
acide .plus puiffant, & que c’eft ce principe qui le
mec en état gafeux.
Ce gas tenu par M. Prieftley un jour entier à
la chaleur du bain de fable dans un tubë de verre
bien fermé, n’a éprouvé aucune altération.
Il n’éprouve non plus aucun changement lorf-
qu’il eft enfermé , quelque temps que ce foie, avec
le gas inflammable.
Il eft abforbé par le charbon ardent introduit
dans un tube dè verre placé fur le mercure. M. le
comte Morozzo a obfervé que l’abforption étoit totale
j lorfque le tube n’avoit que dix pouces , qu’elle
étoit de i i pouces dans un tube de 12 pouces.
Suivant M. Fontana, il n’a aucune affinité avec
le phlogiftique. Cependant l’analyfe que M. Schéele
a donnée de la plombagine , tend à faire admettre
l ’exiftènce d’un compofé d'acide méphitique & de
phlogiftique , ou fouffre méphitique. Voye^ ACIDE
Mo l ybdique ,-Charbon & P lombagine.
II a une grande affinité avec l’air» car fans cela
on ne voit pas pourquoi il s'élèverait de l’eau à
laquelle il eft une fois uni. M. Bergman a éprouvé
cette affinité d’une manière encore plus direéle, il
a rempli de ce gas une bouteille, & l’ayant laif-
fée débouchée , il n’y trouva, au bout de quelques
jours , que de l'air atmofphérique. Sa pefanteur n’a
pu être vaincue que par affinité.
11 eft bien prouvé qu’il ne peut remplacer l’air,
qu’il fait périr les animaux qui le refpirent, &
qu’il éteint le feu. Cependant M. Bergman allure
qu’il n’empêche point l'explofion de l’or fulminant.
L ’eau s’unit très-facilement à ce gas acide, &
la réduction prodigieufe du yolunie prouve bien
qu’il' y a combinaifon par affinité. La chaleur s’op-
pofe à un certain point à cette combinaifon : à quatre
degrés au-deffus de zéro du thermomètre de Réau-
mur , l’eau en prend un peu plus que fon volume ;
£ huit degrés, le volume eft à peine égal; Cepen-
pendant M. Prieftley a obfervé que la glace n’ab-
ibrboit pas ce gas , & qu’en faifant geler l’eau qui
en étoit chargée, il fe dégageoit fur le champ ; ce
qui femble annoncer que le principe calorifique eft
ici unintermède néçeffaire,puifque l’union ceffeaufli-
tôt que l’eau eneft privée au point de devenir folide.
M. Bergman a trouvé que la pefanteur fpécifi-
que de l’eau méphitifée, bien fà.turée, étoit à celle
de l’eau diAillée :: 1,015 : 1,000, le thermomètre
étant à 1,6 degrés.
La chaleur dégage facilement la plus grande partie
de ce gas , mais la dernière portion y adhère
tellement , qu’elle ne peut être féparée que par
l ’ébullition continuée un certain temps.
L 'acide méphitique s’unit aux terres, aux alkalis,
aux métaux, & forme des fels que nous nommons
méphites. Voyez MÉPHITE CALCAIRE , MÉPHITE
DE POTASSE, MEPHITE DE ZINC, &C.
JJ acide méphitique a-t-il quelque aêtion fur la terre
. quartçeufe-?
Cette question mérite une difeuffion .particulière.
qui ne peut être mieux placée que dans la feélion
où il s’agit de déterminer les affinités de ce difloi*
vant.
M. Magellan fit' voir il y a quelques années à
l ’académie royale des fciences de Paris un cryftal
d’une grande dureté, d’une belle eau, reffemblant
beaucoup au cryftal de roche, de neuf à dix lignes
de longueur fur deux ou trois de largeur, & qu’il
affùra avoir été produit artificiellement par M.Achard
de l’académie de Berlin.
1 M. Achard publia .effectivement le procédé dans
un lettre adreffée au prince de Gallitzin ; (Jourru
phyf 1778. pag. i2. ) il l’a depuis encore plus détaillé
à la fuite de fon analyfe des pierres précieufes.
J ’emprunterai cette defeription de la traduction que
M. Dubois a donnée de cet ouvrage.
ah c d ( fig. 19, appareils pour les gas.') eft un
cylindre de verre un peu fo r t, d’un pied & demi
de haut , & de quatre à cinq pouces de large;
e f g h eft un cylindre du même diamètre , mais qui
n’a que quatre à cinq pouces de haut ; e ƒ eft un
anneau de laiton maftiqué autour du cylindre efgh±
qui eft pourvu, à fa partie fupérieure, de pas de
vis qui emboîtent la mère v is , laquelle fe trouve
dans l’anneau c , d , cimenté au. bout du cylindre
a b c d , de manière que les cylindres a b c d tk e fg h
peuvent fe viffer l’un à l’autre par le moyen de ces
anneaux. A l’anneau cd eft un petit bord d’un quart de
pouce de largeur fur lequel on met un cuir, & fur ce
cuir une brique cuite en forme de plaque faite avec de
l’argile & du fable. ( V auteur, dans fa lettre au prince
de Gallitfin , indique les proportions d'une partie d’ar-
gille 6» deux de fable ) , de manière qu’avec la vis
qui eft à l’anneau e f , on preffe là plaque d’argille
fur le cuir, afin qu’il ne puiffe paffer ni eau ni
air à l’endroit où elle eft fur le bord de l’anneau
e d, Cette plaque peut avoir un demi pouce d’é-
paiffeur; g h eft un anneau de laiton qui eft mafti-»
qué au cylindre e f g k , q u i, à l’aide des trois petites
plaques de laiton , delfinées dans la dix-neùviéme
figure, peut- fe viffer à un trépied ; ce trépied lui-
même eftaffujetti avec des vis fur la planche k ilm i
A l’anneau g h , eft un bord comme à l’anneau cd r
fur lequel on met un anneau de cuir, & fur cet
anneau de cuir une plaque d’argille & de fablecon««*
vexe en bas ; entre celle-ci & le .trépied , on met
encore un anneau de cuir , de manière que la plaque
foit bien preflee, quand on viffe le cylindre
au trépied , & qu’il ne puiffe paffer ni eau ni air
à l’endroit où elle pofe fur le bord de l’anneau, L a
partie fupérieure du cylindre a b c d eft fermée par
un couvercle de laiton qui y eft cimenté, & qui
eft defliné à part, fig. 20 \ # fi eft une ouverture
pouvant fe fermer exactement avec un couvercle
qui eft viffé, en plaçant un cuir entre les deux;
y $ repréfente une foupape preffée par un reflort
d’acier, qu’on ne peut ouvrir qu’en appuyant affez:
fortement , & que la force du feffort y J' ferme
très-promptement, dès qu’on ceffe d’appuyer, A
quelques, pouce? de diftançe dç l’extrémité ç d du
Cylindre a b c d , font, aux deux endroits défign’és
fur la figure , deux trous ronds d’un quart de pouce
de diamètre , & fur cette partie du cylindre eft
cimenté un anneau de laiton n o auquel, dans les
deux endroits où le cylindre eft percé, s’adaptent
deux cylindres de laiton , dans lefquels fe trouve
une mère vis , & dont un fe trouve defliné à part
avec une partie de l’anneau dans la fig. 21. PP font
deux flacons dont chacun tient deux quartes ; ils
peuvent être bouchés très-exactement par deux
bouchons de verre poli; le fond de ces fracons eft
cimenté fur un plateau de laiton qui , comme on
Je voit fig. 19 , fe viffe à la planche k i l m , afin
qu’ils . puiffent demeurer immobiles avec la liqueur
qu’ils contiennent. Aux deux extrémités de la planche
h i lm font adaptés les deux montans Q R , auxquels
font attachés deux bras de fer mobiles qui
peuvent porter fur les bouchons des flacons & les
preffer par le moyen des refforts * u bien tendu?'.
La partie fupérieure des montans Q R eft pourvue
d’une barre de bois V ç , au milieu de laquelle fe
trouve un anneau qui ^mbraffe le cylindre a b c d , &
fert à affermir toute la machine. La partie fupérieure
des flacons P eft deffmée à part dans la fig.
22 , pour plus grande clarté : on fait dans le verre un
trou d’un quart de pouce de diamètre, & l’on cimente
un anneau de laiton ABCD au col du flacon ,
auquel eft foudé un cylindre de laiton EFAC avec
un« vis quit fe- rapporte au trou fait dans le col du
flacon. Dans l’ouverture G du cylindre EFAC y
dont l’épaiffeur de laiton doit avoir au moins un
quart de pouGe , va l’extrémité H d’un autre cylindre
LH auquel eft foudé un cercle de laiton ,
dont l’épaiffeur KJ eft égale à l’épaiffeur E F du
cylindre EFAC , & quand on met le cylindre
H dans l’ouverture G , il fe rapporte exactement
au bord EF : entre le cercle J K & le bord
E F , on place un cuir huilé. M eft une tige
de laiton que l ’on yiffe -au cylindre E F A C , à travers
laquelle paffe le cylindre L , & qui fert à bien
preffer le cercle KJ au bord EF du cylindre E F A C ,
afin qu’il ne forte pas d’air par cet endroit. An
cylindre L eft cimenté un cylindre ou tuyau-courbé
de verre, de/finé fig. ip , dont l’autre extrémité eft
cimentée à une iige de laiton percée , qu’on peut
viffer au cylindre de la fig. 21 , qui eft foudé à l’anneau
no du cylindre a b c d de la fig. kj , & on empêche
, par un cuir mis entre les deux, qu’il ne paffe
ni eau ni air à l’endroit où ils font joints, A la partie
de la tige , fig. 23, quieftviffée au cylindre,
fig. 21 , on attache une veflie , & l’on fait par - là
une foupape qui s’ouvre au dehors du cylindre a b c d ,
& que chaque preffon referme vers le cylindre :
cette foupape eft entièrement femblable à celle qu’on
fait aux pompes à vent.
-Pour fe fervir de cet infiniment, on remplit le
cylindre c fg h ,fig . ip, & conféquemment toutl’ef-
pace entre les deux plaqués d argille, de fable blanc
broyé nès-fin; Sc quand on a raffemblé toutes les
pièces décrites c i-de ffus , on remplit le cylindre
d’eau diftillèe aux deux tiers de fa hauteur , & l’on
y met toutes les terres alkalines dont les cryflaux
doivent être composés , fuivant l’efpèce que l’on
defire , ce qui fë fait facilement par l’ouverture « fi
faite au couvercle du cylindre, que l’on viffe en-
fuite très - foigneufement • âufîi - tôt on retire de
côté le bras f t 3 fig. 19 Jcfn met d'à ns Je flacon P
un peu dë craie gieff'ercment écraféë, fur laquelle
on jetre d‘e l’efprit de v itriol, on referme le flacon
atiffï vite que poflMe , & l’on preffe fe bouchon
avec J'e'bras f l , afin que X acide méphitique qui
fe dégage de la craie ne puiffe fortir, & qu’il foie
forcé par là preftîon 'de îè faire une Mue par la
foupape de la tige , fig, 23 , & d’entrer dans le cylindre
a b cd ', duquel il peut fortir par la foupape
« !fi du ’couvercle du cylindre, lorfqu’il y eft en fi
grande quantité qu’on auroit à craindre la rupture*
du vafe. L ’eau contenue dans le cylindre fe enarge
d’acide méphiïiqîie, dont elle prend une portion con-
fidérable par rapport à la grande preifion qu’elle
éprouve à fa furfàce ; elle diffout conféquemment
•les terres alkalines qui font dans le cylindre, elle
fe filtre à travers Je fafole & -les deux plaques d’argille
, & fe met en forme de gouttes fur la plaque
d’argille inférieure , un peu voûtée, où fe forment
les cryftâüx.
Ces plaques doivent être fi fortement cuites, &
leurs intërfticesfi étroits,qu’il ne puiffe tomber qu’une
goutte de la plaque inférieure , toutes les quinze ou
vingt minutes : il feroit fhême avantageux que l’eau,
fe filtrât encore plus lentement. Quand l’eau eft une
fois bien chargée-de gas acid'e, il fuftit d’y ramener
de nouvel acide méphitique toutes lès vingt-quatre
heures, en remettant dans le flacon de la craie &
de 1 efprit de vitriol. Les 'deux flacons ire fervent
que pour la commodité; quand l’un eft rempli de
craie, on peut employer l ’autre ; mais on pourroït
fe contenter d’un féal flacon , parce que, fans déranger
l’opération , on p eut, lorfqü’îl eft plein , le
féparer du refte de 1a machine > en déviffant la tige
M, fig. 22, & le remettre quand il eft nettoyé.
C ’elt avec cet appareil que lé célèbre académicien
de Berlin àffure avoir forrtié de's cry'ftaux de
différente dureté & diverfemént colorés; ils étoient
blancs & médiocrement durs, quand il n’avoit mis
que de la terre calcaire dans l’eau du cylindre ;
ees cryftaux étoient blancs, tranfparens &. très-durs
quand il n’avoit mis qu’un peu dè terre calcairë &
beaucoup‘de terre alumineufe ; quand il aVoit ajouté
de la terre martiale à la terre alumineufe & à la
terre calcaire,les cryftaux avoiëntla couleur du rubis.
L ’importance de cette découverte décida l’académie
royale des fciences de Paris à charger quel-'
ques-uhs de fes membres d’en répéter les expériences
; il paroît, parleur rapport du 22 janvier 1780 ,
qu’ils n’appérçurent aucune cryftallifatibh fer la
partie convexe extérieure du diaphragme de terre
cuite , quoique là fellation fe fût faite avec la ïen^*
teur defirée , & que ces appareils euffent été alimentés
d’acide méphitique pendant treize mois er.-.