
7S4 A IR ment le godet en àbaiffant l’obturateur F ; on prend
l’inftrument par les deux extrémités D A , & fans
cefler de preffer fur D pour maintenir l’obturateur,
on l’enfonce dans la cuve , autant qu’il eft néceffaire
pour introduire le godet ainfi fermé dans le récipient :
alors on foulève l’obturateur en écartant les deux
bouts D A qui relient en dehors, & la matière s’allume
en recevant le contaél de l’air.
Le récipient garni de boîtes à cuir , tel que je l’ai
fait exécuter pour le laboratoire de l’Académie de
Dijon, eft encore plus commode 8c d’un ufage plus
général. A B {fig. 37.) eft un'manchon ou cylindre
de verre ouvert par les deux bouts; un morceau
de glace cd de deux à trois lignes d’épaiffeur & taillé
en rond eft maftiqué à l’orifice, fupérieur de ce cylindre
, & folidement arrêté fur les bords au moyen
d’un cercle de métal formant fertifîure fur la glace.
Cette glace eft percée de deux trous pour recevoir
les deux boîtes à cuirs E F , à travers lesquelles paf-
lent les deux tiges rondes g A. Ces tiges portent à
leur extrémité inférieure une plaque de métal 1 K ,
fur laquelle repofe le godet L ; leurs extrémités fu-
périeures font emmanchées dans la traverfe M N ;
cette traverfe porte un écrou en o deftiné à recevoir
la vis P , au moyen de laquelle on élève & on ferre
à volonté le godet L fur la glace cd qui devient de
cette manière un obturateur très-sûr. R. eft une pièce
de métal un peu épaiffe qui fert de point d’appui à
la v is , & qui doit être prolongée jufques fur le
cercle, pour que l’effort de la prefiion ne- fe faffe pas
fur le centre de la glace.
A in fi, ayant enlevé la vis P 8c abaiffé les tiges
g h , jufqu’à ce que le godet fe trouve au niveau
ou bord inférieur du récipient, on remplit le godet
de notre matière charbonneufe ou de telle autre
fubftance que l’on juge à propos, & fur-le-champ
on le reporte d’un feul mouvement jufqu’à la glace
qui doit le tenir fermé. Tandis qù’on le tient d’une
main dans cette pofitiofi, de l’autre on replace la
vis , & l’on peut après cela plonger le récipient dans
la cuve fans gêne & fans avoir à craindre que rien
puifle pénétrer dans l’intérieur du godet. Je n’ai pas
befoin de répéter que fes bords doivent être dreffés
avec foin pour s'appliquer exactement à la glacé;
mais je dois avertir que fouvent l’adhérence eft telle
( fur-tout après un certain temps & quand la glace
n’eft que doucie 8c non polie) que fi l’on ne fixoit
pas par du maftic ou autrement le godet fur fon
fupport, il refteroit fufpendu de manière -qu’il ne
feroit pas pofïible de mettre ce qu’il contient en
contaâ avec l’air du récipient.
Ceux de ces appareils qui font deftinés pour la
cuve au mercure doivent avoir, comme il a déjà
été dit, toutes leurs pièces de métal en fer ou en
acier. Au lieu du récipient garni de boîtes à cuirs,
j’ai employé avec fuccès, pour les expériences au
mercure, un fimple chaflis avec fa vis , exécuté
tout en bois dur ( te l que le cormier), & conftruit
fur les mêmes principes, excepté que le godet étoit
porté p^r un écrou montant'& descendant dans les
A I R
rainures des deux jumelles g A; que l'obturateur au
contraire étoit fixé à la ,traverfe IK par un genou
mobile pour fe prêter aux différentes pofitions du
godet ; enfin que la vis P étoit prife à noix dans la
traverfe MN, J’introduifois ce chaflis (la poignée de
la vis en .bas) dans un récipient ordinaire & j’ob-
tenois ainfi l’avantage d’oùvrir & de. fermer à vo-'
lonté le godet, fans avoir à redouter l’infidélité aflèz
fréquente des boîtes à cuirs.
Remarques fûr les expériences X & Xî. C ’eft à M*
J Prouft que nous devons la corinoiffance de là pro-
| priété qu’a le réfidu de la diftillation du tartrite de
I chaux de s’enflammer fpontanément à l’a ir, propriété
| qui lui eft commune avec les réfidus de diftillation
| des tartrites de plomb , de cuivre, d’antimoine, des
| acétites de plomb, de cuivre, de chaux, & pro-
! battement-de plufieurs autres fels ( Journ. phyf. 1778.
j Supp. pag. 434.). 11 feroit prématuré de s’occuper
j ici de l’examen de tous les pyropliores 8c fur-tout de
; difeuter les divers fyftêmes imaginés pour expliquer
j ce phénomène qui devoit en effet très-fort embar-
j rafler les Chymilles avant que Ton connût la vraie
j théorie des combufiions : je ne veux que faire faifir
| une circonftance bien capable de nous y conduire,
St pour cela je choies le pyrophore que.l’on peut re-
| garder comme le plus fimple, M. Prouft s’étant afin
ré qu’il ne tenoit aucune matière faline avant la
combuftion * 8c qu’il ne laiffoit après que de la chaux
mêlée d’un peii de cendre.
Comment fe fait-il que le charbon qui ne s’allume
ordinairement que par le.contaél d’un corps
enflammé, qui , fans cela , exige une température de
plus de 150 degrés ( Voye^ affinité, §. 111. fett. 2 ) ,
s’embrafe ici fubitement dès qu’il eft expofé à l’air?
II me paroît évident que la caufe immédiate de ce
phénomène n’eft .autre que l’affinité même des deux
principes, qui doivent fe combiner , jouiffant de toute
fon énergie par la ceffation des obftacles qui en
fufpendoient l’aélion. L’air, qui eft un de ces principes,
fe trouvant dans fa condition habituelle, c’eft
donc dans celle du charbon que l’on doit chercher1
les caufes éloignées : or la première eft fans difficulté
l’état de divifiori, ou , pour mieux dire, de
défaggrégation dans lequel il eft préfenté à l’air. On
fait en général combien la force d’aggrégation réfifle
à l’affinité, on en verra dans la fuite un grand nombre
de preuves, &» un exemple fur le charbon même
dans fa combinaifon avec la portion d’air dont fe fur-
charge l’acide muriatique.
Je placerai en fécond ordre de ces caufes médiates
la petite élévation de température qu’acquiert le rné-
lange en recouvrant fubitement de l’athmofphêre l’eau
dont il avoit été complètement privé; & indépendamment
de ce que l’eau qui fe combine avec les côrps fo*
lides abandonne une portion duprincipe de la chaleur,
on a, dans le cas particulier, une nouvelle preuve directe
de cette vérité. M. Pilatre de Rozier a obfervé
qu’une demi-once de pyrophore d’Homberg jetée
dans une pareille quantité d’eau diftillée , avoit fait
monter
A r ïï
SfttofôTef le baromètre':de ^degrés,. quoiqu’ il fe: iut afi
fur épar divers procédés d’analy fe , qu’il n’y reftoit pas
lin atome d’acide fulfurique a nud {Journ. phyf. T. XVI.
p.- 384.). Il n’eft pas furprenant que cette. fôiblé
produ&ion de chaleur n’ait fervi qu’à faire douter
<le l’influence de cette caufe , tant qu’on ne IVçon-r
Sidérée que d’une maniéré ifolée^tou comme agift
fanf - fur’ le charbon en* imafle d’agrégé , 8c fur-tout
avant que les Phyficiens : aient .eu océafion .de -fe
convaincre de .l’efficacité: de la température pour :dé*
term'iner le, jeu des affinités.
A l’appui de ces deux premières caufes ,.je n liefite
pas• d’en appelle* deux autres dont j’avou'érai que
l ’exiftence n’eft pas à beaucoup près auflirdémontrée,
mais que.l’on peut foupçonner.,] puifqu’il eft..certain
qn’ellèsi influent dansj-des cireon fiances très rianalogues.,
8c dont, par cela feul j il importe; cfêtçe prévenu
, ne fût-t ce que pour en; chercher les traces*. ..
L ’une /eft . cette chaleur véritablement latente que
certains corps confervent pendant un temps affez
long , & qui fufp.endl’effet qui -doit réfulter à la
température-açquilè par le milieu dans lequel ils font
plongés. C ’eft ainfi que de. l’eau qui refte fluide dans
un. flacon bouché fe gèle fubitement fi on le tranf-
v a fe , lors même que cette opération fe fait à une
température un peu moins froide que celle qu’elle a
éprouvée. La même chofe arrive avec la diffolutiôn |
concentrée de fulfate de.foude qui fe cryftaUife à j.
J’inftant qu’on débouche '8c qu’on agite" le flacon où -•
telle a été renfermée chaude. Il n’eft perfbnne enfin
qui n’ait obfervé qu’un tifon que l’on tire noir &
à peine chaud de deflous. la cendre qui le couvrait,
ie rallume par le contaél dé)’air, abfolument comme
le pyrophore j. fans qu’en puiffe l’attribuer qu’à ce . ;
foible refte de Chaleur obfcure, qui annonce bien
£ lutôt une extinélion retardée qu’une combuftion .
:nte , l’air n’ayant pas" le plus fouvent un accès affez j
facile pour confommer ce charbon lorfqu’on le laiffe
fe, refroidir complètement dans cette : fitùation. Je
pour rois fortifier cette conjeélure par d’autres, rap-
prochemens, fi je ne craignais d’anticiper l’oçdre
naturel des faits ; mais il en eft un trop , dèçifif ppiir
m’enpasfiiire ici du moins quelque mention. M. Prouft
a remarqué que le charbon pulvérifé Sc fèché clans un
c reufet, qui s’enflammoit quelques heures après par
la feule aftùfion de l’açide nitreux, ne s’enflammoit
plus le lendemain ; ( Z. cit. p. 437.)', noqs verrons
dans la fuite que l’analogie de . cette iUflarçmatjpn
avec la combuftion., par : l’air eft un point généralement
ayôtié. ,, ' i * { ;
È L ’autre caufe du moins aufli probable, qui peut
Concourir avec les,vdeux premières, eft ce degré de
combinaifon commencée, cet état 'd’oxidation imparfaite'
par lequel plufieurs combuftiblés. paflent bien
■ certainement avant que de donner le réfidu de leur
entière combyftjon. .Je ne- vois jDas^.pourquoi le charbon
feroit moins fufceptibîe dé cet état; que le
.phofpljo.re 8c le fpufre., quoique , jufqifà préfent il;
n’ait, pas été: ' pofïible d’en obtenir des; preuves di-
re&es; où l’effet ; eft le meme il eft perinis de fpup-,1
Çhymie. Tome. 7.
'A 'ï R 70^ çon-ner là même caufe, : or , avec cette condition,
leiphofphorè 8c le foufre décompofent aufli l’air instantanément
à la plus foible température ; & l’ana-
lyfe du gas. nitreux nous conduira .peut-être à expliquer
encore par cette .condition la prodigieufe inflammabilité
que .j’ai fait obferver > ÇExpér,. 7AT..).. Je
né voudfois pas:.affurer néanmoinsique: le gas hydrogène
ne fût. pour de] charbon un . des principes
effenciels.de cette oenipofitionu,: comme il l’eft pour
le. pbofphore dans le- gas hydrogène phofphoreux
qui n’eft plus aufli inflammable quand il-- s’en eft
féparé par, le,, laps de temps^;.ce foupçon eft mênie
confirmé par une expérience; de M. Prieftley^qui a
obtenu du .gas hydrogène dei la. diftillation. pneumatique!
du,pyrophore d’Homberg, 8c qui a reconnu
qu’après; cela; il :prenoit feU comme-auparavant par
l’expofitionàl’air (Continuation, &c. t. 11L feét.XVll) 3
mais ceci tient aux ,phénomènes de la décorripofition
de; l’eau dont il ji’eft pas temps de. s’occuper.
E x p é r i e n c e X I L
On met quelques grains..de pliofphore.dans.une petite
capfule de -verre .élevée fur pu .fupp.ort.de 4 à
.5. pouces de hauteur; ,on place ce»fupport dans une
cuvette, -dont le fond eft couvert de 2.-à. 3 pouces
d’eau, on renverfe fur lés tout une grande cloche
ou récipient de verre ; on fait monter l’eau dans.ee
.récipient d’environ 3 pouces, en alpirant une .portion
de l’air par le moyen d’un fiphon ; 8c après
.-avoir marqué le point de fon niveau, on allume le
pliofphore en portant;defliis.le foyer d’un verre ardent.
Le phofphore brûle quelques inftans avec flamiri«
y iy e , il y a une chaleur confidérable ; l’eau baifle
tâloçs dans la clocfle par la dilatation, mais elle ne
tarde pas-à remonter, même pendant la combuftion;
le -récipient ,fe remplit enfuite de- yapeurs blanches
; qui fe dépofent peu à .peu. en ;gouttes fur les parois
id.U récipient quandtoUteft refroidi, on. voit -par
-l’élévation de l’eau dans l'’int.êrreur,,qü’il y :a eu en-
•viton du 1 yolume d’air, ablbrbés, & ;pàr confé-
-quent un, pcui inoins. .que dans ; l’expériènce IX ■ avec
;le gas nitreiixv )
, ; Si, après le rçfiîoidiffement , on, porte de nouveau
de foyer de. la. lentille,(fur ce qui refte de phofphore
dans la capfujé!', on le voit fondre » bouillonner , fe
fublijner ; ;mais il n’y, a plus ni .inflammation ni di-
jminution diîj volume d]air ; renfermé. '
r Les gouttes condenfées fur les parois de la .cloche
font manifeftèment ,de l’acide p.hofphorique ; le refte
du pfiofphofe qui a pris ,une couleur jaune plus
obfcure, eft aufli légèrement acide, ilfume & s ’en-
! flarçiroçofpontanément dans le nouvel air ; & la capfule
qui le contient fe trouve avoir acquis une aug-
mentariipn de ^poids jcle .quelquesgrains , malgré, la
rportjon ^qui-.en a. été^enîeyée'par la combuftion &.
. la; fub)imatian. - ! 1 ! :...
E x p é r i e n c e X I I I .
fi Gomme ori n’a pas toujours à fa difpofition une
Jfntille£ç uq favorable, j’a.i^approprié à cesfortes
V y y y