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tions de ces Auteurs pour trois autres bafes ; ces
Tableaux achèveront de mettre le Le&eur à portée
de faifir plus facilement l’objet de ces rapprochemens
& la force des preuves qui en réfultent.
Rapports des quantités d'acides faturèes par la CHAUX,
/’a m m o n i a c & la MAGNÉSIE, déduits des obferva-
tions de Bergman•
r i 43,75 d’acide vitriolique
100 de chaux pure 1 i34>4 d’acide nitreux
prennent ) 7°>45 d’acide muriatique
v. 61,8 d’acide méphitique.
100 prennent 104,6.5 d’àcide méphitique.
^ 173 ,67 d’acide vitriolique
100 de magnéfie 1 159,25 d’acide nitreux
pure prennent ~~ \ 82,92 d’acide mûriatique
( . 5 5,5 5 d’acide méphitique.
Rapports des quantités d'acides faturèes par les mêmes
bafes, déduits des expériences de M. JVençeL
r 147,74 d’acide vitriolique
100 de chaux pure \ 195, 6 d’acide nitreux
prennent 1 103, 6 d’acide muriatique
C 77,55 d’acide méphitique.
r 142,22 d’acide vitriolique
' ïôo d’ammoniac 1 201,22 d’acide nitreux
pur prennent \ 96,25 d’acide muriatique 1
C 115,9 d’acide méphitique.
r 181,8 d’acide Vitriolique
100 dé magnéfie 1 257,15 d’acide nitreux
pure prennent j 122,27 d’acide muriatique
( . 77,93 d’acide méphitique.
Je rappellerai enfin les effais qui me font propres,
& dont j’ai fait mention dans la cinquième expérience,
comme étant parfaitement d’accord avec le
principe dont il s’agit ; puifque, même en évaluant
l’acide réel par la méthode de M. Kirwan, le calcul
donne 49,75 : 33,11 11,05 pour les quantités d’acides
vitriolique, nitreux & muriatique qui ont été
iàturées par une quantité égale de méphite de potaffe.
Arrivé au terme de la comparaifon de tant d’ana-
ly fe s , où à la difficulté de démêler les réfultats les
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plus furs, s’eft joint l’embarras continuel des calculs
pour yen indiquer les rapports, il ne me refie plus
qu’àSpiéfenter les vérités qui en découlent, dans
les éxpreffions les plus fimples & les plus propres,
{bit à en faire faifir toute l’étendue, foit à en con-
ferver l’impreflion dans la mémoire.
Tout ce qui vient d’être expofé dans la dernière
partie de cette Seéiion, peut être réfumé dans ces
deux propofitions.
i ° . U n a c id e p r e n d d ’a u t a n t m o in s d ’une
BASE QUELCONQUE , QU’ lL EST PLUS PUISSANT.
20. U n a c id e p r e n d d ’a u t a n t p l u s d e s DIVERSES
RASES , q u ’ i l A PLUS D’AFFINITÉ AVEC
ELLES.
1 Ces propofitions ne font que le développement
du principe que Bergman a le premier apperçu ; on
remarquera fons doute que fous cette nouvelle forme,
elles n’ont plus cet air paradoxe dont il avoit été lui'
même frappé ; la dernière fur-tout paroît fi conforme
à l’ordre naturel, qu’on eft prefqu’étonné de n’y
avoir pas été conduit dès long-temps par l’analogie.
Je ne prétends pas dire que ces propofitions foient
encore rigoureufement démontrées dans leur généralité
; mais elles font déjà foutenues d’affez fortes
probabilités, leur application deviendroit la bouffole
la plus fidèle dans la recherche des affinités, elles
fourniroient la méthode la plus facile pour en vé?
rifier, peut-être pour en calculer les rapports ; c’en
eft affez pour engager les Chymiftes à ne les point
perdre de vue. Je n’aurai point à regretter le temps
& le travail que j’ai confacrés à les mettre en évidence,
s’ils y trouvent feulement un motif de plus
de tenter de nouvelles expériences pour parvenir à
uneanalyfe exa&e des fels, dont le befoin fe fait
déjà fentir en tant d’autres occàfions : je préfume
qu’ils n’oublieront, pas de compter au nombre des
obftacles qu’ils auront à vaincre , cette affinité d'excès
dont j’ai traité dans la Seéfion précédente, dont les
cas fe multiplient chaque jour fous mes yeux depuis
que je fuis averti d’en rechercher les traces (1),
& contre laquelle il faut être en garde fi l’on ne
veut s’expofer à confondre le fel neutre & le fel fur*
faturé d’un de fes principes.
§. IV . Des anomalies apparentes des affinités1
Après avoir expofé avec autant de détail les principes
phyfiques des affinités, leurs loix & la manière
fi) M . de Virly avoit defîré, pour quelques expériences, obtenir un acète barotique parfaitement Neutre, s’il etoit
poffible ; pour cela , il l’ayoit rediffous & cryftallifé plufieurs fois , laiffant toujours égoutter les^ cryftaux à l’air libre
fu r le papier non collé ; à la fin la diffolution ne rougit pLus le papier bleu, il ipe remit Une portion de ce fe l, & nous
obfervâmes qu’il verdiffoit très-fenfiblement le firop violât. Auroit-on foupçonné qu’une combinaifon auffi foluble p«1
retenir un excès de bafe? Cela m’a donné occafion d’examiner les ac'etes de potaffe , de f o u i e , de chaux, de \inc tr
plomb ; je les ai tous trouvés dans la même condition. Il eft bon d’avertir que les diffolutions de ces fels n’occafionnen
aucun changement à l’infufion de tournefol ; elles ne produisent auffi que peu ou point d’altération au papier coloré P"
le curcuma , mais celui qui eft coloré par les pétales de mauve y devient verd ; celui qui eft teint par je fernambou
y prend une nuance violacée très-décidée; enfin, elles reftituent-la couleur bleue au papier qui a été rougi puparavan
par lé vinaigre affoibli. Le fluor de chaux, auffi infoluble que le fpat pelant, v erd it, comme lu i , le firop violât par
trituration. V ' ,
de les confidérer relativement à leurs prodiiits, ou
pour en déduire les rapports, il ne me refte plus
guère, pour compléter cet article, qu’à rappeller &
a présenter fous des points de vue différens quel-
ues-unes des vérités que nous avons recueillies des
ifeuflions qui précèdent;
On appelle anomalies des phénomènes qui s’écartent
des loix connues, & anomalies apparentes
ceux où l’ordre n’eft troublé que par l’intervention
d’une nouvelle puiffance ; de forte que la différence
des produits eft très-réelle , fans qu’on puifle en tirer
aucune induétion, foit contre l’exiftence dé la caufe
générale, foit contre runiformité de fes effets.
L ’ordre des affinitéf efi-il confiant? Telle eft la question
que propofe l’illuftre Bergman au commencement
de fa Differtation fur les attrapions éleéfives,
& il renvoie, avec raifon , à l’Ouvrage entier pour
avoir une réponfe certaine ; car il. n’y en a point
d’autre que la folution des difficultés que préfentent
certains cas, & leur conciliation avec ceux qui pa-
roiffent opppfés ; mais il ne craint pas d’affurer qu’il
n’en a encore trouvé aucun q u i, examiné de près,
ne put être ramené à cet ordre confiant.
Il feroit bien inutile d’étudier la nature, de multiplier
les expériences , de recueillir laborieufement
des obfervations, s’il n’y avoit pas de loix fixes &
invariables, fi l’on ne pouvoir fuppofer les mêmes
caufes par-tout où l’on apperçoit les mêmes effets,
fi l’on n’étoit certain de les reproduire à volonté
avec les mêmes matières & dans les mêmes circonf-
tances ; mais tout nous raflùrè contre ce défordre,
la nature n’a qu’une marche uniforme dans fes opérations
; & quand nous jugeons qu’elle s’en écarte,
c’eft que nous avons mis nos opinions à la place
dé fes véritables lo ix , ou que nous ne faifons état
que d’une partie des forces qui concourent. A in fi,
du temps de Geoffroy, on tenoit encore pour principe
que les alkalis enlevoient toujours les acides
aux terres, que les terres précipitoient toujours les
métaux ; dès que l’on eut apperçu quelques cas contraires
, dés Chymiftes peu philofophes, qui n’avoient
pris de cette feience que l’art des manipulations, ne
tardèrent pas à exclure indéfiniment toute règle d’affinité
; la nature, fuivant eux, avoit pour chaque
phénomène une loi particulière, il fàlloit brûler ces
Tables fur lefquelles on avoit commencé d’enrégif-
trer les rapports obfervés, parce qu’on s’étoit trop
preffé d’en déduire une ou deux généralités. Des esprits
plus fages s’appliquèrent à déterminer les vraies
circonftances de ces opérations, ils découvrirent bientôt
que l’alkali qu’on fuppofort toujours le même, étoit
quelquefois un fel moyen formé d’un acide & d’une
bafe ; que ce que l’on prenoit pour le réfultat d’une
«mple attra&ion éle&ive, étoit l’effet d’une affinité
double ou par concours : de cette manière , tout
*en*j’.a ^3nS or^rü » & ? n en hït que plus folidement
ta, 1 que, quand il avoit été une fois bien vérifié
qu un corps A , par exemple , ne quittoit point le
corps B pour s’pnir au corps C ; que réciproque--
Wént l union des corps A & C étoit rompue par l’in-
Chyrnie, Tome ƒ,
f
tervention du corps B , cet ordre d’attra&lons, ou la
fupériorité d’affinité de B fur C , par rapport à A ,
devenoit un principe invariable qui ne pouvoit jamais
fe démentir.
Jjji efi donc bien important de connoître les caufes
particulières qui, dans certaines occàfions, modifient
les effets des principes généraux ; Bergman a indiqué
les fix qui fui vent :
1 °. Anomalies produites par la différence de chaleur.
2°. Anomalies produites par double affinité.
30. Anomalies produites par les changemens fuc-
ceffifs des fubftances.
4°. Anomalies produites par folubilité.
50. Anomalies produites par fur compofition.
B 6°. Anomalies produites par l’excès d’un des prln-,
cipes.
Comme on peut rapporter à l’une ou à l’autre dé
ces divifions toutes les caufes d’anomalies apparentes,
qüi ont été découvertes jufqu’à préfent, mêine en
leur appliquant une théorie un peu différente fur
quelques points , de celle du Chymifte Suédois, j’en
vais donner l’explication dans le même ordre.
I. La différence de chaleur change fouvent le$
affinités. Que l’on Verfe de f a^id^vitriolique dans
une diffolution de phofphate , à la température
ordinaire, ce fel eft décompolé & il fe forme'
du vitriol de potaffe ; d’où il fuit évidemment que
l’acide vitriolique précède l’acide phofphorique dans
l’ordre des affinités de cette bafe. Que l’on traite le
mélange au feu de diftillation, le vitriol de potaffe
eft à ion tour dècompofé, fon acide monte, & il
refte dans la »cornue du phofphate de potaffe ; ce
qui femble indiquer un ordre tout oppofé. Mais il
y a dans ce fécond cas une nouvelle puiffance, c’eft'
la matière de la chaleur avec laquelle l’acide vitriolique
s’élève en état de vapeurs, tandis que l’acide
phofphorique demeure fixe ; les circonftances ne font
plus les mêmes, & il n’y a par conféquent point
d’anomalie.
On trouvera un grand nombre d’exemples analogues
dans l’expofition de la V Ie. loi d’affinité, où
j’ai réuni tout ce qui pouvoit éclaircir cette matière,
& où je crois avoir prouvé que la condition de la
température avoit une influence bien plus étendue
que ne paroiffoit le fuppofer la diftinétion ordinaire
de la voie sèche & de la voie humide ; & même que
cette influence n’étoit pas bornée, comme Bergman
l’a penfé,aux cas dans lefquels un même degré de
chaleur augmente dans une proportion très-inégale
la volatilité des diverfes fubftances. Ce grand C hy mifte
fait d’ailleurs une remarque très-jufte , c’eft que
les corps volatils font véritablement changés par leur union
avec la matière de la chaleur, & fous ce point de vue les
phénomènes qu’elle produit pourroient auffi-bien être
rapportés à la troifième caufe d’anomalies apparentes ;
car peu importe que ces changemens foient ordinairement
paffagers, qu’ils difparoiffent prefque toujours en
entier par le refroidiffement, dès que l’on ne confidère
leur action que dans "les-bornes de leur durée.