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minée fur le champ,. fournit un cinquième de fon
poids de gas a c id e m é p h itiq u e . Quand il feroitpof-
fible d’admettre dans l’air commun une quantité de
ce gas qui répondit à ce produit, il rsfteroit encore
a concevoir comment il auroit pu le fixer dans
l ’alkali & dans la. terre calcaire , à un degré de chaleur
capable de le dégager s’il eût exifté précédemment
dans ces corps ; au lieu que l’air vital
étant par lui-même l’agent nécefTaire de la com-
jbuftion qui ne s’opère que par fa combinaifon avec
la matière réfiduelle du combuftible , il eft tout
fimple qu’il s’ÿ arrête & qu’il y demeure ; quelque
foit Tinftant où il acquiert les propriétés d'a c id e
m é p h itiq u e , il eft déjà fixé par une affinité qui le
met en état de réfifter à la chaleur qu’il a lui-même
occafionnée.
La vérité de ces principes a été mife dans le
plus grand jour par une belle expérience de MM,
Lavoifier & de la Place. Ces académiciens ont enfermé
fous, une cloche de verre plongée dans le
mercure 202,3 5 pouces cubes d’air vital;ils y avoient
mis dans un petit vaiffeau particulier du charbon
bien fec privé de tout gas inflammable par une
forte chaleur ; ils allumèrent ce charbon , en portant
rapidement à travers le mercure un fer rouge
fur une petite molécule de phofphore, qui étoit
elle-même placée fur un petit morceau d’amadou.
Après la combuftion, qui dura 20 à 25 minutes ,
l’air fe trouva réduit à 170,59 pouces, dont l’ai*
kali fixe cauftique abforba 96,66 pouces, & il n’y
avoit eu que dix-huit grains de charbon conféra més ;
d’où ces favans ont tiré, par le calcul > que une
once de charbon en brûlant, çonfommoit 3,3167
onces ou 4037,4901 pouces cubes d’air v ita l, &
produifoit 3,6715 onces ou 3163,9771 pouces cubes
aé gas a c id e m é p h itiq u e . Ils ne fe font pas diflimulé
qu’une détermination auffi délicate exigeoit que
l’expérience fût répétée plufieurs fois ; mais on ne
peut guère fe flatter d’atteindre à plus de précifion,
loffqu’on voit toutes les précautions qu’ils ont
prifes , & l ’exaâitude avec laquelle ils ont fait état
de la température , de la preflion de l’atmofphère,
de celle occafionnée dans la cloche de verre par
le poids du mercure & de toutes les cireonftançes
qui pouvoient influer fur les réfultats.
Cette expérience fert non-feulement à prouver
qu’il fe produit réellement de 1'“a c id e m ép h itiq u e
pendant la combuftion, & qu’il eft formé, comme
jious l’avons déjà dit, d’air vital & de phlogiftique ;
mais elle nous conduit encore à déterminer les
dofes de ces parties conftituantes. Les célèbres aca*
démiciens que je viens de citer, eftiment que fur
dix parties de ce gas, il y a environ neuf parties
d’air v ita l, & une partie d’un principe fourni par
le charbon , & qui eft la bafe de X a c id e méphir
tiq u e .
Cette eftimation ne fe rapporte pas entièrement
à celle de M. Kirwan : ce célèbre phyficien a établi
fon calcul fur cette obfervation de M. Prieftley,
que le gas nitreux abandonne autant de phlogiuia
c i
que à l’air commun que lui en abandonne un v o lume
égal de gas inflammable, qu’il regarde comme
le pur phlogiftique, quand il brûle dans la même
proportion que l’air commun ; ce qui l’a Conduit à
admettre que cent grains d’a c id e m ép h itiq u e conte-
noient 85,339 d’air v ita l, & 14,661 de phlogiftique
; que cent pouces cubiques d’air vital étoient
convertis en gas a c id e méphitiqu'e par 7,2165
grains de phlogiftique ; & fe trouvoient alors réduits
à un volume de 86,34 pouces cubiques ; enfin
que cent pouces cubiques de gas méphitique dev
a ien t fournir , par leur décompofitioneomplette ,
115,821 pouces cubiques d’air vital , & 7,2165
grains de phlogiftique.
A ne confidérer ces calculs que comme des approximations
, elles annonceraient déjà, dans la
Chymie moderne , une perfection d’analyfe à laquelle
"la Chymie ancienne n’auroit pas même ofé
afpirer ; mais il faudroit réfifter à-l’évidence des
faits, peur contefter le principe qui leur fert de
bafe, qui eft la formation de Y a c id e m é p h itiq u e dans
l’aéie -de la combuftion.
Ce n’eft pas ici le lieu d’examiner fi la chaleur
produite par la combuftion eft .féparéede l’air vital
pendant fa combinaifon pour devenir gas méphitique,
comme le''conjeéture M. Lavoifier , .ou fi
au contraire il ne fert qu’à dégager la matière calorifique
qui exifte dans les corps com’buftiblés,
V o y e^ Air vital , Calorifique QUE. , Phlogisti- Mais il y a une autre queftion qui a un rap*
port plus direCt avec la compofition du gas a c id e
m é p h i t iq u e , qui eft de favoir pourquoi il ne s’en
forme pas pendant la combuftion du gas inflammable
avec l’air vital.
M. Prieftley ayant allumé plufieurs fois , par le
moyen de l’explofion éleCtrique, un mélange d’air
commun & de gas inflammable fous un récipient
plongé dans le mercure, obferva conftamment que
la diminution étoit instantanée , que l’eau de chaux
qu’il ÿ introduifoit fur le champ n’étoit pas trou*
blée, ni même lorfqu’elle y avoit été mife avant
l’inflammation. ( C o n tin u a tio n d e s e x p é r ien c e s f u r
l ’ a i r , & c . tom . 3 , p a g . Il n’y a donc point eu
dans ces circonftances à ?ac id e m ép h itiq u e produit ;
M. Warltire avoit éprouvé la même chofé, & n’a?
voit trouvé cpe de l’air nuifible après la diminution
, & un léger précipité de poudre blanche. C’eft
un phénomène dont il n’eft pas facile de rendre
raifon. M. Kirwan remarque très-bien qu’il n’a
lieu qu’avec le gas inflammable des métaux, que
tous les autres gas inflammables qui font en effet
fpécifiquement plus pefans, donnent réellement du
gas a c id e m ép h itiq u e , lorfqu’on les allume par l’étincelle
éleCtrique ; ce favant conjecture que peut-
être cet acide eft abforbé par la chaux métallique
obfervée par M. Warltire , ou bien qu’il eft peut-
être nécefTaire pour la production du gas méphi*
tique, que le phlogiftique foit condenfé à un certain
point, & que lorsqu’il eft trop raréfié, comme
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dans le gas inflammable des métaux , il forme
qiielqu’âutre compofé encore inconnu. ^
La dernière de ces hypothèfes me paroit la plus
vraifemblable, & je ferois fort porté à croire que
c’eft l’abondance du calorifique ou matière de la
chaleur qui, s’emparant en quelque forte exclufi-
vement du phlogiftique, le rend perméable>aux
vïiiffeaux, & s’oppofe ainfiàla combinaifon necef-
faire à la produaion du gas a c id e m é p h itiq u e . Je
puis appuyer cette probabilité dune expérience
du célèbre Bergman : que l’on faffe fondre, dans
un vaiffeau fermé, l’a-lliage de plomb, d’étain &
de bifmuth qui coule au degre de 1 eau bouillante,
fi l’air renfermé eft de l’air vital pur, le métal eft
calciné à un certain point, & -tout fluide aériforme
a difparu. A, la vérité M. Bergman ne paroîtpas
faire état de la quantité d’air abforbée par la chaux
métallique ; mais fi elle ne répond pas exadement
à.la perte de poids par diminution de l’air, on fent
qu’il en réfulte une preuve bien forte de fa diffi-
pation au travers des. vaiffeaux en état de calorifique.
Je ne diffimulerai pas cependant que l’on
pourroit répondre avec autant de probabilité que
dans .ce cas il ne fe produit point Ù a c id e m ép h it
iq u e , parce que le phlogiftique y eft au contraire
trop pur , trop à nud ; car, quoique nous foyons
très-aflùrés que c’eft une matière phlogiftique qui
conftitue la bafe acidifiable du gas a c id e m é p h i t iq u e ,
il n’eft pas encore bien prouvé que ce foit le phlogiftique
abfolument p u r , comme on peut croire
qu’il exifte dans le gas inflammable des métaux.
Mais avant que d’adopter aucune explication de
ce phénomène, il faut avoir examiné les preuves
d’un autre fyftême fur le produit de la combinaifon
du gas inflammable & de l’air v ita l, pendant
la combuftion. ( V o y e^ Air vital , Eau , Phlo-
GISTIQUE. ) Il fuffit ici d’avoir prouvé que Xacide
m ép h itiq u e eft réellement produit parla combuftion,
d’avoir circonferit les circonftances dans lefquelles
s’opère cette compofition', & indiqué les cas qui
font exception à cette règle générale. .
D e la r e fp ira tio n .
La refpiration préfente des phénomènes fi analogues
à ceux de la combuftion, que MM. Lavoi-
fiér & de la Place n’héfitent pas de dire q u ’e lle e j î
u n e com b u ftio n à la v é r ité f o r t len te , m a is d ’ a ille u r s
p a r fa item en t fem b là b le à c e lle d u cha rbo n . Il eft acquis
par une foule d’expériences que tous les fluides
aériformes ne font pas propres à la refpiration;
que l’air vital eft lefeulqui convienne abfolument
à l’entretien de cette fon&ion animale ; que l’air
commun ou atmofphérique n’eft lui-même falubre
que parce qu’il tient une portion de cet air, & en
proportion de ce qu’il en tient ; enfin que le même
air ne peut fervir long-temps & devient nuifible
lorfqu’il a été refpiré. Mais f e p r o d u i t - i l r éellement
du g as acide méphitique d a n s V a f ie d e la r c fp ira -
ù o u ? Comment s ’Qpère c e t le p r o d u t îïo n ? Q u e l le s f o n t
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’ le s m atières sq u i s ’y com b in en t ? E n u n m o t q u e l s f o n t
le s effets d e c ette c om b in a ifo n ? Voilà les queftionç
que je dois "examiner ic i , pour achever d’éclaircir
l’origine , la compofition & les propriétés de cet
acide aériforme. .
Dès que l ’on eut commencé à faire des expériences
fur les gas , on ne tarda pas à recpnnoître
que l’air refpiré par les animaux étoit diminue
comme par tous les autres procédés phlogiftiques,
& que l’air réfidu étoit phlogiftiqué & troubloit
l’eau de chaux ; mais on n’ avoit pas encore des idées
bien diftin&es. de la nature particulière de l’air
nuifible & du gas a c id e m ép h itiq u e ; on étoit d’autant
plus porté à les confondre , que Ton favoit
que l’air nuifible ou phlogiftiqué, après avoir été
rendu refpirable par fon agitation dans l’eau, four-
niffoit, par les procédés phlogiftiques, une nouvelle
portion de gas acide qui troubloit l’eau de chaux
& étoit abforbé par l’eau. D ’ailleurs , en n’opérant
qu’avec l’air commun, on pouvoir foupçonner que
le gas a c id e m éphitique, obfervé dans 1 air refpiré
n’étoit que féparé de cet air. M. Prieftley, dans le
troifième volume de la continuation de fes obfer-
vations fur l’a ir , paraît fe plaindre de. ce qu’on
continue de lui attribuer l’opinion que l ’a ir com m
u n d e v ie n t acide méphitique p a r V a d d it io n d u p h lo - -
g i f t iq u e , tandis que, fuivvant lu i, cette portion, qui
le montre quand l’air commun eft phlogiftiqué ,
ne peut venir que de Xacide* m ép h itiq u e préexiftant,
foit incorporé dans cet air comme partie çonftb
tuante, foit Amplement répandu dans fa mafie.
D ’autre part, les deux favans Suédois ( Berg •
man & Schéele , ) auteurs de l’ingénieufehyporhèfe
de la matière calorifique , foutenoient que T&ir
étoit plutôt dépouillé que chargé de. phlogiftique
dans l’aéle de la refpiration, qu’il n’étoit point diminué
par la refpiration ni par fon agitation aV.ec
le fan g , & que le gas inflammable pouvant être
refpiré jufqu’à trente fois de fuite impunément,
le phlogiftique, au moins dans certaine combinaifon
, pouvoit être utile & même nécefTaire à l ’éco*»,
nornie animale.
Le célèbre Fontanâ , qui le premier avoit annoncé
que T a c id e m ép h itiq u e paroifloit être de l’air
refpirable imprégné de phlogiftique , a défendu,
cette opinion avec force dans une lettre au docteur
Murray ( Jojirn. p h ÿ f tom.>. 22 , p a g . 447. )
où il examine & difeute la théorie des deux
favans Suédois, où il appuie le fyftême contraire
fur des faits & des expériences qui . méritent toute
l’attention des phyficiens , que je ferai connoître
dans un inftant.
Suivant le dofteur Crawford, l ’air refpiré prend
le phlogiftique du. fang , en mêmertemps qu’il lui
cède fa chaleur.
Un autre favant, dont le fuffrage eft devenu
d’un grand poids en cette matière, M. Kirwan,
admet non-feulement la phlogiftication de l’air par
la refpiration , mais il déclare que ledo&eur Prieftle
y a approuvé fes obfervations, & l’a autorifé-i.