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féché, même abandonné à l’air pendant plus d’un |
mois , n’a lait aucune eftêrvefcence avec les acides ; I
ainfi l’eau de chaux n’a voit trouvé que de l’acide j
phofphorique. L ’eau méphitifée auroit-elle la pro- i
priété d’augmenter la fecrétion de cet acide animal ?
C ’eft une queftion que j’abandonne à l ’examen des
médecins.
Telles font nos connoiflances aéluelles fur un
principe dont le nom même n’exifte pas dans la
première édition du diélionnaire de Chymie de
î’iHuftre Macquer, qui ne regardoit alors les gas ,
les mofettes de tout genre, que comme de l ’air ,-
des vapeurs fulphureufes ou du phlo.giftique pur.
On peut juger par-là des progrès vraiment itonnans
que la Ch j mie a fait depuis cette époque - c’eft-
à-dire, depuis dix - huit ans, & qui font dus aux
travaux réunis, à l’émulation des favans de toutes
les nations , pour interroger la nature par des expériences
direéles, pour mettre à profit le nouvel
art d’en faire furies fubftances invisibles, pour fuivre
les rapports infinis que préfente cette grande découverte,
Malgré l’étendue de cet article 8c l’application
que j’ai donnée pour n’y rien omettre
d’important, je n’ofe me flatter d’avoir réufli à y
comprendre exactement tout ce qui eft néCeffaire
pour completter le fyftème général des propriétés
de ce gas acide; mais ces mêmes rapports qu’il
préfente avec toutes les grandes théories chymi-
ques , me fourniront naturellement l’occafion d’y
revenir. Voye^ fur-tout ÂiR VITAL, CALORIFIQUE
, Chaux métalliques , Méphites &
PhAlogjstique. cide méphitique. ( Pharm, ) Dès que cet
acide eut été découvert , la médecine s’occupa
d’en enrichir la matière médicale. Les propriétés
que la Chymie reconnut dans cet acide, des réflexions
fur les circanftances dans lefquelles il fe
dégageoit des fubftances animales, firent concevoir
l ’emérance de l'employer avec avantage.
On voyoit que toutes les fubftances animales
perdoient cet acide lorfqu’elles éprouvoient la dé-
compofitîon putride , que les corps les plus folides
étoient ceux qui en centenoient le plus.
On voyoit que cet acide en état gafeux étoit
réabforbé par les fubftances que la putréfaction en
avoit privées, 8c que l’eau le diffolvoit avec facilité
8c acquéroic la propriété de diffoudre le calce ;
on en conclut que cet acide étoit capable de rétablir
l’intégrité des fubftances altérées par la putréfaction
, de rendre felubles, dans les humeurs ,
les particules calcaires,, concrètes ou difpofées à la
concrétion , de diffoudre même les aggrégats de ces
particules arrêtées dans les reins ou dépofés dans
fa veffie , ou dans les follicules de quelques
glandes.
Comme cet acide adouciffoit les alkalis, au
point de diminuer confidérablement leur acrimonie ,
©n efpéra que fon ufage pourroit édulcorer la maffe
humorale, en arrêtant les progrès de fon alkalef-
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cenee ; & fa faveur piquante aigrelette indiquant
un roborant irritant modéré , on fentit qu’il .pou-
voit, en relevant le ton des fibres, faire les ron,c-
tions d’un apéritif, d’un décerfif, d’un Léger ef-
carrotique.
L a préfence de cet acide , dans la plupart des
eaux minérales , dont les propriétés diffolvantes 3
édulcorantes & apéritives, étoient reconnues , depuis
un temps immémorial ; les effets de différens
remèdes qui , lors de leur décompofition , lâchoiemt
cet acide , 8c defquels il s’en élevoit une grande
quantité pendant la combinaifon des principes qui
dévoient les compofer, vinrent fortifier les conjectures
qu’on fe voyoit autorifés à former *r&
décidèrent les effais tentés par MM. Macbride , de
Boiflïeu, Percival, Black, Magellan , Hey, White,
Withering, Marigues, & c . , & c .
On fentit : qu’on pouvoit fe rendre raifon de
l’effet des eaux gafeufes acidulés , en confidéranc
les propriétés de l’acide , qui en étoit le principe
aCLif y que la perfection de la digeftion dépendait
du développement de ce gas dans l’eftomach, par
la déeompofition des fubftances fufceptibles de la
fermentation , & par fa réforption qu’opéroient les
fubftances portées à l’état d’une putréfaction commençante.
Qu'on pouvoit favorifer cette édulcoration du
chyle des humeurs , par le choix des fubftances
les plus difpofées à fournir cet acide, 8c que l ’application
extérieure de ees mêmes fubftances pouvoit
également corriger l ’acrimonie des humeurs
qui abreuvoient les ulcères 8c arrêter les progrès
de la gangrène.
Que l’emploi de cet acide recueilli dans des
veflies, au moment de fon dégagement des fubftances
fermentantes ou effervefeentes, pouvoit être
également avantageux; 8c l’expérience a juftifié
les induCtions que la réflexion avoit engagé à
tirer.
On verra aux articles Digestion , Régime
VÉGÉTAL, ANTI-SCORBUTIQUES, ANTI-SEP-
TIQUES , les avantages que l’on peut retirer de
l’ufage de Valide méphitique. NÉNRoAuLsE Sfe rons connoître fous les mots EjfUX MIfactices,
Mélangés fermentans,
Mélangés effervescens , Potion de r ivière
, ceux que cet acide eft en état de procurer
lors de fon dégagement ; nous allons nous borner
à confidérer futilité de fon ufage , tant interne
qu’Oexnt ear nveu, dfaonuss lf’oarrmticel eg aCfeufe. hymie , relatif à cet
acide, comment on peut fe le procurer en état
gafeux.
On en chargera une veflïe par un des moyens
indiqués & , ou l’on introduira ce gas , ou l’on en
dirigera les jets à volonté à l’aide d’une canule,
& par une légère preffion de la veffie. Mais comme il n’eft pas impoflible que pendant
l’effervefcence quelques molécules d’acide vitrio-
lique & dp çraiç fe feient élevées & mêlées à
X$c'ufe
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acide méphitique, on peut, pour prévenir cet inconvénient
, employer un bocal très-haut, ou remplir
la veffie d’eau, la tenir plongée le goulot en
bas dans une capfule également remplie d eau , &.
y diriger le jet d'acide méphitique par un tuyau a
double corbure , dont une .extrémité traverferoit le
bouchon, tandis que l’autre, plongée dans l’eau
du vafe , aboutiroit à la veffie. On pourroit encore,
dans le casoù l’on auroit d’abord recueilli cet acide
dans la veffie directement au fortir du bocal, le
laver, en le tranfvafant à . travers, de l’eau, dans-
une autre veffie pleine de ce même fluide.
Une cuve de vin ou de bière en fermentation
©ftre un autre moyen .de fe procurer ce-même acide
fansfoupçon du vitriolique : il faut alors que la cuve
foit bouchée, & qu’à un trou percé dans fon couvercle
foit adapté , ou une veffie préparée comme
il a été dit ci-deffus , ou un fiphon capable de diriger
ce gas dans cette veffie. Mais fuivant les remarques
de dom le Gentil, prieur de Fontenai ,
ordre de Cîteaux , remarques qu’il a communiquées
à l’académie de Dijon , 1e gas qufs’élève des cuves
Jorfque la fermentation eft déjà avancée , n’eft point
AeY acide méphitique pur, parce qu’il eft mélangé à de
l ’alkohol ou efprit-de-vin vaporifé. Nous- avons fait
-la même remarque ; & dans le cas ,où l’on voudrait
fe fervir de Y acide méphitique recueilli furies
cuves en fermentation , il faudrait ne pas employer
celui que rendroient ces cuves fur la fin de leur
.travail.
Les phtifies , les maux de gorge gangreneux , les
aphtes de la bouche & de la gorge , les fievres
putrides , malignes, les ulcères chancreux font les
maladies contre lefquelles on a effayé Y acide méphi-
titfue diffous dans de l’eau. Si lefuccèsdes tentatives
que l’on a faites n’a pas été complet, fon ufage a
été évidemment ayantageux dans plusieurs occafions
8c a toujours foulagé les malades.
Le doéleur Withering,, 8c d’après lui le doéleur
| Percival, <Sc M. W h i t , ont introduit le gas méphitique
dans les poumons de plufieurs phtifiques.
Un feu l, des malades auxquels ces médecins ont
adminiftré ce remède., a été guéri * plufieurs ont
éprouvé du feulagement, 8c la toux d’un feul a paru
augmenter.
MM. Percival 8c Hey ont donné le gas méphitique
en lavemens à douze malades de fievre putride
, en même temps qu’ils leur faifoient boire
abondamment de l’eau très-chargée de cet acide ,
8c ont reconnu , par l ’expérience, que ce remède
étoit un puiffant antî-feptique.
Celui que ces célèbres praticiens ont employé
pour les phtifiques', avoit été dégagé de la craie ,
& quelquefois de la potaffe méphitilee, par l’acide
acéteux. Celui qu’ils ont adminiftré en boiffon 8c
en lavemens l’avoit été de la même terre calcaire
par l’acide vitriolique.
Nous n’avons pas fait donner en lavement le gas
acide méphitique, ni injeéler ce gas dans la bouche
8c dans la gorge, pour déterger les ulcères de ces
Chymie. Tom. 7.
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parties coffîine l’a fait M. Whit ; mais nous nous
femmes fervis , avec beaucoup de feccès , de l ’eau
méphitifée en gargarifme, dans ces maladies , dans
les maux de gorge gangréneux , 8c en boiffon , en
lavemens , dans les fievres nerveufes putrides.
Nous avons eu des preuves décifives de l’efficacité
du gas acide méphitique contre les ulcères chancreux.
Parmi les faits qui forment ces preuves ,
nous en citerons deux , dont l’un a été çonftaté par
un procès-verbal ordonné par notre académie. Celui
ci n’offre pas une guérifen compîette. Les préjugés
parvinrent à infpirer au malade une défiance
qui l’empêcha de profiter de ce fecours ; mais l’autre
préfente une guérifen compîette qui s’eft foute-
nue.
M. Enaux . un des chirurgiens majors de l’hôpital
de cette ville * & membre de l’académie , annonça
à cette compagnie*, que parmi les malades
confiés àTes feins, étoit un malheureux dont une
tumeur cancéreufe ulcérée menaçoit les. jours , &
qu’il dcfiroit faire ufage pour lui du- gas acide méphitique.
L ’académie l’engagea à fuivre fon projet;
elle donna ordre de lui fournir du laboratoire tout
celui dont il aurait befoin , 8c nomma plufieurs
académiciens pour coriftater l ’état du malade., &
fuivre les progrès du traitement.
La tumeur placée ferla joue, près de l’oreille,
s’étendoit fer le maffeter , & defcendoit jufqu au
deffous de la mâchoire ; fa bafe étoit large , adhérente
, avec engorgement du tiffu cellulaire dans
-tout fon pourtour ; de forte que les paupières du
côté malade étoient fermées , 8c que la déglutition
étoit difficile : elle avqit, dans fon grand diamètre,
environ fix pouces & à peu près trois dans le petit;
fen centre étoit ulcéré & l’effet, des cauftiques appliqués
fer une loupe -du genre des lipomes que le
•malade portoit depuis trente ans : on y voyoit des
fungus : il en découloit une fanie très-abondante
8c fi foetide, que ce malade infeéloit la falle, &
qu’on fut obligé d’abandonner les lits qui appro-
choient le fien : les douleurs étoient lancinantes
8c fi vives , fi continues, que le malade ne dormoit
ni jour ni nuit : il n’avoit aucun appétit :8c une
fievre continue, lente, avec des redoublemensirréguliers
ie minoit.
Tel étoit l’état du malade, lorfque M. Enaux
commença à faire ufage du gas acide méphitique ;
celui qu’il employa étoit dégagé de. la craie par
l’acide vifriolique, 8c renfermé dans une veflie ,
fuivant la méthode expofée ci-deffus ; ce chirurgien
panfeit l’ulcère avec de la charpie trempée
dans de l’eau chargée d’air fixe. Il dirigea deux fois
par jour le jet de ce gas ferla ferface de l’ulcère
8c les, chairs frappées de ce jet prenoient une couleur
ardoifée prefque dans le même inftant. Une
légère chaleur fé faifeit fentir pendant riiifedation;
mais une fraîcheur agréable la feivoit de près.
Dès les premiers jours le malade. recouvra fe»
femmeil, l ’appétit revint, la fievre lente s’affoiblit;
la fanie fe changea en pus un peu épais, l’odeur