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Enfin le célèbre Black donna à ce principe le
nom d'air fixe , parce qu’il découvrit qu’il exif-
toit dans un état de fixité dans les alkalis & dans
-la craie ; il démontra qu’il rendoit ces fùbflances
douces, qu’elles devenoient caufliques quand elles
en étoient privées , & fes expériences lnmineufès
ont ouvert à la chymie une mine féconde où les
Macbride , les Prieftley, les Bergman 3 les LavoU
jfier, les Fontana, & plufieurs autres favans que
j’aurai occafion de citer, ont déjà puiie les plus
importantes découvertes.
§• II- Procédés four obtenir /’acide méphitique.
Cet acide efl fous forme sèche, c’eft-à-dire gafeufe
& aëriforme •> 011 fous firme humide , c’eft-à-dire
uni à l’eau qui lui fert de véhicule, de même
<ju’à la plupart des autres acides ; c’eft ce que
î appelle eau mépliitifée, eau chargée $ acide méphitique.
La nature nous préfente elle-même cet acide
dans ces deux états & très-abondamment ; ou du
anoins il s’offre à nous dans bien des opérations
ou nons n’avons guères pour but de le chercher*
Tous les corps qui ont de l’affinité avec ce
principe , s’en chargent infenfiblement, lorfqu’on
les abandonne à l’air libre ; je ne dirai pas pour
cela qu’il exifte tout formé dans l’air commun , ce
Leroit préjuger une queftion qui mérite^yn tout
autre examen ; mais il efl certain i ° . que le gas
jnephitique exifte en maffe dans les cavernes , &
particulièrement dans celle que l’on nomme la
grotte du Chien près de Naples ; qu’il s’amaffe dans
les galleries des mines, dans les puits, dans tous
les lieux fouterreins , 8c même quelquefois dans
les caves de nos maifons, parce que fa pefanteur,
plus grande que celle de l’air commun , le met en
état de déplacer ce fluide, & le retient dans ces
profondeurs comme dans le fond d’un vaiflêau,
jufqu’à ce qu’il foit entraîné par un courant d’air
renouvellé, ou abforbé par quelques matières. C ’efl
encore à raifon de cet excès de pefanteur qu’il
prend fon niveau & forme une couche horizontale
au-deflbus du fluide plus léger; ce qui a fait
dire aux premiers obfervateurs que la vapeur de
la grotte du Chien n’étoit mortelle que pour ces
animaux, tandis que dans la vérité elle fait périr
tous ceux qui y font plongés , & que l’homme n’a
pu fe croire à l’abri de ce danger, que parce que
la tête fe trouvoit naturellement placée au-deflus
de l’efpace qu’elle occupoit.
• 1 y en a toujours une quantité fenfible dans
l ’air expiré des poumons des animaux.
30. Il fe dégage abondamment ' de toutes les
fùbflances qui éprouvent actuellement la fermentation
vineufe ou du premier dégré. Voyez Ferm.
entKat ion. É8P dégage pareillement de toutes les matières^
qui éprouvent la fermentation putride ou du
troifième dégré.
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géf t5a°l*e s Leanc ofmobuurnfliito nto duejos umrsa tuiènree sq aunainmtiatéle sp l&us voéu
moins confidérable.
i f f Il en efl: de même de la diflillation de ces
matières.
7°. Il s’en dégage pendant la réa&ion de quelques
fubflances. telle que celle du gas "nitreux 8c
de l’étincelle éleélrique fur l’air commun ,des acides
fur l’alcohol, 8cc.
pro^d i;g iIeju3 fec aqlcuiannattiitoén d epsa rte lrer efse u en fait fortir un® des mines fpatiques, 8c pierres calcaires , 8cc.
1r a c9t°io* nE dnefsi na,c icdee sf lufuidre c eesf lm éignaérleamuxe.nt déplacé par
L'acide méphitique fe trouve naturellement fous
firme humide : il y a bien peu d’eau qui n’en
tienne au moins une petite partie, ce qui n’eft pas
difficfle à croire, attendu la propriété qu’elle a de
1 abforber ; les eaux qui filtrent fous terre reçoivent
de lui leur qualité diflolvante, les eaux médicinales
gafeufes en font très-chargées, celle depyr-
mont en fournit jufqu’àtrente-fept pouces cubiques
par pinte.
Après avoir indiqué les matières qui donnent
Spontanément, ou qui peuvent fournir de l'acide,
méphitique , il efl temps de faire-connoître les procédés
par lefquels on le retire, & on le recueille
pour l’employer, aux ufages & aux expériences
chymiques.
Les ohymifles ont trois manières de dégager
l'acide méphitique : par le feu , par la fermentation ,
par les acides plus puiflans que lui ; ils le recueillent
fuivant l’objet de l’opération dans des veffies , dans
des vafes remplis d’eau , ou bien dans des vaifleaux
où il efl contenu par le mercure. Je vais décrire
avec foin toutes les çirconflances de ces divers
procédés 8c les appareils néceflaires 8c fuffifans.
On a imaginé depuis quelques années un grand
nombre d’inftrumens dans la vue de perfectionner
la manipulation des gas , je me bornerai à préfen-
ter ceux que l’ufage a fait reconnoître les plus commodes
8c les plus 11mpies ; le luxe des machines nuit
plus à la fcience qu’il ne fert.
P rocédés pour dégager P acide méphitique par le feu.
( I* Lorfqu’on a de l’eau naturellement très-char -
gee de ce fluide, il fuffit, pour le recueillir, d’en
remplir une bouteille, d’attacher à fon goulot une
veme bien lavée & fouple , dont on a fait fortir
tout l’air en la preflant , 8c de placer la bouteille
fur un feu de fable : on a dans les laboratoires des
bouteilles préparées pour cela, dont le bouchon
efl traverfe par un tuyau fur lequel la veffie efl
attachée. ( Voyeç la figure 3 des appareils pour les
gas. ) La veffie ne tarde pas à s’enfler ; lorfqu’elle
efl remplie, ou que l’eau ne fournit plus de gas,
on lie la veffie en B avec une ficelle, 8c on l’enlève
de deffiis la bouteille.
Comme les eaux perdent une partie de leur gasa
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même à la température ordinaire, on pourroit le
recueillir dans cet appareil, fans le lecours^ du
feu , en agitant Amplement la bouteille,ou même
en la laiflànt en repos dans un lieu temperé.
C ’étoit ainfi que l’on éprôuvoit, dans le commencement
, les eaux gafeufes ; mais il efl aifé de voir
qu’il efl difficile, par ce moyen , d’épuifer l’eau de
tout fon gas , & par conféquent d’en déterminer
les proportions. Cette méthode ne peut donc fervir
qu’à donner quelques pouces cubes d'acide méphitique
que l’on deftine à d’autres opérations.
Pour recueillir le gas des eaux de manière à
pouvoir déterminer exactement la quantité qu’elles
en tiennent, on fe fert de l’appareil au mercure
repréfenté fig. 4 des appareils pour les gas. A efl
une cornue à bec long & étroit & recourbé à fon
extrémité ; cette cornue doit être a fiez grande pour
que l’ébullition ne puifle faire pafler l’eau par le
c o l, 8c cependant allez proportionnée pour qu’il
ne refte pas un trop grand volume d’air au-deflus
de l’eau. CE efl un récipient de verre cylindrique,
que l’on remplit de mercure 8c que l’on renverfe
dans la cuvette D , dans laquelle on a mis d’avance
aflez de mercure pour que le récipient puifle s’y
enfoncer de quelques lignes. L’eflentiel efl de retourner
ce récipient fans laifler échapper le mercure
qui doit le remplir exactement, ou ce qui efl
la même chofe, fans y laifler entrer la moindre
partie d’air commun ; on y parviendra aifément
fi on a eu la précaution de drefler les bords - du
récipient en l’ufant avec le fable fur une table de
fonte, & de préparer un morceau de glace taillé
en rond , du diamètre des bords extérieurs du récipient
, 8c que l’on nomme obturateur : alors dès
qu’on a rempli le cylindre, 8c avant de le renver-
ler ; on bouche l’orifice avec cet obturateur, on le
retourne dans la cuvette, & on n’enlève le morceau
de glace que quand il efl enfoncé fous le mercure.
Ces vaifleaux ainfi difpofés font placés lur la
tablette FG. On foulève le «récipient ; foit en le
fnfpendant par des cordons, comme on le voit
dans la figure, foit en plaçant fur le bord inférieur
un fupport échancré , afin de pouvoir y introduire
le bec de la cornue. On aflujettit également la
cornue par des cordons, & on la place fur le réchaut
H. Si on n’opéroit que pour eflai, & fur une
petite quantité , on pourroit fubflituer à ce réchaut
la lampe à efprit-de-vin dont j’aurai occafion de
parler ailleurs, & particulièrement à l’article Laboratoire.
Dès que l’eau commence à s’échauffer, l'acide
méphitique fe dégage fous la forme de fluide élastique,
il paffe dans le récipient, & déplace le
mercure qui retombe dans la cuvette. On comprend
qu« l’acide méphitique efl mêlé dans toutes
ces opérations avec la portion d’air commun qui
efl reftee dans la cornue au-deflus de l’eau ; mais
ii on a en vue de déterminer avec exactitude la
quantité du produit, on a la reffource de le faire
pafler en entier dans l’eau de chaux, 8c de déduire
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enfuite la portion qu’elle n’abforbe pas ; fi l’on ne
cherche qu’à obtenir l'acide méphitique p u r , au
rifque d’en perdre, on tient la cornue fur le réchaut
pendant quelques inflans , avant que d’engager
le bec fous le récipient, pour donner le temps
au. fluide gafeux de pouffer dehors l’air commun ,
& de remplir lui-même la totalité de la partie
valide de la cornue.
L’opération réuffiroit également en mettant de
l’eau dans le récipient 8c dans la cuvette, au lieu
de mercure ; mais dans ce cas il faudroit renoncer
à dofer le produit, parce que l’eau a , comme noua
le verrons, la propriété d’abforber cet acide.
IL Lorfqu’on difiille les matières végétales &
animales, elles fe décompofent à un certain dégré
de chaleur, & fourniflent une quantité confidéra-
ble d’acide méphitique ; pour le recueillir, on adapte
à la cornue le ballon à deux goulots repréfenté par
la figure 5 , ( appareils pour les gas') oc quand la
cornue efl placée dans le fourneau , quand on a
lutté le ballon à l’ordinaire, 6y approche du tuyau
recourbé C , une cuvette parêille à celle de la
figure 2 ou de la figure 4 3 dans laquelle plonge
également un récipient rempli d’eau ou de mercure
; on foulève avec précaution la cuvette, &
on l’avance jufqu’à ce que l’extrémité du tuyau
fe trouve fous le récipient. Ce récipient 6c la cuvette
qui le contient doivent être d’une grandeur
proportionnée à la quantité de gas que l’on veut
recueillir ou que peuvent fournir les matières de
la cornue. A défaut d’un ballon à double goulot,
j’ai fouvent fait ufage d’un ballon ordinaire , en
introduifant par le trou que l’on y pratique pour
donner iflue aux vapeurs, un Ample tuyau de
verre recourbé, comme on le voit à la figure 6
6c que j’affujettifîbis en B , avec le lut gras.
L acide méphitique que l’on obtient dans ces opérations
efl toujours très-impur; il efl mêlé non
feulement d’air commun refté dans la cornue 8c
dans le ballon , mais encore de gas inflammable ,
qui fe dégage prefqu’en même temps de ces matières.
Aufli ce procédé a-t-il été adopté par les
Chyiftifles bien moins pour fe procurer de l'acide
méphitique, que pour ne rien perdre des produits
de leurs analyfes , 6c pour pouvoir en examiner
tous les réfultats , comme on le verra aux articles Analyse 6c Distillation.
III. Le feu dégage l’acide méphitique des fubflances
les plus folides , telles que les mines métalliques
fpatiques, la pierre calcaire, le marbre, 8cc.
M. Krenger en a retiré du fpat .fluor verd , M.
Fontana de la malachite. Mais il faut le plus fort,
dégré de feu que puiflent foutenir les vaifleaux de
verre ; en conféquence, ce procédé n’efl guère
ufité que lorfque le gas devient lui-même l’objet
de l’expérience, comme lorfqu’il s’agit de reconnoître
fa nature , de conftater fon identité , on de
déterminer fes proportions. On fe fert pour cela
de l’appareil décrit ci-deffus, figure 4. On met, par
exemple, dans la cornue du fpat calcaire, ou du