
cette propriété de Aimer pouvoit avoir une autre
caufe ; il.demandoit s’il ne retiendroit pas quelque
chofe des parties inflammables du fer ou du cuivre;
il ne fe diflimuloit pas, enfin, qû’il y avoit une
forte de contradiction à dire que cet acide, fluide
en été, fe congeloù quelquefois par le froid en
hiver, 8c en même-temps qu’il devenoit concret
par la diftillation à un grand feu, & qu’il en
avoit obtenu & montré dans les plus grandes
chaleurs de l’été ; cependant il afliiroit que cela
étoit v*ai> & pouvoit fe concilier à certains égards.
( T o a il 4 ,p a r t . 2 , c h a p . 1 9 , g. 2 0 7 & 2 3 3 . )
Boerhaave penfoit que l’acide vitriolique pou-
voit-être privé d’eau par l’art & le froid; ainfi,
il ne diftinguoit pas l’acide glacial de l’acide congelé.
( D e a r t is th e o r id 9 & c . d e a q u â . )
SchefFer attribuoit au phlogiftique la fumée blanche
qu’exhale l’acide diftillé du vitriol; il enfei-
gnoit qu’en diftillant l’acide vitriolique avec quelque
huile effentielle, on obtenoit un e fp r it d e v i t
r io l f um a n t . ( L e ç o n s d e C h ym ie 9 & c . g . 12 & 1 4 . )
Bergman, dans fes notes, ajoute qu’il n’eft pas
probable que le phlogiftique feul puifle noircir
l’acide vitriolique, puifque la pouflière de charbon
qu’on y mêle ne change pas fa couleur, aulieu
qu’elle eft fur le-champ altérée par un peu de matière
huileufe.
J’ai déjà annoncé que M. Hellot avoit fait cpn-
roître en France l?acide vitriolique glacial par la
diftillation du vitriol de mars calciné au rouge , &
■ la manière de faire réuffir cette opération par l’appareil
des ballons enfilés. Ayant mis dans une cornue
de terre fix livres de ce vitriol, & foutenu
pendant quatre jours fans interruption un feu de
la dernière violence, il trouva dans les vaiffeaux
qui fervoient de récipient, un acide qui étoit tout
entier en forme cryftalline & noire. Il avertit
bien de la difficulté de retirer cet acide des vaiffeaux,
parce qu’auffi-tôt que l’air le frappe, il en
fort des'vapeurs fi épaiffes,que fi l’on y étoit ex-
x pofé feulement une minute, on feroit fuffoqué, &
qu’il doit être renfermé promptement dans des flacons
qui bouchent parfaitement, parce que s’il
communiquoit avec l’air extérieur, il fe réfoudroit
bientôt ên liqueur ; mais on voit clairement qu’il
ne le regardoit que comme un acide extrêmement
concentré & phlogiftiqué ; car quoiqu’il remarque
que. la violence du feu emporte dans cette opération
des parties ferrugineufes, il annonce préci-
fément les vapeurs comme f u l f u r e u f e s ’ il parle du
principe inflammable que retient le vitriol calciné,
& ne paroit pas meme foupçonner que cet acide
glacial puifle être re&ifié & obtenu en cryftaux
blancs. ( Mém. d e F a c a d . r o y . d e s f c . a n n 1 7 3 8 , p a g e
3 8 8 . )
L opinion de M. Hellot a été fuivie par la plupart,
des Chymiftes, foit qu’ils n’aient pas fenti
I importance d’un nouvel examen, foit qu’ils aient
ité arrêtés par les di&cultésde l’opération. M.Bau- i
mé convient qu’il n’a pu le faire réuffir ; Il eft
même tenté de foupçonner que le vitriol de M.
' Hellot contenoit quelque matière étrangère; cependant
il dit avoir eu en fa pofleffion un acide
vitriolique glacial reffemblant à du beurre d*antimoine
reSlifié, tant par la couleur que parla manière dont il
etoit cryflallifè , qui fe liquèfloit à une chaleur bien
, inférieure à celle de Veau bouillante ; (Coh ïl s'élevoit
des vapeurs blanches qui avoient Codeur de C acide
fulfureux volatil, dès qu'on débouchoit le flacon ; qui
s'efl réfous en partie en liqueur de couleur brune, 6»
I qui avoit d'ailleurs les propriétés générales de l'acide
vitriolique ordinaire, f Chym. expérim. Tome I I 9
Page 579-.)
M. Weigel aflure pofïtivement qu’il ne fuffit
pas de re&ifier l’acide vitriolique pour le rendre
fumant, Sc qu’il en a fait lui-même l’expérience
fur l’acide vitriolique anglois, mais qu’il eft pof-
fible de donner ce caraftère à un acide concentré
qui ne l’a pas, en le faifant digérer avec le vingtième
de fon poids de foufre. Le même Chymifte
a annoncé depuis qu’en reâifiant de l’acide vitriolique
noir de Nordhaufen, il avoit e u , dès le
commencement, des cryftaux en forme de plumes
dans le récipient, ( Crell , Neuefl. Entdekung.
part. X I , page 100. ) Il croit que l’on peut attribuer
ce phénomène à la faturation de l’acidê par le
phlogiftique, portée à un certain point ; cependant
il accorde lui-même fi peu de confiance à
cette explication, qu’il eft également difpofé à regarder
cette propriété comme dépendant de quelque
fophiftication de l’acide;
Meyer avoit vu de même le récipient fe cou^
vrir de ces cryftaux dans une fem^Soie reélifica-
tion ; il dit auffi avoir obfèrv,é que quand on étendait
l’acide fumant de beaucoup d’eau, & qu’on
le concentroit après cela , il n’étdit plus fumant.
M. Goettling a diftillé f livre d’acide vitriolique
de Aimant ; l’opération fut ârr^ée avant
qu’il eutpaffé unefeüTe goutte dans le récipient,
& il etoit rempli de cryftaux blancs en forme de
barbes de plumes ou d’étoiles, qui.pefoient 5 gros °9
le reliant de l’acide ne donna plus de ces concrétions
, non plus qu’une pareille quantité d’acide
vitriolique anglois ou retiré du fourre.
x Suivant M. Weber, l’acide venant des fabriques
où on le prépare avec le foufre , peut être porté
au meme;degré de concentration fans être ni glacial
, n^fumant.
Le célèbre Crell., qui avoit déjà raflèmblé une
partie de ces faits pour faire fentir l’importance
de la queftion, & mettre fur la voie de découvrir
la caufe de ces phénomènes^ aflure les avoir
obfervés lui-même~plufieurs fois dans la rectification
de l’acide vitriolique. ( Neuefl. Entdeckung.
part. X I I , page 244. ) C ’eft à l’invitation qu’il fit
aux Chymiftes^ de s’en occuper que nous devons
la publication des expériences de M; Doll-
fulz, qui l’ont conduit à penfer que l’acide vitriolique
fumant etoit un fel propfe à l’acide retiré
Bu vitriol. Ceux; mêmes qui n’adopterorif point 1
cette conclufion avoueront qu’elles ont été dirigées
avec fagacité pour répandre quelque jour fur cette
matière, & c’eft ce qui m’engage à les rapporter
ici avec les principales circonftances.
Il étoit tombé , par hafard, de la fciure de bois
dans une bouteille de huit livres d’acide vitriolique
de Saxe ; M. Dollfufz voulut le purifier par la diftillation;
il le mit dans une grande cornue de verre
luttée, & donna d’abord un feu doux,qu’il augmenta
par degrés. L’acide s’éleva très - limpide avec des
vapeurs confidérables ; au bout de douze heures il
recueillit à-peu-près 10 onces de liqueur, & ayant
arrêté la diftillation, il v it , une heure après, une
belle cryftallifation en forme de plume à la partie
fupérieure du ballon, qui formoit un relief à la
fiirface de la liqueur , qui croifloit prefque à vue
d’oe il, & çaroifloit comme tricotée. Il laiffa paflër
quelques jours avant de délutter ce récipient, ce
qui n’empêcha pas qu’il ne s’en élevât à l’ini'V-t
une fumée épaifîe qui l’obligea de fortir pour reT-
pirer ;.il en détacha avec peine la matière concrète,
& la fit tomber fur une foucoupe qu’il couvrit à j
l’inftant d un fort papier bleu ; il ne tarda pas à j
la reprendre pour l’enfermer dans un flacon ; mais I
les morceaux qui refufoient d’y entrer étoient fi !
durs, qu’il ne put venir à bout delesbrifer dans un '
mortier de v erre, & qu’il fallut employer le cifeau
& le marteau; pendant toute cette opération , il
fut fort incommodé des vapeurs , une fumée chaude
enveloppoit fes mains, elle éteignit une chandelle.
Cependant la couleur du papier qui avoit couvert
la foucoupe ne parut pas altérée. Cet acide glacial,
reffembloit au furplus à du fel ammoniac.
Huit jours apres, M. Dollfufz trouva l’intérieur
du flacon couvert d’une végétation de petits cryf-
- taux prifmatiques. Au bout de quelques femaines
îl voulut ouvrir le flacon , mais à peine eut-il fou-
leve le bouchon. que toute la chambre fut rem-
pAe d’une fumée épaiffe ; une grande partie,, des
cryftaux tomba au fond de la liqueur, & il ne s’en
forma pas davantage: le bouchon ayant été exactement
fcelle avec du maftic, tout étoit encore
dans le même état dix-huit mois après.
L acide refte dans la cornue fe trouva encore
brun : M. Dollftifz en mit 24 onces dans une Cornue
de verre luttée, & diftilla à feu nu; la première
once de liqueur qui montà-^aypit un'e lé-
gere odeur fulfureufe, & étoit un peu fumante;
elle fut féparee comme ayant été un peu falie par
le col de la cornue; la diftillation fut pouflee à
nccite, ôt l’acide recueilli dans un autre récipient
le trouva blanc, du poids de 21 onces, & de la
pefanteur fpecifique de 1 ,9 1 . Il refta dans la cornue
a grains de terre mfoluble dans tous les acides.
ü n pouvoit imaginer que la fciure de bois avoit
contnbué à augmenter la quantité de
m i l w T l ’ ce fut eette Renfée V m r o 11' .Vantes U ^ ^ entreprendra les expériences fui-
Il diftilla au bain de fable une livre d’acide vitriolique
de Saxe ; à mefure que les vapeurs fe con-
denfoient, il vit le récipient fe couvrir intérieurement
d’une efpèce de toile d’araignée; quatre
heures après, U apperçut un fel différemment figuré,
qui fe groupoit en étoiles, d’abord à l’extrémité
du col de la cornue, enfuite fur toute la fur-
face du récipient, Sc qui garnit enfin jufqt’au col
de la cornue d’étoiles fuperpofées. Ayant remar*
qué, au bout de dix heures, que ce fel n’augmenJ
toit plus, ce Chymifte enleva le récipient, fit tomber
avec une baguette de verre le fel qui étoit
dans le col de la cornue , & continua la diftillation
dans un nouveau récipient : les premières
gouttes parurent encore fe congeler, mais elles
le remêlèrent bientôt à la liqueur qui furvint, &
il ne fe forma plus de fel. M. Dollfufz effaya ea
vain d’en reproduire de femblable, en portant dans
la cornue de la fciure de bois, il n’y eut pas la
moindre trace d’acide vitriolique glacial, & il ne
trouva dans le récipient qu’un acide vitriolique
foible, non fumant & d’une odeur fulfureufe.
Dans l’efpérance d’augmenter la quantité d’acide
glacial, M. Dollfufz prépara une autrefois un mélange
de | livre d’acide vitriolique légèrement chauffé
, avec 30 gouttes d’efprit-de-vin reélifié , qui le
blanchirent fur-le - champ ; il le diftilla, comme il
ar»iî diftillé l’acide vitriolique feul, & il n’obferva
pas le moindre changement dans les produits.'
Ce Chymifte ne doutoit plus que l ’acide vitriolique
glacial fumant ne fût un fel particulier; cependant
l’écrit de M. Crell réveilla fon attention
for ce fujet, & l’engagea à de nouvelles expériences
pour acquérir , s’il étoit poffible, une con-
viélion plus entière.
i ° . Il diftilla dans une cornue de verre une
livre d’acide vitriolique de Saxe, dont la pefaii-
teur fpecifique étoit 1 ,9 5 dans la vue de le dé-
phlogiftiquer, & donna tout de fuite un feu capable
de le faire bien bouillir. Lorfqu’il crut avoir
fait paffer l’acide volatil, il retira un peu la cornue
du fable; 1 acide y etoit blanc, & n’a voit plus lx
propriété fumante ; il boucha promptement le récipient
, d’ou il fortoit une fumée infupportable £
il le mit au froid, ou l’acide fut bientôt p r is , 8k
il eut environ 2 onces d’acide glacial fumant,
2°. Il entreprit de diftiller une demi-once die
cet acide glacial fur une once de nitre pulvérifê*
dans une petite cornue de verre ; mais à peine
y eut-il ajouté le nitre , qu’il y eut pétillement „
& la cornue fut brifee par l’abondance des vapeurs»
qui n’étoient cependant pas fort colorées,
3 . Il mit en deux fois , & avec précaution1,
6 grains de cet acide* glacial dans une diffolution?
de potaffe affoiblie; dès que ces fubftances furent
en contait, il y eut vive effervefcence, avec fracas
& difperfion d’une portion de la liqueur, quoi—
que les bords du vafe fuffent élevés. Au refte, le
mélangé ne te troubla peint, fit le peu de fel qui