
■S8 A CI
que toutes les circonftances concourent à favôrifer
cette combinaifon. Cette vérité , dont le célèbre
Fontana a eu la première idée, dont la probabilité
m’avoit frappé long-temps avant qu’on eût raf-
femblé tous les faits qui l’établiffent, devient une ;
cle f importante pour arriver à la folution des plié- .
nomènes les plus difficiles..
Il me refte à examiner préfentement fi Vacide
.méphitique exifte ou non tout formé dans Voir commun.
L’eau de chaux, expofée par-tout à l’air libre,
fournit de la crème de chaux ; la chaux elle-même !
s 'y éteint & devient infoluble, les alkalis .y perdent
leur caufiicité , y recouvrent la propriété de
faire effervefcence avec les acides; & ces effets fe
produifant en tout temps, en tous lieux, il femble
que l’on ne puiffe s’empêcher d’en conclure avec
M. Bergman qu’il y a toujours dans l’atmofphère
une grande quantité à!acide méphitique libre , ou
du moins, comme il le dit ailleurs , que l'acide
méphitique eft un des principes prochains de l’air
atmofphérique.Une expérience trés-ingénienfe de M.
Prieftley paroît encore appuyer cette conclùfion : il
remplit de mercure un tube de verre courbé en
a rc , le retourne dans deux vafes auffi remplis de
mercure, de manière que les extrémités des deux
branches plongent dans ce fluide, & il fait paffer
dans ce tube de l’air commun & quelques gouttes
d’infufion de tournefôl qui s’élèvent dans la partie
fupérieure, 8c déplacent le ‘mercure : tout étant
ainfi difpofé , il fait communiquer le mercure d’une
des branches au conduâeur d’une machine éleélrique,
& chargeant ce conduéleur, produit de fortes étim
celles, dans la partie du tube occupée par l’air commun
: après quelques minutes la liqueur s’élève un
peu dans chacune des branches., & prend une
nuance rouge , qui difparoît à l’air libre. Si au lieu
d’infufion de tournefol on y met de l ’eau de chaux,
elle fe trouble & donne un précipité qui fait
effervefçençe avec les acides. L’air qui refte éteint
le feu, tue les animaux , n?eft point diminué par
le gas nitreux, c’eft-à-dire qu’il a les caraélères de
ce que nous appelions air nuifible ou phlogifticjué.
Pour vérifier fi ces phénomènes étoient dus à
la feule . déflagration du fluide éleélrique , M.
Prieftley a tranfporté cet appareil fous le récipient
de la machine pneumatique , il a dilaté la bulle
d’air enfermée dans le tube jufqu’à ce qu’elle eût
fait fortir toute l’infufion de tournefol qui avoir
été altérée en rouge, il a remis enfuite de nouvelle
infufion à la même hauteur qu’auparavant,
& pour lors elle n’a reçu aucune altération des plus
fortes décharges éleélriques. Delà le célèbre physicien
anglois a tiré la conféquence que l’étincelle
. éleélrique ne faifoit dans ces circonftances que dé-
compofer l’air commun, Sc précipiter l’acide méphitique
qu’il contenoit effentiellement.
J’ai annoncé, dans mes notes fur la. première
differtation de M, Bergman, que je ne regardois
point cette conféquence comme néceffaire qu ib
réfuitoir feulçmenî de f experien.ee. qu’il fe produia
c i
foit de Yacide méphitique par la déflagration, électrique
dans l’air commun , de même que par la
combuftion , & que lorfqu’une quantité d’air déterminée
avoit été une fois expofée à cette déflagration
, le fluide aériforme qui reftoit n’étoit plus
fufceptible de produire le gas acide par le moyen
de nouvelles étincelles éleélriques. En effet ,fi on
confidère l’air commun comme un compofé d’air
v ita l, d’air nuifible & d* acide méphitique, il eft évident
qu’il n’y a pas dans cette expérience une
fimple réfolution du compofé en fes parties, puif-
que l’air vital n’y exifte plus. Qu’eft donc devenue
cette portion de l’air atmofphérique qui étoit ref-
pirable, qui auroit été fufceptible de diminution
avec le gas nitreux avant cette opération l il faut
bien qu’elle ait perdu fes propriétés par quelque
combinaifon. Il eft déjà très - probable que c’eft
cette combinaifon nouvelle qui a produit’ Y acide
méphitique , puifqu’on n’avoit auparavant aucune
indice de fa préfence aéluelle dans l’air commun ,
puifqu’il ne fe manifeftoit par aucune de fés propriétés,
puifqu’enfm il fuffit que l’air commun foit
privé de tout air vital pour qu’il ne fe forme plus
déacide méphitique, toutes les autres circonftances
de l’expérience reftant les mêmes.
On voit que cette explication portoit fur deux
bafes, i° . la difparution de la portion d’air vital,
exiftant néceffairement dans l’air atmofphérique ,
c’étoit un fait avoué : %Q. la eonverfion de cet air
vital en acide méphitique. Ce fécond peint n’étoit
encore que vraifemblable, parce qu’il étoit poffible
que cet air vital n’eût fait que d’augmenter la
portion d’air nuifible, & que dans cette fuppofi-
tion les partifans du fyftême de M. Prieftley fe
trouvoient tout auffi fondés à fôutenir que ces
déflagrations éleélriques n’avoient ceffé de produire
de Y acide méphitique , que parce que la maffe d’air
en avoit été complettement épuifée par la première
précipitation. Il s’agiffoit donc, pôur écarter
tous les doutes , de prouver que dans cette opération
l’air vital concouroit matériellement à la
preduélion de Y acide méphitique , je vis qu’il feroit
facile de s’en affurer en faifant des décharges électriques
dans l’air vital pur, au lieu d’air atmofphé-
rique, & j’indiquai cette expérience comme devant
produire la lumière que l’on défiroit pour la réfo-
. lution. de ce grand problème.
Cette expérience a été faite par M. Landrianî,'
elle n’a point trompé mes efpérances ; avant que
d’en faire connoître les réfultats, je donnerai la dèf*
cription dé fon appareil plus fimple & beaucoup
plus commode que celui de M. Prieftley.
Il prend un tuyau de verre A C (fig. /y des
appareils pour les gas ) ouvert aux deux bouts ; il
maftique, à l’une dé. ces extrémités , une boule de
métal B portée par un gros -fil de fer dont une
partie entre dans la cavité cylindrique ; il remplit
ce tuyau de mercure par l’ouverture C , & mettant
le doigt deffus, il la retourne dans la cuvette D
.également remplie de mercure & l’enfonce quelques
A C I
-eues lignes au-c’effous de fon niveau. On le maintient
facilement dans cette pofition , en 1 attachant
fur le petit montant de bois E qui eft fixé dans lé
fupport de la cuvette, & creufè en rainure fur la
face qui s’avance vers le milieu de la Cuve te. C eft
dans ce tube que M. Landriam introduit 1 air dans
lequel il veut faire paffer l’élearicité, de manière
qu’il faffe defeendre le mercure , par exemple, jul-
qu’en F ; alors il de charge plufieurs fois de fuite
une groflV bouteille deleÿde à travers cette couche
d’air; Cela fa it , il bouche de nouveau l’orifice G
du tuyau avec le doigt, il le porte ainfi bouche
dans l’eau de chaux ou dans l ’infufion de tourhe-
fo l; en retirant un peu le doigt , il laiffe tomber
quelques globules de mercure , & ces liqueurs ,
s’élèvent à l’inftant dans le tuyau à la hauteur ou
étoit le mercure. , .
Geft dans cet appareil que M. Landriam -a
expofé àTa&ion du feu éleélrique Pair vital tiré
du précipité rouge; il y a enfuite-introduit de l’eau
de chaux qui eft devenue laiteufe, de l’infufion
de Tournefol, qui a.pâffé au rouge. L effet a été
le même lorfqu’il a employé 4’air vital retire du
turbith minéral lavé, celui qu’on obtient du nter-
cure précipité de couleur de br.que, de la précipitation
du muriate ^mercuriel i.crrofif par lalkali
cauftique , l’air vital dégagé des fleurs de Zinc
faturées d’acide arfénical , & celui que fournit l’a-
cétè mercuriel.
Un de mes confrères de l’asadémie de Dijon
(M .l’abbé Bertrand), a bien voulu répéter encore
cette expérience à ma prièrë, avec une très-forte
machine éleélrique, & en prenant toutes les précautions
poffibles pour en affurer le réfultat ; il
s’eft fervi d’air vital tiré du nitre & lave plufieurs
fois dans Peau de chaux , pour, qu’on ne put foup-
çonner qu’il y eût la moindre partie d acide, méphitique
; à chaque décharge , l’intérieur du tube
fe tapiffoit d’une chaux de mercure, dont la calcination
produite par l’intenfité du feu éleélrique etoit
encore favoriféé par la préfence de l’air v ita l, &
après un certain nombre de déflagrations, l’eau de
chaux & l’infufion de Tournefol introduites dans
cet ai/ v ita l, manifeftèrent par leur altération la
produélion de Y acide méphitique.
Cette expérience fournit donc la preuve démonf-
trative que l’air vital eft partie conftituante de !’<*-
eide méphitique , qu’il eft réellement converti en cet
acide dans, des opérations où on n’emploie pas d’air
commun ; il n’y a dès-lors aucune raifbn de croire
que cet acide exifte tout formé dans l’air commun.
Ce n’eft pas cependant le feul fait qui puiffe
fervir à appuyer cette conclùfion. M. Lavoifier a
traité i once de précipité per fe avec 48 grains
de charbon, & au lieu d’air vital -, il en a retiré
un gas qui avoit toutes les propriétés de Y acide
méphitique. M. Prieftley ayant perfifté à fôutenir
que cette expérience ne prouvoit pas la eonverfion de
l’air vital en acide méphitique^parce qu’il n’y avoit dans*»-
leproduit que la portion d?acide méphitique que devoit •
, Chymie, Tom. I.
A c I
naturellement foufnir le charbon , *
répété cette expérience avec la précaution de «Jeter
miner d’abord ce que la quantité de charbon employée
pouvoit produire feule par laftion d un feu
violent; & il a reconnu que le gas acide produit
par le charbon feul, ne faifoit pas la feptieme partie
de celui qu’il donnoit avec la chaux de mercure,
d’où il conclut qu’une portion d air vitala
été faite par le phlogiftique dans le moment de
fa formation & s’eft convertie en acide mephmque.
Si on agite du plomb & du mercure dans une
phiole remplie d’air v ita l, il y aura une diminution
très- fenfible ; une partie du ^ '
nera pendant que le furplus paflera à letat d amalgame,
& on pourra dégager de cette chaux une
quantité d’acide méphitique, qui fera formeenécef
fairement de l’air vital, p u ifq a.ln y e» » ” «1®
le mercure ni dans le plomb. Si Ion fait cette expérience
dans l’air commun , il y a encore j£ f ° S
mition de i de la maffe d’air; ,’ai obfervé a meme
diminution en faifant paffer des eteincelles elec-
■ triques dans un vafe rempli dair commun ,
enduit intérieurement de l’alkalt cauftique , p
le faire cryftallifer à la maniéré de M. le Comte
de la Cépéde : il .faudroit donc qu’il y eut un quart
d'acide méphitique dans l ’air commun , & «
bre Kirwan prouve très- bien que cela nefl. pas
poffible. i° . Si cela étoit, le sj: reftans J g |N g
de l’air v ital, & alors le poids ablolu d un mela” F
de I d’air vital & d e i d'acide mephttque devroit
égaler à-peu-p rès le poids ^bfolu d un pa ’ ’
lume d’air commun ; or , dans le fait, il s en au
beaucoup que cela fe rencontre - qu3tre P0^ce^o 1
commun fie pèfent que 1,5-4 grains,& le
3 pouces d’air vital Û'un pouce “d acide mep q »
pèfe 1,83 grains. 2.0. M. Kirwan a mele, en vaiffeaux
clos,une partie d'acide méphitique avec vingt partie
d’air vital, l’acide s’eft manifefté fur le champ par
1« précipité qu’il aoccafionné dans 1 eau de chaux,
il en a été de même lorfqu’il a fubftitue de lair
nuifible ou phlogiftiqué à l’air v ita l, & Laïr commun
n’a pas produit le moindre nuage. 3 .
phyficien a ajouté -fucceffivement fix mefures de
gas nitreux à deux mefures d’air vital tire d e là
chaux de mercure par le feu , ou précipité ver Je*
après chaque addition il apaffé le mélange a eau
chaux nouvellement faite , & chaque fois il a trouv
é la chaux précipitée , jufqu’à ce que toutlair eut
été réduit à Je ne puis adopter abfohiment la
1 conféquence qu’il en tire, q u i ly a eu -j0 e air
vital converti en acide méphitique, parce que je
ferai voir ailleurs qu’une partie de cet air a contribué
à régénérer (’acide nitreux; mais la précipitation
de l’eau de chaux ne laiffe aucun doute luf
la formation d’une portion d'acide méphitique, qui ne
préexiftoit ni dans l’air vital ni dans le gas nitreux.
Remarquons que M. Prieftley paroît^ hii-meme
donner aujourd’hui moins de confiance à 1 hypothele
de la féparation de Y acide méphitique de 1 air com-
I mun ;î car , après avoir annoncé dans le tromeme
M