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tenir; mais on y fuppléera par les^ petits morceaux
de terre cuite, figure 6 ( voye^ Vexplication). On
pourroit y employer des morceaux de fer de la même
forme ; mais s’ils n’étoient pas recouverts d’un
lit de terre, ils feraient brûlés en peu de temps.
Les pièces de liquation ne pourraient pas etre
portées dans le fourneau à bras d’hommes, fur-tout
celles du milieu, & lorfque le fourneau a été échauffé
par une précédente opération ; mais deux hommes
y parviendront aifément & feront l’arrangement des
1 5 pièces d’une fournée en moins d’une demi-heure,
en fe fervànt d’une forte tenaille tres-longue & fuf-
pendue à peu-près au quart de fa longueur, a partir
de l’extrémité qui faiiira les pièces , par une chaîne
de fer fixée à une pièce de bois perpendiculairement
une dixaine de pieds au deffus de l’embouchure du
fourneau. Comme l’on fait entrer ces pièces de liquation
par les deux bouts du fourneau , il faut deux
pareilles chaînes; mais une feule tenaille eft fuffi-
fante , car après avoir fervi a un bout, on peut la
fortir de l’étrier , dans lequel elle eft paflee, & la
palier dans l’étrier delà chaîne du bout oppofé. Je
crois que cela eft fuffifammènt entendu ; d’ailleurs
on peut voir , fur la planche 4^de Schlutter , une
tenaille à peu près femblable à celle que je propofe,
fufpendue à une chaîne & tenant une pièce de liquation
; mais pour empêcher que les pièces n’échappent
à la tenaille , irfèra bon que l’une de fes branches
foit recourbée à angle droit, d’environ un pouce,
& que cette efpèce de tenon entre dans le trou que
lailïe dans la pièce le crochet de fer qui fort à la
fortir du moule , ainft qu’il *eft dit chap. I.
Lorfque les quinze pains de liquation feront arrangés
dans le fourneau de la manière que je viens dè
le dire , on defcendra aux embouchures du fourneau
les deux portes dont .une eft repréfontée par la figure
5 , on les lutera*tout autour avec de l’argille.
S e c o n d e S e c t i o n .
De la F.onte dite de Liquation»
Les difpofitions détaillées dans la première fe&ion
étant faites, on procédera à la liquation du plomb
& de l ’argent contenu dans les quinze pains renfermés
dans le fourneau. On aura dubois prépîré à
cet effet en bûches refendues ou en rondins , d’un
jufqu’à trois pouces de groffeur, & dont la longueur
fora de dix-huit pouces, qui eft celle de la chauffe;
quelques pouces de plus ou de moins n’y feront
rien, parce que celles qui feront plus longues por-
eront fur les côtés de la chauffe, & elles brûleront
aufli bien que les courtes qui entreront dans fon intérieur;
On remplira la chauffe de bois jufqu’à la hauteur
de l’arceau du devant du fourneau, & on y mettra
le feu. La colonne d’air extérieure contraindra la
flamme à parcourir tout le deffous des arceaux le
long de la voie, & à paffer par les trais ouvertures
ménagées entre ces arceaux , d’où elle envelop-
A F F pera toutes les pièces de liquation, & aura fon iffiie
ainfi que la fumée, par les trois petites cheminées
ou tuyaux afpiratoires ménagés dans la voûte du fourneau
& de fuite dans la grande cheminée. A me-
fiire que le bois fo confumera & qu’il baiffera dans
la chauffe, on y en fubftituera quelques morceaux
qui fo placeront deffus.
Dans la première opération où te fourneau eft encore
froid, on peut fans crainte entretenir la chauffe
pleine de bois, fur-tout dans le commencement;
mais dans celles qui fuivront, il faudra faire peu de
feu dans le commencement de l’opération, fans quoi
le plomb , en coulant trop abondamment, pourroit
entraîner du cuivre ; mais on pourra augmenter peu
à peu la chaleur, lorfqu’environ la moitié du plomb
fera fortie des pièces. *
Il eft indifpenfàble, dans une première opération,
de chauffer avec une dixaine de livrés de charbon
le baffin de réception & fa voie qui traverfe le mur
du fourneàu ; le fol de la grande voie n’a pas be-
foin de chauffage préliminaire, la flamme l’aura fuf-
filàmment échauffée avant que le plomb y tombe ;
car je penfo que dans cette première Opération le
plomb ne commencera à couler qu’au bout d’environ
une heure à compter du moment qu’on aura mis le
feu dans la chauffe, ainfi le fol de la grande voie
aura le temps de s’échauffer.
A mefure que le plomb fortira des pièces, il tombera
fur le fol de la grande voie de la flamme & fe
rendra à l’inftant dans le baffin de réception par la
voie ménagée dans l’épaiffeur du mur-, d’où on, le
puifera avec une cuillier de fer; on le portera dans
des lingotières, & on en prendra pour les effais, le
tout ainfi qu’il eft détaillé chap. II.
Lorfqu’onappercevra quelques craffes dans la grande
voie qui pourraient empêcher un peu de plomb de
couler dans le baffin de réception, & qui le mettraient
par-là dans le cas d’être calciné, on nettoiera cette
voie par la petite porte cotée 12 de la figure 3 ,-en
y introduifant un petit rouable de fer avec lequel
on retirera ces craffes ; on aura foin de refermer
aufli-tôt cette porte.*Ces craffes que nous .'avons
nommées ailleurs déchets de liquation , ne feront pas
mêlées avec celles qui viendront pendant le reffuage
qui fuit immédiatement la liquation.
On regardera de temps en temps par la petite
ouverture cotée 5 dans la porte, afin de voir ce
qui fe paffe dans le fourneau , fi la chaleur y paraît
| égale dans toutes fes parties, & fi l’affaiffement des
pièces eft uniforme dans les trois rangées ; fi l’une
des extrémités s’affaiffoit plus vite que les autres,
ce ferait une preuve que la flamme s’y porterait plus
qu’à l’autre bout, alors on y remédierait en avançant
la brique fervant de regiftre à la petite cheminée qui
eft de ce côté ; cette brique eft cotée 8 dans la figure
4. En fàifant entrer cette brique, elle interceptera
une partie, ou même, s’il eft néceffaire , la'totalité
du paffage de la flamme, qui alors prendra fon cours
par les deux autres cheminées ou tuyaux afpiratoires,
& qui, par fon' courant, augmentera la chaleur
des
A FF des rangées de pièces qui en avoient befom ^ & fe
ralentira du côté de la rangée qui paroiffoit• saffaif-
fer trop promptement. Rien n eft fi aife , il ne faut
au’un peu d’attention de la part du Fondeur. _
4 Si fo bois que l’on emploie eft de bonne qualité,
bien foc & en petits morceauxNminces, la flamme,
dans cette circonftance, porte une chaleur tres-vive
dans le fourneau, qui pourroit, en peu de temps ,
faire fondre le cuivre .avec le plomb : en pareil
cas il ne faut mettre dans la chauffe que trois ou
•quaîre des bûches les plus groffes, & de maniéré
que la chauffe n’en foit pas remplie ; alors il paflera
un grand courant d’air avec peu de flamme, ce qui
rafraîchira le fourneau , & dans un inftant 1 écoulement
trop abondant des métaux en fufion diminuera.
On pourra encore diminuer la chaleur en interceptant
, en tout ou partie, les ouvertures des trois
petites cheminées par le moyen des briques dont
j’ai parlé, & en ouvrant la petite porte cotée 19
dans la figure 4 ; car alors la colonne d air extérieur
qui entrera par cette porte, rafraîchira aufli le fourneau
& contre-balancera celle qui entre inceffamment
A F F }2r
qu’il eft poflible , ainfi que des matières étrangères
au cuivre. x
Après que -le plomb aura ceffé de couler fous fa
forme métallique, on continuera le feii dans la chauffe,
on pourra même augmenter le degré de chaleur jufqu’à
un certain point, èn mettant du bois; plus menu
& en plus grande, quantité dans la chauffe, cependant
d’abord avec précaution , & on l’augmentera par
degrés; 011 verra bientôt couler l’efgècq de fcories
dont nous avons parlé en traitant du reffuage ordinaire
, avec quelques gouttes de plomb dont on
pourra ici profiter. Il faudra de temps en temps retirer
ces fcories par la porte cotée 1 2 , dans la figure
3, & aufli-tôt refermer cette porte ; car, comme
je l’ai dit ailleurs , fi on laiffoit ces fcories longtemps
fur le fol de la voie, les métaux qu’elles contiennent
fo brûleraient & deviendraient irréduélibles.
Lorfque ces fcories, q u i, dans le commencement,
font noirâtres & fpongieufes, deviendront rougeâtre*
& compares , on fera affuré que l’opération touchera
•à fa fin, & elle fera achevée lorfque ces fcories refroidies
feront très-rouges & UCdU W. tUllUC-uaiauvvio vvuv ------------------------------ , , ~ ,, ^ , très-com. pactes, •c e, qui i
par la chauffe, & empêchera celle-ci de porter la annonce la prefence dune plus grande quantité çle
flamm_e; a_v_e"c autant de rapidité wverrcs- r1 ;inn*t£éir4ifeiunrr dduu cuivre qui entre dans cette matière vitrinee. Lei t
fourneau, ce qui le refroidira. C ar , dans tous les/our-
neaux , & notamment dans ceux à réverbère , la
chaleur eft toujours en raifon de la rapidité de la
flamme, & celle-ci proportionnelle à la vîteffe du
courant qui l’entraîne dans l’intérieur du Fourneau.
Si on vouloit avoir, par le moyen de la flamme,
une chaleur très-confidérable, par exemple, dans le
fourneau de la planche 4 , il faudrait donner beaucoup
plus de hauteur au grand tuyau afpiratoire :,
c’eft-à-dire à la cheminée ; mais cette grande , chaleur
forait préjudiciable dans les procédés dont il
s’agit ic i, & le fpurneau confommeroit beaucoup
plus de matières combuftibles que ces procédés n’en
exigent. Car cette confommation eft aufli en raifon
du courant d’air'; o r , ce courant eft d’autant plus
grand, que l’orifice fupérieur de la cheminée eft
plus élevé au deffus de la chauffe. M. le Comte de
Buffon a fait l’application_ de toute cette théorie dans
fes forges, où il a fondu de la mine de fer avec un
feu de charbon par un courant d’air fans le fecours
de' foufflets ni de trompes ; mais revenons à l'opération
de la liquation qui fait le fujet de cette Seélion.
Lorfque les quinze pièces.de liquation paraîtront
bien affaiffées , & qu’il n’en dégouttera plus , ou que
très-peu de plomb, on procédera à l’opération du
reffuage .ou torréfa&ion de ces pièces de la manière
indiquée dans la Seélion fuivante.
T r o i s i è m e * S e c t i o n *
Du Reffuage;,
Le reffuage , dans le fourneau que je prapofe,
doit fuivre immédiatement la liquation ; on a vu
dans le chapitre I I I , que le but de cette opération
.eft d’extraire des pièces liquéfiées autant de plomb
Chymie, Tome ƒ,
alors qu’on ceffer'a de faire du feu dans la chauffe,
& aufli-tôt on enlevera les deux portes qui bouchent
les extrémités du fourneau au moyen des deux petits
treuils. On ouvrira aufli la petite porte par laquelle
on tire les craffes , 011 fortira toutes les braifes
de la chauffe, afin que la chaleur n’incommode pas
les Ouvriers. Durant les ’ opérations de la liquation
& du reffuage, on doit de temps en temps fortir
les braifes par la petite ouverture pratiquée dans le
bas de la chauffe , ce qui s’exécutera environ toutes
les heures ; une trop grande quantité de braifes ralentit
beaucoup la chaleur , en s’oppofant au courant
de la flamme. Je l’ai éprouvé bien des fois dans mes
fourneaux à. convertir l e fer en acier ; au refte,
quand on n’a pas befoin de beaucoup de chaleur ,
c’eft un moyen de la diminuer.
Toutes les portes du fourneau étant ouvertes, les
Fondeurs en lortiront les pièces de cuivre reflùées,
avec la même tenaille qui aura fervi à. les y faire
entrer, ou ils les feront tomber hors du fourneau avec
des crochets de fer ; car on ne craint pas, dans cette
circonftance, de les brifer, puifqu’efles n’ont plus
que le raffinage à fubir ; mais de même qu’après le
reffuage ordinaire-, 011 aura foin de jeter ces pièces
encore toutes rouges dans l’eau, afin d’en pouvoir
détacher les écailles vitrifiées , ainfi que je l’ai détaillé
en parlant du reffuage ordinaire, chap. I IL
Aufli-tôt que toutes les pièces feront forties du
fourneau, on y en fubftituera quinze autres de la
même manière, on refermera toutes les portes &
on recommencera le feu dans la chauffe, en obfei-
vant qu’il foit foible durant la première heure, attendu,
que le fourneau eft chaud, & qu’il ne lui faut pas
beaucoup de chaleur de plus pour faire couler 1©
plomb aufli vite qu’il doit fortir des pièces, fans
entraîner de cuivre avec lui. Le furplus de l’opêray
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