute , de l’efprit-
dé-vin & du favon, & toutes ces trempes lui ont
feulement paru plus foibles que celles de l'eaü : l’acier
chauffé couleur de cerife, n’a pas pris (dit-il) dans
l’efprit-de-vin une dureté fuffifante pour réfifter à là
lime : trempé, plus chaud dans la même liqueur , il
en fort affeç dur pour que la lime ne puiffe mordre def-
fus. En un mot, il paffe encore pour confiant que
c ’eft de la trempe au fuif, que les faux reçoivent à
la fois la fbupîeflè & le degré de dureté qui efl né-
ceffaire à leur taillant. Te l efl véritablement l’effet
des matières graffes dans la trempe de l’acier, de lui
cohferver, comme je l’ai déjà remarqué , beaucoup
plus de corps , en le durciflànt cependant à un certain
point ; & la preuve que cet effet ne fe borne
pas à empêcher les gerfures par un refroidiifement
trop fubit à la furfàce, c’efl qu’une barre de quatre
lignes d’épaiffeur , trempée dans l’huile^de lin, a pré-;
fenté dans toute fa maffe, & jufques dans l’intérieur
le même corps , la même propriété remarquable de
céder.au marteau & de réfifter à la lime.;
10°. Il efl enfin une autre efpèce de fluides applicables
à la trempe de l’acier, dont il me parait
d’autant plus important de déterminer la manière
d agir , qu’un des plus illuflres Chymifles modernes,
M. Lavoifier , en fait la bafe d’une nouvelle hy -
pothèfe très-ingénieufe : ce font les fubftances fali-
nes , & particuliérement les acides.
Réaumur a obfervé que l’acier trempé dans les
eaux chargées de fels , fe découvroit beaucoup
mieux que dans Ueau commune, qu’il en étoit de
meme dans le vinaigre , dans le verjus ; qu’il paroif-
foit même prendre plus de dureté & devenir plus
paffant dans ces derniers , 6c il continue en ces
termes : « mais fine liqueur , dont l’effet n’a k
» été équivoque c’eft l ’eau-forte ; j’y ai trempé
» delacter en differens états ; ,e l’y ai trempé quel-
» quefois fi peu chaud, qu’à peine montrait - il une
» nuance de rouge , regardé même dans l’obfcurité-
” on l’eûtplongé dans l’eau froide, U en fût forci
” très-limable ; & quand il a été retiré de l’eau-
” foJte, il étoit bien trempé, la lime n’y pouvoit
mordre. » Vacide muriatique , ou efprit de fe l, ne lui
a pas paru produire autant d’effet, mais il a encore
endurci l acier trempé à un degré de chaleur, auquel l ’eau
commune ne l ’eût point .endurci.
Cette obferyation a été vérifiée par M.'Lavoifier-
1 expérience, dit ce Savant, ne réuffit pas exaélement
a froid, parce que la couche d’éthiops martial qui
le forme, efl trop peu épaiffe, & qu’elle fe diffout
prefqu aufii-tôt qu’elle, eft formée ; mais fi on fait
feulement rougir obfcurément le fer , & qu’on le
trempe dans Cet état dans l’àcide nitreux foible, on
obtient un acier extrêmement dur à fa furfàce, &
qui eft abfolument inattaquable à la lime. ( Acad.
R. des Sc. ann. 1782, page $f6.)
L’expérience que j’ai précédemment rapportée,
concernant la différence de chaleur fenfible des fluides
où l’on trempe l’acier, m’a fourni l’occafion de
comparer en même temps l’effet de la trempe à
1 eau , 8c de celle a 1 acide nitreux, fur le même acier
chauffé au même degré. Il efl affez remarquable que
le barreau trempé à l’acide , ait tout à là fois montré
plus de dureté fous la lime, & confervé plus de
forps, puifqu’il a caffé net, tandis que celui trempé
a 1 eau s efl rompu en efcalier, ce quL.annonce certainement
plus de fragilité. Je n’ai pu appercevoir
la plus petite différence par rapport au grain qui
dans tous les deux étoit également fin & terne ; tous
les deux ont été de même tachés par l’acide nitreux ,
foit à la furfàce Amplement découverte àlameüle du
Lapidaire, foit au centre de la cafliire : cependant les
taches du barreau trempé à l’acide, paroiffoient d’une
nuance un peu plus foncée que celles du barreau
trempé à l’eau.
i i 0.. Je dois faire encore état, d’après le mémoire
de M. Lavoifier, de trois phénomènes qui lui parodient
pouvoir fervir à l’explication de la trempe
de l’acier : la production du gas inflammable lors de
l’immerfion dans l’eau, l’augmentation de fon poids,
8c la difproportion de gas inflammable que fdurniffent
fes différentes couches, pendant leur diffolution dans
le même acide. ( Ibid. )
Par rapport a la production du gas inflammable , on
ne peut douter qu’elle n’ait lieu lorfqu’on éteint dans
l’eau du fer incandefcent ; la belle expérience de la
décompofition de l’eau dans un canon de fu fil, efl
le dernier terme de l’aélion réciproque de ces deux
fubftances 1 une fur l’autre ; 8c quoique l’acier chauffe
pour la trempe foit tres-éloigné de cet état d’in-
candefcence, il efl affez probable qu’il fubit une
calcination proportionnelle au moins à fa furfàce. Ce
n ^ J 3'as P | im ces eflcts , comme- la nature nous
en offre quelquefois, dont la caufe demeure dans
tine Inertie abfolile, jufqu’à la réunion d’une condition
, qui fe trouverait, par exemple ic i , dans un
degré donné d’incandefcepce : on fait que l’eau agit
fur la limaille de fe r , même à la température ordinaire.
. . -
L’augmentation de poids de l acier par la trempe
viendrait merveilleufement à l’appui de cette calcination
proportionnelle , en prouvant qu’il s’y eft réellement
fixé une portion d’air v ital, acidifiant ou
oxygine; mais M. Lavoifier juge plutôt cette augmentation
qu’il ne l’affirme, 8c Réaumur ayant trempé
un morceau d’acier , du poids jufte d’une once, précisément
dans la vue d’obferver fi ce poids abfolu
ferait augmenté , a reconnu qu’il y avoif au contraire
perte de - grain.
J’ai répété cette expérience fur 13 gros d’acier de
cémentation, en un feul morceau dreffé 8c poli fur
toutes fes faces, pour qu’il ne pût s’en féparer aucune
écaille, fans laiffer des traces fenfibles ; au lieu
d’augmentation de poids, j’ai trouvé un déchet de
5 de grain, 8c c’étoit à peu près tout ce que pouvoir
pefer le peu de pouffière noire qui s’étoit détaché
lors de l’immerfion , 8c dépofé au fond de
l’eau. Peut-être qu’en faifant cette expérience encore
plus en grand, 8c avec les mêmes précautions, on
obtiendrait une augmentation fenfible, ou du moins
un réfultat négatif plus concluant. Dans l’un 8c l’autre
cas, ce ferait une bafe importante pour établir
quelques conféqûences folides fur le phénomène
que nous cherchons à expliquer.
Pour comparer les quantités de-gas inflammable fourni
par les differentes couches de Vacier trempé, M. Lavoifier
a fait rougir, dans un creufet rempli de matières
charbonneufes animales, un cylindre de fer ,
de 6 lignes de diamètre , dev 3 à 4 pouces de longueur
, il l’a enfuite -trempé dans l’eau, de forte
qu’il s’eft converti en une forte d’acier , par une opération
tout-à-fait femblable à ce que l’on nomme
trempe en paquet; ayant introduit ce cylindre dans
un vafe, il a verfé deffus de l’acide vitriolique af-
foibli, il a foit chauffer légèrement, 8c a reçu le produit
aériforme dans un appareil pneumato - chy-
mique ; la diffolution s’eft opérée d’abord très-lentement
; lorfqu’il jugea qu’elle avoit diminué le cylindre
d’à peu près ^ ligne de diamètre , il le retira
6 en prit le poids exaél, après l’avoir bien féché.
Il opéra de la même maniéré jufqu’à quatre fois,
en tenant un compte exaéi de la. quantité de métal
diffous, 8c du gas inflammable produit. En comparant
le réfultat de chaque expérience, il a reconnu
•pue la couche extérieure fourniffbit proportionnellement
a fon poids , moins d’air inflammable que celle qui la-
fujvoit; que celle-ci en fourniffoit moins que la troiliéme ,
ainji de fuite.
Quelque délicate que foit la manipulation de cette
expérience, la fagacité 8c l’exaélitude bien connues
de l’illuftre Académicien ne permettent pas de douter
<î11 f l n’a*lt pris les précautions néceffaires pour écarter
tous les accidens qui auraient pu lui en impofer ;
cependant, comme la trempe en paquet ne porte
pas toute la maffe à l’état d’acier, 8c qu’elle ne foit,
à vrai dire, que rendre la furfàce fufceptible de
durcir par le refroidiffement, je ne puis m’empêcher
de regretter que cette expérience n’ait pas été répétée
fur du fer converti d’avance tout entier en
acier, pour fuivre plus fpécialement l’altération pro-
greffive occafionnée par la trempe, dans une maffe
plus homogène. Si l’on confidè're d’ailleurs que là
tache noire que l’acide nitreux laiffe fur l’acier, efl
due très-vraifemblablement à cette même fubftance
que M. Lavoifier regarde- comme un pur éthiops
martial, on aura peine à concilier avec ces réfultats
l’obfervation que j’ai rapportée ci-devant ( pag. 436,
n°. 6. ) , d’une tache bien plus foncée, au milieu delà
caffure d’ün acier trempé, qu’à fa furfàce. J’ai cherché
à obferver quelque différence entre la tache de la
furfàce & celle du milieu de la caffure ; j’ai pris à
deffein un barreau d’acier cémenté, large de huit
lignes, épais de quatre lignes ; je lui ai donné une
trempe très-douce, fuffifante cependant pour rendre
fon grain beaucoup plus fin , '& le mettre' en état:
de caffer net ; j’ai décbuvert'légèrement une de fes
faces fur la meule de plomb,. j’ai pareillement dreffé
& poli la face de la caffure : la tache que l’acide
nitreux a laiffée dans le milieu de cette dernière ,
étoit abfolument de la même nuance que celle fur
la face extérieure, & tout près de l’angle où l’on
pouvoit juger, d’après cette hypothèfe, que la con-
verfion en éthiops, par l’effet de la trempe., aurait
dû être tom autrement avancée. J e . me bornerai,
quant à préfent, à ces réflexions, étant obligé de
revenir fur ce fujet dans la conclufion de cet article.
i2°. Ces nouvelles vues rendent encore plus important
l’examen de l’altération que le fer crud 8c
le- fer doux éprouvent eux-mêmes par la trempe,
ce fera le dernier fait que je m’appliquerai à déterminer.
La fonte durcit par le refroidiffement, il n’eft pas
même befoin de l’accélérer par l’immerfion dans
l’eau : on connoît l’expérience de M. Jars. Ce célèbre
Métallurgifte voulant prouver, contre l’opinion commune
, que la couleur blanche des fontes n’eft pas
toujours une preuve de l’impureté du métal : contre
les principes de Réaumur, que le paflàge du gris
au blanc n’eft pas l’effet de l’affinage ou de la purification
du métal; imagina de faire fondre dans deux
creufots pareils, des fragmens d’une vieille marmite ,
d’une fonte dure & eaflante ; il laiffa l’un des creufets
fe réfroidir lentement fous les charbons, il verfa
l’autre dans un moule en terre, où elle forma une
lame d’environ deux lignes d’épaiffeur : celle-ci fe
trouva blanche dans fa caffure, la première étoit
plutôt noire que grife, & avoit un commencement
de duâilité. ( Voyages métallurg. tom. 1 , pag. 17. )
M. Rinman a raifon de dire que cette expérience
ne peut fonder une conclufion générale , mais il
avoue l’avoir répétée avec fuccès ( Hiftor. Jaern. § . 4.),
& cela fuffit pour décider la queftïon préfente, en
prouvant qu’un refroidiffement accéléré ou retardé,
change le tiffii du fer crud, comme celui de l’acier.