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mefure et épreuve de Yacide muriatique, fera mife
également dans un grand verre, & étendue de deux
parties d’eau, pour empêcher que le précipité de
. muriate de plomb ne demeure fufpendu au-deflus
. de la liqueur, ce qui arriveroit li elle étoit trop
concentrée. I c i , comme dans tout le relie du procédé
, on ne doit plus faire ufage que d’eau de
pluie. ï
6°. On pefera la dilTolution nitreufe de plomb ,
qui aura été préparé d’avance avec foin , pour con-
• noître la quantité de plomb difldute , & on prendra
note de fon poids.
On ne doit employer, pour cette diflolution,
que de Y acide nitreux p u r , autrement il y auroit
erreur dans l’ eftimation de la quantité difloute par
le poids du métal reliant. 11 ell bon d’avertir encore
que Y acide nitreux affoibli agit mièüx fur le
plomb que.lorfqu’il eft concentré. M. Wenzel emploie
un acide nitreux étendu de neuf parties d’eau
diftillée , 8c il aflure qu’ayant porté une' femblable
diflolution au point de faturation , il y laifla, pendant
une femaine entière, une lame de fer , fans ,
que le plomb fût précipité en aucune manière, 8c
fans que le fer fût attaqué. On peut aider cette
diflolution par la chaleur ; mais il faut fe garder d’y
ajouter de l’eau froide lorfqu’elle ell chaude , parce
qu’elle fé troubleroit fur le champ : oii prévient
facilement cette décompofition, en y portant <en
même temps un peu d’acide furabondant ; & j ’ai
déjà annoncé que cet excès d’acide ne pouvoit produire
ici aueùn inconvénient, qu’il étoit' même
utile pour rendre la diflolution plus permanente.
7 ° . On verfera peu à peu de cette diflolution
îiitteufe dé plomb dans l’eau-mère du n8. 5 , juf-
qu’à ce que l’op's’àpperçoive qu’elle ne la trouble
plus,; ce que Ton recofinoîtra très-aifément, en
mettant fur la fin allez d’intervalle entre les gouttes
pour laifler éclaircir le mélange.
8°. On repefera alors le flacon de la diflolution
de plomb, pour juger , par la diminution de poids,
de la quantité de métal qui a été pris par l’acide
muriatique de l’eau-mère.
Ce terme formant la fécondé bafe de l’opération ,
àl ne. reliera plus qu’à-déduire dé lafomme entière 1
d’alkali du n°. 4 une quantité qui foit au plomb
muriatifé dans l’eau-mère, comme 11 ell à 16 *
le produit de cette foujlraélion fera la vraie dofe
d’alkali qui convenoit ki la mefure. d’épreuve pour
décompofercomplettement les nitres terre,ux, ou
pour ne décompofer, qu’eux. La proportion du poids
ou du volume , fuivant que l’on 'le jugera plus
commode , donnera enfin la vraie dofe de ce même
alkali, quil faut employer pour traiter .avec le
même avantage toute la mafle d eau-mère de la
cuve. . - - .
II. Le fécond problème concernant la décom-
pofirion desr muriates alkalins-.qui fe trouvent dans •
les eaux-meres , ne peut • être réfolu que. ,par 1
A C I
les principes des doubles aflinités : pour les failîr ,
pofons d’abord la quellion.
Il ell bien^ certain que Y acide nitreux ell plus
puiflant que l’acide muriatique, 8c tous les deux
quittent, les bafes terreufes pour s’unir aux bafes
alkalines ; d’où il femble quë l’on peut conclure
que le nitre calcaire doit décompofer les muriates
alkalins ; mais cette conclufion générale ne feroit
pas fondée-: le nitre calcaire décompofe bien le
muriate de potafle, mais il ne peut prendre la bafe
au muriate de foude ; l’académie royale desfciences
l’a politivement déclaré lors de la proclamation du
prix de 1782 ( Journ. des favans , décembre , pag,
874 ) ; ce qui forme , comme l’on voit, une des
anomalies les plus frappantes. qui puifle fe rencontrer
., puifque l’aciae muriatique attirant plus
fortement la potafle que la foude, il s’enfuit naturellement
que le même fel devroit lni enlever
encore plus facilement la dernière bafe que la première.
Ù
Cette difficulté, dont je ne crois pas qùé per-
fonne ait encore tenté l’explication , fe réfout par
les principes que j ’ai établis d’après l’illuftre Bergman
, à l’article A f f in it é . L ’application que j*en
vais faire ici ne mérite pas moins d’attention par
les conféquences qui en réfultent pour la théorie ,
que par fon objet.
Les Chymifles favent que Y acide nitreux attire
la potafle plus que la foude, 8c la foude plus que
le calce ; je puis donc demander qu’on fe prête à
la fuppofition fuivante :
Soit l ’affinité dé Y acide nitreux avec la potaffe = sç»
Avec la foude = 25.
Avec lë calce z=z 2 z.
Il eft également certain que l ’acide muriatique
garde le même ordre d’affinité avec ces trois bafes,
c’eft-à-dire qu’il attire lafoude moins que la potafle,
•& le calce moins que la foude : mais on fait en
même temps que toutes ces attractions font ref-
peélivement moins puiflantes que celles de Y acide
nitreux y c’eft pourquoi je dis :
Soit l’affinité de Y acide muriatique avec la potaffe =216.
Avec lafoude ==: 14.
Avec le calce •=. 10.
Il eft aifé de juger que ces nombres gardent tous
les rapports que nous fourniflent les obfervations
connues , tant à l’égard de la puifîance refpeélive
des deux acides , que de leur aétion fur ces ; trois
bafes : or, ces rapports une fois admis comme probables,
comme approchant feulement de la réalité,
on en tire, parle calcul, l’explication fimple des
deux cas en apparence contraires. Pour qu’on puifle
la faifir plus aifément , je placerai ces chiffres dans
le fymbole , ainfi que l’a propofé le doéleur Elliot
dans fes Eléments o f natural phylofophy, publiés à
Londres en 1782. J ’en écrirai même ici la démonf-
tration , pour la commodité de ceux qui font moins
familiarifés ayec les Agnes; on la retrouvera a»
a c 1
nombre des cas ajoutés à la table des fymboles d affinités
de M. Bergman.
Décompofition du muriate de potaffe par le nitre
calcaire.
Nitre de potafle.
Nitre
calcaire.
1 Acide nitreux *9 potafle 1
1
/ 22 *+■ i 6 ] 3 8 \
} calce IO acide 1
i muriatique 1
39
Muriate
de
potafle.
Muriate calcaire.
29 ^ 10 = 39 fomme des forces confpirantes
pour l’échange de bafes étant plus grande que
22-H 1 6 = 30 fomme des forces confpirantes pour
maintenir la compofition aéluelle, il doit y avoir
décompofition.
iV'on-décompofition du muriate de foude par le. nitre
Calcaire.
^ Acide nitreux: *5 foude j1! Muriate
Nitre f 22 ri- *4]36 xV de «alcaireA1 calce i p - aci.d, e ■' /I fo■'ude.
( 35
muriatique '
1
25 10 = 35 fomme des forces confpirantes
pour décider l’échange des bafes étant plus petite
que 22 -4- 14 = 36 fomme des forces confpirantes
pour maintenir la compofition aéluelle , on ne.
doit plus être étonné qît’il n’y ait point de décompofition.
Le problème ainfi réfolu, on a tous les principes
néceflaires pour guider, les opérations dans
l ’analyfe ; 8c même dans le travail en grand des
leflives de terrés falpêtrées. En y jettant toute la
quantité de potafle néceflaire pour la faturation des
acides nitreux 8c mtfriatique , toutes les terres font
précipitées , il ne refte plus dans la liqueur que
du nitre de potafle 8c de la foude cauftique; cette
liqueur, évaporée & mife au frais , donnera les Tels
nèutres en cryftaux, 8c on n’aura, au lieu d’une
eau-mère , que de la foude en liqueur. Si l’on
craignoit qu’une partie de cette foude n’eut repris
^flez de gas acide méphitique pour mêler quelques-
A C I 14.9
uns de fes cryftaux à ceux des fels , il fumroit,
pour prévenir cet inconvénient, de jetter fur la
fin de l’évaporation un morceau de chaux vive dans
la chaudière,
On fera d’abord furpris que je confeille une
opération qui augmente d’une part la confomma-
mation de la potafle, & de l’autre la formation du
muriate de potafle , c’eft-à-dire de celui des fels
dont on redoute le plus la préfence dans la cryftal-
lifation du nitre ; mais fi l’on fait attention que ce
n’eft-là qu’une opération préliminaire, qu’en faifant
redifloudre les deux fels neutres dans une nouvelle
leflive de terre, où le nitre calcaire èft toujours en
abondance, il reprendra fur le champ la potafle à
l’acide muriatique, on fera forcé de reconnoître que
cette quantité d’alkali végétal n’a été réellement
que prêtée à l’acide muriatique pour lui enlever la
foude; qu’à la fin toute la pbtaîfe doit former du
nitre ; tout l’acide muriatique pafler dans les fels
terreux, incapables de troubler la cryftàllifation ; en
un mot, que lafoude que l’on obtient prefque pure
peut indemnifer, & au-delà , des frais de l’évaporation
préliminaire. Tel eft le procédé dont la première
idée a été communiquée à l’académie de Dijon,
par M. Champy, en lui préfentant de la foude ainfi
téparée en état cauftique, 8c qui, abandonnée en-
fuite à l’air libre, s’étoit formée en beaux cryftaux.
De la purification du nitre.
Le nitre qui fe cryftallife dans les premières lef-
fives,/nnfi quedans les eaux-mères précipitées, lors
même qu’il eft en prifmes d’un certain volume, n’eft
pas encore bien pur ; il eft jauni paj une portion
de matière grafle ; il eft toujours chargé de quelques
fels étrangers ; on le nomme nitre de première cuite
ou falpêtre brut.
Pouf le purifier, on le fait diflbudre dans l’eau
8c cryflallifer de nouveau par le refroidiflement.
La proportion des fels étrangers étant infiniment
moins confidérable que lors de la première évaporation
, la liqueur fe trouve au degré convenable
pour la cryftallifation long-temps avant que ces fels
puiflent fournir des cryftaux; le nitre eft en confé-
quence plus blanc & plus pur, c’eft celui de fécondé
cuite, dont fe fervent les diftillateurs d’eaux-fortes«
On purifie le nitre par une troifieme cuite ; mais
pour la médecine 8c les expériences exaéles dê
Chymie., on eft encore obligé de le redifloudre dans
l’eau diftillée, ou du moins dans l’eau de pluie, de
filtrer la diflolution , & de cryflallifer une quatrième
fois dans des vaifleaux de verre , de grais ou de
porcelaine.
§. IV. De la manière de retirer Y acide du nitre«
Le nitre eft un fel neutre dont il faut féparer
la bafe pour obtenir fon acide.
On peut, voir dans le diélionhaire des arts &
métiers, article E aux- fo r t e s , les matières & k f