
les acides purs. Il eft bien certain que par cette
méthode on diminue très- fenfiblement la quantité
de fer ou de bleu qui exiftoit dans la liqueur ;
mais quoiqu’elle ait été allez généralement adoptée ,
on ne peut fe diffimuler qu’indépendamment de
l’inconvénient d’y porter un fel étranger, elle, a
encore celui d’altérer la liqueur colorante ; l’illuftre
Bergman remarque très-bien que cet acide ajouté
affaiblit fenjîblement fes propriétés au bout d’un certain
temps y £?* même les détruit, fur-tout â une température
chaude. ( Dijf. X X IV , §- 2 ). Cette obierva-
tion eft très - Gontorme , comme nous le verrons,
à la théorie que j ’ai précédemment établie.
M. Gioanetti a cherché à perfectionner ce procédé
de M. Baume, en faiiant évaporer à ficcité la
leflîve furchargée .d’acide acétéux ; mais il eft évident
qu’elle fe décompofe en gtande partie dans
cette opération, & que ce qui refte d’acide pruf- ■
Jîque retient encore la portion de fer qui 1ère d’intermède
d’union.
Le même auteur avoit imaginé une_ autre méthode,
qui coniiftoit à neutraliser la liqueur par la j
diflolution d’alun , pour féparer enfuite par cryftal-
lifation le vitriol de potaffe ; mais cette .Séparation
devient inutile fi la leflive a été d’abord faturée
conyenablemefit : cette rectification n’eit donc pas
dirigée vers le vrai but; elle a toujours le défa-
vantage de laifler des fels étrangers ; (Si fi la liqueur
faturée fournit du vitriol de potafie , c’eft une
preuve que l’acide de l’alun a décompofé une partie
de la matière colorante.
M. Scopoli & le P. Barca aflurent avoir appliqué
avec fuccès à cette rectification l ’aClion de
la lumière fur-cette liqueur furchargée d’acide
acéteux ; le premier ayant expofé à la lumière du
foleil une leflive colorante faturée , & quif étoit devenue
verte par l’addition du vinaigre , remarqua
qu’il s’en féparoit beaucoup de bleu ; il filtra la liqueur,
il l’expofa le lendemain aux rayons du foleil
; & quoiqu’il n’eût point ajouté de vinaTgre,
il vît encore fe dépofer quelques parcelles de . bleu
de Prujfe qui s’atraçhoient au vaifleau : il répéta :
cette opération jufqu’à ce qu’il ne fe fépara abfo-
lument plus de bleu, & il en conclut que c’ëtoit
un moyen efficace pour purifier cette, ligueur.,Ce
n’eft pas feulement, à la chaleur, c’efl à la lumière
même que M. Sçopoli attribue cette vertu , & il
dit s’en être convaincu en expofant cette liqueur
à une chaleur de digeftion de cent cinquante degrés
du thermomètre de Fahrenheit (cinquante-
quatre de Rëàumur), où elle n’éprouva aucune
altération, tandis qu-elle avoit Lifle précipiter du
bleu à la lumière du fole il, qui ne faifoit monter
le thermomètre qu’à quarrervingt-dix-huit degrés
(trente deRéaumur). On fent que?pour que cette
preuve fût direéle , il aureje fallu que ce phyficien
jeût commencé par éprouver l’aélionde la chaleur,
,& qu’il eût obtenu par la lumière un précipité d’une
Jeffive qui n’en auroir point fourni à une chaleur
plus forte, pu feulement égale; or, il ne parojt
pas qu’il ait procédé dans cet ordre, du moins autant
que j’ai pu en juger par fes additions à l’article
alkaliphlogijliqüé, dansl’édition italienne du dictionnaire
de M. Macquer , & mémo par fon mémoire
imprimé en allemand , dans les nevejlen EntdecJcun-
gen, Gc. de M. Crell. .
D’ailleurs, M. Scopoli avoue'que cette liqueur
airifi purifiée dépofa encore un peu de poudre jaunâtre
qui devint bletiefians l’acide muriatique ; que
la liqueur elle-même, abondamment chargée de cet
acide, prenoit une couleur verte tirant au bleu;
enfin , qu’ayant réduit cette liqueur en un fel concret,
pour l’obtenir plus pur par cryftallifation ,
ainfi que je l’avois anciennement confeillé, le re-
fidu de la diftillation de ce fel montra encore quelques
parties attiràbles à l’aimant.
On ne peut difçonvenir néanmoins que cette
liqueur étoit dans un état de rectification fuffifant
pour que les expériences auxquelles M. Scopoli l’a
employée , méritent d’être rapportées au nombre
de -celles qui peuveut contribuer à fixer les opinions
fur les couleurs des pruffites métalliques :
voici la table de fes refultats.
L’or' A D O N N É un précipité
La p la t in e ............................ .....
L ’argent . . . . . . .
Le mercure . • ; . . .
L ’antimoine . . . ' . . , .
Le bifmüth . . . . . . .
L ’arfenic . . . . . , .
Le zinc ......................................
Le fer . , . , . . , . .
* Le cuivre > : . .. >
Le plomb . . . . . a . .
L ’étain . . . . . . . .
blanchâtre,.
bleu.
blanchâtre.
blanchâtre.*
verd-pâle.
blanchâtre.
brunâtre.
blanchâtre.
bleu.
jaune-obfcur,
blanc.
blanchâtre.
M. Landriani confeille de préparer la liqueur
d’épreuve en faifant bouillir l’alkàli fur le pruflite
d’antimoine, & il fonde cette préférence , i°. fur
ce que la terre du métal qui peut s’y trouver ne
peut altérer la couleur des précipités, étant naturellement
blanche ; 2 °. fur ce que cette chaux eft
bien moins foluble dans la leflive colorante que ■
celle du fer ;mais nous verrons que le pruflite d’antimoine,
que ce phyficieq a regardé comme très-
pur , quoique coloré en bleu, n’a voit reçu cette
couleur que d’une portion de fer qu’il retient avec
beaucoup d’opiniâtreté , puifque fans cela il eft
précipité en blanc.
Voici une autre méthode de reélification indiquée
nouvellement par M- Brugnatelli. ( Chemifche
annalen, 6-c. 1784 , part. 3 & 4. )
Ce Chy mille iè.fert de l’acide nitreux ou de l’acide
vitriolique, mais par préférence du dernier,à
ç,aufe de U facilité de féparer de la liqueur le f§l
qu’il forme avec la chaux. Il verfe de l’acide vitriolique
dans la leflîve impure, il laide quelques minutes
la liqueur en repos , il y ajoute enfuite de
la craie ou méphite calcaire trè s -p u r , jufqu’au
point de faturation; le bleu fe précipite en même-
temps que la félénite , & on obtient (d it - il) , parla
filtration , une liqueur tranfparente , fans faveur ,
purifiée de toute terre martiale, exempte du mélange
de tout fel étranger , & qui, ne tenant point
d’acide , ne s’altère pas facilement avec le temps.
Voilà fans doute les avantages que l’on cherche j
mais il eft difficile d’accorder à M. Brugnatelli le
principe fur lequel il fonde ce procédé, qui eft
que les acides n’agilfent qu’à la' longue fur la matière
colorante. M. Schéele nous a fait voir que le
gas.acide méphitique feul exerçoit fur elle une
aélion fenfible : comment fe. pourroit - il qu’elle
n éprouvât aucune altération dans une opération
où l’on emploie l’acide vitriolique , où cet acide dégage
en fi grande quantité le gas de la craie l L ’expérience
décrite dans la feétion précédente démontre
l’aélion inftantanée du premier de ces acides
fur Je pruflite de potafie chargé de bleu de
Prujfe. O c , s’il y a une portion de la leflive dé-
compofée, on ne peut plus répondre de la fépa-
ration complette des fels étrangers, & cette méthode
n’a plus davantage fur lès autres.
Je donnerai ici les principales obfervations faites
par M. Brugnatelli avec la liqueur ainfi préparée ,
& les changemens de couleur que fes précipités 1
métalliques ont éprouvé lorfqu’ils ont été expofés à
la lumière.
Dijfolutions Couleurs des Après î’expofnon
nitreufes précipités au foleil.
de mercure« verd-clair. jaune.
de cuivre. rouge-brun. verdrdair.
de plomb. verd-clair. bleu.
d’étain. verdâtre. bleu.
d’antimoine. bleu. verd-fombre.
de bifmuth. jaunâtre. orangé.
de zinc„ violet. jaune.
d’arfenic. bleu-pâle. noir.
Je n’ai pas befoin d’obferver que l ’on découvre
fenfiblement dans cesréfulrats les traces de la pré-
fénee d’un peu de fer que la leflive tenoit encore,
& de l’aérion de la lumière , ou fi l’on veut, de la
chaleur , pour la manifefter par décompofition.
une leflive pruffique abfolument pure l L ’illuftre
Bergman parcît en avoir ainfi jugé dans fa difier-
tation fur la docimafie par la voie humide; il distingue
deux cas ; le premier , où l’on veut juger; le?
Par la couleur du précipité, & alors il con-
ieille de précipiter d’avance la liqueur d’épreuve
par les acides, pour n’être pas induit en erreur par
le bleu que recèle cette liqueur dans la proportion
de quatre livres par quintal de fel alkalin ; le
fécond cas, où il’n’eft queftipn que du poids du précipité
, & pour lors il préfère de fe fervir de la
liqueur encore chargée de bleu de Prujfe , en obfer-
vant de faire fur le poids du précipité la fouflrac-
tion de la quantité de ce bleu porté par la leflive ,
& qui, dans celle qu’il préparoit lui-même pour cet
ufage , étoit de 1 1 , 20 par quintal fiéïi.f de
foixante - dix grains pour chaque volume- de liqueur
de feize ~ pouces cubiques. ( Opufc. tome 119
page 411, édit. franç.)
Les expériences de M. Bergman , pour déterminer
la couleur des précipités métalliques parla lef-
five colorante , méritent d’autant plus d’attentiony
qu’on ne fauroit douter de fon exaéli tu de à purifier
d'abord les métaux autant qu’il étoit pofiible ;
en voici lés réfultats.
Dijfolutioxs* Couleurs des précipités.
d’or,
d’argent,
de mercure.
de plomb,
de cuivre.
de fer.
d’étàin.
de bifmuth.
de nickel,
d’arfenic.
de cobalt.
de zinc,
d’antimoine,
de manganèfe.
jaune.
jaune-obfcur.
blanchâtre , qui a paffé au jaunei
, olfeur.
blanc.
jaune verdâtre; qui a paffé au roux-
obfcur.
bleu-foncé,
blanc , mélé de bleu.
jaunâtre ,qui a paffé au verd.
jaunâtre , qui a paffé au brun.
blanc.
bleu roufsâtre, qui apaffé au roux-
brunâtre.
Blanc t qui a paffé au citrin.
blanc mêlé de bleu.
bleuâtre, qui apaffé au bleu-jaunâtre'.
Celle de platine n’a-point été troublée , & a
feulement pris plus d’inténfité.
Il me refte à faire connoitre deux nouveaux procédés
de reélification peu diffiérens l’un de’ l’autre,
publiés par MM. Schéele & Veftrunab , dans des
temps fi voifins , que l’éditeur des annales chymi-
ques, à qui ils avoient été adrefles , n’a pu décider
àqui appartenoit la priorité de date. Mais avant que
de m’en occuper, je doispofer quelques principes
pour déterminer enfin le degré de confiance que'
Y acide prujjique mérite comme réaâif, & les diffé-
rens Jétats où il faut le prendre , fuivant les cir-
; confiances.
La diflbîution alkaline qui a bouilli fur le bleu
de Prujfe n’eft pas Amplement compofée d'acids