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pas étonnant .qu’elle ne fe fépare pas du produit ;
on eft bien sûr du moins que l’âlkali que l’on y
a mis, en neutralifant d’avance l’acide, refie dans
cette compofition , dès qu’on ne le trouve pas
dans le ré fi du ; & , puifqu’elie Ipeut en admettre
la quantité nécefiaire à la iaturation de tout l’acide',
il n’y a plus d’objeélion à faire contre la poffibi-
lité qu’elle en( admette une partie. Foye^ T artre
de Potasse a n t im o n ié .
Les affinités de l’acide tartareux font néceflaire-
ment les mêmes que celles de l’acide libre, pour
les bafes terreufes qui en chaffent l’alkali ip ou r
les autres bafes qui ne le décompofent pas, fes
affinités directes paroiflent encore fuivre le même
ordre, ou s’il y a quelques exceptions, elles n’ont
pas été jufqu’à préfent confiatées par des obferva-
rions exaâés.
L’acidule tartareux eft néceflairement plus puif-
fant que l’acide libre pour rompre l’union de quelques
fubftances avec leurs diflolvans ; mais cela •
dépend moins de fes affinités que de fa compofition
, •& il faut faire état de la double affinité que
produit l’alkali : ainfi quand l’acidule tartareux
tlécompôfe le muriate mercuriel, ce que né fait
pas l’acide pur, il eft évident que- la tendance de
l’alkali à l’acide muriatique doit être ajoutée à la
fomrae des forces çonfpirantes pour décider l’échange
de bafes.
Pour comparer la vertu antifeptique de l’acidule
tartareux 8c de l’acidule oxalin , M. Berthollet a
mis une once de chair de veau dans une diflblution
d’un pros de crème de tartre dans 20 onces d’eau
diftillee , & autant dans une pareille diflblution de
fel d’ofeille , il a trouvé que la dernière pré?
fervoit la chair de putrèfa&ioo beaucoup plus
long-temps. ( Mérn.,de Pac. R. des fçien. ann. 1782,
P ag - 6 'S > )
Nous aurons occafion de parler ailleurs de l’ufage
que l’on fait de l’acidule tartareux, pu . même dû
tartre crud, dans les opérations de doçimafie &
dans les teintures.
A cide Ta r t a r e u x . ( Pharmf ) Le Pharmacien
peut emploier cet acide .en différens états, qui
font l’acide libre , l’acide* difiillé ou efprit de tartre
pc l’acidule tartareux ou crème de tartre, f
§•
Le premier , qui eft Vacide tartareux pur , préparé
à la manière de M. jletzius , doit être conservé
en état fe c , ou du moins dans une diflblution.
três-rapprochée, fans quoi il fe détruit fpont-a-
nément comme la diflblution de crème de tartre.
Ses propriétés médicinales font' les mêmes que
.celles de l’acide açéteux. Voyeç ce mot.
On peut l’employer dans des potions, dans des
tifannes, jufqu’à agréable acidité, en faire une li-
pioiînade bien préférable à celle qu’on préparé
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avec l’acide vitriolique, lorfqu’on n’a d’autre objet
que de calmer la chaleur exceflive , appaifer la
foif, corriger l’acrimonie bilieufe.(Foy. Limonnades
minérales. ) C ’eft..cet acide q ui, dans la crème de
tartre, à raifon de fes affinités avec Mes alkalis
les fubftances terreufes & les chaux métalliques,
forme des combinaifons que l’on fera connoître
dans les articles tartre de potajfe, tartre de, foude ,
tarife de magnefîç , tarife mercuriel, tartre martial,
iàrtre'antimônial, 8cc. ' P
L'acide empyreumatique du tartre., qui. eft cpnnii
dans plufieurs pharmacies , ,fous le nom efprit
de tartre de Lilius eft très-différent du précédent, 8c
l'altération qu’il a éprouvée pendant la diftillation
eft: telle qu’il ne peut être réduit en cryftaïuç.
RayntSnd Lulle qui en a parlé le premier,& Angélus
Sala dans fa Tartarplogie lui attribuent des proprié,
tés que l’expérience n’a pas confirmées. Aufli eft-il
très-rpeu d’ufage .eh médecine. On trouve cependant
la formule de cetrefprit dans plufieurs difpen-
fiiîras-, & le procédé en eft décrit dans'ceux de
Paris & de Londres ; mais les auteurs de ce dernier
ouvrage , en donnant fa defcription ; ’annoncent
que c’eft par refpeél poür ceux qui l’ônt inventé;
le même motif bous détermine à faire con-
nôhre ici la manière de fe le procurer.
On prend du t.;rtre blanc .que l’pn concafle en
petits morceaux ; on en remplit les!deux tiers d’une
cornue de grais, à- laquelle on adopte un récipient
très - ample percé d’un trou, 8c on lutte
exactement les j6intures.'_ On met. la cornue .dans
un fourneau à feu nu. On commence par un feu
très-do jx , on-lé pouffe énfuite jufqu’à faire rougir
la. cornue.'
Dans les premiers momens il pafle dans le récipient
lin phlegme légèrement acide ; bientôt après
on. voit paroître des vapeurs blanches. On délute
alors les vaiffeaux, & l’on change -de récipient.
Les vapeurs augmentent, s’épaiffiflèm. Il pafle
en même-temps une huile limpide, & enfuite
-une huile graffe.
. Dès le moment où les vapeurs blanches paroif-
f$nt:, il fe dégage une quantité prodigiëufe de gas
qui feroit brifet les vaiffeaux ,fi on né lui donnoit
pas iffue en débouchant le trou dont le récipient eft
percé. Ce gas eft de l’acide méphitique qu’on pour-
roit recueillir avec un appareil pneumatique.
On arrête la diftillation quand il né monte
plus rien, & que le récipient s’éclaircit.' On laiffe
refroidir les yaifleaux , & l’on fépare l’huile de
l’efprit qu’elle furriage , en verfant le mélange fur
un filtré de papier en plufieurs doubles, humefté
d’eap diftillée,
La dernière huile qui s’élève eft nohâtre, ont
pourroit la fépprerde la première pendant l’opération
même, en changeant de récipient au mojnenç
a c 1
jnent oh l’on s’apperçok que l’huile noire commence
à monter. Mais fi l’embarras de ce changement
& la crainte de perdre l’efprit acide ont
décidé à ne pas interrompre la diftillation , on en
fait la réparation par une nouvelle diftillation au
bain de fable, & à une chaleur modérée.
Quoique le filtre débarrafle l’efprit de tartre de
la plus grande partie de l’huile qui s’y trouve mêlée
, il y en refte toujours quelque portion, 8c
pour le reélifier on le diftille féparément à un feu
modéré, 8c l’on enlève le récipient dès qu’on voit
monter quelques ftries huileules.
Cette re&ification peut fe faire fans mélange.,
& l’on doit bien fe garder d’y employer de la
chaux ni d ’autres fubftances alkalines ou terreufes
capables d’abforber l’huile, parce qu’elles fe com-
biueroient avec l’acide, 8c il ne pafleroit dans le
récipient qu’une eau acidulé. On a propofé de fe
ferVir d’alun calciné réduit en poudre ; mais, ainfi
que le fait remarquer Cartheufer, on rifqueroit
d’avoir un efprit altéré par de l’acide vitriolique
q u i, fe trouvant avec excès dans l’alun , pourroit
s’élever à l’aide de la portion huileufe fous forme
d’acide fulfureux ; il eft à préfumer que cet inconvénient
feroit moins confidérable, fi l’on empioyoit
de l’argille pour intermède.
Au refte, cette re&ification ne doit pas être
portée trop loin. L’efprit de tartre , quelque rectifié
qu’il foit, contient une portion d’huile, 8c on
iui enleveroit, une partie de fes vertus médicinales
fi l’on parvenoit à l’en dépouiller complettement.
L’efprit de tartre a toujours un« faveur défagréa-
ble 8c nauféabonde, 8c comme il y a plufieurs autres
remèdes qui peuvent remplir les mêmes indications
, fà faveur eft une des principales Caufes
qui en ont fait abandonner l’ufage.
Ce remède eft diurétique 8c diaphorétique. On
le fait entrer dans des potions à la dofe de 1 o à 12
gouttes, 8c dans des tifanes à celle de demi-gros
à un gros par deux livres.
L’efprit de tartre entre dans la mixture fimple ,
autrement efprit de tribus j dans l’efprit carminatif
de tribus ; dans les teintures bézoardiques de Michel,
de bâte 8c de la pharmacopée de Wirtem-
berg , 8c dans l’efprit apéritif de penot. Voye£ ces
mots.
%■
Le tartre raffiné 8c cryftallifé, ou acidulé tartareux
connu fous le nom de crème de tartre, eft d’un
plus grand ufage en médecine.
Ce fel eft un tartre de potaffe avec excès d’acide,
©c qui contient par livre 6 onces de tartre de potaffe
, 8c une once 8c demie de tartre calcaire,
ainfi que l’a reconnu M. Sehéele cité parM. Ber-
gius ; il ne diffère du tartre que par la privation
d’une grande partie du principe huileux 8c du
cake qui fe trouvent interpofés entre les cryftaux
Lhymie. Tom. ƒ,
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de ce fel effentiel, 8c qu’on a précipité par la dépuration
; mais il retient encore en combinaifon
une portion de l’un 8c de l’autre: aufli, à raifon
de fon acide , a-t-il beaucoup de propriétés médicinales
communes avec l’acide acéteux ( voyez
l'article de cet acide ) ; mais le fel neutre qu’il contient,
8c qui eft d’environ 3 gros par once, lui
donne une qualité purgative fort inréreflanie,
parce que l’acide 8c le principe huileux qui s’y
trouvent'en combinaifon , en modèrent l’aétion
irritante, 8c en font un évacuant peu échauffant.
L’aciduîe tartareux peut fe donner comme purgatif,
à la dofe de demi-once à une once; mais
comme ce fel ne refte en diflblution qu’à 3 grains
par once dans l’eau froide ; fuivant la remarque
de M. Spielman, 8c que diffous dans l’eau bouillante,
il fe précipite dès que cette eau fe refroidit
, on ne peut compter fur fa qualité purgative
qu’en l’avalant en poudre , ce qui eft fujet à inconvénient,
vu que la température des entrailles
n’eft pas fuffifante pour en opérer la diflbkmon ,
qu’il eft au moins douteux que les fixes digeftifs
puiffent la favorifer, 8c qu’agiflarat en mafîe, ce
fel peut fatiguer l’eftomac 8c les inteftins, empâter
les orifices des vaiffeaux Ia&és du premier
ordre, 8c caufer mille maux. On peut favorifer la
diflblution par l’addition du borax, ainfi que le
propofoit en 1728 Lefebvre , médecin à Uzès ; une
partie de borax mêlée à quatre parties de cryftaux
de tartre , fuffit pour les rendre foLubles ;
mais on obtient la même chofe avêc l’acide bora-
cin ou fel fédatif qui altère beaucoup moins les
propriétés de l’acidule tartareux : par ce mélange,
la diflblution refte permanente , même à froid ;
8c les qualités dé la fubftance ajoutée ne peuvent
que modifier avantageufement les effets de ce rc^
mède.
La vertu purgative n’eft pas la feule qui rende
l’acidule tartareux d’un très-grand ufage en médecine
: nous avons déjà dit qu’il avoit les mêmes
propriétés que l’acide acéteux ; nous devons ajouter
qu’on peut l’employer avec confiance dans
prefque toutes les fièvres, à l’exceptidn de celle
qui accompagne la phthifie pulmonaire, dans les
cardialgïes entretenues par la rancidité des matières
qui fèjournent dans l’eftomac , dans les in-
• digeftions caufées par des alimens trop gras , dans
les diarrhées 8c les dyffenteries putrides, dans les
obftruéHons du foie, les jauniffes, 8c même dans
les coliques qu’occafionnent des calculs biliaires.
M. Bergius afîure avoir guéri par des bouillons
où entroient le chiendent 8c le tartre cryftallifé,
plufieurs malades dont le foie étoit obftrué
8c d u r , 8c qui avoient des pierres dans la véfi-
cule du fiel. Mais à l’article éther thèrèbentinè, on
trouvera la formule du diffolvant découvert par
M. Durande , dont l’efficacité nous paroît ne rien
laiffer à defirer.
M, Vincent Menghini rapporte avoir guéri de$
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