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entretenus dans le mouvement d’ignîtîon ariroient
-encore pu y brûler; ce qui ne lui a pas permis
d’atteindre dans cette opération le même degré de
précifion que dans la combuftion du phofphore :
cependant il y a toujours eu dans le volume de
l ’air une diminution proportionnelle à la quantité
de foufre confumée , & il s’efr formé en même-
temps un acide vitriolique très-concentré qui pefoit
le double ou le triple de la quantité de foufre employée
pour le former. ( Mém. de l’acad. roy. des fcienccs
ann. 1777, p. 69. )
Une autre preuve du même fait rêfulte de l’ob-
fervation de M.. Lavoifier fur la vitriolifation des
pyrites : ayant tenu des pyrites martiales dans
un endroit modérément chaud, jufqu’au moment
ou elles commencèrent à donner des lignes d’ef-
florence , il les enferma fous une cloche de verre
plongée dans l’eau, la vitriolifation etmtinua d’abord
aulji rapidement qu’en plein air ; elle fe râllentit
enfuite & s’arrêta tout-à-fait aujbout de 18 jours;
1 afcenfion de 1 eau dans la cloche en a voit marqué
les progrès fucceffifs, & leur terme fut celui où
toute, la portion d’air vital futabforbée, où il ne
reftoi: plus que de l’air nuifible , incapable de fervir
a la refpiration & à la combuftion. On fait que
les pyrites tiennent du foufre, qu’il fe convertit,
pendant cette opération, en acide que l’on retrouve
dans le vitriol de mars ; l’air abforbé étoit donc
devenu partie conftituanre de cet acide. ( Mém. de
l acad. ann. 1777, p. 39S. ) La même chofe arrive
lorfqu on enferme dans un volume d’air déterminé
un mélange de foufre & de limaille de fer légèrement
humeflé : M. Schéele s’eft fervi de ce procédé
pour mefurer par l’abforption la quantité d’air
pur contenu dans 1 ailimofphère, broyer iEudio-
MÈTRE.
11 eft bien reconnu que l’acide nitreux eft formé
d’air vital & de gas nitreux ; o r , fi l’on fait bouillir
doucement de 1 acide nitreux concentré fur du
foufre, l’acide nitreux eftdécompofé, il ne pafle
que du gas nitreux, & on trouve de l’acide vitrio-
hque t Bergman tom. I l , p. 707 & 3S6 ) ; l’air vital
eft donc fepaçe de l ’acide nitreux, & fixé dans
1 acide vitriolique; c’eft ici le même phénomène
que dans la préparation de l ’acide phofphorique
par Facide nitreux & le phofphore, c’eft-à- dire
“ ne vraie combuftion fans apparence de flamme ’
parce que 1 air vital avoit déjà perdu un peu de
fa chaleur en entrant dans la compofition de l’acide
!lllrrm ’ & que celle qui fe dégage n’eft alors que
la -différence de ce que l ’acide nitreux en retient
de plus que l’acide vitriolique, moins la portion
qu’abforbe à fort tour le gas nitreux , & qui eft né-
ceffaire pour le maintenir dans l ’état élaflique.
,, L’adcl<; muriatique déphlogiftiqué eft furchargé
d air vital ,& cet acide convertit le foufre en acide
Vitriolique, même fans le fecours delà chaleur;
«eit un fait que ja i vérifié moi-même avec d’autant
plus de foin, que le célèbre Schéele avoit an-
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nonce qu’il n’y avoit point de décompofition. Vover
A cide r eg a l in , §. II. ' '■
La chaux noire de manganèfe tient une grande
quantité dair vital, on n’en peut plus douter,
puifque c’eft d’elle que le reçoit l’acide muriatique :
M. Green a effayé en conféquence la converfion
du foufre en acide par la diftillation avec cette chaux
de manganèfe ; le produit n'a pas, été a fiez abon-
dant pour faire efpérer quelqu’utilité de ce procédé
dans les fabriques d’acide ; mais l’eati qu’il avoit mis
dans le récipient avoit une odeur ■ très-fulfureufe ,
elle étoit fenfiblement acide , la manganèfe avoit
perdu de fa couleur, il s’y étoit formé un peu de
vitriol de manganefe, & fa diftolution donna par
J 1 addition de l’alkali une chaux blanche qui noircit
! de nouveau par la calcination ( Crell, Neuejj. Eut.
| deckung. part. I X , pag, tof). L’air vital de la man-
I ganèfe avoit donc fervi à la formation de facide
| vitriolique.
| A c e s preuves fynthétiques, j’en ajouterai une
! d’analyfe que nous devons encore à M. Lavoifier.
; Il a mis dans une cornue de verre quatre onces de
| mercure & fix onces d’acide vitriolique, & ayant
j engagé le bec de la cornue fous une jarre remplie
1 de mercure, il a diftille à la manière ordinaire ,
& pouffé le feu fur la fin jufqu’à ficcité. Il a paffé
J dans le ^commencement beaucoup de gas acide
j fulfureux, & a mefure que l’opération avançoit,
ce gas étoirmêlé d’air commun & même d’air
vital. Il remit pour lors dans une aùtre cornue deux
onces du vitriol mercuriel qu’il venoit de former ,
il la plaça dans un creufet rempli de fable pour
qu elle put foutenir un grand coup de feu, 8c pouffa
la diftillation jufqu’à faire monter le mercure revivifié
: il paffa encore un peu de gas acide fulfureux
, qui fut abforbé par l’eau de la cuve dans
laquelle plongeoitle.bec delà cornue , & enfuite,
à mefure que le mercure fe revivifioit, 87 pouces
cubiques dair vital.qui foutint parfaitement l’é-
preuve^ de l’eùdiûmètre, 8c qui étoit feulement
mêlé d’un peu de gas acide méphitique. Puifqu’on
employé dans cette opération que de l’acide
vitriolique & du mercure, & que le dernier reffort
comme il y eft entré, il eft évident que l’air Vital
ne peut être qu’un produit appartenant à l’acide
vitriolique, 8d qu’ainfi ( comme le dit M. Lavoi-
fier) on retrouve par analyfe dans l’acide virrio-
lique l’air vital ou éminemment refpirabte qu’il a
abforbé pendant la combuftion du foufre ( Mém-
de l acad. roy. des je. ann. lyyy , page , 727 }. Nous
verrons à l’article acide vitriolique phlogijliqué, que
l’acide vitriolique fe rapproche en effet de l’état
de foufre.
* ^ ne reftoit plus qu’à déterminer la quantité
d’air vital qui entre dans la compofition de l’acide
vitriolique, c’eft ce que M. Berthollet a entrepris,
& il a opéré de deux manières pour que
1 un des réfultats fervit à l’autre de vérification. >
i ° . Il avoit obfervé 'que lorfqu’on ne mêloit
quune partie de foufre avec quatre parties de
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nître i il n’y s voit pas d’explofiofl, & qu’il fe
dégageoit tranquillement beaucoup de gas nitreux ;
qu il fe fnblimoit un peu de foufre , & qu’après
l’opération , on trouvait dans la cornue du vitriol
de potafle : il traita donc par ce procédé 4
gros de nitre 8c 1 gros de fleurs de foufre ; il fe fu-
blima environ 12 grains de foufre, 8c il fe trouva
dans la cornue 228 grains de vitriol de potaiTe.
O r , en fupppfant avec M. Bergman, qué 4 gros
de nitre tiennent 141 grains d’alkali, il fuit que
les 228 grains de vitriol de potafle tiennent à-peu-
près 87 grains d’acide vitriolique, & qu’ainfi 60
grains de foufre ont produit 87 grains de cet
acide. ( Mé/n. de 1''acad. roy. des fc. ann* 1782,
-pag*6ao..)
2e . Il a diftillé dans une grande cornue 4 gros
de fleurs 4e foufre avec de l’acide nitreux concentré,
&] ayant arrêté ,1e feu lorfqu’il reftoit peu
de liqueurY il a trouvé 2 gros 55 grains de foufre
non accompofé | pour déterminer la quantité d’acide
qui réfultoi't de la décompofition de 89 grains
de fôiifre, il a verfé , dans la liqueur, de la dif-
folution de muriate barotique , il a fait fècher fur
un bain de1 fable le fpat pefant qui s’eft régénéré
dans ce mélange, qui a pefé 948 grainsaprès cette
<deffication;, & 28 grains de moins lorsqu’il eut été
calcfné: Or i comme , fuivant les expériences de
M. Bergman, rooparties de fpat pefant contiennent
84 de terré barotique, il conclut que les
948 grains de précipité côntenoient à-peu-près
796 de bafe terreufe, 28 grains d’eau étrangère,
& 124 grains d’acide vitriolique; de forcé que les
8’9 grains de foufre avoient été changes en 124
grains d’acide , ce qui ne diffère que dé du
réfultat donné par la méthode précédente.
M. Berthollet a voulu encore déterminer les
proportions d’air vital que tient l’acide vitriolique
dans fon état aqueux, c’eft-à-dire au degré de
concentration où il fe' trouve avant que d'être
uni à qtielque bafe; Il à verfé pour cela , dans une
diflblution nitWufe de plomb étendue de beaucoup
d’-eaii, once d’acide vitriolique dbnt- la pefan-
teur fpécifiqu-e étoit r,7S8i ; le précipité, après
une éxaâe deffication, a pefé 1 once 3 gros.
M. Bergman ayant trouvé que 190 parties de
plomb s’uniflent à 43 parties d’acide vïrriolique ,
on voit par le calcul que 1 once 3 gros de vitriol
de plomb contiennent 238 grains d’acidé vitriolique,
& que 1000 grains, par exemple, d’acide
Vitriolique , dont la pefanteur fpécifique eft
1,788 , tiennent environ 173,62 grains d’èau étrangère
, 497,22 grains de principe fourni par le
foufre 8c 229,16 grains d’air vital.
Les Chymiftes favent bien que de toutes les
parties de l’analyfe , la plus difficile eft de déterminer
avec exaâitudè les proportions des ingrédiens
des fels ; il n’eft donc pas befoin de les avertir
que cesrèfultats ne doivent pas être pris à la lettre :
A C I 37'r
eepgndaftt jè dois remarquér à l’appui de la pre-'
miêre conclufion de M. Berthollet, qu’ën prè-i
nant pour bafe les expériences de M. Wenzel ,
au lieu de celles de M. Bergman, fur les proportions
des parties conftituantes dtï nitre , il ne fe
trouvèroit que 0,0158 de différence en plus d’alkali.
Les déterminations de MM. Bergman &
Wenzel s’éloignent bien d’avantage de celles de
M. Kirwan . màis cèlui-ci a confédéré-l’acide réel ,
& non l’acide Amplement concentré, il a pris fes
fels en état de deffication parfaite 8c privés d’eau
de criftallifation ; cela ne pouvoir manquer der
produire, dans les réfultats, une différence , qui
eft , comme il le dit, plutôt apparente que réelle.
Pour ce qui eft de la dernière conclufion de
M. Berthollet, fur la compofition de l’acide dans
l’état aqueux , elle ne s’accordp, pas avec la table
de M. Kirwan que j’ai donnée'nàns le paragraphe
précédent; 8c il eft évident que non-feulement,
fuivant le fyftème de cette table , mais encore'
fuivant l’expérience , l’eftimation que donne
Mi Berthollet de la quantité d’eau eft de beaucoup
trop foible; car, pour former 1000 grains'
d’acide vitriolique à 1,708 de denfité, il faudroit
851 grains d’acide à 1,884, 8c y ajouter effectivement
149 grains d’eau ; -d’où il fuivroit, dans
l’hypothéfe de M. Berthollet, qu’il ne refteroit.
réellement, que 24 ou 25 grains d’eau dans 8 çi
grains d’acide à 1,884, ce n’e^ pas poffible
d’admettre. La différence vient donc de i ce que
cet académicien a établi fon calcul fur le poids
des fels qui retiennent toujours une certaine
quantité d’eau, 8c fans déduire celle que la con-
céntration ne peut enlever à l’acide, parce qu’elle
lui eft effentielle , suffi-bien dans l’état falin que
dans l’état aqueux. O r , ceci prouve tout à-la-fois
que les premiers réfultats tirés de la coin parai fon
des poids des fels neutres entr’eux , font auftt
juftes qu’on peut le defirer; que cette méthode ne
peut Térvir à déterminer la quantité d’acide réel,
abftràélion faite de toute l’eau qu’il s’approprie ,
8c que celle de M. Kirwan approche bien plus
de la vérité.
Re&ifiabt donc, fuivant cette méthode , la dernière
opération de M. Ber\hollet, 8c prenant pour
bafe le terme moyen de fes deux premières expériences
, on trouve la compofition de l’acide vitriolique
aqueux comme il fuit :
'1000 grains d’acide vitriolique à 1,884 de pefanteur
fpécifique, tiennent 428,24 de principe fourni
(, par le foufre,
183,81 d’air'vita l,
Et 387,95 d’eau.
1000,00
Par la môme raifon ,• 1000 grains d’acide v i f
Âaa 2