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cprouvé d'abord aucun changement: fur la fin
il y a eu un peu d’effervefcence & quelques vapeurs,
la matière qui en a été féparée par leau etoit.
elutineufe, fans odeur, & reffembloit moins à une
réfine qu’à de la cire. Le bouillonnement a ete
plus marqué & plus prompt avec 1 huile de
jufquiame ; la matière grade que l eau a feparee
du mélange pefoit les } de l'huile employée, «c
avoit une odeur particulière.
On voit par-là qu’indépendamment de la propriété
d’enflammer les huiles effentielles & iicca-
tives, Y acide nitreux exerce fur toutes les fubitances
huileufes une aftioti qu’il importe de connoitre ,
foie pour en tirer des conféquences fur leur
nature particulière, foit pour en faire d uti es
applications dans les arts. Il eft remarquab e
qu’il ne peut les mettre en état de favon foluble
dans l’eau , & peut-être en trouvera-t-on la railon
dans la décompofition qu’il éprouve lui-même ,
ainli que nous le dirons dans un inftant*, mais il
leur donne plus de confiftance, il difpofe avan-
tageufement les huiles effentielles a entrer en
combinaifon avec les alkalis, il rend les huiles
graffes folubles à un certain point dans lefpnt-
de-vin; je dis à un certain point, parce que ce
ti’eft réellement qu’à la faveur & par 1 mtermede
de l’acide quelles ont retenu, & qui, une fois
féparé, les laiffe dans la même condition dmdiflo-
lubilité dans ce menftrue qu’elles avoient aupa-
Hoffman ayant retiré une véritable réfine de
a c r de l'air principe acidifiant. Ainfi Yacide nitreux
agit fur ces huiles précifément comme il agit
fur le foufre, fur le phofphore, fur 1 arfenic,
fur les métaux, fur le lucre, Scc.
Indépendamment de la confiance qu inlpire
naturellement une théorie qui lie tant de phénomènes
l ’huile de lavande, en la faifant digérer avec 1 acide
nitreux, en conclut très-bien que les réfines n e-
toient autre chofe que des huiles fubtiles coagulees
par le mélange d'un acide ; mais la Chymie n etoit
pas aflés avancée, il y a 40 ans, pour expliquer
clairement ce qui fe paffe dans ces operations :
le point de théorie néceffaire à cette explication
n’a point échapé àM. Cornette, puifqu après avoir
rapporté les preuves de l'état réfineux qu avoit
pris l’huile de lin dans une femblable opération,
il ajoute ; il paroît que dans cette réjine ïacide nitreux
sefl en grande partie détruit, & qu'une portion ^ J on
sir déphlçgifiiqué s'efi combiné avec elle. Voila :
exaélemerit ce qui fe paffe *, ce n eft pas 1 acide
nitreux tout eptier qui fe fixe, le principe radical
nitreux s’unit à une portion du phlogiftique de
l ’huile, Sc s’élève en état de gas nitreux ; mais toutes
les fois que cette décompofition a lieu , il y a
«ne quantité correfpondante d’air vital rendue
libre; s’il fe dégageoit, s’il fortoit réellement du
mélange fans prendre de nouveaux liens, M. Cornette
p ’auroit pu manquer de le reconnoîfre, de le
juger du moins à l’efpace qu’il aurait occupe dans
fon expérience fous l’appareil pneumatique; su
*ft refte dans le mélange, il y a donc trouve une
bafe qui la enchaîné au même inftant, & Gette
jbafe analogue aux bafes acidifiables a donné lieu
à la formation d’un comppfé acide par la réunion
divers par une caufe fi fimple, iious en
trouvons ici une preuve direéle dans les expériences
de M. Haffe; la preuve feroit complette
fi ce Chymifte eût fait iubir à tous fes produits
réfineux, ou du moins à ceux qui avaient acquis
une augmeutation de poids coniidérable, la même
épreuve de la diffolution dans l’efprit-de-vin1 &
de précipitation par Veau fans perte ce poids,
à laquelle il a fournis les 20 grains provenais
du baume de copahu; mais ces accroiffemens de
poids n’étant nullement conftans pour toutes les
huiles, dans les mêmes circonftances, fe trouvant
dans des proportions inégales & en quelqueAorte
correfpondantes aux fignes extérieurs de reaéhon ,
fubfiftant en un mot fans déchet, malgré tous les
lavages, il eft impoffible de concevoir qu ils foient
dus entièrement à la préfencç de l'acide nitreux
non décompofé; il faudroit admettre pour cela
que l’eau qui a précipité la réfine diffoute dan»
l’acide ne peut pas reprendre l’acide a la reline,
ce qui implique contradiction ; dès-lors 1 augmentation
de poids ne peut plus avoir d autre caule
que la combinaifon d’une portion d air vital, principe
acidifiant, & fi je ne me trompe , nous avons
fait un pas de plus dans la connoiffance de la nature
des réfines, qui peut devenir bien important
par les moyens que nous offre la Chymie moderne
de vérifier & d’approfondir ces principes,
■ II me relie à indiquer l’aéïion de l’acid' nitreux
fur le camphre, qui eff une huile effentielle d’une
efpèce particulière; cet acide le diffout tranquillement,
c’efl-à-dire fans fe décompofer, & apres
cela, on ne doit pas être furpris que le camphre
n’éprouve lui-même aucune altération; aufli eft-il
précipité par l’eau pure, tel qu’il étoit auparavant;
& des qu’il y a une fuffifante quantité «eau
pour lui enlever tout l'acid«, il ne tarde pas à
s’élever à la furface de la liqueur. Cette précipitation
par l’eau femble le rapprocher des produits
réfineux dont, il a été queftion dans ce paragraphe ;
mais nous verrons qu’il s’en éloigne par deux
caraélères très-marqués, puifqu’il relie en diffo-
lutiondansl’efprit-de-vin, malgré l’addition de 1 eau,
St qu’il élude l’aétion des alkalis.
Nous devons a M. Achard plufieurS expériences
intéreffantes pour déterminer 1 aélion de \ acide
nitreux fur le caoutchouc, ou réfine claftique de
1 Cayenne. ( Chymifch PhyfifchcScriften.)
L'acide nitreux concentré, mais non fumant,
! tenu en digeflion fur un.morceau de cette refine,
a paru l’attaquer à fa furface , & la rendre fragile ;
mais , au furplus, ellen’avoit éprouvé aucun chan-
■ gement, Si confervoit fa propriété élalliquc.
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Les réfultats ont été différens ovetUcide
très fumant: 960 grains de cet acide d,ffo“
fucceffivement 150 grains de cette refine h
diffolution s’eft faite rapidement , avec chale
bouillonnement; elle étoit tranfparentts & d un
jaune obfcur, l’eau en a précipité
des floccons jaunes, qui, édulcorés & ep >
donné une réfine foluble
foluble dans tous les acides, non foluble dans les
huiles effentielles, formant très-facilement des
favons avec tous les alkalis , & s'enflammant fpon-
tanémerit à une chaleur même inférieure a, celle
de l’eau bouillante. .
L ’huile fluide obtenue du caoutchouc par la
diftillation, s’ eft comportée avec Y acide nitreux
comme les'hu-iles effentielles; l’acide foible en a
diffous une portion, & le refte a acquis plus de
confiftance; Yaoidi nitreux fumant l’a enflammee
fur-le-çhamp, & il n’eft: refté qu’une maffe lpon-
gieufe très raréfiée. ' , ", ,
Cette dernière obfervation prouve bien la vente
de ce que nous avons dit précédemment, que ce
n’étoit qu’à raifon de leur tiffu moins permeable
que certains corps huileux réfiftoient à rinflamnia-
tion par l'acide nitreux , puifqu’il n a fallu a celûi-.
ci que la chaleur de la diftillation pour le dilpofer
à fouffrir cette décompofition inftantanee.
U acide nitreux diftillé fur la gomme arabique la
décompofé en lui prenant fon phlogiftique » oc y
laiffe lui même le principe acidifiant, dou il re-
fulée un véritable acide faccharin, , ,
Jufqu’à préfent, nous avons confidere 1 acide
nitreux comme pur, ou du moins en faifant abftrac-
tion du phlogiftique -qui s’y trouve fi fouvent oc
qu’il reprend avec tant de facilite lorfqu il en a
été privé, qu’il retrouve même néceffairement
dans le plus grand nombre des opérations où on
l ’emploie; nous nous occuperons dans un article
féparé de quelques phénomènes qui dépendent des
propriétés qu’il acquiert dans cette combinaifon.
Yoyeç A cide n itr eu x ph lo g is t iq u é .
A c ide n itr eu x F umant. On appelle ainfi r acide nitreux diftillé à la manière de Glauber, c’ett
à-dire , dégagé par l’acide vitriolique pur, qui elt
par conféquent très-concentré , de couleur jaune
tirant au rouge, Sc exhalant des vapeurs^ vifibles
de même couleur qui rempliffent la partie vuide
des flacons, ‘ phénomène qui eft: dû a la portion
de gas nitreux qui s’en féparé par le contaél de
l ’air. Lorsqu’on diftillé cet acide a un feu doux,
ce qui refte dans la cornue eft de 1 acide blanc
Sc fans couleur comme de l’eau, ijM. Bergman a
obfeiwé que cet acide affoibli d un quart d eau
prenoit une couleur verte, qu il devenoit bleu
îorfqu'on faifoic le mélange à parties égales, &
qu'avec trois ou quatre parties d’eau, il perdoit
abfolument fa couleur. Il en eft de même de la
nuance que donne à l ’eau du récipient Yacide
#11 ll* o w w A A r f f y r c C n i . V o r f o m p 9 1 » f l 11T11 l l l t l f i n .
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A cide NITREUX GLACIAL. M. Bernhardt
diftillant un jour un mélange dé io livres
nitre Sc autant de vitriol calciné, ayant mis a
le récipient une égale quantité d eau , trouva,^
indépendamment d’une bonne eau-forte tres-con
centrée, beaucoup de fel cryftallin blanc, tr^s-
volatil, qui fumoit à l air Sc répandoit. des vapeurs
rouges ( Chem., vers. &c. Léipfic , 176f ) : ce lel
réduifoit en charbon le bois, la plume, le linge
fur lequel on le pofoit, tout de même quel acide
vitriolique; & , s’il en tomboit une goutte en
quelque endroit, il s’ën élevoit des vapeurs rouges
de fang, iufqua ce qu’il fût tout-à-fait évaporé.
Î40 grains de ces. cryftaux jettes dans leau y
occafionnèrent un bruit ..pareil a ..celui qu auroi
donné ujifer rouge, & .en firent une eau-joru verte.
Ce felfe diffipa entièrement dans un flaconqui n etoit
pas bouchp raaélement; c’efl ainfi que M. Ber“ h« “
décrit la fubftance' concrète qu il a cru devoir
nommer acide 'nitreux glacial ou cryjtaUiJe.
M. Spielman, & avec lu i’le plus graiid nombre
des Cbymiftes., ont révoqué en, doute lexiftence
de cet’ acid.e: concret; majs. cqmmq le remarque
j le favant Léonbardi rdàns fes notes fur le diétion-
I naire de.M. Manquer, elle .eftbien confirmée par
j leq expériences:.pqbliées en dernier lieu par M.
^ C e 'oe lè h r e Phyficien, qui n’ayoit aucu” e
noiffance de l’ouvrage de M . Bembardt, avoit effaye
en 1777 d’imprégner l ’açide vitriolique de gas
nitreux7,7& il avSt feulement obferve que fix
parties d’acide vitriolique »voient un.®
partie de gas nitreux; quil avoit fallu p
autant d’agitation que pour le faire ahforberdans
l’eau ; queTacide,qui étoit auparavant fans couleur,
avoit pris une belle teinte pourpre ; que_ l eau
faturée de gas acide vitriolique avoir abfotbeplus
facilement & fans agitation le gas ai l«firÀi§K
ces liqueurs avoient diffous 1 argent »
& qu’elles n'avoient eu aucune aAion fur lo t
( exp. <ÿ obferv. tom. I V , B >*<>. J .™ - H fi mais ayant gardé le reliant de ces acides
ainfi imprégnés de gas nitreux dans des flacons
T bouchPon gde c r y ftS .il s’upperçut, environ
mois après, que prefque la totalité etoit cryft J ,
& qu’fl ne reftmt de liquide qu'une tre.-pet.te
portion de ce que contenqur le flacon.
P Les cryftaux reffemblotent exaélement a de
la Z e )T u morceau de cette glace mis dans
fé a l pure y occafionna une violente effervefcence,
elle f v in t : verte , & commença à pétiller en pro-
duifant fpontanément une grande abondance d air.
A T a id ePd’un peu de chaleur, cette produflioa
ffair fut fi grande quelle monta a plus de cent
fois le volume de la glace qui avoit été diffoute,
Sc c’étoit du gas nitreux le plus pur.
La glace expofée à la chaleur répandit une epa.ffe
fuméeërouge; une portion èchauftée dans une cap-
fule de verre fur fa flamme