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d’étain , de 30 grains, par exemple, qui étoit dif-
foute en moins de deux minutes , l’eft à peine
après quatre à cinq heures.
M. Fontana a obfervé que la diflblution d’étain
dans Veau régalé donnoit un gas particulier. Voyez
Gas acide régalin , & Régalte d’étain.
Veau régale diflout le fer ; la diflblution eff
moins rouge que celle faite par l’acide nitreux,
elle participe de la diflblution dans chacun des
acides féparés , elle eil incryflallifable. M. Zim-
merman ayant difloiis peu-à-peu fans chaleur une
partie de limaille de fer dans de Veau régale com-
pofée de huit parties d’acide nitreux, & d’une
partie de fel ammoniac, trouva fur le filtre une
terre d’un blanc jaunâtre qui, calcinée avec la
pouflière de charbon, fut attirée par l’aimant.
Cette diflblution étendue d’eau dépofa à la longue
une terre abfolument blanche , & ayant été évaporée
en confiftance de magma , le réfidu fut insoluble
dans l’eau. M. Poerner regarde Vacide ré-
galin comme le meilleur diflolvant pour obtenir
la chaux martiale.
, Le fer précipite l’or de Veau régale avec l’éclat,
métallique ; on fe fert de cette propriété dans les
arts pour dorer de petites pièces d?acier; mais il
faut que la diflblution d’or foit avec le moins
d’excès d’acide poflible. M. Baumé confeille de
l’évaporer jufqu’à cryftallifation , & de faire re-
difloudre dans l’eau les cryftaux, après les avoir
fait égoutter fur le papier gris.
Veau régale efl le diflolvant- propre de Vantimoine:
on a vu les proportions dans lefquelles
elle dëydit être compofée; il faut voir pour les
propriétés: de cette diflblution , l ’article régalte d'antimoine,
Vacide régalin a très-peu d’aâion fur le bifmuth,
& c’eft fur cette propriété que MM. Bayen &
Charlard ont fondé le départ de l’étain allié de ce
demi-métal. Voyez Départ de l’étain.
- Il fert également à départir l’étain & le fer de
Varfenic ; mais il faut pour cela qu’il ’foit étendu
de beaucoup d’eau, qji’il n’y ait que la proportion
d’acide convenable , & que l’opération fefaflb
à froid ; alors l’arfenic fe fépare en poudre noire.
Veau régale concentrée , aidée de la chaleur, diffout
très-bien l’arfenic , ou plutôt le fait paffer à
l’état d’acide, comme .quand on ajoute de l’acide
nitreux dans une diflblution muriatique de Farfe-
nic. Voyez A cide arsenical.
Veau régale peut être employée à préparer la
diflblution de cobalt, qui porte le nom d’encre de
Sympathie. V o y e z RÉGALTE DE COBALT»
On a fait au furplus peu d’expériences avec
Veau régale fur les autres demi - métaux. Suivant
M. Succow, elle a une aélion ■ plus forte fur le
Zinc que chacun des deux acides féparément ; cette
jUifolution n’eft pas précipitée par l’eau pure,commç
À C I
M. Ph. de Limbourg l’avoit avancé ; on n’a pas
examiné fi Vacide régalin concentré donneroit un
muriate folide de zinc ou beurre de zinc , comme
M. Gallish a obfervé que l’acide muriatique dé-
phlogiftiqué le faifoit immédiatement.
Comme M. Weflrumb a reconnu que l’acide
muriatique déphlogifliqué rediftillé plufieurs fois
fur la chaux noire de manganèfe, n’en diflblvoit
à - la - fo is qu’une extrêmement petite quantité,
& la laifloit dans le même état, j’ai penfé qu’il
feroit intéreflant d’examiner dans les mêmes vues
la manière dont Vacide régalin fe comporte avec
cette chaux,fur tout celui qui efl préparé par imprégnation
, & que j’ai reconnu avoir une odeur piquante
bien plus approchant de l’odeur de l’acide
muriatique déphlogifliqué, que ceile de Veau régale
ordinaire , quoiqu il ne fafîe non plus que
rougir les couleurs fans les détruire : cette - eau
régale verfée dans un flacon où j’avois mis de la
chaux noire de manganèfe bien pulvérifée, & que
j’eus foin de tenir bien bouché, fe trouva au bout
de quelques heures avoir pris une odeur tout autrement
caraftérifée de gas acide déphlogifliqué.;
fon expanfibilité s’étoit tellement augmentée,
qu’elle fit fauter plufieurs fois le bouchon , quoique
le flacon fût plongé dans l’eau froide, & un morceau
de papier bleu préfentè à fon orifice perdit
fur-le-champ fa couleur, qui ne put être reftituée
par les alkalis. Cette expérience me femble ajouter
aux probabilités que j’ai déjà annoncées, que
ç’étoit le principe de la chaleur ou calorifique de
la chaux métallique qui conftimoit la vraie différence
entre Paçide muriatique déphlogifliqué &
Veau régale,
Suivant M. Baume , le nickel fe diflbut dans
Veau régale avec les mêmes phénomènes que dans
les acides nitreux & muriatique.
La table de M. Bergman indique les affinités de
Vacide régalin dans le même ordre que celles de
Vacide muriatique déphlogifliqué, & que l’on trouvera
à cet article. La terre barotique y occupe le premier
rang, & les deux alkalis fixes précèdent le
çalce & la magnéfie.
Vacide régalin ne m’a pas paru avoir plus d’action
fur le bleu de Prufle que l’acide nitreux ; il
ne décompofe aufli les pruflites qu’à la chaleur de
la diflillation, lorfqu’ils font à l’état de fels triples
( Voyez A cide prussique). J’ai été bien plus
étonné de voir que cette couleur n’étoit guères
plus attaquée .par l’acide muriatique déphlogifliqué
en liqueur & à froid, tandis que le célèbre Schéele
a obfervé que lorfqu’on traitoit à la difiillation fix
parties de chaux noire de manganèfe avec une
partie de bleu de Prufle, celui ci étoit entièrement
décompofé, & qu’il ne pafloit que de l’acide méphitique
& de l’alkali volatil, parce que la manganèfe
Yetenoit le phlogiftique ( Neueflen Entde-
ckungen , &c. Crell, part. X I fl Ce ne fut qu’après
deux jours que le bleu de Prufle epfçrmé dans u$
a c 1
flacon avec l’acide muriatique déphlogifliqué prit
un coup-d’oeil fenflblemem verdâtre.
Veau régale agit-, fur les fubflances, végétales &
animales, iuivant le degré de concentration , à-
peu-près comme l’acide nitreux ; cependant l’acide
muriatique fe plus déphlogifliqué , mêle a la dofe
feulement d’un quart à l’acide nttreux fumant, ut
fait perdre la propriété d’enflammer les huiles
effentielles ; il ne les convertit pas même en charbon
, mais feulement en écume jaunâtre, qui bouillonne
foiblement à la furface du mélange, & exhale
une odeur très - pénétrante. Les acides font
abfolument décolorés dans 'cette opération, ils
ont l’apparence d’une eau trouble, & ne s’éclair-
ci fient que quand le mouvement & la chaleur
ceffent entièrement ( i) .
A c i d e SA C CH AR IN , acide du fucre. Ces noms
ont été appropriés par tous les Chymifles à l’acide
que donne le fucre par l’intermède de l’acide nitreux
, quoiqu’on puiffe l’obtenir de plufieurs autres
fubflances: je ne vois point d’inconvénient à les
lui conferver , fur-tout le premier, pourvu que
l’on détermine avec précifion l’idée qu’il faut y
attacher, &' rien ne m’a paru plus capable de prévenir
toute confufion , que d’avertir dans le début
que le fucre lui-même peut fournir des principes
à la compofition de cinq acides très - difierens,,
Avoir : . /
i° . L’acide méphitique, comme toutes les lubl-
tances végétales. - I
20. Vacide tartareux , quand il a lubt la fermentation
vineufe. .
30. Vacide acètcux, quand il à pâlie de .la fermentation
vineufe à la fermentation acéteufe.
40. L'acide fyrupeux , analogue aux acides em-
pyreumatiqués que tous les muqueux fourniflent
à la diflillation.
5°. Enfin l'acide que nous appelions facchàrm.
Ce dernier fera le principal fujet de cet article,
quoique lès queftions importantes qu’il a fait naître
m’obligent- d’y réunir tout ce que nous connoif-
fons de la nature du fucre.
La découverte de Xacide faccharin efl due à l’il-
hiftre Bergman , qui en fit la matière d’une thèfe
foutenue à Upfal par M. Arvidfon, le 13 juin
1776, c’efl-à-dire dans un temps où le plusgrand
nombre des Chymifles étoit encore imbu des anciens
préjugés fur l’exiftence d’un acide unique,
univerfel , principe de tous les autres, où il falloit
être foutenu par la confiance du génie, pourofer
annoncer un nouvel acide propre de fon genre.
A C I 26;
Avant cette époque , on regardoit le fucre comme
un fel effentiel ou l’acide commun à tous les .fels
eflentiels végétaux fe trouvoit enveloppé par le
mucilage. Beccher avoit dit pofitivement, dans fa-
phyfique fouterraine, qu’en difliliant le fucre fermenté
, on en retiroit un efprit ardent ; que le
réfidu de la diflillation rediflous dans fort propre
efprit laifloit précipiter du tartre ; que fl on redif*
tilloit cette diflblution , il reftoit dans la cucurbite
un acide doux, & qu’en expofant à une chaleur
continue toute la mafle fermentée, on en obtenoit
en peu de temps un très-fort vinaigre. Boerhaave
rapporte aufli que le fucre diftillé en vaiiTeaux
clos donne un efprit acide pénétrant, & qu’il peut
être converti en vinaigre par ,1a fermentation.
Enfin , on avoit obfervé depuis long - temps dans
le fucre une faveur légèrement acide qui faifoit
impreflion fur les dents, & qu’il n’étoit pas pof-
fible d’attribuer à un commencement de fermenta*
tion, ai-nfi que le remarque M. Cadet, dans fes
notes fur la Chymie deSpielman.,
Lorfque parut la diflertation de M. Bergman ,
on ne manqua pas de s'élever contre l’introduction
de ce nouvel être dans la clafle des acides.
, Le célèbre Wallerius , qui , pour l’intérêt de fa
propre gloire, auroit dû fe montrer moins jaloux
de celle de fon compatriote, alla jufqu’à foute-
nir que Vacide faccharin n’étoit que du fucre dif-
fous dans l’acide nitreux ordinaire ; l’illuftre Mac-
quer ne penfa pas lui-même qu'il fût poflible de
démontrer que l’acide nitreux n’entroit pas dans
fa compofition , & tout récemment M. JVieghb a
cru pouvoir conclure de fes expériences, que cet
acide concret n’éteit qu’une combinaifon de l’acide
nitreux avec le phlogiftique. Nous verrons que
les lumières acquifes fur l’air vital, principe acidifiant
, doivent diffiper ces nuages & remplir ce
qui pouvoit manquer à la théorie complette de
la formation de cet acide: mais il faut, avant de
la développer, faire connoître les matières dont
on le retire, & les procédés de l’opération ; nous
examinerons enfuite fa nature & fes affinités.
S. I. Du fucre & de_ la manière de Vextraire £• de
le raflher.
Le fucre efl un fel eflentiel végétal d’une faveur
douce & agréable, tellement caraôérifée,
qu’elle efl devenue le terme de comparaifon de
la faveur de tous les corps deux ou fucrés. Beccher
& Hoffman l’ont nommé muqueux condenfé,
miiflum den/atum; Boerhaave le ragardoit comme
un principe particulier qui ne reflembloit à au-
. cune autre matière ; qui n’étoit pas un fe l , puif-
(i) Pendant l’impreflion de cet article , M. Angulo me fait part d’une obfervation qui peut avoir des conféquences importantes
pour le point de théorie que j’examine vers la fin du $. I l , & qui confirme ce que je n’ avoîs pu qu’entrevoir :
i l a tenu en contafl pendant un -mois entier , de l’acide muriatique' déphlogifliqué avec le gas nitreux . & il n’ y a pas
eu d'abforption