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lesquelles ou parloit de-terre abforbante fans endé-
terminer l’efpèce particulière ; c’en eft allez pour
faire Sentir la néceffité de profcrire çette dénomination
vague.
Cependant un auteur moderne a porté plus loin
cet abus des termes ; il a Sait de cette épithète, relative
à une propriété médicamenteuie, le nom delà
terre élémentaire, dont il Sait dériver les autres terres
, au moyen de quelques modifications propres à
les conftituer ce qu’elles Sont ; ainfi , Suivant lu i ,
la terre des o£*eft une terre abforbante ± la terre du
gypSe eft une terre abforbante ; la magnéfie eft une
terre abforbante modifiée de manière à être la baSe
du Sel de Sedlitz; la terre alumineuSe eft une terre
abforbante modifiée de manière à être la bafe de Valun.
On trouvera à l’article terre des principes bien
dîfférens appuyés Sur des faits d’analySe & de fyn-
thèSe , & non Sur des hypothèSes de modifications ;
niais il entre dans le plan de notre' ouvrage de donner
au moiris des notions hiftoriques des erreurs
qui ont égaré quelques eSprits , & retardé par-là les
progrès de la vérité. Absorbans ( Pharmacie. ) On donne ce nom
aux terres qui font effèrvefcence avec les acides, &
qu’on devroit nommer effervefcentes. Un fyftême
chymique erronnéleuravoit donné un crédit qu’une
théorie plus Saine a reftreint dans de juftes bornes.
Comme on croyoit que la plupart des maladies
étoient cauSées par des fermens acides, on préSu-
moit que les abforbans, capables de neutralifer ces
acides, dévoient produire, dans la maffe humorale
même, cette neutralisation, & rétablir les fondions
troublées par l’affiion de ces fermens. Et d’après
cette opinion on les regardoit comme cordiaux ,
alexipharmaques, anti-lpaSmodiques , diaphoréti-
ques, Sudorifiques & diurétiques. Mais 011 Sait aujourd’hui
que les terres abforbantes pénètrent difficilement
dans les veines laâées, & conSéquemment
dans les vaiffeaux du premier & du Second ordre ;
enfin, qu’elles Se bornent à opérer dans les premières
voies.
Les terres abforbantes dont on Sait uSage Sont la
magnéfie, le calce ou terre calcaire, & toutes les :
fubftances dont elle effila principale partie , telles
que la craie, les pierres à chaux, les perles , les
écailles d’huitre, les coquilles de limaçons, celle
d’oeuf, les pâtes de crabes & d’écrevifles, les yeux
de celles-ci, l’os de Seche, le corail, les mâchoires
de brochets-, 8tc.
Pour les adminiftrer avec avantage , il Saut
quelles Soient séduites en poudre impalpable & l’on trouvera au mot préparations des drogues
Simples, la manière de préparer celle-ci. Je me
contenterai de faire obferver i c i , qu’il y a une
grande différence entre les terres abforbantes préparées
par la porphyrifatton & par la lotion, ( Voye^
ce s mots ) , & celles qu’on a préalablement fou-
mifes à la calcination ; celles qui ont été précipitées
de leurs diffolutions par un alkali pur ou, par
m alkali méphitifé ; les unes Sont des lels méphi- 1
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I tiques, les autres ont perdu l’acide méphitique &
j ont reçu en échangé l’acide igné ou caufiicum ,
Suivant Meyer, & la matière de la „chaleur ' ou
principe calorifique, Suivant M. Schéele. Jtf|J§ Calce , Magnésie , Calorifique , & Chaux-
terreuses.
Les terres abforbantes méphitiSées en s’unifiant
aux acides contenus dans les premières voies ,
abandonnent le méphitique, ou air fixe; les autres
laiffent échapper l’acide igné, & les effets qu’elles
produisent, Sont relatifs à la nature des principes
que leur combinaifon avec les acides rend libres.
Les terres abforbantes calcinées par le feu ou
par leur précipitation à l’aide d’un alkali cauffique,
lorfque les premières voies font remplies ’ d’a ir ,
augmentent la qualité pjilogiftique de cet air &
donnent lieu à des irritations qui caufent des coliques
plus ou moins douloureuSes & opiniâtres.
■ Celles qui n’ont pas été privées de leur acide méphitique
ôccafionnent également des coliques par
l’augmentation du volume d’air contenu dans l’efi
tomach dedans les inteftins, à moins que cet acide
ne foit abforbé par les matières putrides 8c les
fucs tendants à la putridité. Dès-lors on . voit
avec quelle circonfpe&ion l’on doit les employer
& quelle attention l’on doit apporter dans leur
choix relativement à l’état des malades.
Mais les unes & les autres deviendroient nuifi-
bles fi les premières voies ne conténoient pas des
acides capables de les rendre folubles : elles pour-
I: roient fe réunir & former des concrétions pier- ‘
reufes ; elles pourroient à fàifon de leur extrême
• divifion , s’introduire dans les vaiffeaux laffiés, les
: obftruer, en boucher les orifices & caufer des
obftruâions, des flux de ventre dangereux. L’e-
xiflence des acides dans les premières voies efl:
donc une condition néceflàire pour autorifer à les
preferire ; & comme ces terres feroient pernicieu-
fes , fi elles n’étoient pas entièrement difloutes
par les acides, il faut en proportionner les dofes
à la quantité de ces acides, quantité difficile a
évaluer 8c qui doit engager à ne preferire ces
drogues qu’à dofes rompues.
L’acide animal efl: fouvent celui qu’on efl dans
le cas de chercher à neutralifer, mais plus fouvent
encore, c’eft l’acide végétal dégagé des fubftances
qui ont fermenté dans l’eflomach. Pour approcher
autant qu’il efl poffible de la proportion dans laquelle
on doit donner les terres abforbantes, , il
feroit donc néceflàire de connoître qu’elle efl la
quantité des fubftances que ces acides peuvent
neutralifer.
Langius & Homberg ont fait d’après cette idée
des expériences dont ils ont configné les réfultats
dans des tables. Mais n’ayant employé que des
acides minéraux, l’un le • muriatique , l’autre le
même acide & le nitreux , leur travail ne préfente
pas des conféquences applicables dans le
cas préfent. M. Lewis qui fait cette remarque a
defiré qu’on opérât avec des acides végétaux, tels
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que ceux que la fermentation développe 8c notamment
avec du lait aigri. J’ai faifi cette idée 8c
j’ai difîbus des terres abforbantes dans les acides
acéteux 8c citronien 8c. dans le galaétique produit
par la decpmpofition fpontanée du lait. Les terres
que j’ai employées, font les yeux d’écréviffes
d’abord diffous dans l’acide muriatique, puis précipités
par la potaffe méphitifée 8c édulcorés par
de l’eau diftillée, 8c la magnéfie précipitée du vitriol
magnéfien ou fel d’epfom , par la potaffe
méphitifée 8c bien édulcorée. J’ai choifis la première
pour exemple de la diffolution d’un calce ,
8c la fécondé.comme étant celle que dans l’occa-
fion on doit donner* par préférence, vu la propriété
purgative qu’elle acquiert par fa combinaison
avec les acides ; propriété Supérieure à celle
du calce neutralifé par un acide végétal , quoique
cette fubftance procure aufli des felleslorfqu’elle efl
en l’état falin.
• J’ai configné le réfultat de mes expériences
dans la table Suivante. Elle eft formée de quatre
colonnes verticales , coupées à angles droits par
trois horifontales. L’infpedion de cette table suffira
pour en faire faifir l’idée. Les acides employés
font placés dans la première des colonnes verticales,
je détermine dans la fécondé le rapport de
leur gravité fpécifique à celle de l’eau diftillée.
La troifièmé 8c la quatrième indiquent les fubftances
fur lefquelles j’ai opéré -, 8c dans les cafés ,
que forme l’interfoéfion de ces deux colonnes verticales
par les horizontales, on trouve la quantité
des terres abforbées par une quantité donnée
d’acide.
Acides. Leur gravité
fpécifique.
Yeux d’écrevijfe
Magnéfie du 1
fe l dyepfom.
Acéteux.
10.0 gr.
1018, 55 I7’ 7°& r-
Citrofiieu.
ioo gr.
1090,90 i f f gr. 5>S5 Sr- J
Gala&ique.
ioo gr.
2.670,033
!
On voit par le réfultat de mes expériences,
qu’en général les acides qu’on peut foupçonner
dans les premières voies diffolvent très-peu de
terre abforbante ; qu’ainfi leur dofe doit être très-
modérée : 8c comme il eft prefque impoflîble
d’eftimer la quantité d’acide à neutralifer, il eft
prudent de donner à dofes rompues , à huit ou
dix grains, les fubftances calcaires en les réitérant
Suivant que l’obfervation de leurs effets le per-
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mettra. On peut porter plus haut celles de la
magnéfie, parce quelle eft plus diffoluble. On a
encore un autre motif pour la préférer prefque
en toutes ôccafions. La calcination qui la prive
d’acide méphitique, ne la rend point âcre comme
le calce p u r , conféquemment on peut l’employer
en cet état fans crainte, 8c elle eft alors incapable
de fournir ce gaz méphitique dont le développement
à la fuite de l’ufage du calce méphitifo
produit les accidens que j’ai expofés.
Mais une attention que la prudence exige, eft
de réunir toujours aux terres abforbantes, un purgatif
qui puïffe en aider l ’a&km 8c prévenir leurs
mauvais effets , fi elles ne trouvoient pas fuffifam*
ment d’acide pour être portées à l’état falin.
ABSORPTION. £ £. On a obfervé dans plufieurs
opérations, que le volume de quelques fluides
diminuoit fenfiblement en s’uniffant à certaines
fubflances, on a nommé cet effet abforption pour
le diftinguer de la diminution par condenfation.
Les nouvelles expériences chifniço - pneumatiques
en fourniflent grand nombre d’exemples : l’air fixe
ou acide méphitique eft abforbé par l’eau, par
l’huile, par les alkalis , par la d iaux, la magnéfie
, .la terre barotique ; l’air pur eft: abforbé par
les matières qui brûlent, par les métaux qui fe
calcinent, par les gas nitreux ; le gas acide vi-
triolique abforbé le gas nitreux ; feau , la glace,
le charbon abforbent le gas acide vitriolique ; le
gas acide muriatique eft abforbé par le gas nitreux,
par l’eau, la glacé, l’huile, l ’éther, l’alun,
le nître, le borax ; l’eau abforbé le gas acide
fluorique ; le gas acéteux eft abforbé par l'huile ;
le gas alkaiin eft abforbé par l’eau, par la glace,
par l’éther, par l’efprit-de-vin , l’huile effentielle,
le charbon, l’alun 8c par tous les acides gafeux
excepté le gas nitreux ; enfin /M. Fontâna a obfervé.
qu’un charbon ardent abforboit entièrement
pendant fon extinéfion, l’air contenu dans le vaif-
feau où il étoit enfermé.
Ces abforptions s’opèrent par affinité tout de
même que la pénétration dans certains alliages
métalliques ; on en a une preuve bien fenfible
en ce que Y abforption ceffe dès que le corps que
l’on confidère ici comme abforbant eft faturé.
Pour fe rendre compte de ce qui fe paffe dans
ces abforptions , il faut remarquer encore qu’il y
en a de cinq efpèces : dans les unes le corps abforbant
s’empare du fluide aériforme tout entier,
telle eft Yabforption du gas méphitique pur par
l’eau ; dans les autres il ne prend qu’une des parties
conftituantes du gas en le décompofant par
une affinité fupérieure , de forte qu’ri y a précipitation,
c’eft-à-dire fèparation d’une troifièmé fubf-
tance ; c’eft ainfi que le gas acide fluorique abandonne
la plus grande partie de fa terre , au moment
qu’il eft abforbé par l’eau ; quelquefois c’eft
le gas qui décompofe le corps abforbant comme
quand le gas acide vitriolique prend à l’alun fon
, eau de criftallifation , quand les alkalis perdent