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périence précédente ; d’où l’on poürroît Inférer que
l’air n’y eft pas altéré de la même manière , ou
que l’efpèce de combuftible que nous y avons em-
’flo y é n’agit pas fur le même principe prochain de
ce fluide. Il efl bien vrai que la quantité totale de
ce principe de l’air ii’eft pas confumée lôrs de l’ex-
tinftion de la bougie , & qu’il en refte fouvent
plus des deux tiers; on ert a facilement la preuve
en eXpofant cet air réfidu à TaSion d’autres com-
buflibles & fur-tout du gas nitreux : mais ceci
tient à trois caufes particulières ; l'tire éft l’abondance
des fuliginofités ou des matières échappées
à une co'mbuftion parfaite &■ qui , volatilifées par
fa chaleur, forment une athmofphère à la flamme ;
la fécondé eft le défaut de mouvement pour •ramener
au Contaéi les portions d’air non décompofées ;
la irai fa n e , & probablement la plus confidérable efl
la nature aérifbrme d’un des produits de cette com-
buftion que nous verrons dans la fuite être une ef-
pèce d’acide qui fe manifefte en précipitant l’eau
de chaux. En effet, fi l’on répète cette expérience
en plongeant fimplement la cloche dans l’eau de
chaux, au lieu d’eau , on obferve , après la première
diminution , une abforption dont lés progrès font
plus lents, qui réduit le volume de l’air à moins
de fept huitièmes ; ou , fi on l’agite avec l’eau de
chaux, celle- ci prend lin coup d-ceil laiteux.
La chaleur produite par cette combuftion d’une
bougie durant quelques fécondés n’eft pas fort confidérable
; cependant, fi On enferme un .thermomètre
avec la bougie fous unè cloche de 50 pouces
Cubiques ' feulement de- Capacité , il s’élèvera d’environ
10 à 11 degrés, & c’éft plus qu’il n’en faut
pour annoncer Un .changement fenfible de température.
Nous verrons dans la fuite qu’en • générai la
quantité de chaleur varie fuivant la nature du combuftible,
qu’elle efl-toujours proportionneîié : à la
quantité d’air décompofé, & que, foutes choies
égales, fes effets fe manifeftent avec d’autant plus
d’intenfiré, qire cette décompofition efl: plus infian-
tanée ou s’opère en moins de temps. Nous indiquerons
alors les moyens ingénieux par lefquels on efl
parvenu à mefurer la chaleur devenue fenfible,
fans craindre que les progrès de là cômirumication
aux corps environnans en dérobent la trace, & à
reconnoître , par exemple , qu’une once de charbon
qui fe confomme en 3 2 minutes fous le vent d’un
fotifflet, fournit une chaleur capable de fondre 6 livres
2 onces de glace.
Ainfi ,• dans toute combnftion , -une portion de
Pair athmofphérique fe fixe,:ou devient partie com-
pofante de fon produit; une autre portion refie dans,
l’état élaftique comme étant incapable de cette com-
binaifon ; enfin il y a produ&ion cle chaleur : ces
trois points peuvent être regardés comme fiïfhfaruinent
établis par ce qui vient d’être dit; je ne puis
Cependant me difp.enfer de fui-vre lés mêmes effets
en opérant fur des combuflibles d’un autre genre,
puifqu’il n’y a que leur comparaifori qui puiffe af-
ftirer les conféquejices que nous-ayons à en déduire
A ï R pour indiquer Foriginé de cette chaleur produite $£
la vraie théorie de là décompofition de l’air*.
E x p é r i e n c e IX*
On ajufle un thermomètre à un. récipient tabulé /
de manière que la boule foit dans l’intérieur, 8c là
plus grande partit de l’échelle en dehors , au cleflîis
de la tubulure; Ce qui s’exécute très*-facilement en
; taifant palier le tube à travers un bouchon- de^liège
qui remplit la tubulure, & que l’on a foin de maf-
tiquer. Pou: rendre cet infiniment d’iln fervicé plus
.commode, & ne pas rifquer de cafler le tube en
le retournant dans la cuve, je place dans le même
bouchon de liège un petit cylindre dé cuivre percé
dans toute fa. longueur, & qui fe bouche à volonté
au moyen d’une vis qui prefle fur fon orifice extérieur
un cuir graifie.
„ Ce récipient ayant été defeendu dans la cuve, la
vis ouverte, pouf le remplir d’eau , on remet la vis
& on l’élève' far la table. On y fut pafler d’abord
38 pouces "cubiques d’air commun, 8t on prend
exa&ement le degré du thermomètre alors on. y
introduit 18 pouces cubiques de gas nitreux , préparé
de la manière que nous indiquerons en traitant de
ce gas. Il importe au b u t’:1e l’eXpérience de porter
. ce gas tout d’un coup , ce qui fe fait en retournant
fiibitement fous le récipient un récipient pareil ou
autre val fléau à large ouverture, dans lequel on a
dofé d’avance la quantité de ce gas, en y portant
fucceffivenient un certain nombre de mefures déterminées.
Auffi-tôt que le gas nitreux arrive au contaél de
Pair, le mélange prend une couleur rouge très-marquée
qui annonce l’s&ion des deux fluides élàftiqties
Tun far l’autre, le mercure s’élève fur-le-champ de
fix à fept degrés; on voit en même temps l’eau
remonter dârts le récipient; ^'près cette première abforption
aflez rapide, le thermomètre redefeend à Ja
température de l’appartement; Fafcenfian de l’eau continue
cependant d’une manière plus infenfiblé ; quand
elle a entièrement cefîe ( ce qui n’arrive quelquefois
qu’au bout de 24 011 même 36 heures , fuivant là
proportion qui Ce trouve entre la hauteur des tranches
des fluides 8c leurs furfaces ) , on reconnoîr,
toute réduéïi-on faite des volumes apparens aux volumes
réels, que le gas nitreux a difparu en- totalité
, qu’il y a diminution fur l’air lui - même de
|=§ 10 8c j-ufqu’à i l pouces cubiques, c’efl-à-dire,
depuis un quartjufqu’à 0 ,29 & plus; que la portion
d’air refiant n’eft plus alîe&ée par de nouveau
gas nitreux; qu’elle ne peut plus fervir ni à la-calcination
ni à la Combnftion ; enfin que l’eau 1 s’efl
chargée d’un ‘peu d’acide , qui efl de l’acide nitrique.
Cette expérience réuffit également lorfqii’on fait
le mélange clans des vaifleaux fermés par le mercure y
la diminution efl Feulement plus lente 8c moins con-
] fidérable ; ce qui tient, comme il fera dit aiHeurs,
l à ce que l’acide formé conferve plus facilement la
1 forme gafeufe, & enfui t e à l’aétio» que cet acide'
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fexerce à la longue fur le mercure qu’il touche. Mais
il n’eft pas moins certain que l’air a reçu la meme
altération , elle efl annoncée par la couleur ronge
qui fubfifle alors bie,n plus long - temps ; & la faculté
de faire difparoître iubitement cette, couleur
par l’introduétion de quelques gouttes d eau achève •
de le. démontrer.
Remarques. Je ne tarderai pas à faire voir que le
gas nitreux que je confidère ici comme combuftible ,
efl loin d’être un corps fimple , puifqu’il n’eft lui-
même que le produit d’une première,, combuftion ;
mais il n’en efl pas moins vrai que ce çompofé efl
un des plus merveilleux agens de la décompofition ;
de l’air ; ce qui doit fixer notre attention, c’eft qu’il j
l’opère inflantanément 8c de la manière la plus com- j
plette ; qu’il l’opère à toute température connue, fans j
avoir befoin d’aucune chaleur additionnelle , même ;
dans les climats les plus froids du nord ; qu’il y a
chaleur produite par cette décompofition , quoique
bien moins confidérable que dans les - autres com-
buftions ; enfin que le rèfultat de cette furcompofi-
tion du gas nitreux efl un acide très-caraélérifé, de j
fon genre , qui a des propriétés abfolument-diffe- ^
rentes de tous les autres acides, Voye^ A cid e n i- ,
TRIQUE. j
Il efl prouvé par les observations de MM. Fon- I
tana , Prieftley, Kirwan & Monge , que , quand on j
opère fur du mercure léc, la diminution efl prefque
nulle , & qu’il ne fe 'dépofe qu’une très-petite quantité
de liqueur ; M. Monge en a fait l’épreuve fur
des quantités confidérables ; il a également remarqué j
qu’un excès ou de gas nitreux ou d’air vital iîiffi- j
foit pour faire perdre aù mélange la couleur rouge
( Journ. phyf. T. 29 , p. 138.). Il n’efl. pas douteux
que ces phénomènes feroient encore plus fenfibles fl j
l’on faifoit auparavant Séjourner les gas fur -des matières
capables de leur enlever la plus grande partie
de leur humidité .; parce que l’acide , qui réfulteroit
de leur combinaifon feroit dans le cas de l’acide muriatique
gafeux qui ne perd cette forme qu’en s’unil-
fant à l’eau.
Quelques Phyficiens, qui s’obflinent à voir partout
un même produit pour en conclure un même
principe, n’ont pas manqué de foutenir encore qu’on
obtenoif de l’air fixe , ou ce que nous appelions gas
acide carbonique , lorfqu’on recompofoit l’acide nitrique
par le mélange du gas nitreux avec la portion
de l’air qui entretient la cbmbuftion ; mais il y a
long-temps qu’on leur a répondu qu’il étoit impof-
fible: d’en découvrir, la, moindre trace , quand on
avoit fait l’opération avec les foins convenables. C ’eft
un fait, dit M. BertholleL, fur. lequel les expériences
de MM. Cavendifch 8c Kirwan ne laiflent aucun
doute ( J o u r n . phyfihiH. ).. Je puis ajouter, &
fuivant le témoignage de tous ceux qui n’admettent
A I R , 7 0 3
pas un grain de produit en remplacement d une once
de déchet.
L’ufage d’un infiniment qui porte le nom d eu-^
diQmètre de M. Fontana efl fonde fur cette propriété-,
du gas nitreux de s’emparer d’an des principes de
l’air 8c de le priver de fen état élaftique.
E x p é r i e n c e X.
Que l’on prenne du tartrite de chaux , on , ce q«ï
efl la même chofe , le dépôt qui fe forme quand on
décompofé par la chaux le tartrite acidulé de po-
taffe(crème du tartre du commerce); que l’ôndif-
tille à ficcitè dans une cornue, ce fel terreux, après
l’avoir bien lave & fèché, on trouvera dans la cornue
après l’opération une m::rière charbonneufe pulvérulente,
qui, étant enfermée fur-le-champ dans un
flacon exaêlement bouché, a la propriété de s’enflammer
fpontanément. dès qufon l’èxpofe à l’air.
E x p é r i e n c e XI .
Si Fon porte cette matière en quantité fuffifame
fous un récipient qui contienne un- volume d’air connu *
de manière cependant qu’elle ne s’allume qu’âpres*
y avoir été introduite , on obfprve de plus que laiir
efl diminué d’environ un quart de fon volume, que
la matière a augmenté de poids 8c que cette augmentation
répond aftez exactement au poids de l’aur
confommé.
Le fuccès de cette expérience dépend d’une manipulation
qïii paroît d’abord très - difficile, mais on
l’exécute fans peine au moyen de la cqu-lifie à obturateur
ou encore mieux‘d’un récipient garni de
boîtes à cuir. Comme c’eft la première fois que j’ai
occafion de parler de ces inftrumens , il ne fera pas
inutile d’en donner une courte defeription en indiquant
la manière de s’en fervir pour remplir la condition
de l’expérience dont il s’agit.
La coul'tffe à obturateur que l’on voit repréfentée
fig.34 des appareils pour les gas, efl compofée de
deux branches de . métal dont l’une A B porte à font
extrémité C une petite foucoupe ou godet I , dont
les bords fupérieurs font parfaitement drefles ;; l’autre
branche D E fe termine en F par un obturateur oit
un dïfque de métal ou de verre affujetti dans une
pofition horifomale abfolument parallèle aux bords
de la foucoupe. Ces deux branches font réunies
par les collets G H fixés fur "la branche D , & qui
forment des efpèces de coulifl^aux dans lefquels la
branche A peut fe mouvoir pour abaifler ou élever
l’obturateur fans qu’il's’écarte de la ligne perpendiculaire
(i)-
On commence donc par remplir le godet 1 de l'a
matière charbonneufe dont il a été queftion ou de
toute autre efpéce de pyrophore ; orr ferme- diligetur-
(i) Cet inftfomêht1 eff encore d’uni ufage très-commode , lorlqu-bn- veut prenoré y.n.e
récipient, dans des; cai où il n’eft pas ppffible de le déplacer. On conçoit q.ualors le.
tu e dilpolés exk fens contraire, c’ei'-7a*êire 3.l’obturateur, en-C.,, 8c le, gp-det retaurne
portion de; l’air renfermé fous iot
godet ôt fon. obmsateuc- doivenc
em £«.