
bafes ; il eft certain néanmoins que les fébates de
potaffe & de foude cryftallifent en prifmes ou en
aiguilles , & qu’ils font beaucoup plus fixes au feu
& à l’air.
Je ne ferois pas éloigné de penfer que cet acide
a quelque aâion , finon fur le quartz pur , du
moins fur le verre ; M. Crell l’ayant fait digérer
plufieurs fois fur l’or a toujours obtenu -un précipité
de terte blanche qui n’étoit point de la terre
calcaire ; il préfume que cette terre a été emportée
par l’acide à la diftillation , & doit être de la
nature dt celle du fpat fluor : en adoptant fa conjecture
, ce ne peut être en effet qu’une portion
de la matière du verre des vaiffeaux , puifqu’il
eft préfentement vérifié que telle eft en effet l’origine
de la terre qui fe dépofe fur l’eau du récipient
lors de la diftillation du fpat fluor, & qu’il
n’eft plus permis de confondre avec la bafe propre
du fpat fluor qui eft calcaire. Cette conjecture me
paroît fur-tout probable depuis que j’ai obfervé
que l’acide firupeux empireumatique, qui eft d’une
nature fort analogue, attaquoit & creufoit très-
fenfiblement le verre. Voyeç A cide sirupeux.
U acide fébacé, bouilli fur des feuilles d’or & fur
la platine, paroît opérer un commencement de
diffolution, mais fi foible, qu’après bien des expériences
, M, Crell defire encore un examen ultérieur.
Il eft certain qu’il diffout l’o r , même à
froid , lorfqu’il eft mêlé à l’acide nitreux, ce qui
fait dire à M. Crell qu’il doit occuper un des premiers
rangs dans l’ordre de puiffance. Il s’unit,
quoique difficilement, à la chaux d’o r , & forme
un fel cryftallifable, de même qu’avec les précipités
de platine. Il précipite ces deux métaux de
leurs diflolutions. Voyeç Sébates d’or , de platine
, &c.
Il s’unit au mercure & à Y argent, même en état
de métal; il cède le dernier à l’acide muriatique,
mais non le premier ; il les reprend l’un & l’autre
à l’acide nitreux, & même l’argent à l’acide vitrio-
lique.
Il reprend le plomb à l’acide nitreux 6c au v inaigre
, l’étain à l’acide régalin.
Il ne décompofe pas les diflolutions vrtrioliques
& nitreufes de cuivre, non plus que celles de fer.
Il eft remarquable qu’il n’attaque ni le bifmùth ,
ni le cobalt, ni le nickel, même à l’aide d’une longue
digeftion ; cependant il décompofe le nitre de
bifmutn.
Il occafionne un précipité dans la diffolution
régaline d’antimoine , amenée au point de n’être
plus décompofée par l’eau pure.
Il ne trouble pas les diflolutions vitrioliques &
.nitreufes deçwzc.
Il ne produit aucun changement dans la diflo-
Jution nitreufe d'arfenic, non plus que dans celle
de manganèfe.
Il réduit l’arfenie blanc à la diftillation.
M. Bergman a placé dans la colonne des affinités
de cet acide les terres avant les alkalis , Si
cependant il annonce dans fa differtation ( noitib.
21 ) qu’il doute encore que les alkalis le cèdent aux
terres, & même qu'il conjeélureroit volontiers
que c’eft le contraire qui doit arriver. Je ne fais
fur quel fondement cet illuftre profeffeur a formé
cette conjeélure , mais je l’ai vue confirmée par
rapport à l’alkali végétal cauftique qui décompofe
bien fûrement le fébate calcaire ; je m’écarterai
donc ici de fa table, & je préfenterai les affinités
de notre acide dans l’ordre fuivant, pour la voie
humide, en avertiffant feulement que la place du
barote n’eft pas encore bien déterminée.
Le barote.
La potaffe.
La foude.
Le calce.
La magnéfie.
L’ammoniac.
L ’alumine.
Les chaux métalliques.'
L’eau.
L’efprit-de-vin.
Le phlogiftique.
Par la voie s'eche , les fubftances métalliques
marchent avant l’ammoniac & l’alumine.
Il attire fifoiblement Y alumine, que fi on verfe
de la diffolution d’alun dans la diffolution de fê-
bate calcaire, il n’y a pas de précipité ; ce qui de-
vroit arriver, comme le temarque M. C re ll, pour
peu que Yacide fébacé eût d’affinité avec l’alumine,
à la faveur de l’affinité confpirante que l’acide vi-
triolique exerce fi puiffamment fur la terre calcaire
; cependant le mélange n’a pas été troublé,
même après l’ébullition.
U acide fébacé, diftillé fur les vitriols alkalins,
en dégage un peu d’acide vitriolique fulphureux ,
ce qui fait voir clairement que cette décompofi-
tion s’opère par le moyen du phlogiftique que
récèle toujours Yacide fébacé le plus pur.
On ne fera pas étonné qu’il précipite l’acidule
tartareux lorfqu’on le verfe dans une diffolution
de tartre de potaffe, qu’il décompofe à la diftillation
l’acète de potaffe , & même auffi le nitre,
quoique l’acide nitreux lui enlève l’alkali par la
voie humide , parce que, par la voie sèche , l’acide
nitreux s’affoiblit en fe phlogiftiquant ; mais ,
M. Crell affure encore qu’il dégage à là diftillation
l’acide du fel commun ( exp. 122) , & il avoit
dit précédemment que l’aciae muriatique décom-
pofoit le fébate de potaffe {exp, //4 ) : il y a né-
ceffairement erreur dans l’une ou dans l’autre de
ces obferyations, car le procédé étant le même,
c’eft-à-dire, par la voie sèche ou de diftillation ,
on ne pourroit pas même fuppofer une affinité
réciproque, quand on feroit encore difpofé à fs
ion tenter de cette explication. Au refte, îl ne me •
p'aroît pas diffic le de déterminer fur le rapport
même de ce Chymifte, lequel de ces deux faits
qui s excluent doit être réputé vrai; il ^ n’a jugé la I
décompofition du fel commun par l’acide Jébacé j
que par les vapeurs grifes, & la quantité d’étain
que la liqueur du récipient fut capable de diffoudre
étant mêlée avec le double de fon poids d’acide
nitreux ; il n’eft pas befoin de faire remarquer com -
bien ces fignes font équivoques, étant d’ailleurs
reconnu que l’acide nitreux mêlé à Yacide fébacé
attaque l’étain de même que l’eau régale ; de forte
qu’il ne pouvoit y avoir de différence que pour
la quantité : au contraire , dans la diftillation de
l’acide muriatique avec le fébate de potaffe, l’auteur
a reconnu la nature de l’acide paffé 'dans le
récipient, en ce qu il précipitoit en blanc le muriate
mercuriel corrofif ; c’eft un phénomène non équivoque
, qui eft le cara&ériftique de Yacide fébacé,
qui exclut abfolument l’acide muriatique , puifque
ce dernier n’eut fait qu’étendre la diffolution au
lieu de la troubler : auffi je vois que i’illuftre
Bergman, qui avoit fous les yeux l’ouvrage de
M. Crell , n’a pas héfité de mettre l’acide muriatique
avant Yacide fébacé dans les colonnes des affinités
des alkalins, foit par la voie humide, foit par
la voie sèche.
L’aélion de Yacide fébacé fur les huiles n’a pas
été examinée, & mérite de l’être, vu fa fixité &
fon énergie.
On trouvera à l’article éther fébacé les procédés,
par lefquels le célèbre Chymifte , à qui nous devons
tant de recherches, & fi importantes fur les
propriétés de cet acide, eft parvenu à .faire réuffir
la combinaifon avec l’efprit-de-vin.
A c id e s id é r it iq u e . Lorfque j’ai rédigé l’article
acide métallique, j’y ai compris , d’après l’il-
luftre Bergman , l’acide du fdérotète alors reconnu
comme un nouveau demi-métal qui exiftoit abondamment
dans les fers caffans à froid ; on fait
préfentement que ce n’eft qu’une pyrite phofpho-
rique martiale , que fa chaux eft un vrai phofphate
martial ; il n’eft pas moins important de faire con-
noître les phénomènes qui en ont impofé aux
plus habiles Chymiftes, les expériences par lef-
quelles ils font parvenus à découvrir la nature de
cette fubftance qui fe préfentoit fous des apparences
auffi trompeufes, 6c les conféquences que
l’on doit tirer de ces faits pour l’hiftoire de l’acide
phofphprique, la fcience de l’analyfe 6c l’art d’apprécier
les mines de fer.
1, ,, "VP \ 1 , --- nrüpC
d appeller fiderotete ( journ. phyf tome X IX , pa
382 h a eté nommé depuis par M. Bergman fia
ram par M. Kirwan fidérites, par les Alleman
hydrofderon, wajfer eifen,
Deux grands Chymiftes en même-temps , &
fans fe communiquer leurs travaux, ont découvert
cette fubftance, l’ont jugée métallique, 6c
d’un genre différent des autres métaux connus.
M, Meyer z publié le premier ( Berlin nantis,
freund, tome I I ) , qu’il l’avoit trouvé dans du fer
caffant à froid, provenant de la fonte des mines
de marais , fumpferç , & c’eft d e - là fans doure
qu’on l’a appellé hydrofderon. M. Meyer en ayant
fondu un loth avec partie égale de mon flux d’eftai
( voyeç Flux) , obtint, fous une fcorie verd-olive
opaque, un petit bouton métallique attirable à l’aimant.
Il fit bouillir cette fcorie dans l’acide vitrio-
lique , & précipita de la diffolution une terre blanche,
foit par l’eau pure, foit en y ajoutant du fer,
à un feu modéré, cette terre conferva fa couleur
blanche, à un feu plus fo r t, elle devint d’un brun
obfcur : après une forte calcination , elle ne fe
laiffa pas diffoudre auffi facilement qu’auparavant
dans l’acide vitriolique , mais elle en étoit toujours
précipitée en blanc par l’eau ; après avoir été plufieurs
fois édulcorée , elle rougiffoit encore l’infu-
fion de tourncfol. Enfin , ayar t été traitée à la ré-
duéfion avec 7 partie de borax dans un creufet
brafqué , elle donna un bouton métallique qui ne
fe laiffa pas attirer par l’âimant en maffe, mais
feulement après avoir été pulvérifé, qui avoit
une couleur grife d’acier plus fombre que le cobalt
, dont la pefanteur fpécifique n’étoit que 6,710,
moins fufible que l’argent, & même que le cuivre ;
ne s’alliant qu’au fer, au cobalt, au cuivre , au
nickel & à la manganèfe ; rendant le fer très-
fragile par la plus petite proportion ; ne formant
point d’amalgame avec le mercure; ne s’uniffant
; point au foufre ; alkalifant le nitre fans détonna-
tion ; donnant un verre verd, fans addition de
phlogiftique ; fe diffolvant lentement dans la plupart
des acides promptement dans l’acide vitriolique;
donnant avec ce dernier des cryftaux indéterminés
, avec l’acide muriatique des cryftaux
en feuilles ; précipitant de leurs diflolutions l’o r ,
l’argent & le cuivre en-état de métal, le plomb
en chaux blanche ; fe laiffant lui-même précipiter
de tous les acides par l’eau, de l’acide nitreux par
le cuivre, le fer & le zinc, en état de chaux
brune ; de i’acidé vitriolique par le fer en une terçe
foluble dans tous les acides ; donnant un bleu
tendre par l’addition du pruffite de potaffe ou
alkali phlogiftiqué , du noir avec l’acide de la noix
de galle, un précipité blanc par les alkalis.
Tandis que M. Meyer travailloit à Stetin à re-
connoître les propriétés de cette fubftance fingu-
lière, l’illuftre Bergman, fans avoir aucune con-
noiffance de fes obfervations, fuivoit à Upfal les
vues d’expériences que lui avoit fournies fon ana-
lyfe du fer, & fur-tout la chaux blanche dont il
avoit fait mention ^ de l’analyfe du fe r , &c. exper,.
264, 26S). Il préfenta en effet, le 22 juin 1781 ,
à l’académie d’Upfal, fon mémoire de causa fragi-
1 litatis fer ri frigidi, & m’en écrivit le 12 o&obre