74° AIR
c ’eft d’après fes propres expériences que M. Berthollet
a fait voir qu’il fuffifoit qu’une moléculè de
b , 006 grain- de charbon eût été portée accidentellement
dans l’air ou ‘dans les' autres matières employées,
pour produire une quantité de gas acide
carbonique fenfible à l’eau de chaux ; que dès-
lors il, n’étoit pas étonnant qu’il s’en trouvât un peu
dans la plupart des opérations chymiques. Concluons
donc avec lui que ce n’eft pas par cés petites quantités
d’un produit variable 8c accidentel qu’on peut
infirmer les , preuves direéles & rigoureufes de la
composition de l’acide nitrique ( Notes fur la fett. IF
de l’EJfai fur le phlogijlique ).
E x p é r i e n c e X L V I I .
Si l’on plonge une chandelle allumée dans un grand
vaiffeau cylindrique rempli de gas ammoniacal( air alka-
lin de M. Prieflley ) , on obferve, dit ce Phyficien,
qu’elle s’y éteint plusieurs fois de fuite ; mais à chaque
fois la flamme eft considérablement agrandie par la réunion
d’une autre flamme de couleur jaune paie; & à
la fin cette flamme légère defeend du haut du vaiffeau
jufqu’au fond. Si on prèfente feulement la chandelle
allumée à l’orifice du-vaiffeau rempli de ce gas , la
flamme jaunâtre s’élève d’environ deux pouces plus
haut que celle de la chandelle (Expér. bc. part II.
f i a . i ) .
Remarques. Cette expérience prouve fuffifamment
que le gas ammoniacal doit être compté au nombre
des fubftances qui agiffent fur l’air à la maniéré des
combuftibles ; mais il eft aujourd’hui bien prouvé
que ce gas eft compofé d’hydrogène & d’azote, M.
Berthollet eft même parvenu, par les moyens les
plus ingénieux d’anaîyfe,à indiquer, en poids, le rapport
dés quantités de ces parties' compofantes, fa-
voir 0,193 d’hydrogène &. 0,807 d’azote ( Mém.
de VAcad. roy. des Sc. ann, ip8f, fiag. 32$) , il ne
peut dès-lors en réfulter que les produits de ces matières
dans les mêmes proportions, à fuppofer que la
ccmbuftion s’opère à la fois & complètement pour
l’une & pour l’autre. 11 y a lieu de croire que cela n’a
pas lieu dans l’expérience ci-deffus, 8c que l’hydrogène
feul éprouvé la combuftion, tandis que l’azote,
qui s’ajlume difficilement, fe diffipe en état de gas;
du moins n’a-t-on eu jufqu’à préfent aucun moyen
de. s’affurer de la formation d’un péu d’acide nitrique.
On fait encore que l’étincelle éle&rique décompofe
le gas ammoniacal, au point de le rendre immifcible
à l’eau , 8c que le gas réfidu, qui occupe lui feul un
efpace à peu près double du compofé aériforme,
p’eft plus que du gas azoté ; c’eft ce qui a été bien
démontré par M. Berthollet, qui l’a fournis enfiiite à
l’expérience de M. Cavendish ; mais cela même annonce
que lors de la déçompofition du gas ammoniacal,
l’azote n’éprouve réellement aucune combuftion.
Il en eft autrement de l’hyclrogène qui difparoît
entièrement. Ce phénomène a fert embarralfé la plupart
des Chymiftes , qui ont été prefque tentés d’admettre
une combuftion fans le concours de l’air ; mais
A I R il me femble facile de rendre raifbn de ce qui fe paffe
dans cette opération, ainfi qu’elle a été décrite par
MM. Prieftley, Berthollet & Van-Marum : le mercure
qui enfermoit leur gas n’étoit probablement pas
plus pur, ni dans un état métallique plus parfait, que
celui dont s’eft fèrvi M. du Vernois dans les expériences
ci-devant rapportées {page 682); o r , nous
avons vu que, même avant que la température eût
atteint le 60e. degré, le gas hydrogène éprouvoit
déjà une diminution par l’aaion de quelque portion
d’oxide mercuriel. Telle eft vraifemblablement la
caufe de la déçompofition du gas ammoniacal dans
des circonftances tout-à-fait analogues; là température,
bien plus élevée parle feu éle&rique renouvellé,
favorife la combinaifon de l’hydrogène avec la bafe
de l’air fixée dans l’oxide mercuriel", qui fe trouve
ainfi réduit ; l’azote affranchi de l’union qui le tenoit
dans l’état de condenfation , s’empare de la chaleur
rendue libre & reparoît fous le volume qui eft propre
à fa nouvelle compofition. Je né doute pas que l’on
ne parvienne à vérifier cette explication en opérant
cette déçompofition du gas ammoniacal ou en plus
grande maffe ou dans des vaiffeaux où il aura été
introduit après qu’ils auront été purgés d’air, pour
qu’il n’ait plus le contaéf du mercure.
L’obfervation fuivante peut déjà faire juger avec
quelle facilité les oxides de mercure décompofent le
gas ammoniacal même à la température moyenne.
Ayant mis dans ce gas enfermé par le mercure
un fragment'd’oxide mercuriel jaune par l’acide ful-
furique {turbith minéral') bien lavé 8c très-fec, dans
la vue d’y ’ appliquer la flamme de la bougie au
moyen du petit appareil décrit ci-devant {Exp. X l l l ) 9
le mercure remonta fpontanément jufques dans le
bulbe de la cornue avant toute* application d e là
bougie, le thermomètre fe tenant ce jour-là à n
degrés -{- o. On pouvoir foupçonner que cette diminution
étoit l’effet d’un peu d’eau ou même d’un
peu d’acide que retenoit encore l’oxide ; mais la dé-
compofition fut prouvée en ce que le gas réfidu fe
trouva abfolument fans odeur.
On démontre encore d’une manière moins équivoque
le peu d’adhérence de l’hydrogène à l’azote 'ÿ
pour cela il fuffit d’enfermer dans ce gas , fur le mercure,
un fragment d’oxide de plomb blanc; à me-
fure que l’on l’échauffe, en portant la bougie fous
l’appareil, le mercure remonte très-rapidement, le
plomb fe trouve réduit, & le gas réfidu n’eft plus
que de l’azote.
A la vérité, on n’obferve pas dans ces circonstances
que le gas azote augmente de.volume comme
après la déçompofition du gas ammoniacal par l’étin-
celle'éleôrique ; ce qui poùrroit faire douter que ce
phénomène dépendît réellement de la quantité de
calorique que l’azote auroit repris en devenant libre:
mais il eft poffible qu’il y ait ici une partie de l’ammoniaque
fixée en nature & fans déçompofition ;
d’ailleurs les Académiciens d’Harlem nous ont appris
que le gas azote expofé feul au rayon êleélrique
acquéroit une èxpanfion d’un 8e. de fon volume.
A I R
Bifil confervoit jufqu’au l’endemain ; enfin l’accroifle-
ment de volume permanent que M. du Vernois a
remarqué dans fes effais fur l’expanfibilité du gas
ammoniacal ( Foye^ ci-devant page 684 ) , nous mit
fentir toutes les difficultés d’obtenir ce gas affez
pur, affez exempt d’ammoniaque en vapeur, pour
qu’il ne s’y joigne pas une portion additionnelle de
nouveau gas , 8c peut-être ne faut-il pas chercher
d’autre» caufe de l’augmentation de volume du gas
ammoniacal décompofé par le rayon éleélrique.
E x p é r i e n c e X L V I I I.
Pour n’omettre aucune des fubftances combuf-
tibles , de celles fur-tout qui paroiffent fe rapprocher
davantage de l’état de fimplicité, ou qui peuvent.
en brûlant donner lieu à la produ&ion de quel-
que combinaifon nouvelle avec la partie fixe de 1 air ,
je dois encore faire état du diamant.
Sur un fupport fixé au fond d’une cuvette remplie
d’eau ou de mercure, on établit une petite fou-
coupe de porcelaine dure, fans couverte, dans laquelle
on a mis un ou plufieurs diamans; bn ren-
verfe deffus une grande cloche de verré cryftallin ;
on y élève l’eau ou le mercure jufqu au tiers environ
de fa hauteur, par la fuccion de l’air , & on dirige
fur les diamans le foyer d’une forte lentille.
S i, dès le premier inftant, les diamans font ex-
pofés à toute la violence du feu folaire, ils decre-
pitent & lancent de petits éclats; fi on les approche
par degrés du foyer, ils brûlent infenfiblement. On
obferve quelquefois à leur furface un bouillonnement
qui fembleroit annoncer un -leger commencement
de fufion ; en effet, on remarque à la fin fur
la foucoupe quelques poin^ vitrifies ou même creufes
dans les endroits où les-diamans touchent a la porcelaine.
.
Pendant l’opération, il fe dépofe fur les diamans
une matière noire comme charbonneufe, reffemblant
à du noir de fumée, affez abondante pour noircir
les doigts; ce noir difparoît quelquefois 8c fe reforme
de nouveau.
Les diamans fe confument plus lentement fous la
cloche qu’à l’air libre ; mais quand on celle d y entretenir
le faifeeau de rayons, 1 eau remonte ail
deffus du point où elle étoit avant l’expérience ; il
y a de même abforption dans la cloche au mercure
quand on y introduit de l’eau. En repefant tes diamans
, après le refroiffement, on trouve qu il s en ^eft
détruit une partie , en propçrtion de la quantité dair
renfermée dans les vaiffeaux.
Enfin l’eau de chaux porteeMans ces récipiens, fe
trouble & dépofe une terre qui fait effervefcence
avec les acides comme le carbonate de chaux.
Remarques. Ç’eft ainfi que le célèbre Macqüer
donne les résultats des expériences faites par M. La-
voifier fur cette précieufe matière, àtvec le grand
verre ardent de M. de Trudaine , expériences auxquelles
il avoit lui-même eu part, ainfi que plufieurs
A I R 7 4 i
autres Membres de l’Académie {Diction, au mot
diam ant). . .
Les expériences faites en 1694 par les Académiciens
de Florence , fous les yeux de Corne III, au
moyerndu verre ardent, répétées depuis à Vienne ,
au feu des fourneaux , avoient bien appris que le
diamant fe détruifoif au feu. Il avoir été vérifié par
les effais de MM. Rouelle, Manquer & d’A r c e t, que
ce n’éto' t pas une fini pie vôlatilifation ; que le diamant
ne donnoit rien à la diftillation & n’éprouvoit
qu’un fi m pie déchet à raifon de l’air contenu dans
les vaiffeaux ; qu’il "brûloit à l’air libre avec une
flamme lumineufe, & qu’il fe confervoit air plus
grand feu , lorfqu’il étoit entouré de poufliere de
charbon; mais rien ne pouvoir encore faire foup-
çonner ce que devenoit fa fubftance : préoccupé de
l’exiftence du phlogiftique , on imaginoit que le diamant,
formé prefqu’en entier de ce principe, pou—
voit s’échapper comme lui, même à traversries vaiffeaux
, fous forme de chaleur & de lumière; ceft
ce qu’infinue le célèbre Scheele ( Traite du Feu,
^ O n V o i t p r é f e n t em e n t q u e l e d iam a n t d é c o m p o f e
l ’ a i r e n b r û l a n t , 8c q u ’ i l d o i t a in f i f e f o rm e r u n
c o m p o f é ’ q u e l c o n q u e d e la p a r t ie f i x e d e ^ l a i r & d e
l a fu b f t a n c e p r o p r e d e c e c o m b u f t ib l e . L e x p é r i e n c e
d e M. L a v o i f i e r in d iq u e u n e p r o d u & io n d e g a s a c id e
c a r b o n i q u e ; & f i l e fa i t e t o i t b i e n d é c id é , c e f t -
à - d i r e f i l ’ o n a v o i t a c q u i s i ° . q u e c e p r o d u i t e f t
c o n f i a n t , a 0, q u ’ i l r e p r é f e n t e a v e c t o u t e l ’ e x a & i tu d e
q u ’o n p e u t d e f i r e r l e p o id s d e l ’a i r & d u d iam a n t
q u i o n t d i f p a r u , 3 0. q u ’ i l n e f e r e t o ù v e d a n s l e s v a i f f
e a u x a u c u n e a u t r e m a t i è r e , 4 0. e n f i n , q u e l e g a s
t é f id u n ’ a f o u f f è r t q u ’ u n e d im in u t io n d a i r v i t a l fa n s
a u c u n e a l t é r a t io n , i l n ’y a u r o i t p a s m o y e n d e f e r e -
f u f e r à l a c o n f é q u e n c e q u e l e d iam a n t 6 c l e c a r b o n e
f o n t d e u x ê t r e s id e n t iq u e s . M a is i l s e n f a u t b i e n
q u e c e s p o in t s p r é l im in a i r e s f o ie n t fu f f i fam m e n t
é t a b l is ; e n fu p p o f a n t m êm e q u e l e g a s a c id e c a r b
o n iq u e f o i t u n p r o d u i t c o n f ia n t & n ê c e f f a i r e c fe l a
c o m b u f t io n d u d i a m a n t , o n n’ e n p o ù r r o i t p a s c o n c
lu r e e n c o r e q u e c e f û t d u c a r b o n e p u r , ju fq u ’à c e
q u e l a c o r r e fp o n d a n c e d e s p o id s d e t o u t e s l e s m a t
iè r e s c o n fom m é e s a v e c l e p o id s d e c e p r o d u i t^ e u t
d ém o n t r é q u ’ i l n e s’ e n f é p a r e a u c u n e a u t r e m a t iè r e .
S i c ’ é t o i t , p a r e x em p l e , u n c o m p o f é d e c a r b o n e &
d ’ a z o t e u n is in t im em e n t , i l e f t é v i d e n t q u e l ’o n r i f -
queroit de m é c o n n o î t r e la f é c o n d é p a r t ie c o n f t i t u a n t e ,
f i l’o n f e d i fp e n f o i t d e f o u m e t t r e l e g a s r é f id u à u n
r i g o u r e u x e x am e n . J ’a jo u t e r a i q u e , d a n s l e r é c i t d e
l ’ e x p é r ie n c e q u e j ’a i r a p p o r t é e , il y a ^ e c î r c o n f -
t a n c e q u i m e p a r o î t s ’ o p p o f e r à c e q u e I o n r e g a r d e
l e d iam a n t c om m e la p u r e b a f e a c id i f ia b l e d e 1 a c id e
c a r b o n iq u e : c ’ e f t q u ’ i l n o i r c i t l o r f q i f o n l e t ie n t a u
. f o y e r , o u , p o u r m i e u x d i r e , q u ’ il f e c o n v e r t i t l u i -
m êm e e n u n e m a t iè r e c h a r b o n n e u f e ; o r i l f e r o i t
j d i f f ic i le d ’ im a g in e r q u e l l e p o ù r r o i t ê t r e l a c a u f e d e
c e p r em ie r d e g r é d ’ a l t é r a t io n , p u i fq u ’i l n y a i c i d a u t r e s
a g e n s q u e l ’a i r 8c la c h a le u r a c cum u le® ; i l f e r o i t b i e n