
prèfentent diftinétement quelques rapports effen- fl
tiels, & quoiqu’elles ne puiffeut jamais embraffer
ni l’enfembie des caractère* , ni la fuccelîion
des opérations fpontanée? de la nature fur un
même fujet.
Les -acides végétaux font moins {impies, moins
fixes , & plus Æifceptibles de décompofition
par le feu que le» acides qu’on appelle minéraux :
ils doivent ce* propriétés à la texture organique
de leur bafc acidifiable. Il n’y a pas long-temps
que l’on ajoutoit qu’ils étoient moins puiffans,
qu’ils «édoient les bafes à tout acide minéral ; on
fairpréfentementque les acides faccharin & oxalin
prennent la terre calcaire , même à l’acide vitrio-
lique.
M. Becker a tenté de confirmer par des expériences
l’opinion de l’illuftre Linné , que le rouge
étoit produit par un acide dans tout le règne végétal,
& que cette couleur n’étoit que la couleur
bleue ou verte altérée ( expérimenta circa muta-
tïonem colorum, &c. Gotting, 177p. ) Mais fi cette
théorie étoit généralement fondée , toute plante
colorée en rouge devroit donner des fignes d’un
acide développé , & une jufte dofe d’alkali devroit
rétablir la couleur primitive ; or , iL s’en faut beaucoup
que les faits s’accordent avec ces conféquences
néceffaires.
Il y a long-temps que l’on a foupçonné vaguement
qu’il n’y avoit qu’un même acide végétal;
MM. Hermftadt & Crell ont cherché en dernier,
lieu à vérifier cette opinion. Tant qu’elle n’a eu
d’autre fondement que la poffibilité de retirer de
l’acide faccharin de plufieurs de ces acides, & particuliérement
du tartre & du vinaigre, on n’en pou-
voit rien conclure, foit à caufe de-la petite quantité
que ces fubftances en donnoient, & qui étoit bien
éloignée de répondre à l’idée d’une véritable con—
veriion de l’un en. l’autre, foit parce que l’acide
faccharin pouvant être retiré, ou, pour mieux dire,
produit avec toutes les huiles, il en réfultoit évidemment
que les acides végétàuxrj\Q fourniffoient
non plus à cette nouvelle compofition qu’une
même matièrefufceptible d’être acidifiée & non pas
actuellement acide, ni à- bien plus forte raifôn
acide de tel ou tel genre.
Le célèbre Schéele avoit bièn remarqué que le
fucre & la gomme, traités avec la manganèfe &
l’acide nitreux , donnoient du vinaigre dans le récipient
; qu’on en trouvoit après la décompofition
des éthers ; & que le tartre fe comportoit comme le
fucre, dans la diffolution de la manganèfe par
l’acide nitreux ( Mém. de chym., Edit, fr.tome 1 ,
pag. 75 »tome 2 9 Paë ‘ 1 ). Cesobfervations confirmées
depuis par d’autres Chymiftes, ne tendoient
encore qu’à faire confidérer l’acide acéteux, ou du
moins la bafe de cet acide, comme exiftant actuellement
dans le tartre , dans le fucre , dans l’efprit-
de-vin, dans l’éther; mais il faut avouer que
M. Crell vient de mettre dans un jour bien féduifant
la do&rîne de la eonverfion de l’un de ce»
acides en l’autre ; comme fes preuves, font toutes-
de fa it, je les expoferai ici telles qu’il les a lui-
même réfumées dans une lettre à M. d’Arcet,
( Journal phyfique tom. X X V I I , pag. 297. )
i ° . Si on fait bouillir le réfidu d’akohol nitreux
ou efprit de nitre dulcifié avec beaucoup d’acide
nitreux, en ayant foin d’adapter des vaiffeaux pour
en concentrer la vapeur ; qu’on fature avec de
l’alkali, ce qui aura paffé dans la diftillation , on
obtient du nitre Sc de l’acète de potaffe. Si on en
fépare le dernier par l’efprit-de-vin, on en peut
retirer du vinaigre par le procédé ordinaire.
2°. Si on fait bouillir de rechef le réfidu avec
l’acide nitreux, on obtient les mêmes produits
plus on répète cette opération , moins on obtient
d’acide faccharin, 8c même à la fin on n’en trouve
plus aucun indice.
30. Si on fait bouillir l’acide faccharin pur
déjà tout formé , avec 12 à 14 parties d’acide
nitreux , le premier difparoît. On trouve dans le
récipient de l’acide nitreux phlogiftiqué , du vinaigre
, de l’acide méphitique, de l’air vital oit
déphlogiftiqué, 8c dans la cornue un peu de terre
calcaire.
4q. Si on fait bouillir l’acide faccharin avec
fix parties d’acide vitriolique , on trouve du vinaigre
, de l’acide vitriolique phlogiftiqué , de
l’acide méphitique, & dans la cornue de l’acide
vitriolique très-pur.
50. En faturant le réfidu de l’alcohol nitreux ±
ou efprit de nitre dulcifié » avec la craie, on obtient
un fel indiffoluble qui , traité avec l’acide
vitriolique, donne un vrai acide tartâreux; car il
forme avec la potaffe de l’acidulé tartareux ou
crème de tartre. -ÉÊk.
6°. Èn évaporant le fluide, dont on a fépare
le tartre calcaire, on obtient une matière noirâtre,,
qui, à la diftillation donne un acide du tartre em-
pyreumatique & un charbon fpongieux.
7Û. En faifant bouillir une partie d’acide fac-
çharin & une partie & demî’e de manganèfe
avec fuffifante quantité d’acide nitreux, la manganèfe
eft prefqùe entièrement diffoute, & il paffe
dans le ballon du vinaigre & de l’acide nitreux
déphlogiftiqué.
8°. En faifant bouillir de l’acide tartareux & delà
manganèfe avec de l’acide vitriolique, la manganèfe
fe diffout , & on trouve du vinaigre &
de l’acide vitriolique.
9°. En mêlant l’acide tartareux, la manganèfe
& l’acide nitreux, & les faifant bouillir, on obtient
du vinaigre , de l’acide nitreux phlogiftiqué 9
8c la manganèfe eft diffoute.
io ° . En faifant digérer pendant quelques mois
de l’acide tartareux & de l’efprit-de-vin , tout
fe change en vinaigre , 8c l’air des vaiffeaux de»
vient partie gas acide méphitique, partie air nui-
fible ou plogiftiqué. .
n ° . En faifant digérer l’acide faccharin & l’efprit
de-vin pendant quelques mois , tout devient
vinaigre, & -l’air des vaiffeaux eft changé en gas
acide méphitique.
12°. En faifant bouillir refprit-de-vin avec
l’acide vitriolique 8c la manganèfe, il fe change
en vinaigre 8c en air phlogiftiqué.
13°. En diftillant plus de vingt fois l’efprit-de-
vin fur l’alkali fixe cauftique , il devient vinaigre,
& on obtient beaucoup d’eau.
M. Crell conclut.de ces faits que l’efprit de vin
eft compofé d’acide tartareux, d’eau 8c de phlo-
giftique ; que c’eft un acide dulcifié naturel ;- que
l’acide nitreux mêlé en quantité médiocre en fépare
le tartre ; qu’une plus grande quantité d’acide
nitreux convertit l’acide du tartre en acide fac-
charin & en phlogiftiqué ; qu’en ajoutant encore
une nouvelle quantité d’acide nitreux, l’acide faccharin
eft lui-même converti en vinaigre. Ainft,
fuivant ce Chymifte , l’acide tartareux , l’acide
faccharin & l’acide acéteux , ne font que des
modifications d’un même acide, contenant plus ou
moins de phlogiftiqué : l’acide tartareux en a le
plus, l’acide faccharin un peu moins, & l’acide
acéteux encore moins que les deux autres.
Il ne faut pas fans doute prendre à la lettre
l’expreffion d'acide dulcifié naturel, puifque l’efprit-
de-vin étant employé tout entier, & non pas feulement
fon phlogiftiqué, pour la dulcification des
acides en général, le premier fe trouveroit toujours
dans un ordre de compofition moins avancé que
les produits d’une vraie dulcification , & il n’eft
pas- de condition qui faffe plus d’obftacle au rapprochement.
Les autres conféquences de M. Crell font plus
folidement déduites ; cependant comme il ne fait
point état de l’air vital açjdifiant , qu’il eft très-
probable que fes proportions ne changent pas
moins dans ces compofés que celles du phlogif-
tique, qu’il eft fur-tout démontré que dans la
fo i mation de l’acide faccharin il fe fixe une portion
confidérable de l’air vital que laiffe aller l’acide
nitreux ( voye^ Acide saccharin) , il me fem-
ble que pour s’en tenir à une conclufion exaéte,
il faut dire feulement que les acides tartareux,
faccharin & acéteux ont un radical primitif commun
; que ce principe exifte dans le fucre , dans
le vin , dans le tartre , dans l’efprit-de-vin &
dans une infinité d’autres fubftances, quelquefois
en état de l’un de ces acides , quelquefois fans
être acidifié ; que fuivant la dofe de phlogiftiqué
qu’il perd ou qu’il reçoit, & la capacité de fa-
turer en conféquence plus ou moins d’air vital
en état de combinaifon parfaite, il conftitue les-
bafes acidifiables de l’un ou de l’autre de ces
acides.
— v-uuie rciuarquame que 1 acicie laceharm
qui, dans ce f) ftème, fe- trouve dans un état
intermédiaire entre celui du tartre & du vinaigre,
foit cependant le plus fixe & le plus puiffant. On
fait que les derniers fubiffent une décompofition
fpontanée à la température moyenne ( voyez
ÀCIDE TARTAREUX) ; & l’acide faccharin reprend
la bafe calcaire, même à l’acide vitriolique. On
ne concevroit pas aifément que cette propriété
dépendît uniquement d’une dofe moyenne de
pj|logiftique.
* Mais s’il eft impoffible de rendre raifon de
tous les phénomènes par le phlogiftiqué feul, je
n’ai pas befoin de faire Remarquer quelle tâche
ces nouveaux faits impofent aux Chymiftes qui
fe flattent de tout expliquer par l’addition & la
fouftraétion de l’air vital : cette théorie, fédui-
fante par fa fimplicité & par les applications in-
génieufes qu’ils en ont faites, les avoit déjà conduit
à fuppofer que le fucre exiftoit tout entierdans
l’acide faccharin : que fera-ce préfentement, qu’il
leur faut retrouver le fucre dans le tartre , le radical
acéteux dans le fucre, la bafe acidiable tarta-
reufe dans l’efprit-de-vin ; fans qu’ils puiffent af-
figner ce qui rend aéluellement ces corps fi diffé-
rens , ni ce qui détermine ou fufpend leur affinité
direéte avec le principe acidifiant ? Il fuffit de confidérer
un inftant les propriétés fi diverfes de ces
compofés pour fe convaincre que ce n’eft déjà pas
trop de deux principes pour produire tant de variétés;
je-ne doute nullement que le calorifique,
dont on n’a pas tenu compte jufqu’à préfent, ne
joue un rôle très-important dans quelques-unes de
ces compofitions; la capacité de chaleur fi difpro-
portionnée entre le tartre & le fucre & plus encore
le 13e. fait de M. Crell bien vérifié , me paroît
fournir un commencement de preuve de cette
conjeéture.
Après avoir établi les caraftères qui rapprochent
les trois principaux acides du règne végétal, qui s’appliqueront
probablement par la fuite à un bien plus
grand nombre , & qui embraffent déjà tous ceux
que l’on a fait fervif à la production de l’un ou de
l’autre de ces trois acides , il n’eft pas moins important
d’examiner les propriétés qui les diftin-
guent ; car quand même la eonverfion en feroit
plus facile , la chymie & les arts ne confentrroient
pas pour cela à renoncer à l’ufage qu’ils en font
journellement dans les degrés de compofition qui
les rendent précieux, 8c appropriés aux différentes
circonftances.
Il y a un très*grand nombre d’acides végétaux.
J’ai déjà annoncé que je traiterois dans des articles
féparés les acides citronien , bençonrque , gallique ,
oxalin , tartareux , acéteux, faccharin , firupeux 6*
lignique : je réunirai ic i, à l’exemple du célèbre
Léonhardi, ceux qui font moins connus, furlefquels
la chymie s’eft encore peu exercée, pour recueillir
les obfervations qui peuvent fervir à détermina
leurs caractères 8c leurs propriétés.