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qu’à un agent chymîque. La lime qui réduit en parcelles
un alliage d’or & d’argent, détruit réellement
l’Aggrégation d’un grand nombre de fes parties ;
lirais0 elle ne touche point à la compofition, puifque
la plus petite molécule qu’elle emporte eft encore
lin alliage; au lieu que l’acide nitreux, par exemple,
agiffant chymiquement, s’empare de l’argent & kifle
l’or abfolument feu!. Au refte , l’inftrument rnécha-
nique le plus fubtil, la pulvérifation même ne peut
atteindre le terme extrême de divifion, il refte toujours
plufieurs particules aggrégées, & fi l’on par-
venoit à en ifoler une de celles que Macquer a
très-bien nommées molécules primitives intégrantes,
elle échapperoit à nos fais par fa petiteffe.
Ce Savant obferve que nous ne pouvons avoir
une idée jufte ni de la grofleuf, ni de la figure, ni
de la denfttè , ni de la dureté de ces parties, & cela
eft très-vrai ;car on conçoit que des molécules très-
dures peuvent former un Aggrégé fort mou , qu’il
peut réfitlter une maffe rare & fpongienfe de l’A g -
grégation de particule.- très-denfes , &c. Mais je ne
puis adopter fans reftriéiion ce qu’il ajoute , que les
propriétés du corps aggrégé dépendent autant & peut-être
beaucoup plus de la manière dont les particules intégrantes
font jointes les unes aux autres dans l yiggre—
dation , que des propriétés ejfentielles de ces mêmes particules
: il eft; évident que l’Aggrégation d’une millième
partie à la maffe , ne s’opèrè pas d’une autre
manière que l’Aggrégation des deux premières , &
cependant elle ne produit plus aucun changement
dans les propriétés phyfiques , fi ce n’eft par l’augmentation
proportionnelle du poids. & du volume ; les
propriétés chymi'ques, qui confiftent effentiellement
dans les affinités , n’en reçoivent en auCuri temps
la moindre altération. .
L’Aggrégation a lieu aufti-bien entre les parties
des corps fimples, qu’entre les parties des compofés
oh fiticompofés en quelque ordre que ce foit.
Elle a lieu pour les fluides'comme pour lés fondes
; îe: globule de mercure que l’on ceffe de comprimer
, reprend la forijne1 que détermine la forcé
agrégative de les.parties'; il en eft de meme quand
deux gouttes d’eau viennent à fe toucher.
Cette force aggrégative n’eft autre chofe que l ’at-
tr'aftion que les molécules intégrantes exercent les
unés fur les autres, & qui devient très-confidérab'le
art contaft. L’Aggrégation tient donc à- cette caufe
phyfique générale, de même que la .gravitation, l’ad-
hèffon & la diffolution Ou l’affinité. En traitant de
cette dernière, j’indiquerai les principes qui lès rapprochent
& les phénomènes qui en forment les ca-
raftères particuliers; j’èxpiiquerai en même, temps
ce qu’on doit entendre par affinité d’Aggrégation, comment
cette force eft augmentée ou diminuée par la
température, & jufqu’a quel point il eft vrai de
dire qifelle s’oppofe à la eombinaifon. V om a f f i n
i t é .,. § . I l , § . I I I , feâ. I , n. r , fefl. I l , 4 ' . &
6 e. lo'ix, &. feS: III, n .a .
Suivant Newton , les plus petites particules ,de
matière-peuvent être unies par les plus fcrtes-attrac-
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tiens, & compofer de plus grofles particules d'onf
la vertu attraftive foit encore moins forte, & ainfi
de fuite , jufqu’à ce que la progreffion fini-ffe par les-
plus greffes particules dont dépendent les opérations
chymiqu.es & les couleurs des corps n a tu r e ls&
q u i, jointes enfemble, compofent des corps d’une
grandeur fenfible ( Opt\ L. III, quefl- 31 )• Ce principe
feroit bien oppofé à celui qui a été avancé par
quelques Chymiftes, & que Macquer paroît avoir
adopté lui-même , qu’e/z rompant plus parfaitement l’Ag-
grêgation des fubfiances qui refufent de fe combiner , un
parviendrait peut-être a les unir\ Di£l. au mot Alliage)-,
car on ne peut douter que dans les combinaisons
l’Aggrégation ne foit abfolument rompue & les corps
réfous en leurs parties intégrantes ; o r , fi la force
aggrégative croiffoit à mefure que la force de com-
bmaifon approcherait de ce terme , l’aélion de celle-
ci , au lieu de devenir plus efficace ; fe trouverait
à la fin tout-à-fait impuiffante. Mais il eft aifé de
voir que l’opinion de ces Chymiftes, que Macquer
ne donne que, comme une probabilité, porte uniquement
fur l’obfervation de la plus grande facilité
avec laquelle les corps s’uniffent dans l’état fluide ou
d’Aggrégation relâchée ; & cette facilité n’influe
que fur la durée | ou la quantité de l’effet dans
un temps donné , & non fur la caufe: s’il y a des
phénomènes qui s’écartent de cette règle , ils dépendent
d’une furcompofition qui produit de nouvelles
affinités.
Pour ce qui eft du principe de Newton, ce feroit
abufer de fes termes que de vouloir les appliquer
à l’Aggrégation de parties femblables ; en indiquant
les plus greffes particules comme les premiers élémens
des opérations chymiques , il fait affez; entendre qu’au
delà de cë terme il n’eft plus quëftion de réunion de
parties intégrantes, mais bien des compofitioiis &
furcompofitions qui conftituent les molécules primitives
intégrantes.
Les corps que Ton précipite de leurs diffolvans
ne fe montrent pas en maffe d’Aggrégé comme avant
la diffolution ; cependant, il s’en faut beaucoup que
ce foit des parties intégrantes ifolées, elles feroient
infenflbles à la vue : ce font de très-petites maffes
formées d’ün certain nombre de particules aggrégées;
la limite de cette progreffion d’Aggrégation eft marquée
par rinftant *ou elles ont acquis le degré de
pçfanteur néceffaire pour vaincre la réfiftance du
fluide. Ce'ft aînfi que la terre filiceufê peut refler
fufpendue dans une liqueur faline, à la faveur de
fon extrême divifion ; & que l’Aggrégation des cryf-
taux des fels s’arrête à un certain point, lorfque
l’alcohol les prive fubitement de leur" eau de dilîo-
luiion. Vûye^ affinité, §. IV , n. IV.
Les termes d’Aggrégation & de Cohéfion font emr
ployés fréquemment comme fynonymes; cependant,
le premier eft plus fpécialement aftcété à la: piüffance
qui réfifte à l’attraéfion chÿmique, & le fécond a (
la ' réfiftance à la féparation par une force mécha-
nique , c’eft-à-dire à la dureté des corps folid.es &
• à la ténacité des fluides, Voyc^ cghésIqn,
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AGNUS-CASTUS. ( P/iarm.) Vïtex Agnus-Caflus,
Linn. Arbriffeau qui croît naturellement dans les lieux
humides des Provinces méridionales de la France.
On le trouve aufli dans la Caroline, en Italie, dans
beaucoup d’autres endroits, & on l’élève facilement
dans les jardins. Cet Arbriffeau étoit célèbre chez
les Anciens , par ia propriété qu’ils lui attribuoient
de prévenir, d’éteindre les feux de l’amour, & de
conferver la chafteté. C ’eft d’après cette propriété
que les Grecs le nommôient Agnos ; c a r , comme
l’obferve J. Sylvius , & d’après lui Geoffroy, le mot
Caflus n’eft que la traduéfion latine de la dénomination
grecque ; & quoique ces deux mots -expriment
exactement le même objet , l’ufage a prévalu : on
les a confervés & réunis pour défigner cette efpèce
d’Arbriffeau.
Dans les Pays où il croît naturellement, fes feuilles
font employées comme émollientes & réfolutives;
on eii fait des cataplafmes qu’on applique fur les tumeurs
de la ratte ; on en donne la décoéfion intérieurement
comme apéritive & emménagogue.
Le fruit de cet Arbriffeau, qui eft une efpèce de
baie, eft plus recommandé & plus ën ufage ; il eft
connu dans le Commerce & dans les Pharmacies
fous le nom de femences d’Agnus-Caflus. -Ces fe-
mences fe trouvent fèches dans les boutiques ; elles
font rondes, grifâtres, un peu plus groffes qu’un
grain de chenevis ; récentes, elles ont une odeur
aromatique, qui approche beaucoup de celle du
camphre ; elles ont une faveur âcre, poivrée, qui
diminue par la defliccation & la vétufté ; iorfqu’on 1
les mâche, elles laiffent à la bouche un fentiment ;
de chaleur & d’âcreté ; aufli, remarque Lemery,
on les appelle Petit-poivre ou Poivre fauvage.
Si on pile ces femences, en y verfant peu à peu
quelques onces d’eau , on obtient une liqueur éniul-
five qui conferve le goût, l’odeur camphrée de la
plante , & qui rougit un peu le papier bleu ; infufées
dans l’eau ^elles donnent une teinture rouge., aro- j
matique\, amère, dont la couleur n’eft pas changée
par le vitriol de fer. La déco&ion dansri’eau eft brune,
un peu âcre , amère ; mais l’odeur eft beaucoup
diminuée.
On trouve dans les anciens Difpenfaires plufieurs
préparations pharmaceutiques avec l’Agnus-Caflus ;
°n en faifoit des poudres, des émulfions , des infu-
fions, des decottions. Schroder décrit des trochifques
faits avec la femence d'Agnus-Caflus ; Michael la fai-
• foit entrer dans une compofition , qu’il nommoit
effence de chafteté, & qu’il recommandoit contre
la gonorrhée & les affeéHons érotiques. Tous les
Médecins ne conviennent pas de cette propriété fé-
dative de Y Agnus-Caflus fur les organes de la génération
; Simon Pauli affure même que fon ufage a
produit un effet contraire. Cependant, on croit généralement
que cette femence peut être utile dans
quelques affrétions hyftériques & hypocondriaques £
Geoffroy obferve que l’on ne doit en faire ufage
qwe dans les cas oii il n’y a aucun fymptome d’in-
flannnation; Quoi qu’il en fort; la femence d'Agnus-
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Caflus fe preferit en poudre, ou fous la forme de
bols, depuis un demi-gros jufqu’à un ou deux gros;
il en entre le double , 8ç même davantage, dans une
émulfion ou dans une infufion. Mais aujourd’hui
cette fubftance eft rarement employée dans les coin1-
pofitions cliniques ; elle entre feulement dans'quelques
compofitions officinales, telles que l’huile de
câpres par infufion, & l’eau hyftérique du Codex
de Paris.
• AGRIPAUME. (Pharrn.) LeonurusCardi aca, Linn*
Plante officinale qui croît naturellement dans nos campagnes.
Les anciens Botaniftes l’ont nommée Car-
dïaea, parce que, dit Ettmuller, elle guérit la cari-
dialgie des enfans. Fraîche & dans fa floraifon, cette
plante a une odeur pénétrante , défàgréable, une faveur
amère, légèrement acerbe ; en fèchant, elle
perd beaucoup de fa faveur & prefque toute fon
odeur. Son infufion aqueufe eft jaunâtre, très-amère,
& brunit avec le vitriol de fer.
On a attribué à cette plante de grandes propriétés
médicinales ; on a dit qu’elle étoit atténuante , anti-
fpafinodique ; on l’a recommandée dans les affrétions
catharrales, l’afthme humide. J. Ray vantoit beaucoup
cette plante ou fa poudre, à la dofe d’un gros,
comme un excellent remède dans les palpitations de
coeur, les maladies de la ratte & les affrétions hyftériques.
Les anciens Pharmaciens préparaient, avec cette
plante , une eau par la diftillation & un onguent qu’ils
nomraoient Beurre rouge ou onguent de Cardiaca. Au---
jourd’hui ces préparations ne font plus d’ufage , la
plante eft feulement confervée dans lesboutiquès pour
faire des déepétions ou infufions, qui rarement encore
font preferites par les Médecins.
Il faiit recueillir cette plante en Juillet & la re-
nouveller tous les ans.
AHÎUS. Rulandus & Johnfton difent qu’il faut
entendre fous ce mot Sel foffile.
AHUSAL. Nom donné au foufre & à l’arfenic#
Ruland. & Johnflon.
AIGLE. Les Alchymiftes ont donné ce nom a
des fubftances très-différentes ; il paroît qu’ils y atta-
choient en général l’idée d’un corps, qui, quoique
fixe en apparence, pou voit être fublimé par l’aétioii
du fèu.
L’Auteur des: Notes fur la Chymie de Béguin ^
dit que le fel ammoniac (muriate ammoniacal ) eft
appellé A'wle, parce qu’il enlève l’o r , comme l’Aigle
emporta Ganymède.
L’Aigle cèlefle de Paracelfe eft le turbith minéral ou
chaux de mercure par l’acide vitriolique ; c’eft Y Aigle
impérial de Béguin.
La dénomination dé Aigle blanc a été aufli appliquée
à diverfes préparations de mercure ; mais, à
l’exemple de Quercetanus , les Chymiftes font fpécialement
affeétée au fublimé doux, ou muriate mercuriel
doux, q u i, jufques dans -les Livres les plus
l i i i ij