
méphitiquej & même fuivant le doâeur Prie/lley,'
dans l’air infe&è par les effluves putrides ; mais ils
convertiffent l’air vital en acide méphitique comme
Jes animaux à.poumon. C ’eft un fait fur lequel
MM. Schéele & Bergman font d’accord avec tous
les phyficierls : ainfi dans notre théorie cette fonction
efl uniforme pour tous les animaux ; elle a
le même objet pour tous d’entretenir la vie , en
portant dans le fang ce qui lui eft litile , 'en lui
enlevant ce qui lui eft nuifible ; il eft donc nécef-
faire que l’opération chymique , ou .par affinité,
s’exécute de même , quoique par des organes di-
verfement placés , diverfement configurés ; l’ouie
des poiffons , & les ffigmates nombreux cfe la
mouche & du ver ne feront réellement que des
îhftrumens appropriés à recevoir d’air Vital., à le
mettre en contaél prefque immédiat avec le fang ,
comme dans les poumons. Cette belle uniformité
de deffein conciliée avec la variété des formes ,
n’eft pas un foible argument aux yeux du philosophe
accoutumé à fuivre la marche de la nature.
Nous avons vu que le fang , même après avoir
été tire du corps animal, avoit une aéïion marquée
Sur lair : j’ajouterai ici quelques obfervations importantes
pour déterminer l’effet de cette aéfion ,
& en établir l’identite dans la refpiration de tous
les animaux dont le fang eft de la même couleur.
Le fang examiné dans un verre paroît ronge à
Sa Surface & noir à fa partie inférieure ; on a cru
d'abord que les particules noires Se dépofoient à
caufe de leur plus grande pefanteur, M. Cigna a
éprouvé que les 'couches inférieures paffoient 'du
noir au rouge, lorfqu’on les expofoit à l’air. Le
célébré académicien de Turin b couvert du fang
avec de l’huile, & il eft refté noir dans toute fa
maffe. ( C ’eft ainfi fans doute que l’on fait périr
Sur le champ un infeâe, en bouchant Ses ftigmates
avec un peu d’huile. )
M. Beccaria a mis du fang dans le vuide, il
y efl refié noir ; expofé de nouveau à l’a ir , il efl redevenu
rouge.
M. Hewfon d it, dans fés Recherches expèrijMen-
1 aies fur les propriétés du fang, qu’une diffolution de
iiitre le fait paffer du noir au plus beau rouge ; il
compare cette aâion a celle de l’air fur le fang hors
du corps ; & ne pouvant encore foupçonner la vraie
maniéré d agir de ce fluide , il préfume cependant
que le changement remarquable dans la couleur du
fang veineux & artériel, s’opère ainfi dans les poumons
, parce qu’il efl certain que toute la mafle du
Sang y arrive fucceflivement, parce qu’il a obfervé
que le Sang étoit d’un rouge plus vermeil dans
l ’oreillette gauche du coeur que dans l’oreillette
droite.
M. Fontana a ouvert des grenouilles après les
avoir fait périr dans la mofette artificielle i & il a
trouvé le fang brunâtre & raffemblé dans les oreillettes.
Le célébré Prieftley nous fournit encore ici des i
expériences bien décifives;il a fàil paffer fuccef-
fivement le fang d’un mouton dans l’air v ital, dans
l’air commun, dans l’air nuifible, dans l'acide méphitique
, dans le gas inflammable & dans le gas
nitreux ; il a trouvé cbnftamment que les parties
les plus noires prenoient une couleur rouge dans
l’air refpirable, que cette couleur étoit plus, vermeille
’dans l’air v ita l, & que le mcfnefang devenait
alternativement noir ■ & rouge en pajfant de l ’air phlo-
gijiique dai:s\ Vair dép'hlogijliqué , & réciproquement.
Ainfi les obfervations phyfiques, anatomiques
& chymiques concourent à établir l’identité de
fonéfion de l’air dans tous les animaux qui refpi-
rent, & il ne peut plus y avoir de doute que Xacidé
méphitique ne fe forme continuellement, par com-
pofition, de l’air vital refpiré.
On ne doit plus être étonné maintenant que les
animaux plongés dans le gas acide méphitique pé-
riffent fur le champ, il fuffit pour cela qu’il ne
puiffe fervir à la refpiration, qu’il ne foit pas de
l’air •, ou du moins qu’il n’en contienne plus dans
l’état de liberté qui le confiitue air refpirable.
Cependant on pourroit en dire autant de l’air nuifible
& du gas inflammable qui font suffi périr les
animaux, & M. Fontana croit devoir mettre en-
tt’èux une grande différence. Suivant ce grand
phyficien, ces gas phlogiftiques font par eux-mêmes
innocens, au lieu que Yacide méphitique tut comme
un fluide mal-faifant, comme unpoifon capable d’altérer
l’économie animale, quoiqu’il foit uni à beaucoup
d’air commun , meme d’air vital , & que le phlo-
gijiique du poumon puiffe fe dégager librement..
Je ne fërois pas éloigné d’admettre que la combi-
nàifon iphlogiflique qui confiitue T'acide méphitique
eût réellement quelque propriété particulière qui
le rendît plus dangereux à refpirer, par exemple,
en s’oppofant davantage à la fecrétion de ce fluide
excrémentitiel de même nature , que nous avons
vu qui accompagnoit l’expiration , & furebargeant
ainfi le fang d’une matière dont il cherche à fe
débarraffer. Mais la principale caufe de mort me
paroît toujours la eeffation d’une fonéUon abfplu-
ment néceffaire à la vie , du moins jufqu’à ce qu’il
foit bien prouvé qu’une petite quantité de gas méphitique
introduit dans le poumon avec affez d’air vital
pour fournir à la refpiration, produit néanmoins
des effets délétères. Or il y a grand nombre de
faits contraires à cette affertion : M. le comte de
Morozzo a vu un moineau vivre trente-nuit minutes
dans un mélange à parties égales d’acide méphitique
& d’air vital ; un autre a vécu treize minutes
dans uii mélange de deux parties d’acide
méphitique & d’une partie d’air vital ; un troifième
a vécu 4 - minutes, le mélange étant aux | d’acide
méphitique ; un quatrième a vécu encore i \ minute,
le mélange étant à | ; tandis qu’un oifeau de même
efpéce expira en-* minute dans Vacide méphitique
pur. ( Joum. phyj. tom. XXV . pag. tz8. ) Les afphy-
aies feroient bien autrement fréquentes dans les
affemblées nombreufes , fi Y acide méphitique mêlé
à l’air refpirable exerçoit fon aftion malfaifante,
comme tout autre poifon mêlé aux alimens.Au
mois d’oâtobre 1783 , je me trouvai au fond d’une
mine où le mépliitifme étoit au point, que trois
lumières s’éteignirent à la fois dans mes mains,
& je n’éprouvai qu’une refpiration un peu. plus,
difficile.
On a encore fort agité la queffion de Savoir f i
les aÆiaux plongés dans le gas acide méphitique
meurent par excès ou par defaut dlirritabilité du cæut,
La dernière opinion me paroît fondée fur un fait
bien décifif, qui efl que l’éle&ricité reconnue comme
le plus grand irritant, puifqu’elle continue à produire
des mouvemens dans les parties animales
trois jours après que tous les autres ftimulans font
Sans effet, fe trouve être aufli le meilleur anti-
afphyxique. ( Notes furies opufeules de M. Bergman
, tom. 1, pag. 7f. ) L’illufle chymifte d’Upfal
affure pofitivement qu ayant tiré le coeur d’un animal
mort dans Y acide méphitique avantqu’il fut ré-
froidi, il n’avoit pu y exciter aucun mouvement,
même par l’acide vitriolique concentré. Cette opinion
efl aufii celle du célèbre Fontana ; il efl vrai
qu’elle a été combattue par M. Tiffot, fur le fondement
qu’il n’y avoit point de voie par laquelle
l’aêlion des gas nuifibles pût fe porter directement
fur le coeur, & fur ce que Y acide méphitique, appliqué
en lavement fur les fibres mufculaires des
inteftins , excitoit leur irritabilité au lieu de la détruire.
Mais M. Fontana a répondu à ce favant
médecin, i ° . qu’il y avoit une communication immédiate
entre le poumon & l’air refpiré , & que
le poumon recevant le fang du coeur, & le reportant
au coeur même, il n’y avoit point de. rai-
Son de. regarder comme impoflible la communication
ou plutôt l’aâion du gas méphitique fur le
coeur; zQ. que rien n’étoit plus commun en médecine
que de trouver des fubftances qui appliquées
fur certaines parties de l’animal, étoient capables
de le guérir, au lieu qu’elles lui occafionnôient des
maladies & même la mort, fi on lés appliquoit
fur d’autres parties ; 3Q. qu’il étoit bien certain que
l’éle&ricité donnoit la mort en ôtant l’irritabilité au
coeur & à la fibre charnue, & néanmoins que cette
même éle&ricité rendoit la v ie , en excitant l’irritabilité
aux mêmes animaux dans lefquelles elle
l’avoit détruite auparavant ; 40. enfin que Yqçidë
méphitique introduit dans les inteffins agiffoit bien
différemment que lorfqu’il étoit refpiré, que dans
le premier cas fon aClion étoit immédiate, que dans
le fécond il avoit befoin du fang pour porter fon
énergie au coeùr, qu’ainfi fes effets poüvoient bien
être différens dans ces deux circonfiances. ( Traité
fur le venin de la vipère , des poifons, &c. tom. 1 ,
pag. 7y & fuiv. ) Je ne diffimulerai pas cependant
que plufieurs favans foutiennent la thèfe contraire.
M. le comte Morozzo a publié, en dernier lieu,
des expérieuces faites en préfence de M. le doctëur
Cigna, defquelles il réfuîte que dans les animaux
afphyxiés le coeur donne, plufieurs heures
après leur m o r td e s marques de mouvement &
d’irritabilité. Ç J o u r n .p h y f . tom . 2.5, p a g . 112. ) J’ob-
ferve néanmoins que l’académicien de Turin ne dit
pas qu’aucun de ces animaux eût été plongé dans
le gas a c id e m é p h i t iq u e , mais feulement dans 1 air
vicié par la mort d’un autre animal.
Je n’en dirai pas davantage fur cette queffion ;
qui eft bien plus dureffort des phyfiologiftes; il fuffit
ici d’indiquer les différens fyftêmes qui ont quelque
trait aux propriétés de Y a c id e méphitique : la
néceffité de ce plan nous a déjà entraînes dans une
affez longue difeuffion fur la refpiration, comme
caufe produéhice organique de cet acide. On pourroit
demander encore fi pendant cette fonâion animale
l’air fe charge de quelques exhalaifons , fi cet
j air Sert à entretenir ou à modérer la chaleur,&
comment il remplit l’un ou l’autre objet : mais cet
i examen, appartient plus particulièrement aux arti-
• clés Air vital , Calorifique , Phlogistique.
1 Voy e% c e s m o t s . Je me bornerai a ajouter un court
j éclairciffement, fur ce que j’ai dit de la refpiration,
! desinfeaes , afin qu’on ne me foupçonne pas d’avoir
cherché à généralifer le fyftême de cette fonction,
diffimulant ce qui pouvoit y être contraire^
J’ai remarqué que les infeaes réfiftoient davantage
au gas a c id e m ép h itiq u e & meme dans lair
vicié par la putréfaaion ; il n’y auroit rien d é-
tonnant fi ces animaux, comme le penfent quelques
auteurs, avoient réellement la faculté de vivre
un certain temps fans refpirer ; mais une obferva-
tion plus récente de MM. Fontana & Jngenhoufz,
fernble nous préparer une autre explication de ce
phénomène. Ces deux célèbres phyficiens s accordent
à regarder comme des animaux ces pçtits
corps, organiques verds qui fe trouvent dans 1 eau
& qui donnent de l’air vital lorfqu ils font expo-
fés au foleil. Suivant M. Fontana, ce n eft pas feulement
la tr em e lla , ce font encore d autres efpeces
dont la nature animale eft bien moins équivoque.
Le doéleur Jngenhoufz a découvert les mêmes in«
fe&es dans le fédiment muqueux que M. Prieftley
avoit mis au rang des végétaux , & claffe Pari*û
les conferves. ( J o u m . p h y f tom . 23 , p a g • 1?2 >
tom . 27, p a g . q & f u i v . ) S’il eft vrai que ces ani-
1 maux produifent en quantité de l’air pur , comme
les plantes & dans les mêmes conditions, il fera
très-probable auffi qu’ils doivent fe trouver comme
les végétaux, plus à leur aife; dans 1 air nuifible
que dans l’air fain. Une exception aufli marquée à
la loi générale, qui tombe précifément fur des
êtres microfeopiques, dont on ne peut confequem-
ment connoître affez la {Impure organique intérieure
pour effayer de la concilier avec un ^phénomène
aufli étrange, exige fans doute que Ion ful-
pende encore fon jugement ; mais dans une matière
où nous n’avons que les faks pour bouffole ,
je n’ai pas cru devoir en omettre un de cette importance
, annoncé par deux obfervateurs qui ont