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être regardées comme l’exprelTion exaéte des rapports
d’affinité entre ces mêmes fubftances, ou de
leur tendance à s’unir. S M M „
Que l’adhéfion foit un effet de 1 attraction , ceit
ce dont il n’eit pas poffible de douter, depuis que
j’ai fait voir que lapreflion de l’athinofphère n’y avoit
abfolument aucune part. ^
J’ajouterai ici une obfervation que J ai eu occa-
fion de faire depuis , & qui peut fervir à confirmer
ce que j’en ai dit. Que l’on mette fur un plan ho-
rifontal, par exemple fur un plateau de glace , h un
Elobule de mercure du poids d’environ 60 grains,
c que l’on abaiffe perpendiculairement une tige de
fer jufqu’à fa furface : fi les chofes font difpofees
de manière qu’à l’aide d’une vis très-lente on puiffe
relever doucement la tige de fer fans lui imprimer
aucun autre mouvement, on parviendra à l’éloigner
d’une demi-ligne & plus , fans que le mercure ceffe
d’être en contaét, tellement que l’efpace intermédiaire
fera rempli par un petit cylindre de mercure,
qui fubfiftera jufqu’à ce que les circonftances changent
par l’augmentation de la diftance ou par quelque
percuflïon: je n’ai pas befoin de faire remarquer que
ce n’eft ici en effet qu’une fimple adhéfion, puifqu’on
fait qu’il n’y a pas affinité entre le fer & le mercure.
Maintenant fi l’on cherche quelle eft la loi fuivant
laquelle cette puiffane-e-croît ou décroît, an juge bientôt
que la loi du quarré des diflances ne lui convient
pas plus qu’à l’affinité ; que cette lo i , même en y
fàifant entrer les modifications par la figure des molécules
, eft tout auffi infuffifante ; en un mot, qu’avec
ces fimples données, on ne peut établir des
calculs qui correfpondent aux effets. L ’intenfité de
cette force au contaél eft également incompréhenfible,
& le phénomène fi familier de.l’afcenfion des fluides
dans les tubes capillaires, qui n’eft qu’une adhéfion,
n’a pas paru jufqu’à ce jour fufceptible de 1 application
de la loi de gravitation. Les Phyficiens, qui font
difpofés à admettre une loi plus élevée que celle
du quarré, .n’héfiteront donc pas de comprendre
dans les cas qui en dépendent, les adhéfions & les
affinités, car il n’y a plus moyen de les féparer d’après
ce que j’ai dit précédemment, & fi l’on avouoit
que l’adhéfion réfulte de la loi ordinaire de la gravitation
univerfelle , il faudroit en dire de même de
l’affinité, quoiqu’on n’eût pas trouvé le moyen d’en |
déduire une explication fatisfaifante. : -
Mais en admettant une loi' différente qui ferve
également pour les cas d’adhéfion & pour ceux d’a ffinité,
on retrouve d’autres difficultés. Il y a fou-
vent adhéfion entre des corps qui ne manifeftent aucune
affinité , l’eau & le verre, l’huile & l’eau ,; le
mercure & le fer en fournirent des preuves non
équivoques ; on verra à l’article^Adhéfion, que le
mercure,, par exemple, adhéré à l’étain avec une
force qui eft à la force avec laquelle il adhéré au
cobalt :: 418 : 8 ; or je demande s’il y a plus loin
de ces deux effets que de la pefanteur à l’adhéfion,
& s’il eft plus aifé de concevoir la différence d’in-
tepfité d’une même aélion dans ces divers phéno-
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mènes ; Je demande s’il feroit moins embarraflant de
les foumettre au calcul dans l’hypothèfe de quelque
loi que ce fût ; je demande enfin fi la deiifité
fo trouvant, comme dans l’exemple indiqué, en raifon
inverfe des attrapions (le cobalt étant fpécifi-
quement plus pelant que l’étain ) , il n’y auroit pas
égale raifon de fuppofor que la loi de l’affinité n’eft
pas non plus celle de l’adhéfioii ? Mais que feroit, dans
ce fens , une autre lo i, finon une autre caufe, une
autre propriété de la matière, qui n’auroit plus rien
de commun avec la propriété générale, puifqu’elle
ne feroit plus proportionnelle ni aux denutés. ni aux
diftances ; • 7; ■ - v ;
Remarquons encore qu’en fuppofant une loi particulière
pour l’adhéfion ; il en réfulteroit que toute
fuperpofition de deux corps devroit produire furie
champ une. réfiftance fenfible , tandis que cette
force ne fe manifefte que quand il y a une certaine 1
quantité de points de contaél ; rappelions-nous ce
que j’ai dit ailleurs, d’après M. Bailly, que ce que
nous nommons contaél , n’eft le plus fouvent qu’une
plus grande proximité , & nous conviendrons qu’il
eft bien plusjraifonnable de penfer que, comme il n y
a qu’une feule caufe d’attraâion , cette attraélion ne
fuit aiiîli qu’une feule loi ; puifque nous ne con-
noiffons pas mieux les circonftances qui en modifient
les effets, dans les cas où elle eft évidemment la
même que dans ceux où l’on eft tenté d’en admettre
une différente, il eft plus fûr de s’en tenir à l’hypo-
thèfe qui explique ces modifications d’une loi qui
exifte certainement, que d’imaginer une loi nouvelle
dont l’exiftence n’eft pas prouvée, une loi que l’on
n’a pas encore pu définir, même hypothétiquement,
& qui ceffe d’être néceffaire par la feule poffibilité
de concevoir fans elle les phénomènes que l’on lui
attribue.
20. Indépendamment de l’adhéfion & de l’affinité,
nous confidérons encore dans les effets qui réfultent
de l’attradion , la cohêfion, c’eft-à-dire ,* cette force
qui réunit a&ueliement les parties d’un corps homogène
, & .qui produit fa folidité ou la réfiftance
de fes parties à leur défunion. Cette force ne diffère
de l’affinité qu’en ce qu’elle s’exerce fur des molécules
femblables ; elle diffère de l’adhéfion, en ce
que ces molécules ne fe touchent pas feulement par
l’une de leurs furfaces ; elle paroît ne s’écarter auffi
de la gravitation, comme l’adhéfion 8t l’affinité, que
par Vintenfité de fa puiffancè : voilà fans doute affez
de raifons pour la ranger fous une loi commune.
Cependant, dès qu’on veut en fuivre la marche dans
les effets comparés, la trace fe perd bientôt, & “
la difficulté de tout ramener à la loi commune étoit
un motif d’en créer de nouvelles, nous en aurions
bientôt autant qu’il y a de phénomènes non encore
expliqués. - i 1 •
Je dis que dans l’état de nos connoiffances la loi
de l’adhéfion & .de l’affinité ne fe refufe pas moins
à l’explication de la cohêfion, que celle de la gravitation
univerfelle ne fe refufe à l’explication de 1 affinité
; en effet, il eft reconnu que la cohêfion, toujours
plus forte que l’adhéfion ,-eft quelquefois inferieure,
quelquefois fupérieure à l’affinité, fans que
la denfité des. maffes puiffe rendre raifon de ces
différences ; c’eft ainfï que l’acide nitreux fait ceffer
la cohêfion de l’argent, tandis que la cohêfion du
filex, qui eft quatre fois moins denfe, refifte à fon
aélion; nous ne fommes donc pas mieux fondés à
imaginer que ces effets dépendent d’une feule &
même loi, ou plutôt nous n’avons d’autre moyen
de les y ramener, qu’en la fuppofant modifiée par
des circonftances abfolument analogues à celles qui
modifient auffi la loi générale dans les cas d’affinité. Il y
a plus, que l’on approche deux gouttes d’eau , deux
globules de mercure jufqu’à ce qu’ils fe touchent
en un feul point, bientôt ils ne formeront qu’une
feule goutte , qu’un feul globule ; c’eft çe que Ion
nomme, comme nous le verrons, affinité d’aggrér
gation , & cës expreffions repréfentent affez bien le
fait ; mais elles ne donnent aucune idée de^ la loi
qui lé détermine : pour moi, il me femble évident
que ce n’eft pas la loi de l’adhéfion , elle ne convient
proprement qu’à l’aélion qu’exercent réciproquement
les unes fur les autres des molécules juxta-
pofées : ce ne peut être la loi d’affinité , dans le fens
que l’on l’entend , quand on veut la diftinguer de la
gravitation ; car alors fon aélion ne peut s’étendre
au-delà de la faturation refpeélive des parties qui
peuvent s’approcher : ce n’eft en un mot aucune loi
particulière pour les attrapions prochaines , il y auroit
une contradiélion manifefte à la fuppofor exclu-
fivement faite pour le contaP, & à lui attribuer en
même temps la fphéricité de l’aggrégat, laquelle eft
nécefîàiremént le produit d’une puiffancè qui difpofe
les molécules autour d’un centre commun, & qui
porte médiatement fon aélion fur celles qui fe trouvent
placées à l’extrémité du rayon, c’èft-à-dire à
une diftance déjà très-fenfiblê du centre de gravité.
Ces phénomènes d’aggrégation nous préfentent cependant
la même intenfitê de puiffancè qui fùfpend,
qui eft capable de Vaincre l’attràPioh au centre de
la terre, qui paroit exiger une loi différente ; & fi
la condition de la loi appropriée à cette intenfitê
répugne à fon application au cas particulier, de quel
droit l’appliquefoit-on à d’autres cas où l’on n’a que
la même raifon de là fuppofor ^
Pour avoir une image plus fenfible du phénomène
dont il s’agit, o u , pour mieux dire, une mé-
fùre de cette force , qui enchaîne autour d’un centre
les molécules éloignées de ce centre, que l’on mette
une .certaine quantité de mercure fiir un marbre bien
dreffé & pofé horifontalement , que l’bn place en-
fiiite fur ce globule applati de mercure une lame
de verre min.ce, on n’àppercevra pas encore une
diminution bien remarquable dans l’épaiffenr de la
malle de mercure; mais fi on charge fûcceffivement
de poids la lame de verre , le globule de mercure
deviendra de pins en plus mince, 8c acquerra de
l’étendue en même proportion ; enfin, fi l’on Ôte
fes poids qui chargent la lame de v erre, le mercure
reprend fur-lérchanig la même forme qu’il a voit, avant
qu’on eût ajouté ces poids, 8c éloigne ainfl la lame
de verre elle-même du centre des graves, jufqu’à
ce que la force de gravitation 8c celle d’aggrégation
fe trouvent en équilibre. Cet effet n’a pas feulement
lieu avec des gouttes 8c des globules ; car fi l’Ouvrier
qui charge une glace qu’il a mife en contaél
avec le mercure pour lui faire prendre l’étamage, ôte
les poids qu’il -y avoit mis, avant qu’elle foit descendue
fu r . la fouille d’étajn, elle le relève 8c la
couche de mercure reprend fa première épaiffeur,
en rappellant la portion qui dépaffoit les bords 8c
qui étoit prête à fo féparer. Il eft aifé de concevoir
que les parties du fluide qui fo trouvent fur les côtés
font fixées 8c retenues par l’attraélion des parties
homogènes qu’elles touchent, 8c c’eft là fans doute
ce qui fufpend l’effet de leur pefanteur, condition
fans laquelle l’attraélion au centre de gravité de cette
petite maffe feroit impuiffante ; maïs on ne fera fü-
rement pas entendre que ce foit en vertu d’une force
exclufivement inhérente au contaél de ces parties
entre elles, qu’elles fe rapprochent d’un centre éloigné,
qu’elles s’entaffent les unes fur les autres 8c
reprennent en hauteur ce qu’elles avoient en étendue.
En un mot, il eft évident que les molécules
d’un corps quelconque fe touchent dans un nombre
de points d’autant plus confidérable, que la maffe
préfonte extérieurement .moins de furface ; l’attraction
qui la ramène fponfanément à cette forme, fait
donc réellement que les molécules fe touchent par
plus de points qu’auparavant ; elle ne le fait qu’au-
tant que fon aélion s’exerce à quelque diftance ; elle
produit donc le contaél plutôt quelle n’emprunte
fa force du contaél..
Cet effet de la cohêfion fe rend fenfible dans
un grand nombre d’opérations familières ; je n’en citerai
qu’iin foui exemple bien connu de ceux qui
font ufage de pèfo-liqueurs métalliques ,, conftruits
fuivant les principes de Farenheit. Quand on plonge
dans l’eau cet infiniment, fi ,. au lieu de l’enfoncer
jufqu’au point auquel il doit fe foutenir,. on l'abandonné
à lui-même , il s’arrête un peu au deffous-
du bout fupérieur du cylindre ,. quoique lèftê fuffi-
fammént pour n’être en équilibre que vers le milieu
de fa tige ; & j’ai, fouvent éprouvé que pour le faire
descendre il falloir urïe force additionnelle, de i8 :
grains pour un pèfo-liqueur qui déplaçait 2990,75:
grains d’eau diftillée, à la température, de 10. degrés-
On né peut douter que cette réfiftance qui intervertit
l’ordre dé gravitation,. ne vienne principalement
dé .la force de cohêfion des parties de l’êau fur
' elles-mêmes, plus grande1, que l’attraélion dé l’eau au
■ métal r auffi voit-on diftinélement les parties de l’eau.
.qui.s’étoient élevées parle premier mouvement d’im-
merfion fur le Bout convexe du cylindre de métal ^
fo retirer bientôt fur elles-mêmes 8c former- une ef—
. pèce dé.bourrelet tout autour. Quelque part que l’on-.
veuille dbnner dé ce phénomène à l’air qui- couvre:
îa furface métallique, kr. conféquence fora. 1k même ,,
puifqu’il ne peut toujours s’ôppofer au. contaét im-r
wédîat du. métal 8c de Feau^que garce que