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pier ou à ia chauffe. « Si on évapore cette liqueur
m (d it M. Rouelle) dans une badine dont une
p grande partie relie vuide, foie que la liqueur
v bouille ou npn, il fe dilfipe d’abord non-feule-
» ment de l’alkali volatil, comme l'a obferve
» Margraff, mais encore une affez grande quantité
» de lel phofphorique ; toute la partie de la badine
p qui eft vuide & au-deffuS de la liqueur fe couvre
v peu-à-peu de petits points blancs, qui fe mul-
» tiplient tellement, qu’ils forment par-tout une
v croûte à lames continues. Ces lames s étendent
» même jufques fur les bords du fourneau, lorfque
» la badine fe trouve à fon niveau. C ’eft a 1 alkali
» volatil & à l’eau qui fe diffipent qu’eft due cette
» évaporation du fel fufible , puifque l’acide j>hof-
» phorique eft de la dernière fixité au feu. Si on
v fait promener la liqueur fur toute cette lame fa-
» line, il fe fait une effervefcence affez fenfible,
> qui démontre que c’eft du fel fufible qui a perdu y la plus grande partie de fon alkali volatil, Se y que celui qui fe dégage continuellement de la y liqueur , lcrfqu’on la fait paffer fur cette lame y faline, eft la caufe de l’effervefcence qu’on y y remarque. Cela eft fi vrai, qu'on peut produire
s» le même effet, en appliquant, avec une paille, y de l’alkali volatil en liqueur fur la croûte faline ».
Suivant le même Chymifte, on ne peut guères
déterminer le point de l’évaporation, & quoique
le phofphate natif ne demande pas beaucoup d’eau
pour être tenu en diffolution, on n e doit pas attendre,
pour porter au frais la liqueur, qu elle faffe
pellicule. ... -, ,
L ’évaporation à l ’air libre feroit la plus avanta-
geufe, à caufe de la facilité avec laquelle ce fel
Lorfqu’on évapore au feu , il eft indifpenfal^e
d’ajouter de 'l’alkali volatil dans la liqueur;quand
elle eft au point de cryftallifarion & prefque froide,
on la fature encore de cet alkali, mênie^ avec un
peu d’excès , pour maintenir , autant qu il eft pof-
îible , le fel dans l’état neutre , fans quoi l'acide
phofphonquc acquiert la confiftance d’un fyrqp.
Après avoir obtenu les premiers cryflaux, on
évapore de nouveau la liqueur, on laffature encore
d’alkali volatil , & on remet à cryftallifer; on con-
finue ces opérations, jufqu’à ce quon aie épuifé
|es Tels, & pour les avoir plus purs, on réitère ceg
diffolution s & cryftallifarion s. .
C eft par le moyen de ces cryftallifations que
l ’on parvient à fépârer le vrai fel phofphorique Ou
phofphate ammoniacal, natif de l’urine, d une autre
fubftance faline abfolumentdifféreme, qui eft l’acide
©urétiq.ie uni à la foude. Quoique ce dernier fel ne
fe cryftallife qu’a près le phofphate8c. fur lui, il nç
feroic pas facile de les recueillir féparément, mais
pn y parvient de deux autres manières.
La première eft fondée fur la connoiffance delà
^gUPS propre des cryftaujc de ces fels, L’ourètê de
|bnde le cryftallife en cubes ou parallélipipèdes
yç^ngles aijpngég. AçiD£ QVftE/f
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Tous Tes Chymiftes conviennent que la figure def
cryftatix de phofphate natif eft d’une différence facile
à faifir , quoiqu’elle n’ait pas encore été déterminée
d’une manière bien sûre. Suivant Linné, c’eft
un tétraèdre. Hellot dit que ce fel fe cryftallife en
pyramides ; Pott parle aufli de pointes allongées ;
M. Brogniart ayant concentré de i’ urine à la gelée,
& l’ayant fait enfuite évaporer à une chaleur feulement
de trente-deux degrés , obtint un fel cryf-
tallifé en forme d’oâtaèdres tronqués. Il eft aiféde voir
que les degrés différens de purification de ce fel ont
influé fur ces deferiptions ; heureafemeut M. de
VIfle nous en a donné une faite fur des cryflaux qui
lui avoient été remis par M. Rouellè, & qui paroit
en conféquence'devoir fixer les opinions.
« Ce fel ( dit M. de l’Ifte ) n’offre que des prifmes
y tétraèdres rhomboïdaux, très-comprimés , fou-
» vent tronqués fuivant leur longueur dans les deux
y bords aigus, d’où réfultent des prifmes hexagones
y à-peu-près comme dans le fel de feignette (tartre
y trifule de foude), 11 n’eft pas rare de trouver des
y fegmens longitudinaux de ces prifmes. La face
» qui pofoit fur la capfule eft plus large & plus
y ïiffe que les autres, un peurhomboïdale & aifée
y à reconnoître par deux lignes diagonales qui fe
» croifent dans leur milieu y . ( Voye^ la planche
des cryflaux des fels ).
La féconde manière de féparer cesr fels eft encore
plus fûre , puifque c’eft la nature , qui ne fe trompe
pas, qui en fait, pour ainfi dire, le triage. Le phofphate
ammoniacal eft un fel qui n’éprouve aucun
changement à l’air, au lieu que l’ourète de foude
tombe en efflorefcence : il fuffit donc de laiflèr ces
fel s expofés à l ’air pendant un certain temps , &
après cela il eft facile de diftinguer le fel qui a
confervé fa forme cryftalline de celui qui eft réduit
en pouflière.
Tant de manipulations fur des matières fi infeéles
pour recueillir fi peu de produit, étoientbien faites
pour rendre ce fel cher & même rare, 8c on n’eft
plus étonné que peu de Chymiftes aient eu le courage
de le traiter en grand. Mais on verra dans le
paragraphe fuivant un procède pour former ce
même f e l , en traitant les os des animaux , & pour
l’obtenir tout de fuite bien plus_ net qu’il rie peut
l’être après tout le travail que je viens d’indiquer
fur l’urine, qui eft cependant'encore aujourd’hui,
autant que je puis le lavoir, la feule méthode en
ufage,
Lorfqu’on a du phofphate natif de Türine ou fel
fufible bien pur , on en chaffe facilement la bafe
volatile par l’aélkm de la chaleur, u Lorfque le
» fel fufible éft privé de tout autre fel neutre ( dit.
» encore. M, Rouelle), fi on met la liqueur dans
» un creufèt de porcelaine , ou dans tout autre
y vaiffeau propre à l’évaporation , qu on place a fe h
y nud , ou au bain de fable ; fi on deffèche la li-
„ queur avec précaution, &, qu’on donne fur la
» fin un feu fyffifant pour fondre Xacide phofphorique^
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t» on l’obtient d’une tranfparence auffi parfaite que
y celle du plus beau cryftal ».
Voilà donc déjà un procédé pour obtenir l'acide
phofphorique , c’eft celui que quelques Chymiftes
appellent acide bafe du Jel natif', mais cette fubf-
•tance réduite en état de verre par le feu mérite-
t-elle véritablementlenom d’acide l Eft-ce du moins
un acide bien pur l Ces queftions auroient peu d’in-
tiérêc, s’il ne s’agiïToit que du choix du procédé
pour fe procurer de l'acidephofphorique , puifqu’il
^eft certain qu’il y en a aujourd’hui de plus avantageux
; mais elles font liées à la connoiffance des
propriétés de cet acide , elles touchent à un point
de théorie important , c’en eft affez pour ne pas
en négliger l’examen,
i ° . 11 ne faut pas perdre de vue que Y acide phofphorique
natif non faturé par une bafe , ou qui a
été privé de la bafe ammoniacale par la chaleur de
.l’évaporation , conferve toutes les propriétés acides
tant qu’il n’eft pas réduit en état de verre; on en
a la preuve dans les obfervations de M. Berthollèr
fur l’altération du papier bleu dans l’urine récente,
>fur la précipitation de phofphate calcaire que l’eau
de chaux y occafionne, & dans les obfervations
que nous devons à M. Rouelle de l ’effervefcence
que cet acide fait avec l’alkali volatil que Ton ajoute
à l’urine pendant fon évaporation.
Lorfque l’acide du fel natif éft à l ’état de
•Verre, il n’a plus ni la folubilité . ni la faveur des
acides ; & , fuivant la remarque de M. Prouft , il
paroît déroger à la loi générale & confiante qu’un
être fimple & jouiffarit de toute fa puiffance d’affinité
, doit avoir auffi la faveur pour figne de cette
puiffance.
M. Bergman , dans fa differtarion fur le chalumeau
( tom. 2 de fes Opufeules, trad. franc, p. 464 ) ,
regarde le phofphate natif comme un fel à trois
parties ; favoir , Y acide phofphorique, la foude &
l ’alkali volatil : il y ajoute une matière graffe géla-
tineufe ; mais comme ellefe diffipe par l’aélion du
fe u , on ne doit pas en faire état dans l ’examen
du verre qui refte fixe. Dans cette hypothèfe, çe
• verre eft donc de Y acide phofphorique qui a perdu
la bafe volatile, qui n’eft plus faturé qu’imparfai-
tement par l’alkali minéral, & c’eft à caufe de cet
excès d’acide ( dit cetilluftre Chymifte ) qu’il attire
facilement l’humidité de l’air.
M. Prouft , à qui nous devons la connoiffance de
cette fubftance particulière qui fe trouve toujours
dans l’urine, qui eft tout-à-fait étrangère au phof-
phore , que M. Bergman appelle acide du fe l
perlé, & que j’ai cru devoir nommer acide ourétique,
eft dans l’opinion que c’eft cette fubftance qui fature
Xacide phofphorique dans le* verre infoluble du fel
natif, & M. Bergman paroît adopter cette hypothèfe
dans la nouvelle édition de fa differtarion fur
les affinités. ( Tom. 3 de fes Opufcules, §. y? ).
J’avoue que je ne puis comprendre comment un
acide fature un acide , comment il ne le fature que
dans l’état de iiccité, tandis que dans l’état de
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fluide a’queux il le laiffe iouir de toutes les propriétés
d’un acide libre. Il eft bien vrai que M,
Prouft ne donne pas à cette fpbftance le nom d’acide ,
& qu’il fait remarquer qu’elle verdit le fyrop de
violettes ; mais il convient, ou pour mieux dire „
il établit qu’elle fait fonélion d’acide , qu’elle agir
fur les alkalis comme les acides : en adoptant ia
comparaifon qu’il propofe de cette fubftance avec
l’acide boracin concret ou fel fédatif, on pourra
imaginer qu’elle paffe facilement elle-même à l’état:
de verre; que fe trouvant en quantité, elle recouvra
& défend Y acide phofphorique moins abondant du
contaél de toute matière qui peut agir fur lui par
la voie humide; on pourra fuppofer encore que
Y acide phofphorique fera en partie faturé de la fonde
que porte toujours avec lui l’acide ourétique, &
que ce dernier , comme plus foible, aura été obligé
de lui céder, ou peut-être de partager avec lui
pendant la vitrification ; mais quelque probabilité
que cette comparaifon , ces fuppofitions donnent
au fyftême de M. Prouft, il tombe néceffairement,
fi Yacide phofphorique pur, exempt de toute fubftance
ourétique , ifolé de toute bafe , fe trouve
perdre auffi , du moins à un certain point,, les ca-
raéléres acides , lorfqu’il eft pouffé à l’état de
verre, & l’on fera forcé d’avouer que les deux effets
dépendent d’une même caufe qui n’a pas encore
été indiquée. Rappelions donc ce que j ’ai déjà eu
plus d’une fois occafion de répéter, que c’eft pré-
cifément quand les phénomènes contrarient nos
analogies, qu’ils nous mènent plus fûrement à (de
nouvelles vérités : commençons par circonfcrire
les faits, & nous en examinerons enfuite les con-
léquenCes.
L ’acide que l’on retire du phofphore eft le plus
pur , de'l’aveu de tous-les Chymiftes. C’eft celui que
M. Prouft nomme acide phofphorique par excellence 5
nous verrons dans la fuite de cet article comment
on l’obtient libre.
Quelques auteurs ont écrit que le verre formé
de cet acide confervoit toute fa faveur & fa folubilité;
c’eft ce qu’affure particuliérement M. Prouft
dans le mémoire cité, où il dit que cet acide en
liqueur concentré à la cornue, jufqu’à lui faire prendre
la conjiflance vitreufe , attire fortement Vhumidité,
s’échauffe avec Veau , rougit la couleur bleue des végétaux3
6*c. Les expériences que j ’ai faites me
portent à croire qu’on ne conferve ces propriétés
à Y acide phofphorique, que lorfqu’on ne le pouffe
qu’à un certain degré de vitrification, qu’à ce degré
qui mériteroit plutôt le nom de magma fec que de
verre, qui eft en effet le feul qu’on puifte obtenir
dans une cornue de verre ; & dans ce cas , Yacide
bafe du fe l natif, quoique fûrement mêlé à l’acide
ourétique , attire aufli l’humidité de l’air ; M. Bergman
l’a obfervé même fur le globule de phofphate
natif, auquel il avoit donné l’apparence vitreufe aa
feu du chalumeau.
j ’ai pris de Yacide phofphorique très-pur, retiré
du pholphore par combuftion lente ; je l’ai fait deffé