
que dans la première di Ailla don de M. Margraff,
la bafe. métallique de ce fel rencontrant du pfalo-
giftique en abondance doit fe revivifier; que fon
acide devenu libre s’empare de l’alkali volatil, 8c
fe fublirne en état de fel ammoniac ; qu’une autre
partie fe porte fur la foude , qui neutralife une portion
des acides de l’urine , & forme avec elle une
efpèce de flux vitreux qui relâche réellement l’adhérence
dû verre phofphorique avec le verre ouré-
tique , qui ne peut en effet que nuire à l’opération.
Mais il y a tant de manières de produire les cir-
conftances qui favorifent l’union dedeux fubftances,
que l’on ne peut former à ce fujet que des conjectures
vagues,, jufqu’à ce qu’on ait fait des expériences
pour déterminer celles qui fe rencontrent
dans le cas particulier. Le célèbre Black eft le feul
de ma connoilfance qui fe foit occupé de cette
queftion: on voir dans les nouvelles découvertes
en Chymie de M. Crell, que lefavant profefleur
d’Edimbourg s’étanr affuré que le iel formé de
l ’acide phofphorique uni à la foude n’étoit pas décompose
par le charbon à l’aide de la chaleur , avoit
effayé de faire réuffir ce rte décompoiicion par l’addition
du muriate de plomb, & qu’il en avoit en
effet obtenu du phofphore: il cela eft, il n'y a plus
à douter que ce ne foit de cette manière que ce
fel muriatique peut être avantageux dans le procédé
de M. Margraff. ( Nevefl. entdeckung. part.X)
pag. 141.)
§. IV. Procédé pour retirer le phofphore des os.
Quoique la découver! e de Yacide phofphorique
dans les os foit encore très-récente , le premier
auteur n’en eft pas certainement connu , puifque
M. Micquer penfe que MM. Gahn & Schéele y
ont un droit égal comme ces deux grands Chy-
miftes ne, peuvent être foupçonnés de n’en avoir
pas fenri toute l’importance , l’incertitude où ils
nous laiffent prouve bien qu’ils font plus occupés
d’acquérir de nouvelles vérités , que de s’en approprier
l’honneur.
Le favant M. Crell rapporte .qu’ayant lu dans la
troifième partie des mémoires de la fociété de médecine
d’Edimbourg (donrla traduction allemande
a été imprimée à Altemberg en 17 76 ), un article
de M. Gahn, de Stockolm, qui annonçoit que l ’on,
pouvoir retirer le phofphore des os des. animaux,
&. particuliérement de la corne de c e r f , il fit toutes
les recherches poffibles pour découvrir une inftruc-
tion plus détaillée fur ce fujet , 8c qu’il ne put
trouver autre chofe que ce que M. Schéele en avoit
dit dans fon Examen du fpat fluor, inféré dans les
mémoires de l’ Académie de Stockolm pour 17 7 1 ,
que l'on avoit nouvellement découvert que la terre des
e s & des cornes étoit une terre calcaire fatutée d’acide
phofphorique. *
En comparant ces dates, on. ne peut refufer à
M; Schéele l’avantage d’avoir le premier annoncé
le fait principal ; mais j ’ai cru devoir confulter à
ce fujet les notes d e l’illuftre Bergman fur la Chymie
de Scheffer , comme étant plus à portée de-
connoître les progrès de la découverte, 8c j’y ai
en effet trouvé ce qui me paroît devoir à cet égard
fixer les opinions.
M. Bergman d it, dans fa note fur le paragraphe
173, que M. Gahn a prouvé en 1769 , par analyfe
& par fynthèfe , que la terre que laiffoient après
leur calcination les os , les cornes de la tête 8c
des pieds des quadrupèdes 8c autres animaux, de
même que la peau cruftacée. des infeéfe* ,. étais
de la terre $calcaire unie à t acide de l ’urine.
Mais voici ce qu’ajoute le même auteur, au §.206
du même ouvrage , après avoir parlé du phofphore
de l’urine, fuivant le procédé de Margraff : « M.
» Schéele a obtenu le même réfultat, en faifanc
» diflbudre dans l’acide nitreux de la Corne de
» cerf calcinée, précipitant cette difTolutioh par
» l’acide vitriolique , diftillant la liqueur filrrée ,
» jufqu’à ce qu’il ne reftât* plus que Vacide phofpho-
» rique , redilfolVant enfuite cet acide dans un peu-
v d’eau chaude , le filtrant à froid , l’évaporant en
£ conliftance de fyrop , 8c le diftillant enfin à la?
v manière ordinaire mêlé avec la pouflière de
v charbon >>..
On ne fera plus étonné , après cela, que M.
Scheele ait parle en 1771 de Y acide phofphoriquer
des os., comme d’une découverte qui ne lui appar-
tenoit pas; mais en même-temps on n’héfitera pas
de le regarder comme l’inventeur- du procédé pour
en retirer le phofphore..
Ce procédé fut annoncé en France, au mois d’ec-
tobre 1775, par la gazette falutaire de Bouillon, 8c
elle nomma MM. Gahn & Schéele : le journal de
phyfique , de février 1777 , donna auffi une notice
de cette opération ; & quoiqu’il n'y foit pas fait
mention de la première diffolution par l’acide ni-
; creux, on ne parle plus que de M. Schéele.
Ce fut d’après cette notice très-abrégée, que les
Académiciens de Dijon entreprirent ce*te nouvelle'
préparation du phofphore dans leur cours public de
17 77, 8c l’opération réuffit parfaitement; en voici
le détail.
On fit calciner au blanc des os de boeuf, de veau,,
de mouton , 8cc. , en les ftratifiant dans un fourneau
fur les charbons ; quaran te-une livres d’os-
fe es donnèrent à-peu-près vingt-quatre livres d’os-
calcinés. ‘
Ces os ayant été pulvérifés dans un mortier de
fe r , 8c paflés.au tamis de crin,, on en prit la quantité
de douze livres ; on verla deflus de l’acide vir
triolique concentré du commerce , jufqu’à ce qu’il
ne fit plus d’effervefcence, 8c même qu’il y eût
un peu d’excès3. on agita1 le mélange ; on ajouta un
peu d’eau pour favorifer l’aélion de l’acide, 8c on
fit chauffer pendant trois heures, dans un grand-
matras au feu de fable.
La matière étendue de beaucoup d’eau fut en-
fuite jettée fur un filtre de papier, le réfidu de
filtration futarrofé d’eau chaude à plusieurs reprifes^
toutes ces eaux réunies à la première liqueur qui
avoit parte par le filtre , furent mifes à évaporer au
feu de fable dans de grandes terrines de grai, 8c
fur la fin, dans des capfules de verre ou de porcelaine.
A mefure que lajiqueur fe concentra , il fe dé-
pofa au fond des vaifleaux une belle félénite foyeufe ,
qui fut féparée par la filtration & arrofée de nouvelle
eau pour n’y point laiffer d’acide phofphorique.
L ’évaporation ayant été pouflee au point de
donner des vapeurs acides, il fe forma, fur les
parois des capfules, des efpèces de ruban de matière
blanche, qui contenoient plus d yacide phofphorique
que de félénite , puifqu’après avoir été égouttés
fur le papier gris „ ils laiffoient fur les charbons
ardens un verre très-fixe.
On continua l’évaporation jufqu’à ficcité dans des
capfules de verre; on mit alors le réfidu dans un
creufét que l’on tint au fourneau de fufion jufqu’à
ce qu’il ne fournit plus de vapeurs fulfureufes ;
on coula Ja matière fur un têt chauffé , elle pefoit
-deux livres neuf onces, non compris ce qui étoit
refté adhérent au creufet.
Cette maffe vitré,ufe ayant été bien pulvérifée ,
mêlée avec le tiers de fon poids de pouflière de
.charbon, 8c diftillée dans une bonne cornue devrai
avec les précautions ordinaires, donna fix onces
•fept gros de très-beau phofphore.
Cette méthode de faire le phofphore ayant été
•généralement adoptée comme la plus facile , la plus
-économique, étant préfentement la feule en ufage ,
il ne fera pas inutile de réunir ici quelques obfer-
vations qui peuvent en éclaircir la théorie & peut-
être fournir des vues pour en Amplifier encore le
procédé.
I. Les Chymiftes ne font point d’accord fur,Ij|j§
pièce des os qui convient le mieux. Nous avons vu
que M. Schéele employoit la corne de cerf; M.
Rouelle la regardoit auffi comme plus riche en
acide phofphorique que les QS ; Vivoire\ les yeux d'é-
\cremjfes, la nacre de perle éprouvés par ce Chy-
mifte ne lui en ont point donné, ou du moins pas
en qualité fenfible; ce qu’il eft difficile de croire
par rapport à l’ivoire, qui tient bien fûrement cet
acide, comme on le verra à l’article T e r r e . M.
Crell a retiré le phofphore des os humains , 8c le
produit a été bien plus confidérable que celui que
M. Rouelle a obtenu de la corne de cerf, puifque
fie quatre onces d’os humains le premier a eu un
peu plus d’une once de verre tranfparent, & que
«ne livre de corne de cerf calcinée n’a fourni à M.
Rouelle que deux onces un gros d’acide en confiftance
vifqueufe. Les Académiciens de Dijon ayant
employé indiftinélement des os de boeuf, de veau ,
fie mouton, eurent en acide concret environ 7 dû
poids des os calcinés. S’il eft vrai, comme le dit
M. Prouft, d’après Stahl 8c les métallurgiftes , que
les ps de porc font rejet tés de la cojnpoliûon des
coupelles , comme trop fufibles , on peut en conclure
qu’ils ne tiennent pas les mêmes principes,
ou du moins en même quantité ; mais avant l’expérience
, on n’en peut rien conclure contre l’u-
lage de ces os dans l’opération du phofphore. M.
Nicolas allure avoir éprouvé que les os. de mouton ,
qu’il étoit fi facile de fe procurer, étoient abondamment
pourvus d'acide phofphorique. Il eft très-
pojffible, comme le remarque le même Ghymifte ,
que les os des jeunes animaux n’en donnent pas
autant que ceux des animaux faits ; mais on fent
que la réfolution de ces queftions ne peut-être appuyée
que fur des expériences comparées , 8c qu’au
fond elles intéreflent plus l’analyfe animale que
l ’opération du phofphore.
fl. Les uns veulent que les os foient d’abord
calcinés au blanc ; M. Crell remarque que la précipitation
de la terre par l’acide vitriolique fe fait
enfuire plus promptement', plus complètement.
M. Berniard aflure qu’on obtient plus d'acide phofphorique
; M Nicolas prétend, au contraire, que
cette calcination doit être modérée, parce qu’au-r
tvementYacide phofphorique partant à l’état de phofphore,
fe diflipe par la combuftion : cette décorn-
poli don de la terre offeufe me paroit exiger des
preuves plus direéles; celle que fauteur ajoute ,
de la flamme qui fit croire à un de fes élèves que
le feu avoit. pris à fa cheminée , ne fera probablement
pas plus d’impreffion ; fi la terre ofl’eufe,ex -
pofée Amplement à Faétion du feu, avec le conta61
des charbons, pouvoit donner réellement une aflèz
grande quantité de phofphore , pour que fa combuftion
reflemblât à un feu de fuie , il feroitbien
étonnant que l’on n’eût pas apperçu quelquefois le
même phénomène, tandis que l’on expofe tous les
jours des coupelles au plus grand feu 8c en contact
immédiat avec des matières phlogiftiques. Mais
quoiqu’il y ait peu de fujet de craindre la diffipa-
tion de l’acide , il n’y a pas non plus de néceflité
de porter la calcination au degré d’incandefcence,
puifque M. Mefaize a fait voir qu’on pouvoit dégager
Y acide phofphorique , même du réfidu charbonneux
de la diftillacion de la -corne de cerf
(.Journ.phyftom. X V , pag. 447) ; il fufiit de détruire
lamatière graffe , qui ne ferviroit qu’à ralentir
& colorer la diflolution , 8c confommer en pure
perte une portiqn des acides vitriolique & nitreux
que l’on doit employer à cette opération, en les
faifant paffer à l’état de gas fulphureux ou nitreux.
J ’ai vu pouffer la.calcination des os jufqu’à les vitrifier
à la furface fans qu’il y eût odeur fenfible ;
il eft vrai qu’après une calcination moins vive, un
os un peu gros fe fit remarquer par une flamme
approchant de la flamme phofphorique qui engagea
à le porter dans J ’obfcurité , où il fe mon-ra
effeétivement très-lumineux ; mais on reconnut que
c’étoit un os de veau , 8c je ne ferois pas éloigné
de penfer que les os des jeunes animaux peuvent
contenir peut-être moins d’acide en. état de fel &
pl»s d’acide libre.
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