
produire fur l’eau de chaux la même altération. Dans
cette vue , j’ai ajouté de la poufîière de charbon dans
le matras où s’opéroit la diffolution du zinc ; j’ai
pris de l’acide muriatique très-foible tiré.par l’argille
qu’on nomme efprit de fel; une autre fois je me fuis
fervi de l’acide qu’on appelle fumant ; j’ai toujours
fortement agité le gas réfidu dans l’eau de chaux,
avant que d’ouvrir les vailTeaux ; j’ai fait pafler en-
fuite. la liqueur dans un tube de verre mince pour
mieux juger la nuance du moindre changement ; tout
cela a été inutile.
Au refte, quand d’autres Chymiftes feroient plus
heureux que moi dans cette vérification, je ne vois
pas quelle grande importance on pourroit donner à
cet accident, M. Prieftley aflùrant de nouveau, dans
le même paffage, que cela n’arrive point avec le gas
hydrogène dégagé par l’acide fulfurique , & avouant
d’ailleurs que cet air fixe trouvé après la combuftion
du gas obtenu du zinc par l’efpnt de fel faifoit à
peine le 40e. du réfidu.
E x p é r i e n c e X X X V I .
Si l’on répète l’opération précédente en mettant
dans le vaiffeau cylindrique de l’infufion de tourne-
fol délayée au degré "qui en rend la plus légère altération
fenfible, ou qu’après l’inflammation du gas on
ajoute dans l’eau quelques gouttes de la même infufioo,
il n’y a aucun changement de couleur , pourvu que le
gas foit exempt d’acide étranger ; il n’y en a point
même en doublant les-dofes, c’eft-à-dire en portant
dans l’inftrument 2 ,66 pouces cubes de gas 8c
ç , 3 T d’air commun. Si l’on brûle une quantité beaucoup
plus confidérable de ce mélange, alors l’infufion
bleue tourne manifeftement au rouge. Nous
indiquerons bientôt la nature & l’origine de l’acide
qui produit cette altération ; c’eft allez pour le pré-
lent de favoir que fa quantité eft encore inappréciable
quand le poids du mélange aériforme qui a
difparu peut déjà être facilement déterminé.
E x p é r i e n c e X X X V I I .
La figure 41 dés appareils pour les gas repréfente
l’iriArument connu fous le nom de pijlolet de-M. Volta.
Il eft compofé d’un vaiffeau de métal A B C , percé
au fond pour recevoir une vis dans laquelle paffe
l’excitateur éleélrique. Cet excitateur eft formé d’un
tube de verre D E maftiqué au centre de la vis &
d’un fil de métal F G également fcellé dans le tube;
ce fil métallique terminé en dehors par une'boule,
eft courbé dans l'intérieur en crochet. Cette boule
eft recouverte par une virole de cuivre qui fert à
Ijt défendre des chocs & de l’humidité pendant que
l’on charge l’inftrumént.
Pour cela on le remplit entièrement de mélange
d’un tiers de gas hydrogène & de deux tiers d’air
commun; cela fait, 8c tandis que fon orifice A eft
encore plongé dans la cuve, on y enfonce très-
fortement un bouchon de liège ; on approche de la
boule de l’excitateur une bouteille de Leyde chargée
, 8c le gas hydrogène s’enflamme fubitement avec
une explofion qui lance le bouchon à plufieurs pieds
d’élévation.
On a donné à cet infiniment différentes formes,
comme d’un petit canon , d’un vrai piftolet, dans lequel
on met réellement une balle, &c. mais tout
cela n’ajoute rien à l’expérience dont l’objet fe borne
toujours, pour le Phyficien, à démontrer la force
explofive de ce mélange aériforme.
E x p é r i e n c e X X X V I I I .
Jufqu’ici tout combuftible nous a donné , dans
l’aéle de la combuftion, un produit d’une nature
particulière , il devenoit donc bien important de déterminer
quel pouvoit être celui de la combuftion
du gas hydrogène : on a fenti que, pour y parvenir,
il étoit indifpenfable, i°. d’accumuler ces produits
ou d’opérer fur des quantités un peu confidé-
rables, a°. de les recueillir dans des vaiffeaux où
ils n’euffent le contaél d’aucune matière capable de
les fouftraire aux recherches de l’Qbfervateur. On
a imaginé pour cela diverfes machines de compref-
fion ; l’une des plus Amples eft celle de M. Monge;
elle eft , comme les autres , deftinée principalement
à opérer avec l’air vital, c’eft-à-dire. avec cètte feule
portion de l’air commun qui fert à la combuftion ,
féparée d’avance de cette autre portion dont la pré»
fence ne pourroit qu’embarraffer ; mais comme rien
n’empêche d’y brûler aufli le gas hydrogène avec
l’air athmofphérique, je m’en fervirai ici pour don-;
ner une première idée de cette grande opération.
A B C D (fig. 42 des appareils pour. les gas ) repréfente
la coupe d’une caiffe hydropneumatique,
remplie d’eau à la hauteur de la ligne EF. On établit
dans cette caiffe les deux grands récipiens G ,H ,
deftinés à fervir de réfervoirs , l’un-à l’air, l’autre
au gas hydrogène ; chacun de ces récipiens porte
une règle fur laquelle font tracées dés divifions cor-
refpondanres à une pinte d’eau , mefure de Paris (1).
Des tuyaux de métal fixés à la partie fupérieure de
ces rédpiens étabîiffçnt entre eux & le .ballon M
une communication que l’on interrompt à volonté
en fermant les robinçts I K. Un- troifième tuyau de
métal, portant aufli robinet en L établit une antre
(1) Pour tracer ces divifions , M. Monge fe fert d'un matras qui tient exa&ement ce.tte mefure, il en fait paffer Pair
fous un de ces récipiens , le robinet étant fermé ; il marque fur la règle la hautèur à laquelle l’eaù eft abaiffée , & il
répète cette opération jufqu’à ce que le récipient foit entièrement vuide d’eau. Il a , de cette manière , des divifions
qui indiquent des mafles égales d’air fous des volumes inégaux ; ce qui a l’avantage de difpenfer des opérations de réduction
à une même preflSon : mais il faut, pour cela, entretenir conftamment l’eau de la cuve au même niveau. Mém•
de l’Acid, roy, des Sciences , ann, 178? , pag, 80,
communication
A I R .
eomnjunîcatîon de l’intérieur du ballon avec ufie
pompe pneumatique dont la platine eft fuppofée en
0. Enfin ce ballon eft appareillé d’un excitateur élec- I
trique conftruit fur le même principe que ceux que
j’ai précédemment décrits ; M. Monge le fit exécuter
en argent, parce qu’une première expérience lui
avoit appris que le cuivre fe calcinoit par la chaleur
des inflammations.
Lorfqu’on veut faire ufage de cet appareil, on
commence par éprouver la fidélité des luts 8c des
robinets, en tenant pendant quelque temps l’eau fuf-
pendue dans les récipiens ; lorfqu’on s’eft affuré qu’ils
ne donnent point accès à l’a ir , on ouvre les robinets.
L & K , puis en faifant jouer la pompe pneumatique
, on élève l’eau dans le récipient H jufqu’à
ce qu’elle entre fous la virole de métal qui le termine
, & on ferme le robinet avant qu’elle atteigne
à la hauteur de la clef. On achève de remplir d’eau
l’efpace qui refte, en afpirant l’air par le tube de verre
P Q R , dont on élève l’extrémité P jufqu’à la clef
du robinet : le bout extérieur de ce tube eft garni
d’une foupape de veflie. Cela fait, on introduit dans
ce récipient à la manière ordinaire l’air qui doit
fervir à l’opération.
Le récipient G étant rempli de gas hydrogène par
le même procédé, on ouvre le robinet K pour faire
entrer dans le ballon un volume déterminé de l’air
du récipient H ; ce qui eft facile en fuivant l’élévation
de la furface de l’eau fur l’échelle graduée 8c
fermant le robinet à l’inftant précis où elle eft au
niveau de la divifion. Ouvrant après cela, le robinet
1 , on laiffe entrer du gas hydrogène jufqu’à refus
dans le ballon ; 8c tous les robinets étant fermés, on
tire l ’étincelle.
M. Monge détermine pour l’air vital le volume à
Introduire à chaque fois au douzième de la capacité
du ballon; on verra dans la fuite qu’il peut être plus
confidérable pour l’air athmofphérique, & qu’il faut
au moins trois parties de celui - ci pour produire le
même effet ou pour fuffire à la combuftion d’une
égale quantité de gas hydrogène ; cela dépend de
la grandeur du ballon , ce on doit avoir l’attention
de combiner ces quantités avec la réfiftance dont il
eft capable pour ne pas s’expofer à en recevoir des
éclats. On ne trouve pas dans le Mémoire de M.
Monge la mefure précife de celui qu’il a employé ;
mais puifque 7 4 pintes d’air ont fourni fuivant fa
méthode à 372 explofions , on peut conclure qu'il
contenoit à peu près 116 pouces cubes.
Après la première explofion, on laiffe paffer dans
le ballon un volume d’air du récipient H pareil au
premier, 8c on tire de nouveau l’étincelle ; on continue
delà même manière, tant qu’elle produit inflammation.
Quand le mélange ne s’enflamme plus ( c e q u ia
lieu beaucoup plutôt avec l’air commun , parce que
le ballon fe trouve rempli de cette portion fur laquelle
les combuftibles n’ont point d aélion ) , on le
Vuide par la-pompe pneumatique; & pour ne rien
perdre des produits;, le gas que l’on en retire eft
recueilli dans un appareil adapté à la pompe.
Chymie. Tome ƒ,
A I R 721
En multipliant aïnfi à volonté les’ explofions, on
parvient à mettre les phénomènes dans un tel degré
d’évidence qu’il n’eft plus poftible de les méconnoî-
tre. Ces phénomènes font d’abord ceux que nous
avons obfervés en opérant dans l’eudiomètre de M.
Volta , c’eft-à-dire lumière inftantanée 6c chaleur fi
confidérable qu’on eft obligé de mettre quelque intervalle
entre les explofions 8c de refroidir le ballon
avec des linges mouillés pour empêcher les luts de
fe ramollir. Mais le phénomène important, qui juf-
ques - là avoit été mafqué par les circonftances de
l’expérience, c’eft l’eau que l’on apperçoit dans le
ballon où l’on n’a introduit que l’air 6c le gas; qui
dès le premier refroidiffement fe condenfe vifible-
ment fur fes parois, qui fe remet en vapeurs par
la chaleur qu’occafionne une nouvelle explofion ,
qui s’accroît à chaque inflammation partielle, 6c qui
à la fin repréfente à très-peu près le poids de l’air
6c du gas dont le volume a difparu.
Cette eau ne blanchit pas l’eau de chaux ; l’infufion
de tournefol y décèle la préfence d’une portion
d’acide, mais fi foible qu’elle ne peut être prife pour
le produit des matières confommées, 6c j’ai déjà annoncé
que l’on étoit maintenant en état d’en indiquer
l’origine.
E x p é r i e n c e X X X I X .
On fait que l’air 8c les gas fe faturent d’eau lorfi*
qu’on les recueille.ou qu’on les rranfvafe fur ce fluide*
6c comme dans l’expérience précédente , ainfi que
dans toutes celles exécutées en grand dans les mêmes
vues, ils fe trouvent toujours, dans cette condition ,
on pouvoit imaginer que l’eau condenfée dans le
ballon n’étoit que l’eau qu’ils y avo:ent portée 6c qui
en étoit Amplement féparée dans l’aéle de la combuftion.
Quoique cette fuppofition ne puiffe fou-
tenir la comparaifon de la fournie dis ingrédiens avec
celle des produits, j’ai penfé qu’u ne feroit pas inutile
de l’apprécier directement, 6c pour cela j’ai opéré;
de la manière fuivante.
J’ai fait exécuter un inftrument tout femblable à
l’eudiomètre de M. Volta ( Voye^ expér. X X X IV ) ±
à l’exception què toutes les garnitures font en fer %
même l’excitateur éie&rique par lequel il eft terminé
dans le haut, le tube 6c le baflin devenant inutiles
à mon objet.
J’ai rempli de mercure bien fee le cylindre de
v erre, j’y ai fait paffer fucceflivement, au moyen
du globe de compreflion, to pouces cubes d’air athmofphérique
8c 5 dé gas hydrogène. Alors j’ai introduit
dans le mélange à rravers le mercure une
plaque de fer battu, roulée en portion de cylindre ,
fur laquelle j’avois fixé de la potaffe, en la faifant
rougir au feu ; 6c j’ai laifle le tout en cet état pendant
trois jours, l’orifice de l’eudiomèrre étant entièrement
plongé dans la cuve à mercure.
Le quatrième jour j’ai retiré la plaque de tô e au
moyen- d’un fil qui y étoit attaché ; j’ai porté dans
le gas, avec un fil de fer très-flexible ; une lame de
Y y y y