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qui devroit arriver dans cetté hypothèfe. Cette !
caufe ne doit être cherchée que dans la différence I
de la fufpenfion à un point fixe & de la fufpenfion
en équilibre ; j’avoue que ces circonftances ne me
fôurniffent aucune cônjeôure, ce qui n’ôte rien fans
doute à l’intérêt de l’obfervation , mais qui peut
faire naturellement defirer de la voir confirmer par
de nouvelles expériences. Si ce font les faits qui
s’écartent le plus des loix connues qui avancent le
plus nos connoiffances, ce font aufli ceux pour lef-
quels on eft en droit d’exiger des preuves plus multipliées
, avant que de s’occuper à les clafter dans le
fyffême général.
Si l’on avoit befoin d’un nouvel argument contre
l’influence de la preflion athmofphérique dans nos
adhéfions , on le trouverait dans l’immerfion des cylindres
folides; car, puifquè, fans avoir par eux-mêmes
aucune pefanteur, ils déplacent un fluide dont toute
la maffe eft expofée à cette preflion , il eft clair
que cet effet dépend d’une force contraire. Dans ces,
circonftances , j’ai vu un fil de fer bien décapé , de
j de ligne de diamètre, s’enfoncer affez promptement
d’une ligne ; le lendemain je le trouvai plongeant
à plus de 3 lignes au deflbus du niveau de
l ’eau ; l’extrémité étoit déjà chargée d’un peu de”
rouille ; il ne fallut qu’un contrepoids de 2 | grains
pour l’emporter. Un fil de laiton de même grofleur
ne s’eft pas enfoncé de plus de 1 j ligne dans le
même efpace de temps ; mais je n’ai pas vu fans
furprife qu’il falloir un contrepoids un peu plus
Tort pour le détacher. Il eft certain que l’a&ion de
l’eau fur le fer eft bien plus fenfible que fur le cuivre
jaune ; d’autre part , la denfité du fer eft d’environ
~ moindre que celle du laiton : il femble donc
que la combinaifon de ces deux caufes pourrait fer-
vir à concilier ces. deux effets, comme dans les
Tables de M. Achard elle fert à prouver que la
•matière propre du fer eft plus attirée par l’eau que
la matière du laiton, quoique l’expreftion de la
force d’adhéfion du premier foit plus foible, parce
qu’elle'eft au defliis de celle qu’indique le rapport
des denfités refpeâives. Ce n’eft là fans doute qu’une
probabilité; mais elle mérite d’être examinée ; on
.peut facilement la vérifier , en multipliant les com-
paraifons, & pour-lors l’obfervation des degrés d’im-
merfion fporitanée contribueroit à affurer notre marche
dans la détermination des adhéfions & des affinités.
M. Dutour, après avoir confidéré la preflion verticale
de l’athmofphère comme une des caufes del’adhé-j
fion, fait aufli concourir la preflion latérale de l’air à.
la féparation du folide avec le fluide, & les faits
rapportés fous les nos. y & 6 , lui paroiflent fonde*
cette conçlufion. Je pourrois me borner à répondre
qu’elle répugne aux principes d’Hydroftatique , fui-
vant lefquels les fluides pèfent en tous fens & toujours
proportionnellement à la hauteur de la colonne
qui les charge ; car dans le cas dont il s’agit, les colonnes
étant égales, il n’y a pas de raifon pour que
l’une des preffions l’emporte fur l’autre , & tout doit
refter en' équilibre, jufqu’à ce qu’il furvienfte une
force étrangère: mais j’effaierai encore de donner la
fblution particulière des difficultés que préfentent ces
expériences.
Dans l’expérience n°. y , le difque de verre doit
toucher non-feulement à l’eau, mais encore à l’orifice
du cylindre qui la contient ; c’eft la condition
eflentielle pour faire ceflfer toute a#ion de l’air; or,
quelque minces que foient les parois de çe vafe, il
y, a , de plus que- dans les circonftances ordinaires,
adhéfion du verre au verre, adhéfion que l’on fait
être très-puiffante entre deux verres polis , fur-tout
j lorfqu’ils font mouillés (1). Il n’eft donc pas étonnant
que la réfiftance à la féparation foit plus que
double de celle qu’oppofe le même difque Amplement
en conta# avec l’eau. Nous verrons' bientôt
une difproportion bien plus étonnante dans des circonftances
tout-à-fàit femblables.
Pour ce qui eft de la retraite du fluide fous le difque,
& de la réduction de l’aire de conta# qui en réfultè au
moment qui précède la féparation, il me paroît encore
facile de la concevoir fans le fecours de la preflion
latérale de l’air. Si l’effort que l’on applique pour
enlever le difque, o u , ce qui eft la même chofe,
pour eh détacher le fluide, lorfque c’eft le difque
qui eft fixe', étoit tout d’un coup porté au degré
néceflaire pour rompre l’adhéfion, on ne verroit
point fe former de lame intermédiaire entre le difque
& le niveau du fluide, & le conta# cefleroit en
•même temps dans toute la furface , ou du moins avec
tant de rapidité, que le niveau du fluide n’éprou-
veroit pas un changement fenfible ; mais comme on
augmente fucceflivement le contrepoids, il faut bien
que cette puiflance produife quelque e ffe t, il fe
manifefte par l’élévation du fluide au deflus de fon
niveau , & quandje poids du fluide foulevé furpaffe
la force d’adhéfion , la féparation s’effeéhie plutôt
parce que le fluide retombe , que parce que le difque
eft enlevé par le contrepoids ; ce contrepoids n’étant
réellement que la mefure de la pefanteur de
la colonne de fluide entraîné.
Cela pofé, il eft tout fimple que les parties du
fluide les plus voifines des bords du difque fe détachent
les premières, qu’elles déchargent la lame
(1) Pour donner-une idée de cette adhéfion , je rapporterai ici un fait dont j’ai été témoin. Dans un attelier de polif-
fage , on avoit mis en piles :dé petites glaces qu’on'nomme numéros , ; d’environ. 8 pouces fur 4, fimplement doucies;
lorsqu’on voulut féparer deux de.ces glaces qui, étoient dans le bas de la pile, l’une emporta du milieu de l’autre une
écaille de 9 lignes de longueur fur 3 - dans la plus grande largeur , fans qu’il y eut en cet endroit ni grain, ni aucun
autre défaut ; c’eft-à-dire, qu’à la faveur de quelques circonftances -* l’adhçfion du conta fl: étoit parvenue au point de
■ Jurpaffer 1a cohéfion meme -du yçrre^
circulaire en la rétréciflànt jufqu’à un certain point,
& toujours en proportionA de ce qu’elle gagne j en
épaiffeur ; que cette lame ait tantôt -la forme d’1111
cône droit, tantôt celle d’un cône renverfé, fuivant
que le fluide eft plus ou moins denfe, fuivant que
la cohéfion de fes parties eft plus grande ou plus
petite que fon adhérence au folide : l’air ne joue
ici certainement d’autre rôle que d’occuper fubite-
ment l’efpace produit par la folution de continuité ;
on en auroit bientôt la preuve , en répétant cès
expériences dans le vuide de la machine pneumatique,
où je fuis convaincu qu’elles préfenteroient
abfolument les mêmes effets ; en un morf*notre efti-
mation de l’adhéfion n’en eft pas moins exa#e, &
il n’y a pas plus de raifon de foupçonner quelle
doive être rapportée à Taire réduite au, moment qui
précède la féparation, que d’attribuer la réfiftance
totale au feul point de conta# du centre, dont l’a-
d’héfion n’eft également rompue qu’après la féparation
, ,à la vérité plus rapide , mais toujours fuccef-
five de toutes les lignes concentriques.
Il nous refte à examiner une dernière queftion
qui n’eft pas la moins difficile , c’eft celle qui regarde
la cohéfion des parties dit fluide & la. part qu elle peut
avoir à l'effet, lorfque le folide en emporte quelques
parties. Nous avons vu que M. Achard , apres avoir
foupçonné qu’elle pouvoir influer très-fenfiblement
dans la réfiftance à la féparation, & établi fés calculs
dans cette fuppofition, étoit revenu à confidé-
rer l’adhéfion proportionnelle aux points de conta#
comme la caule unique de cette réfiftance. D ’autre,
part, M M. Dutour & Béfile foutiennent que toutes
les fois que le folide eft mouillé , la féparation s’opère
dans les parties mêmes du fluide ; que c’eft pour-
lors leur cohéfion. feule qui eft mefurée, & que la
méthode du D r. Taylor n’eft plus applicable. L’une
& l’autre de ces propofitions font trop générales ; en
les limitant aux cas où elles font vraies , nous laif-
ferons encore un champ affez vafte aux obfervations
de ce genre , en même temps que nous en affûterons
les conféquences.
Ou la cohérence des parties du fluide entre elles
eft beaucoup plus forte que fon adhérence à un
folide donné ;
Ou elle eft beaucoup plus foible ; •
Ou elle eft à peu près égale ;
Voilà bien les trois cas qui peuvent fe préfenter ,
&on ne nous conteftera pas la faculté de comparer
entre elles ces deux puiffànces, puifque nous fournies
parvenus à leur donner une eftimation , & qu’il s’agit
de favoir fi nous ne prenons pas la mefure de
l’une pour celle de l’autre.
Dans le premier cas 3 oh eft d’accord que la réfiftance
à la féparation ne reçoit aucune augmentation
de la cohéfion ; c’eft celui du mercure avec
lé v erre, avec le marbre, avec tous les métaux
qu il ne mouille point ; il n’eft fluide à leur égard
que par la faculté de s’appliquer à leur furface ; il
s en fépare comme le feroit un corps folide, fans
T rien laifièr de fa fubftance.
Dans le fécond cas, & la cohérence fuppofée beaucoup
plus foible, il eft évident qu’on ne peut efti-
mer, même par approximation fatisfàifante , la force
d’adhéfion ; car fi la première répond, par exemple,
à 50 grains, & la fécondé à 100, on conçoit que,
dès que le baffin des contrepoids fera chargé de 50
grains , plus d’un poids égal à la portion de fluide
qui doit refter attachée au corps folide -, la féparation
fe fera fur-le-champ , & par conféquënt bien longtemps
avant qu’on -ait feulement • approché de la
fournie des poids qui repréfenteroit en effet la force
d’adhérence. Sur quoi il faut remarquer que la portion
de fluide dont le folide refte mouillé , eft encore
doutant plus petite, que la cohérence des parties
du fluide eft plus foible , ou du moins en raifon
compofée de cette cohérence & de la denfité ; car,
comme Pobferve M. Dutour, fi on met une goutte
d’éau fur le plan d’une glace inclinée, elle coule rapidement
jufqu’à l’extrémité, & là une portion fe
trouve fixée par le conta#, le furplus eft retenu
par les liens de la cohéfion.
Ceci nous donne l’explication de. plufieurs faits
confignés dans les Tables de M. Achard , & qui,
au premier coup d’oeil, paroiffent s’écarter des affinités
connues, ou démentir le principe qui les fait
dériver de la même’ caufe que l’adhérence. On fait,
par exemple, que l’efjprit de vin diffout la cire à cacheter,
fur laquelle l’eau n’a point d’a#ion ; cependant
l’adhéfton avec celle-ci a été trouvée de 92
grains, celle avec l’efprit de vin* n’étoit que de
5 3 | , & en tenant compte des denfités refpe#ives,
elle devoit aller à 7 7 ,4 6 pour atteindre feulement
l’égalité. Il n’y a pas de doute que la facilité avec
laquelle le liquide fpiritueux a abandonné la portion
qui étoit en conta#, n’ait été un obftacle à la dé-
terminaifon de l’intenfité réelle de l’adhéfion.
Ainfi, ce feroit s’abufer volontairement, que de
prétendre que tous les fluides fe prêtent également
à l’eftimation des adhéfions, fuivant la méthode du
D r. T ay lor; on ne doit au contraire admettre qu’avec
la plus grande défiance les obfervations faites
avec de femblables liqueurs, dont la volatilité,
l’expanfibilité annoncent une matière rare & des
molécules qui ne fe touchent qu’en un petit nombre
de points ; au moins jufqù’à ce que leur cohérence
déterminée d’avance par des procédés appropriés
nous mette à portée de diftinguer furement ce qui
appartient à chacune des caufes.
Il en eft autrement du troifième cas où la cohérence
, quoique toujours plus foible, fe rapproche
cependant à un certain point de l’adhérence. Il eft
bien vrai que le corps folide refte mouillé, & qu’ainft
une partie du. fluide eft féparée de la maffe ; mais il
ne faut pas fe preffer d’en conclure que l’effort employé
, pour la féparation , n’eft que l’effort nécef-
faire pour vaincre la cohérence ; cette conféquence
feroit démentie par une foule d’obfervations : car,
dans cette fuppofition, la réfiftance d’un même
fluide devroit fe trouver conftamment égale pour
tous les folides.qu’il mouille; c’eft ce qui n’arrive