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àlkalis fixes des fels en cryftaux , le fécond ne
donne avec les mêmes bafes que des fels incryftal-
îifables ; le premier cryftallile avec le calce , le
fécond ne produit avec cette terre qu’une mafie dê-
liquefcente ( v o y e r A c id e s i r u p e u x , S ir u p e
c a l c a ir e , 8fc.). 2°. Il n’y a pas même d’apparence
que l’acide firupeux ne foit que lacide malufien
altéré par la chaleur de la diftillation , il faudroit
pour cela que cet acide exiftât tout formé dans le
fucre ; & s’il éto;t ainfi, on le fépareroit de la même
manière qu’on le fépare des jus de pommes, de groseilles
&c. Puifque l’acide nitreux eft néceflaire à fa
production, il y prend néceflairement du phlogif-
tique, il y laine le principe acidifiant, fuivant la
•théorie que j’établis à l’article a c i d e f a c c h a r i n . Nous
trouvons donc ici un fécond exemple d’un acide
végétal que la nature nous préfente quelquefois
tout formé , que l’art compofe quelquefois en prenant
fa bafe acidifiable dans un état analogue à
celui du fouffre & la faturant d’air vital.
Après avoir vu que l’acide malufien ou plutôt
fa bafe acidifiable exifte dans le fucre, on ne fera
pas étonné qu’on la retrouve dans un grand nombre
d’autres fubftances , lorfqu’on les traite de même
avec l’acide nitreux ; mais il n’efl pas moins important
de les faire connoître, & en même-temps
les autres acides qu’on en retire par la même
opération pour épuifer les découvertes de
M. Schéele fur cette partie de l’analyfe végétale..
La g o m m e a r a b i q u e & la m a n n e lui ont donné de
l’acide malufien & de l’acide faccharin.
Le f u c r e d e l a i t , que plufieurs Chymiftes regar-
doient déjà comme appartenant plus au règne végétal
qu’au règne animal ( v o y e [ A c id e g a l a c t i q u e
& a c i d e s a c l a ç t i q u e ) , fournit par le même
procédé trois acides difterens, le malufien , le faccharin
ou oxalin & le facla&ique.
La g o m m e a d r a g a n t donne, par la digefiion avec
l ’acide nitreux, une poudre blanche qui eft de l’acide
facïaéfique, enfuite de l’acide malufien & de
l’acide oxalin, & enfuite du- malufite calcaire,
V a m i d o n fournit de l’acide malufien & de l ’acide
faccharin ; mais il y a une partie infoluble dans
f acide nitreux , qui, après avoir été féparée par le
filtre, & édulcorée par l’eau , reflemble à une
huile,'ou plutôt à de la graifîe, & cependant fe
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difTout facilement dans l’efprit-de-vin. Si on difiiîl«
cette huile feule, il pafie dans le récipient un acide
qui reflemble au vinaigre, & une huile qui a une
odeur de graifîe ,• & qui fe fige par le froid.
L a f é c u l e d e p o m m e d e t e r r e ( i ) fe comporte comme
le fucre, .& laiffe un peu d’acide faccharin uni an
ôalce , c’ efi-à-dire de l’oxake calcaire.
La racine de f a l a p (2) donne plus d’oxalte calcaire
, enfuite de l’acide malufien, enfuite de l’acide
faccharin , c’eft-à-dire oxalin.
L’extrait aqueux d 'a l o ë s fournit également de
l’acide malufien & de l'acide faccharin ; il perd
la plus grande partie de -fon amertume ; il fe fépare
beaucoup de réfine d’un rouge éclatant, & on
fent pendant fa digefiion dans l’acide nitreux une
odeur agréable, pareille à celle des fleurs de benjoin
; cette circonftance détermina M. Schéele a
efîayer fi l’on ne pourroit pas aufli en retirer un
fublimé ; mais à peine la cornue fut-elle échauffée,
que cette réfine prit feu, & toute la cornue fe trouva
remplie de matière charbonneufe.
L’extrait de c o l o q u in t e forme une réfine par la.
digefiion avec l’acide nitreux, 8c donne quelques
foibles traces d’acide faccharin.
L’extrait de q u i n q u i n a , J& même la plupart des
extraits, donnent en même-temps de l’acide malufien
& de l’acide faccharin. On en retire aufîi
un peu de fel d’ofeille ou acidulé oxalin qui vient
des fels neutres que ces extraits contiennent tou-
jour^.
L’extrait de c a f é brûlé fournit de même les deux
acides lorfqu’on le traite avec l’acide nitreux ,
après l’avoir fait évaporer en confiftance de firop
épais.
L*extrait de r h u b a r b e traité de la même manière
fournit beaucoup de matière réfineufe
d’une odeur agréable, approchant de celle du
ftorax, enfuite de l’acide faccharin & de l’acide
malufien.
On retire aufli de l’extrait d * o p i u m beaucoup de
réfine & les deux mêmes acides.
L’extrait de la n o i x d e g a l l e donne également
les deux acides.
Enfin l’h u i l e d e g r a in e d e p e r f i l s’eft changée presque
entièrement en ces deux acides. Pour toutes
(1) U y a dans l’original k a r t o f e ln m e h l , j ’ai jugé que ce devoir être le fo la n u m tu b e ro fum , parce que , dit M. Jacob-
fon, dans fa technologie , que le k a r t o f f e l eft employé par les amidonniers , qpi le pèlent , le broyent & le traitent avçc
l ’eau comme le fromen t, & fur-tout parce qu’il lui donne pour fynonyme e r d to j fd ; mais je n’ai rien trouvé de
plus précis, & cette incertitude doit faire fentir aux Chymiftes 4a. riéceffité de joindre à ces noms triviaux les noms bQrt
taniques reçus aujourd’hui par-tout. I l femble même que les favans dévrqicnt enfin s’ accorder à ne ccmfetver dans
leurs ouvrages des dénominations vulgaires , qu’aurait qu’elles ne différeroient des noms botaniques que par une tournure
ou feulement une terminaifon idiomatique , & à faire .publier le plutôt poflible tout.es celles qui s’écartent a fiez
de ce type pour être méconnoifiables d’une langue à l’autre: on ne feroit plus réduit à pafier fa vie a lire des fynony-
.mies pour tâcher de reconnoître les plantes, laiflant aux fiècles à venir à les connoître dans le fens que comporte 1 étude
de la philofophie naturelle.
(2) S a la p J V q r p ly qui f ç rapporte peut-être à V o r ch is du fa-lep. Nouvelle preuyb de ce q u ia été dit dans la .note précé-,
& * * > ' ' ■ r ...................... ‘ J e ,
a c 1.
les autres huiles difiillées que M. Schéele a traitées
avec l’acide nitreux , il n’en a retiré qu’une très-
petite quantité de ces acides , fouvent même point
du tout.
Ce ne font pas feulement les végétaux qui recèlent
la bafe acidifiable de l’acide malufien , il
paroît qu’elle accompagne prefqne toujours celle
.de l’acide faccharin, & M. Schéele a découvert la
première dans quelques fubftancêsanimales, comme
M. Berthollet y avoit déjà fait connoître la fécondé.
Ces expériences ne réuflîflent pas avec l’acide nitreux
foible, il faut qu’il foit concentré. M. Schéele
ayant verfé deux parties d’acide nitreux fumant fur
une partie de c o l l e f o r t e 8c mis le tout fur un feu
de fable, la colle fut promptement difloute avec
chaleur, 8c vapeurs d’un rouge foncé. Le lendemain
, il trouva dans le vaifleau beaucoup de cryf-
taux d’acide faccharin qui s’étoient formés par re-
froitliflement ; le furplus de la liqueur qui refufoit
de cryftallifer fut faturée avec la craie, 8c il fut
facile après cela d’en dégager l’acide malufien par
le procédé qui a été ci-devant décrit.
La c o l l e d e p o i f f o n , le b l a n c d ’ oe u f le j a u n e d ’ oe u f \
8c le f a n g traités de la même manière donnent les
mêmes produits.
Il y a trois obfervations importantes à faire fur
ces décompofitions de matières animales. i ° . Il s’en
fépare toujours une fubfiance grafle, épaifle ; 20. fi
•on recueille le gas qui s’élève pendant l’opération,
on y trouve lin peu d’acide méphitique , beaucoup
d ’air nuifible ou phlogiftiqué, & une fort petite
quantité de gas nitreux; c’eft fur-tout avec le jaune
d’oeuf que ces phénomènes font le plus fenfibles ;
8c M. Schéele n’a point trouvé cet air phlogiftiqué,
îorfqu’il a préparé l’ acide faccharin avec des fubf-
xances du règne végétal : 3 °. toutes les fois que l’on
prépare l’acide faccharin , il pafie dans le récipient,
après le gas nitreux , une petite portion d’acide acé-
.leux. M. Crell remarque que ce fait a été publié
par MM. Schéele & 'Weftrumb, prefque dans le
même - temps, 8c avant que l’un pût avoir con-
jnoiflance du travail de l’autre.
Enfin M. Schéele a fournis à la même opération
£e que' M. Rouelle a très-bien nommé /’e x t r a i t f a -
■ v o n n eu x d e V u r i n e , que l’on obtient en évaporant
l ’urine èn confiftance de miel, la faifant-enfuite
digérer dans l’efprit-de-vin pour féparer la plus
grande partie de fes fels , & évaporant après cela
la diflolution fpiritueufe qui laifle un extrait fa-
vonneux également foluble dans l’eau 8c dans l’al-
cohol.( J o u r n a l d e m é d e c i n e , n o v em b r e 1773 ) : cette
matière n’a pas donné un atome d’acide faccharin,
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mais de Vacide bençonique, qui y étoit en état de
benzone ammoniacal. Cet acide neparoît pas formé
pendant l’opération avec l’acide nitreux, puifqu’il
fuffit de diflbudre l’extrait d’urine dans un peu
d’eau , & d’y ajouter de l’acide vitriolique ou de
l’acide muriatique pour que la liqueur devienne furie
champ épaifle par la précipitation de l’acide ben-
zonique concret. Le célèbre Rouelle avoit bien
vu que l’extrait favonncux d’urine contenoit beau-,
coup d’alkali volatil , mais il n’avoit pas connu,
l’acide auquel il étoit uni.
Vacide faclattique donne aufli à la diftillation de
l’acide benzonique ; il n’éprouve donc aucune altération
par la circtilation du fang, c’eft la confé-
quence qu’en tire M. Schéele, & q ui vient à l’appui
de ce que j’ai dit précédemment, que les acides végétaux
pouvoient pafier dans le règne animal fans
perdre les caractères qui décèlent leur origine : le
Chymifte ne doit pas négliger de les fuivre dans
ces émigrations, puifque ce n’eft que de cette manière
qu’il peut completter le fyftême de^ leurs
propriétés, rendre fes analyfes exa&es, & préparer
i une bafe lolide à de nouvelles vues phyfiolo-
| ,gi(Iues*
ACIDE VITRIOLIQUE , efprit de vitriol, huile de
vitriol. On nomme ainfi l’acide que Ion retire du
foiîfre, des pyrites & des fels fofiiles appelles vi- .
triols , parce que c’eft du vitriol de mars qu’on l a
obtenu dans les premiers temps. De ces trois dénominations,
la première eft la feule qui fe trouve
aujourd’hui dans les ouvrages des Chymiftes qui
prennent à coeur de perfectionner la langue de cette
fcience ; ia feConde eft confervée par quelques-uns
pour indiquer un acide foible , mais elle eft loin de
cette précifion que l’on eft dans le cas de defirer,
8c qui ne peut être remplie que par l’exprefîion
de la pefanteur fpécifique : pour la troifieme, depuis
Techmeyer & Neuman , qui ont cherche à ouvrir
les yeux fur fon impropriété, tous les Chymiftes
n’ont cefle de répéter qu’elle ne pouvoit donner que V
des idées faufifes (1 ) ; il faut efpérer qu’à la fin elle \
fera entièrement profcrite, même dans les boutiques
& parmi le peuple, puifque c’eft précifément
dans cette clafie qu’un nom qui rafliire, appliqué à
une chofe qui peut nuire, peut avoir les fuites les
plus funeftes. Il y a peu d’années, une bouteille
d’acide vitriolique fe cafla fur une voiture qui tra-
verfoit une place ; au nom d'huile de vitriol qui fut
prononcé par le voiturier, desenfans, des jeunes
gens attroupés imaginèrent de profiter del’occafion
pour graifier leurs fouliers ; les plus diligens eurent
leurs fouliers & leurs doigts brûlés, & ils apprirent
aux autres que la liqueur qu’on leur avoit fi per-
( i) Neuman dît pofitivement qu'il faut abolir cet ancien npm > & propofe comme plus raifonnable celui d efprit de vitriol
■ {concentré. Tome IV , part. ^ , chap. ij> -, paragraphe *24.
fhymie, Tome ƒ , " T ÿ ,