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ce même objet, de deux parties d’afgîlle 8c d’une
feule de charbon ; voilà une différence bien grande.
La rai%n pour laquelle les Ouvriers de cette fonderie
mettent une aufîi forte partie d’argille, eft qu’ils
croient que la brafque plus légère ne réfifleroit pas
bien, particulièrement au baflin de l’avant-foyer,
qui doit, autant qu’il eft poflible , conferver fes dimensions,
durant tout un raffaîchiffement, afin qu’il
ne contienne qu’autant de métal qu’il eft nécef-
fàire pour former une pièce de liquation.
On peut remédier à l’agrandiffement du baflin ,
en employant, pour cette partie feulement, de la
brafque, compofée de parties égales de charbon &
d’argille, & compofer celle de l’intérieur du fourneau
de deux parties de charbon & d’une d’argille.
Je penfe que c’eft la meilleure proportion pour le
travail en queftion.
La brafque trop pelante eft fujette à occafionner
des amas de matières qui réftent non fondues & qui
obftruent le fourneau ; d’un autre côté , il n’eft pas
néceflaire que la brafque foit très-légère pour cette
opération ; car alors elle pourrait fe détériorer avant
la fin de la fonte qu’on s’eft propofe d’y faire.
Lorfque la brafque eft bien battue dans le fourneau
& dans l’encaiffement de l’avant-foyer avec
, les inftrumens accoutumés, on creufe le baflin &
on lui donne les diinenfions indiquées,
T r o i s i è m e S e c t i o n ,
De la chemife du fourneau,
Lorfqu’on a des cuivres noirs chargés de beaucoup
d’impuretés, ces matières hétérogènes font
fujettes à s’attacher fur le fol & aux côtés du fourneau
, ce qui occafionne un travail très-pénible, fur-
tout lorfque le fourneau eft fermé par fa chemife
depuis le haut jufqu’au trou de l’oeil, par lequel on
détache ces amas avec des ringards , ce. qui ne
s’opère que très-difficilement; l’oeil eft même fou-
vent trop petit pour permettre la fortie des morceaux
détachés, alors on eft forcé de démolir la partie
inférieure de la chemife pour arracher ces amas &
de la reconftruire enfuite ; ce qui occafionne une
perte de temps, de matières métalliques qui fe
brûlent, & une confommation inutile de charbon.
Pour parér à ces inconvéniens, je çonfeille defuivre
une méthode fort Ample en ufagë à Grunthal. Au
lieu de fermer par la chemife toute la hauteur du
fourneau, l’on ne ferme que la partie fupérieure,
& il refte dans le bas environ 1 5 pouces de vuide ;
cet elpace fe garnit avec des charbons de <; à 6
pouces de longueur, bien rangés les uns fur les
autres, en obfervant de laiffer fur la brafque, &
au milieu de la largeur de la cheminée, une ouverture
de .18 lignes pour le trou de l’oe il, qui fe
formera facilement en plaçant fur la brafque un
bâton de cette groffeur, & que l’on retirera lorfque
l’efpèce de muraille de charbons fera achevée.
On enduit ces charbons à l’extérieur avec de l’ar-
A F F
g ille , de l’épaiffeur d’un pouce, de manière que cet
enduit n’excède pas le devant de la chemife ; l’on
ne doit point mettre d’argille fur ces charbons dans
la partie intérieure du fourneau.
On conçoit maintenant que, s’il arrive quelques
obftru&ions confidérables au fourneau, il eft aifé
de démolir une partie & même la totalité des charbons
qui forment le bas de la chemife, d’arracher
les amas par cette ouverture, & de la refermer en
peu de momens avec des charbons & de l’argille
pardefliis.
Au moyen de l’enduit d’argille, ces charbons
tiennent au feu aflez de temps pour faire 8 0 à 100
pièces de liquation , qui eft tout ce qu’on peut faire
dans une fonte. Il '"eft bon d’obferver qu’on doit
choifir les meilleurs charbons & les plus compares,
parce qu’ils réfiftent plus long-temps au feu, &
qu’ils font moins fu jets à fe déranger, que s’ils étoient
-tendres & friables.
Outre les avantages ci-deflùs, qui réfultent de
l’arrangement de la chemife avec des charbons, il
en eft d’autres que je regarde comme três^impor?
tans ; i° . celui de donner de la chaleur dans le fourneau
, plus que ne pourraient faire des briques de
la chemife , quoiqu’échauffées, & principalement
dans cette partie où elle eft néceflaire, pour que les
matières, qui ont été mifes en fufion en defcen-
dant devant la tuyère, puiflènt conferver la même
fluidité en paffant par l’oeil.
20. Celui d’empêcher qu’une partie des métaux,
notamment le plomb, ne fe fçorifie ou fe réduife
en chaux , en perdant fon phlogiftique ; ce qui jrrive
avec une facilité incroyable à ce métal , lorfqu’il fe
trouve expofé à la direction du vent : or. dans la
préparation que je viens de rapporter, quand bien
même le vent réduirait en chaux quelques parties
de plomb, & qull les poufferait contre la chemife,
les charbons qui ferment cette partie revivifieraient
fur-le-chainp cette chaux ; ce qui ne peut pas avoir
lieu, lorfque toute la chemife eft en briques ou en
pierres.
Q u a t r i è m e S e c t i o n .
Du Chauffage du fourneau avant la fonte.
On ne doit fermer le bas de la chemife du fourneau
de rafraîchiffement avec les charbons, qu’aprês
que le fourneaü a été fuffifamment chauffé pendant
huit à neuf heures de fuite , chauffage qui Ce fait
de la manière fuivante. On met un panier de charbons
dans l’intérieur du fourneau, on en remplit
en même temps le baflin de l’avant-foyer , l’on en
met aufli dans celui de réception , qui eft une forte
poêle de fer coulé ; on met le feu à. tous ces charbons
, on l’entretient pendant tout le temps prefcrit
ci-deflus , en y ajoutant des charbons de temps en
temps ; enfuite on ferme, ainfi qu’on l’a d it, la
partie inférieure de la chemife , pour de fuite commencer
la fonte,
À F F Après avoir donné le détail de la préparation du
fourneau à rafraîchir le cuivre, je vais traiter de
la manière de charger & de gouverner ce fourneau,
pour l’opération de la fonte du cuivre avec du plomb,
de la litharge , ou de l’une & l’autre de ces matières.
On jugera peut-être qu’il eût été plus régulier de
commencer par donner la compofition des charges
pour en former les gâteaux ou pièces de liquation ,
avant que de parler de la manière dont ces charges
doivent être portées au fourneau ; mais, comme elles
ont un rapport immédiat à tout ce qui précède, je
ne donnerai la compofition des charges qu’aprês avoir
parlé de la fonte.
C i n q u i è m e S e c t i o n ,
De la Fonte dite de rafraîchiffemenh
Le fourneau étant préparé & chauffé, comme il
eft dit dans les Seftions^-précédentes, on le remplit
de charbon , on donne le v en t, foit de la trompe ,
foit des fouffiets ; on charge tout de fuite un bac-
quet de fooriès provenant de la fonte de minéraux
de cuivre ; ces fcories, en fondant, enduifent les parois’
d’une efpèce de vernis qui augmente la chaleur
du fourneau & empêche qu’elle ne fe perde
en partie dans les murs : • bientôt après on charge
fur les charbons une vingtaine de livres du plomb
deftiné à former la première pièce de liquation, &
tout de fuite à peu près la moitié du cuivre qui doit
entrer dans cette piece, & pardefliis une trentaine
de livres de litharge, ou , à leur défaut, on y fup-
pléera par du plomb. Pendant ce temps, l’Aide-Fondeur
tient un petit panier d’environ dix livres de
charbon , dont il recouvre les métaux ou matières
métalliques ci-deffüs, fur lequel charbon le Maître
Fondeur porte le reftant du cuivre du premier mélange
deftiné à former la première pièce de liquation
; & aufli-tôt fon Aide recouvre ce cuivre d’un
A F F 507 on fuit cette marche pendant toute la durée de la
fonte;
' Les matières fondues coulent inceffamment par le
trou de l ’oeil dans le baflin de l’avant-foyer ; mais
comme elles feraient expofées au contaél de l’air ,
: & que celles de la furface perdraient leur phlogif--
tique, on doit éviter cet inconvénient, en tenant
toujours un peu de pouflier de charbon fur ce bain.
pareil panier de charbon ; on laifle aller là fonte
pendant environ un quart d’heure au plus , après
quoi l’on charge le plomb ou la litharge deftinés à
ce premier mélange , à l’exception néanmoins d’une
trentaine de livres, puis un panier de charbon par-
deffus..
Quand le baflin de l’avant-foyer eft rempli environ
aux trois quarts, on porte les trente livres de
plomb réfervées de ce mélange & un panier de charbon
, fur lequel on charge la moitié du cuivre du
fécond mélange, de la litharge, çdmme il eft dit
pour là formation de la première pièce , & aufli le
panier de charbon fur lequel on porte l’autre moitié
du cuivre <de ce fécond mélange, puis un panier
de charbon.
Lorfque le baflin eft plein, & qu’on juge que le
premier mélange eft entièrement fondu, on charge
le plomb ou la litharge de la féconde pièce, en en
ïéfervant aufli une trentaine de livres que l’on ne
charge, également que lorfque le baflin eft rempli
aux trois quarts du mélange de la fécondé pièce ;
Lorfqu’on n’emploie que du plomb & des litharges,
cette fonte ne rend que très-peu de fcories, fur-
tout fi le cuivre n’eft pas trop chargé de fubftances
étrangères ; mais ces fcories font riches en cuivre
& en plomb, & elles contiennent même un peu
d’argent. On verra , Chapitre V I I , comment on
doit traiter ces fcories, que nous nommerons déchets
du rafraîchiffement, pour les diftinguer des
déchets des autres opérations relatives à la liquation.
Le baflin de l’avant-foyer étant rempli des métaux
d’un mélange, on en nettoie la furface & on
perce pour faire couler lès matières dans la poêle
de fer , où l’on a entretenu un peu de feu de charbons
jufqu’au moment de la première percée. Mais
avant de faire cette percée , on jette un peu d’eau
dans la poêle & deux poignées d’argille fèche &
pulvérifée qu’on délaie dans l’eau, & avec un balai
on en enduit tout l’intérieur de la poêle q u i,
étant très-chaude, fait fécher l’enduit dans un moment.
Au lieu de percer, on peut puifer la matière-dans
le baflin., & la porter dans la poêle avec une cuiller
de fer également chauffée & enduite d’argille. ^
Il ne ferait pas poflible de retirer la pièce du
moule fans un fort crochet de fer que l’on fait entrer
d’environ deux pouces dans le métal en fufion,
de manière que la partie recourbée refte en dehors.
Au moyen d’un bâton refendu ou d’une tenaille que
l’on pofe fur le bord du moule , on tient le crochet
dans la pofition convenable, après quoi on jette de
l’eau fur les - bords de la poêle ; elle fe répand fur
la furface du métal, il n’en faut que peu dans le
premier inftant, mais enfuite on peut fans danger
en remplir le moule entièrement ; comme elle ne
tarde pas à bouillir, on la jette hors du moule avec
un balai, & l’on y en fiibftitue de la fraîche, ce qu’on
j répète jufqu’à ce qu’on juge que la pièce foit entièrement
figée. Alors avec un levier, foit de bois,
foit de fe r , de fept à huit pieds de longueur , &
qu’on pafle dans le crochet, on enlève la pièce de
fon moule : en frappant avec un marteau tout autour
du crochet, on le dégage de la pièce pour le faire
lervir à une autre j mais comme il peut le rompre,
il eft bon d’en avoir plufieurs avant de commencer
une fonte.
Aufli-tôt qu’une pièce de liquation eft fortie de
fon moule , l’on y jette-, comme on l’a déjà dit, de
l’argille ; s’il eft refté un peu d’eau dans ce moule,
il n’eft pas néceflaire d’y en ajouter ; mais dans le
cas où elle feroit toute évaporée, l’on y en met un
p eu, & avec le balai l’on agite cette eau qui délaie
l’argille, qui fait le petit enduit comme ci-deflus