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ménagé. On fondent le feu pendant environ deux
heures, on laide réfroidir lentement les vaiffeaux,
on les délute & l*on trouve les fleurs attachées à
la furface interne de la terrine fupérieure. On les
détache avec la barbe d’une plume. On recommence
la fublimation du benjoin , après l’avoir de ’
nouveau réduit en poudre, fl l’on croit qu’il n’a
pas donné tout fon tel. M. Baumé a rétiré de trois
livres de benjoin , trois onces flx gros de fleurs.
. Celles qu’on obtient _par les dernières fublima-
tions, ne lont point aufli blanches que les- premiè- .
res ; mais on peut leur rendre leur blancheur, par
les rectifications dont il fera fait mention ci-après.
Il eft important de choifir des terrines très-éva-
fées, & de mettre au plus un pouce de hauteur
de benjoin, comme aulîi d’enterrer la terrine inférieure
à un pouce près de fon bord. On fent aifé-
ment les motifs de ces confeils.
M. Geoffroy a propofé de fe procurer les fleurs
de benjoin par cryftallifâtion. Il faifoit bouillir
cette rétine dans de l’eau ; filtroit la dêcoétion
bouillante à travers un blanchet humeélé d’eau,
pour arrêter une portion des matières huileufes,
& trou voit, par le réfroidiffement, les fleurs cryf-
tallifées & très - blanches. Il obferve que ce procédé
donne prefque moitié moins de fleurs que la
fublimation. Le lavant tradufteur de la Pharmacopée
de Londres, qui a répété cette opération,
a obtenu réellement par fon moyen le fel eflentiel
de benjoin, mais en fl petite quantité, qu’il ne
croit pas qu’on doive préférer ce procède. Mais
quand bien même on en retireroit autant que l ’af-
furè M. Geoffroi, la différence des produits par oit ,
fuffire pour engager à lui préférer la fublimation.
M. Monnet, par une forte ébullition du réfldu
de la fublimation des fleurs de Benjoin, par la
filtration & le réfroidiffement de la décoétion, a
rétiré un fel blanc écailleux , qui a tant d’analogie
avec les fleurs de cette fubftance végétale , que le
traducteur de la Pharmacopée de Londres, préfume
avec raifon que l’on pourroit le fubftituCr à ces
fleurs.
M. Pemberton .penfe qu’il y auroit de l’avantage
à procéder à l’extraCtion, des fleurs du benjoin,
par la diflillation dans une cornue de verre, garnie
de fon ballon ; mais les réflexions du favant traducteur
de la Pharmacopée de Londres font trop
juftes, pour qu’on puifle adopter l’opinion du célébré
doCteur anglois,. Il feroit à craindre que
les fleurs fublimées n’engorgeaffent le col de la
cornue, que s’y échauffant elles n’y perditiont leur
forme, & que l’on eût beaucoup de peine à les
en retirer ; enfin, que celles qui auraient paffé dans
le réçipient, ne pûffent en être tirées qu’en bri-
fant les vaiffeaux, ce qui joint à la dépenfe, objet
qui n’eft jamais à négliger , entraînerait l’inconvénient
du mélange de quelques fragemens de
verre avec les fleurs, fans qu’il fut facile de les
enlever complettement.
deprocédé que Triller eonfeille, d’après Lemery,
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Cartheufer & le Mort, & qu’il affure devoir procurer
facilement une très-grande quantité de fleurs
de benjoin, paroît fujet à moins d’inconvéniens.
Il confifle à mêler égale quantité de Benjoin en
poudre & de fable fin , à en remplir à moitié
une cornue, à placer cette cornue dans un bain
de fable, & à pouffer le feu de manière à faire
paffer l’huile dans le récipient.
On délute les vaiffeaux après les avoir laiffé
réfroidir ; on mêle l’huile avec dix fois autant
d’eau bouillante ; on filtre le mélange, & les
fleurs de benjoin fe cryîtallifent par le réfroidiffement.
Mais le meilleur de tous les procédés imaginés
pour extraire les fleurs de benjoin , feroit celui
de M. le comte de la Garraye, s’il n’exigeoit pas
une manipulation longue & difpendieufe, fur-tout
pour obtenir tout l’acide ben^onique, contenu dans
cette fubftance , puifqu’il le donneroit très-pur &
pourvu feulement du principe huileux intimement
combiné avec l’acide.
Ce célèbre Chymifle verfoit cinq livres d’eau
fur une demie livre de benjoin, & par une trituration
continuée pendant dix à douze heures, il
faifoit une diffolution laiteufe de benjoin.
Après un moment de repos pour faciliter la fé-
paration des parties non diffoutes & des corps
étrangers , il 'filtroit la diffolution à travers un
tamis de crin, couvert de deux toiles claires, puis
la laiffoit fe dépurer encore par le repos pendant
une nuit, dans un vafe de terre ou de verre , alors
elle étoit claire. M. de la Garraye la verfoit le
le lendemain, par inclination, fur un filtre dé papier
fans colle , faifoit évaporer le coulé au bain de
vapeurs jufquà pellicule , le portoit dans un lieu
tirais pour faciliter la cryftallifation ; féparoit les
cryftaux qu’il faifoit égouter & fécher entre deux
papiers, & expofant la liqueur reliante à la même
évaporation & à la même cryftallifation, jufqu’à
ce qu’elle ne donnât plus rien, il avoit un fel blanc
d’un odeur très - fuave.
L ’expofé de ce procédé juftifie, à ce qu’il nous
femble, le jugement que nous en avons porté, &
lorfqu’on examine avec réflexion tous ceux qu’ôn
a propofés pour fextraâion des fleurs de benjoin,
on eft porte à adopter celui de M. Baumé. Nous
l’avons fuivi tous les ans dans nos cours de Chÿ-
mie , & il nous a paru préférable aux autres, par
la célérité de l’opération & par la pureté du fel
lorfqu’on avoit eu l’attention de ménager le feu.
Mais, de quelque manière qu’on ait procédé, fi
ces fleurs ont un oeil jaunâtre, on peut les purifier
par une nouvelle fublimation, ou par cryftallifation
dans l’eau, ou par diffolution dans l’efprit
de vin & précipitation par l’eau.
Dans le premier cas , on mêle ces fleurs avec de
la terre à pipe ou de l’argile bien blanche, & on
les fait fublimer à un feu extrêmement doux dans
l’appareil de M. Baumé. Quelques artiftes emploient
le fable très-fin ; mais comme il faut, pour facili-
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ter la dépuration, que le mélange des fleurs & de
l’intermède foit très-intime, il eft évident que la
terre à pipe o u l’argille font préférables au labié,
quelque nn qu’il foit.
Dans le fécond on diffout les fleurs dans de l ’eau
bouillante, on filtre la diffolution encore bouillante,
on la fait évaporer en partie, & l’on procède*,
comme M. de la Garraye ,pour leur cryftallifation.
Dans le troifième, on les diffout^dans de l’ ef-
prit-de-vin très-redtifié, on y verfe peu à peu de
l’eau, on décante k liqueur , & l’on trouve les
Jieurs très-blancheS au fond du vafe.
Les deux premières de ces méthodes, & fur-tout
la première, font préférables à celle-ci, parce qu’elles
font moins difpendieufes ; on pourroit cependant
diminuer la dépenfe de la dernière , en rediftillant
la liqueur, fa diftillation faifant retrouver l’efprit-
de-vin.
Ces fleurs, bien dépurées & obtenues par la fu-
fclimation, font un fel compofé d'un principe huileux
& d7un acide très-pénétrant, leur volatilité
& leur activité font fl grandes, qu’il eft néceffaire
de laiffer refroidir les vaiffeaux av^.nt de les délu-
cer ; fans cette précaution, l’aéti’on des fleurs fur
la gorge & les poumons feroit une impreffion fl
v iv e , qu’elles exciteroient une toux fatiguante.
De quelque manière qu’on les ait obtenues , elles
font d’un blanc argentin & brillant, cryftallifées
en aiguilles, d’une faveur très-acide & d’une odeur
très-fuave.
Elles jauniflênt en vieilliflanf, parce que l’huile
n’adhère pas affez fortement à l’acide pour ne pas
s’en féparer à la longue : il faut les conferver dans
tin endroit frais, pour que là chaleur ne hâte pas
cette efpèce de décompofltion, & il ne faut couvrir
le vafe de verre qui les renferme que d’un
papier, afin que l’air puifle abfober le principe huileux
à proportion qu’il fe dégage. La preuve de
cet effet de l’air eft que le papier qui couvre le
bocal fe graifle & jaunit à la longue, & que les
fleurs de bemoin perdent leur blancheur beaucoup
plutôt dans un flacon bouché avec un bouchon de
verre que dans un bocal couvert de papier.
Ces fleurs font un favon acide très-pénétrant,
un diffolvant très-aâif des matières muqueufes ;
mais elles ont en même temps une énergie robo-
rante fi confidérable, qu’elles irritent fortement'
les fibres & que leur ufage eft contrindiqué par
l ’état pléthorique & par la tenfion desfolides. Elles
font un bechique ipcifif, un diaphorétique & un
diurétique de l’efpèce de ceux qu’on nomme diurétiques
chauds ; leur diffolution fpiritueufe eft un
cofmétique.
On les donne dans les afthmes humides, dans
îfes catharres des vieillards & dans les cachexies,
en fubftance, à la doze de deux grains jufqu’à huit
& même dix, aflbciées au jaune d’e eu rà des mu-
cilagineux, a des baumes, foit en potion > foit
Cn ÎS ? ferYe » S I en b ol, en pilules, & même-
en diflolufion fpiritueufe ; elles entrent dans pluÀ
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fleurs compétitions. Voye{ Aloohol BF.nzonique,
Lait virginal , Essences , Pilules de Morton
, &c.
Acide Boracin, c’eft ainfi que j’appelle l’acide
du borax , parce q u e c om m e l’ont remarqué la
plupart des Chymiftes, & en dernier lieu M. Four-
c r o y , le nom de fel fédatif que Homberg lui a
donné, eft tout-à-fait impropre. Foye%_ le mot D énomination.
Quoique le borax fo it , depuis long-temps, d’un
grand ufage dans les arts , & , par coniéquent,
très-répandu dans le commerce, on eft encore fort
peu influait de la nature des matières dont on le
retire, des lieux où elles fe trouvent, des préparations
que l’on leur fait fubir , & même de là
manière dont on raffine ce fe l, fur laquelle les
hollandois gardent le plus profond fecret, pour,
fe conferver exclufrvement cette branche d’in-
duftrie ; e’eft là ce qui a donné lieu à tant de conjectures
diverfes, à tant de fyftêmes oppofés, qu’il
eft néceffaire de rappeller ic i, avant que de fixer
fur cet objet le terme de nos connoiffances actuelles,
par les obfervations qui paroiffent le plus dignes
de for.
Le borax eft compofé de fbude ou altali minéral
& ‘d’une fubftance qui y fait fon&ipn d’acide, puil-
qu’elle neutralise l’alkali ; c’eft ce dont tous les Chymiftes
'font bien d’accord, quoique leurs opinions
diffèrent fur la nature de cette fubftance.
Il ne paraît pas que le borax ait été connu des
anciens; la chryfocolle, dont parlent Diofcoride,
livre 51 chapitre 02, & Pline, livre 33, chapitre
5 , n’étoit qu’une foudure préparée artificiellement;
cette foudure a été confondue par quelques-uns y
avec la chryfocolle qui fervoit pour les teintures,
quoique Pline en faffe très-bien la diftin&ion en
ces termes : Chryfocollam & aurifices fibi vindicant
agglutinando auro.„ fanternam vocant, ce qui défigne
fiimfamment un autre genre. Suivant Diofcoride ,
cette chryfocolle fe faifoit par les ouvriers eux-
mêmes avec de l’urine d’enfant & de la rouille de
cuivre, que l’on broyoit enfemble dans un mortier
de cuivre ; la compofition éft la même dans Pline
excepté qu’il y ajoute du nitre.
Le nom de borax fe trouve, pour la première
fois, dans les ouvrages de Geber,Chymifte arabe,,
qui vivoit vers le milieu du dixième fiècle; & il
eft affez probable qu’il défignoit par là le même
fel qui a.confervé depuis cette dénomination étrangère,
mais il ne dit rien qui puifle le faire recon-
noître.
Ce qu’en dit Agncola ( de re metallicâ, lïv. X I I ) ,
à l’occafion de la préparation du nitre en Egypte ,,
prouve bien, à ce qu’il me paroît, que l’ufage du
borax, dans la foudure des métaux, étoit déjà
commun de fon temps c’eft-à-dire , au commencement
du feizième fiècle ; mais il eft évident,
comme l’a remarqué M. le baron d’Holbach , que
cet autéur n’en a point connu ta- compofition,
que, trompé par la propriété que Pline attribue ^