
Acéte barotique , Tel neutre formé cle l’acide
acétèux faturé de la terre barotique ou terre du
fpat pefant. Il y a effervefcence pendant l’union de
çes deux principes , lorfque la terre barotique n’a pas
été précédemment privée de fon gas ou acide méphitique.
Si on pouffe au feu l’évaporation delà liqueur,
elle fe réduit en une efpèce de gomme ou de matière
firupeufe, tranfparente comme de l’eau ; mais
fi on retire alors le vaiffeau de deffus le feu, on
trouve le lendemain un fel blanc, opaque, formant
de petits tas féparés , & comme nageant dans un
peu de liqueur qui s’eft infenfiblement féparée de
la matière gommeufe, car Y acéte barotïque n’eft pas
déliquefcent; on apperçoit fur les parois de la cap-
fule quelques portions de ce fel cryftallifé en très-
petites aiguilles foyeufes ,difpofées régulièrement
autour d’un centre commun, d’où il eftaifé devoir
que ce fel ne paroît refufer la cryftallifation, que
parce qu’il eft difficile de trouver le degré • d’évaporation
qui lui convient. Eft-elle trop rapide ? les
parties liquides & folides refte.nt intèrpofées par
l’effet fubit de.ce rapprochement.. Eft-elle trop lente ?
les élémens cryftallins ne fe forment que fucceffi-
vement & ne peuvent fe grouper. L’excès d’acide
qui accompagne toutes ces diffolutions peut bien
auffi concourir à ces effets , parce qu’étant moins
volatil que l’eau, il exige , ou plus de chaleur, ou
plus de temps pour fe volatilifer. Il fera aifé d’apprécier
cette dernière conjeélure en recryftallifant
Y acéte barotique , déban affé de cet excès d’acide par
une première cryftallifation.
Cet excès d’acide qui fe manifefte par une forte
altération du papier bleu, mérite encore attention ;
il eft certain que la diffolution ne peut être fatu-
rée , même avec le fecours de l’ébullition ; quelle
peut être la caufe de ce phénomène? .On ne l’a
point encore cherchée ; mais il me paroît probable
qu’elle eft dans la foibleffe même de l’acide .& fon
adhérence avec l’eau, comme fi fes forces, occupées
à tenir en diffolution le fel déjà formé, deve-
uoient impuiffantes pour attaquer le furplus de la
terre qui lui eft offert. Ce n’eft plus de l’acide acé-
teux pur , c’eft de l’acide acéteux tenant en difîbr
lution un fel. Ajoutons que lorfque la terre eft unie
au gas méphitique, l’acide a un autre obftacle à
vaincre : c’eft pour cela que l’acide phofphorique
que l’on faturé fi facilement avec l’eau de chaux,
ne forme jamais avec la terre calcaire qu’une diffolution
avec excès d’acide. Il y a lieu de penfer qu’on
fatureroit de même plus aifément l’acide acéteux
en lui préfentant la terre barotique calcinée. On ne
peut difconvenir qu’il fe trouve une différence notable
entre les deux fels que nous rapprochons
fous ce point de théorie, l’un étant très-foluble dans
t’eau JM l’autre absolument infoluble ; mais cette
différence ne change que le degré de l’effet, la caufe
refte la même ; c’eft toujours l’affoibliffement de
l’acide par fon union aéhiellè avec des fels neutres.
h ’acéte barotique a une faveur vinaigrée agréable.
La diffolution de ce fel peut fervir de réaâifaiî
lieu du muriate barotique, & doit être préférée dans
toutes les occafions où la préfence de l’acide muriatique
pourroit'nuire à l’objet qu’on fe propofe.
Je donnerai ailleurs la manière de préparer cette
diffolution avec le fpat pefarjt mis à l’état d’hépar ;
'j’obferverai feulement ici qu’elle m’a donné , par
l’évaporation fpontanée à l’air libre , des cryftaux
nets & tranfparens, en prifmes longs & déliés, groupés
en faifceaux divergens. Acéte calcaire , fel formé de l’acidê acéteux
faturé de calce ou terre calcaire. On lui donnoit
anciennement les noifts de fel de craie, fe l de corail
, fe l d'yeux d’écrevijfes, &c. fuivant qu’il étoit
préparé avec l’une ou l’autre de ces matières,
Crollius eft le premier qui. en ait donné une défi-
cription exaéle.
Le vinaigre diffout les fubftances terreufes calcaires
avec une effervefcence très-marquée, il en
réfulte un fel d’une faveur acéteufe , mêlée de
beaucoup d’amertume. Lorfque la terre calcaire eft
pure, la diffolution eft fans couleur. M. Baume
a obfervé que pendant la faturation du vinaigre,
il s’élevoit une vapeur acide volatile & que la diffolution
nouvellement faite altér.oit encore les
couleurs bleues Végétales : pour expliquer ces
effets, il a foupçonné l’exiftence d’un acide ful-
fureux végétal ; mais on eft àffuré aujourd’hui ,
qu’ils, ne font dus qu’à l’acide méphitique des matières
calcaires , lequel fe dégage pendant l’opéra*
tion, & dont la partie aqueiîie du vinaigre demeure
imprégnée pendant quelques jours, à moins
que le gas n’ait été chaffé par la chaleur de l’ébullition
; il y a d’ailleurs, comme nous l’avons dit à
l’article Acéte barotique , un excès d’acide
acéteux dont on ne peut débarraffer le fel que
par la ciyftallifation.
240 parties du vinaigre de M. Wenzel , ont
diffous 6.9 \ parties d’écailles d’huitre, tenant environ
.36 f de chaux pure, d’où cet auteur conclut
la proportion de compofition de l’acide acéteux
avec le calce : : 240 : 125.
Ces diffolutions calcaires donnent, même par
l’évaporation fpontanée, des cryftaux en aiguilles
foyeufes qui grimpent volontiers fur les parois
des vaiffeaux & forment de belles végétations.
Lorfqu’on pouffe l’évaporation au feu, une partie
du fel eft fous forme pulvérulente. L’acéte calcairo
fe laiffe décoinpofer par le feu fans intermède,
fon acide s’élève en vapeurs blanches très - fpiri-
tueufes, très-inflammables, ayant l’odeur de l’éther
végétal, mais empyreumatiques ; il blanchit avec
l’eau & rougit la teinture de tournefol ; Hartmann
fait mention de ces obfervations dans fes
notes fur laChymie royale \Bafilica chymica) de
Crollius. Quelques Chymiftes furpris de ce que
cette diftillation ne donnoit pas un acide concentré
de même nature que celui qu’on obtient de
l’âcéte de cuivre ou cryftaux de verdet, ont place
ce phénomène au nombre de ceux que l’on ne
pouvoit
pouvoit expliquer, il me paraît.,dépendre dune
feule circonfiance qui étoit aifée a laiiir, c eit que
l’acide adhère ici bien plus fortemçnt a la baie,
il faut dès-lors un feu plus violent pour le détacher
, & ce feu le décompofé en partie ; la même
chofe arrive dans la diffillation de 1 acéte de polaire
ou terre foliée, & peut-être que « on eut
examiné les réfidus de diftillation de -ces fels , on
auroit obtenu une preuve complette de la décom-
pofi.tion d’une portion de l’acide dans l’etat effer-
vefcent de ces réfidus, propriété qu’ils n’auroient
pu acquérir, comme nous 1 avons dit a 1 article Acéte arsenical, qu’en reprenant le gas me-
phitique qui étoit une des parties conftituantes de
, l’acide. Voye^ l’article Acide formicin. »
L'acéte calcaire ne paroît éprouver aucune alteration
à l’air, M. Weigel le croit deliquefcent,
cependant, je conferve depuis plus d un an , une
belle ramification foyeufe de ce fel dans un bocal
Amplement couvert de papier, que j’ai même
laiffé découvert pendant un mois entier, & qui
s’eft maintenu -parfaitement fec. M. Wenzel lui
reconnoît la même propriété. U eft également difficile
de croire avec M. Weigei que l’exces d acide
puiffe rendre ce fel déliquefcent , puifquil fe crif-
tallife par une évaporation fpontanée , & que.
d’ailleurs fon acide feul eft lui-même fufceptible
de s’évaporer à la longue, au lieu d’attirer 1 humidité
de l’air.
Vacéte calcaire eft décompofé par tous les acides
qui ont une & même dans laa vffoinieit éf èpclhues pfoarrt ec eauvxe cq"u fai bqaufoei ,
qdue el ep lduésg faogiebrl eps aqr ulee ul’ra cfiidxeit éa. céteux, font en état Voyeç Calce.
Il eft de même décompofé par toutes les bafes
qui ont plus d’affinité avec fon acide. V^Qy^.
Acide acéteux. .
Lorfqu’on précipite la terre de Vacete calcaire
par un alkàli, il n’y a point d’effervefcence par
ce que le calce reprend l’acide méphitique a me-
fure qu’il fe dégage ; cette terre blanche & très-
rare , comme la plûpart des précipités, a ete anciennement
décorée des beaux noms de magiflere
de corail, de perles, &c. dans la faufle perfiiafion
ou l’on étoit que la terre foluble de ces matières
retenoit quelques-unes de leurs propriétés diftinc-
tives. . _
Il eft indubitable que Y acéte calcaire a^ auffi les
affinités comme compofé , mais elles n’ont point
encore été examinées. Acéte calcaire ( Pharm. ) Toutes les fubftances
calcaires peuvent être employées à laçom-
pofition dé ce fe l, mais celle que l’on combine le
plus fréquemment avec l’acide acéteux eft le corail
rouge. On le. fait diffoudre dans le vinaigre
diftillé, puis après avoir, filtré la diffolution, on la
fait évaporer dans un vaiffeau de verre ou de
grais; lorfque la matière commence à s’épaiffir dn
y ajoute de l’eau diftillée , puis on pouffe l’évaporation
à ficcité. Lorfqu’on ménage le fçu fur là
Çhymie, Tom, I,
fin de l’évaporation, ce fel fe criftallife en filets
foyeux qui fe groupent fous la forme d’éventail.
Il contient au quintal 50 de calce.
On le compte parmi les fudorifiques & les diurétiques.
C’eft à l’acide acéteux qu’il doit'- principalement
fon efficacité. On le fait prendre dans
des véhicules appropriés , à la dofe d’un fcru-
pule & l’on peut la porter jnfqu’à un gros &
demi.
On peut obtenir de Y acéte calcaire en diffolvanfc
toutes les fubftances où le calce domine , par l’acide
acéteux, & tous les acétes qui feront le réful-
tat de l’opération auront les mêmes propriétés.
On peut avec avantage faire extemporané-
ment cette combinaifon, pour conferver dans le
menftrue qui doit lui fervir de véhicule, 1 acide
méphitique dégagé du calce méphitifé. Voyc{ fur
les précautions à prendre dans cette préparation
& fur fon utilité, Acéte de potasse.
Acéte d’argent , fel formé de l’acide acéteux
uni à l’argent ; cette combinaifon ne peut fe faire
que par affinité difpofée, le vinaigre le plus concentré
, même aidé de la chaleur, n’attaque point
l’argent tant qu’il eft pourvu de la quantité de
; phlogiftique qui le met en état de métal ; M. Plu-
vinet rapporte cependant d’apres le témoignage
de Gebaver, que ; fix onces de vinaigre en ont
pris 3 grains \ , mais un fait auffi nouveau doit
être conftaté par plus d’une ©bfervation ; quand
l’argent a été précipité de 1 acide nitreux ^ par un
alkali , il fe diffout très-bien dans le vinaigre ;
MM. Margraff & Monnet ont obfervé que
cette diffolution étoit accompagnée d’effervefcence
, le premier affure qu’elle lui a fourni par
l’évaporàdfcn un fel criftallifé ; M. Monnet au
contraire a jugé qu’elle n etoit pas fufceptible de
fe criftallifer y la concentration rapide , même
avec l’alternative du réfroîdiffement fubit, ne lui
a donné qu’une apparence de gomme vers^ les
bords, & l’évaporation lente n’a produit qu une
pouffière blanche. Mais ces obfervations ne me
paroiffent pas fuffifantes pour infirmer le témoignage
de Mi Margraff, d’autant plus qu’il eft fou-
tenu de celui de MM. Weftendorf & W en ze l,
qui ont vû de même des criftaux minces, oblongs
le former dans cette diffolution ; elles ne peuvent
donc fervir qu’à confirmer ce que nous avons dit
à l’article Acéte barotique , de la difficulté de
rencontrer le point convenable de concentration
de la liqueur pour laiffer enfuite former fpontanc-
ment les criftaux.
La combinaifon de l’acide acéteux avec 1 argent
fe fait encore très-facilement par échange de bafes,
lorfqu’on mêle la diffolution du nitre d’argent
avec la diffolution d un fel acéteux dont la
bafe a plus d’affinité avec l’acide nitreux.
240 parties du vinaigre de M. Wenzel en ont
pris. 3 7 ‘ i de précipité d’argent, qui repondent
fuivant ce chimifte à 29 { d’argent r é e l, doù