
Ta b l e des diminutions de la force difoirante
de l'air9 à mejute qu'il fe raréfie.
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pouces lignes
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« On voit dans cette table ( dit M. de Sauflùre )
les...expofàns des diminutions de trois en trois
pouces (ou plus exactement de 3 | en 3 |-) de-?
puis 27 pouces jufqu’à. 2 lig. c’eft-à-dire , que fi
la quantité de vapeurs contenues dans Pair.à un
degré quelconque du thermomètre & du baromètre
eft repréfentée par l’unité, lorfque le baromètre
eft à 27 pouces , il faudra diminuer cette
quantité dans le rapport de o , 952.8 à 21 , lorfque
le baromètre fera à 23 pouces { , o u , ce
qui eft la même chofe, il faudra multiplier par
0,9528 le nombre quelconque qui exprimera cette
quantité. De même quand le baromètre fera à 20 p.
9 lignes, la quantité de vapeurs que'Pair tiendra
en difîblution ne fera plus, toutes chofes d’ailleurs
égales, que les 0,9528 de ce qu’elle étpit quand
le baromètre fe foutenoit à 27 pouces, & ainfi
des autres. »
I I I . Il ne riôus relie plus qii’à examiner s’il y a
une portion d’eau eflentiellement unie à Pair, du
moins dans fbn état élalîique ; & comment on doit
entendre ce qui a été dit précédemment de la quantité
néceffaire à la faturation.
C ’ell en mefurant la quantité d’eau que Pair prend
pour arriver à l’humidité extrême, ou qu’il perd
quand il revient à l’extrême fèchereffe, que nous
avons déterminé cçlle qu’il exige pour fa faturation ,,
& il ne peut y avoir de doute par rapport à la
première limite, puifque tout ce qui efl au- delà de
ce point relie non diflous ; mais iln’en eft pas de même
de la dernière, & l’on eft fondé à demander li le
dgfTèchement qu’elle annonce, doit être regardé comme.
abfolu. Le Phyftcien tant de fois cité dans ce paras
graphe ne s’eft pas mépris fur la réponfe que l’on
peut faire à cette queftion. « Les fels abforbans ( dit-
» il ) ne peuvent jamais dépouiller l’air de toute fou
» humidité, parce que , quelque foit l’affinité de ces
» Tels avec Peau, lorfqu’ils ont dépouillé à un cer-
» tain point les autres corps de celle qu’ils çontien-
» nent, la force attraélive des fels diminue & Celle
» dès corps dépouillés augmente dans le même rap-
» port; d’où il réfülteun équilibre en vertu duquel
” les corps les moins abforbans retiennent toujours
» quelque portion de leur humidité.« (§ . 47.)
Cette obfervation eft très-jufte : il n’eft pas étoiu
hant qu’elle ait conduit M. de Sauftùre à établir uni
différence entre l ’affinité hygrométrique & l’affinité chy-
mique, puifqu’il eft très - vrai que jufques dans ces
derniers temps les Chymiftes n’avoient point fait
état de cette décroiflance très-réelle de la force attraélive
d’un même corps par un même corps, &
qu’ils l’avoient toujours confidérée comme une puif-
fance dont le degré &. l’efficacité n’éprouvoient aucun
changement, jufqu’à un terme fixe qu’ils appel-
loient faturation ; mais nous avons fait voir à l’article
AFFINITÉ (.§. /ƒƒ. fe&. I .n . y . & fe d .2 , f . loi)
que ce phénomène fe préfentoit dans un grari'd nombre
de combinaifons ; que le point de faturation dé-
pendoit néceflairemeht dé l’équilibre dès forces de.
dîflblution & d’aggrégation ; & qu’il importoit fur-
tout de diftinguér l’affinité do compofition, de l’affinité
de fur-compofition.
L’expreffioïi de sèchereffe extrême de l’air ne doit
donc pas être prife dans un fens abfolu , & la quantité,
néceflaire.à.ia faturation.( la température étant
de 15 degrés ) n’eft pas feulement de 11 grains, mais
de ces 11 grains, plus la portion qui y refte encore,
quand nous-le difons fe c , parce que les fubftances
hygrométriques ne font pas en état de la lui enlever.
A la vérité", cette portion devient infiniment
petite , .& peut même être négligée en quelques cîr-
conftâhces fans erreur fenfible, comme le dit M.- de
Saulfure, lorfqu’à fon exemple on fait ufage de fels
très-abforbans de leur nature, fortement deflèchés ,
qu’on les emploie à grande dôfe, & qu’on a l’atten-
liou de les renouveller lorfque l’eau dont ils fe font
chargés? commencé à diminuer leur force. On ne
peut difconvenin qu’il a pris un des plus sûrs moyens
d’atteindre ce but en préparant la potaffe par la dé-
tonnation du mtre, la faifànt calciner long-temps &
l’étendant fur une tôle chauffée qui couvrait la moitié
de la furface intérieure du récipient. J’ai lieu de
croire cependant que les cryftaux décide fulfurique
glacial que j’ai obtenus de la diftillation du fulfàte de
fer ( Voye\ ci-devant pages 392 & 394. ) exerceraient
encore une aâion plus puiflante & retrouveraient
de l’eau dans l’a i t , même après que les alkalis cauf*
tiques, 8 t à plus forte raifon la chaux , y auraient
féjourné fans y acquérir une nouvelle augmentation
de poids ; puifque cet acide s’en empare avec une
telle avidité que la chaleur qui fe dégage inftanta-
nément,àcaufe de fa coinbinaifon, en convertit une
A I R partie en une vapeur épaifle (i). Au furpîus, je
11’indique cette expérience à tenter que pouf avoir
une donnée cîe plus fur la poffibilité de porter encore
plus loin le deftèchement ; car les difficultés qu’elle
préfente ne permettent pas de la faire fervir à la
graduation des hygromètres, indépendamment de l’al-
tération'qu’ils éprouveraient néceffairement du conta#
des vapeurs acides (2).
De cê que l’air retient toujours une portion d’eau,
i l ne s’enfuit pas quelle foit une de fes parties co n jli-
tuantes effentielles, quand nous le confidérons hors
de l’état habituel de l’athmofphèré; car, indépendamment
de ce que nous ne pouvons avoir aucune
certitude qu’il n’en exifte pas de parfaitement privé
d’eau, quand ce ne ferait qu’mftantané.ment & par
un concours fortuit de circonftances capables de produire
cette analyfe, fpontanée, il fuffit qu’il y ait
poffibilité de faire entrer l’àir lui-même ou fes autres
principes d?fts des combinaifons où l’eau ne l’accompagne
plus, pour juger que l’eau n’eft ici qu’une
partie fur-compofante, puifqu’autrement elle ne pourrait
être féparée de l’air fans qu’il ceffât d’être air ;
Or, nous verrons bientôt cette poffibilité démontrée
par les faits. Les expériences aujourd’hui très-mul-
tipfiées qui établiflènt ce point de' doélrine étoient
peu connues , lorfque le célèbre’ de Sauflùre propo-
foit de diftinguér la portion d’eau qui refte unie à
l’air , de celle qui cotijlitue vraifemblablement un de fes
élémens (Hygrom. §. 31. ) ; cette conjeélure qui n’a
jamais eu d’autre fondement que l’extenfion arbitraire
des analogies n’arrêtera plus fans doute le
Phyftcien qui faura que l’eau elle-même eft plus com-
pofée que l’air , & fe réfout en fes élémens.
Pour réfumer ce qui vient d’être traité dans ce
paragraphe, je crois aŸoir prouvé que l’eau eft v éritablement
diflfoute par l’air tant qu’elle ne trouble
pas fa tranfparence ; qu’il y à une affinité quelconque
de Pair avec l’eau, même avant qu’elle foit réduite
en vapeurs ; que la condition de température n’influe
dans cette union que comme dans toute autre
diflblution ; qu’il exifte un point de faturation au-delà
duquel le compofé d’air & d’eau n’agit plus fur l’eau,
même en état de vapeurs ; qu’il n’y a pas de raifon
de confidérer les vapeurs qui fe rendent alors vi-
fibles- comme des veffies vuides , mais qu’elles font
plutôt des fp hères pleines d’un .cOmpofé homogène
de calorique & d’eau, cé qui n’empêche pas de les
concevoir plus -légères que l’air ; que la portion d’eau
que l’air prend ou dépofe dans les limites de l’humidité
extrême au plus grand deftèchement connu ,
eft d’environ 11 grains par pied cube ; que la eau fe
la plus probable de la précipitation de l’eau, ou de
la féparation qui fe fait d’une portion de ce fluide „
dans des mélanges d’air à divers degrés de tempé-
(1) J’ai trouvé depuis que le célèbre Schéele avoit porté le même jugement fur la nature de cet acide concret. Jourrt.
fhyjîque , tome. X I X , page i j i .
(2.) Toute fub fiance qui eft capable de prendre une portion d’eau à: l’air qui en eft fa tuf é , peut .être appellée hygrométrique
, &• fubit certainement la loi de la décroiflance1 de force attraftive ; mais il s’en faut beaucoup que cette
'prOgreflion foit uniforme pour toutes ; ôc cette irrégularité , jointe aux autres caufes perturbatrices qui naiffent de la
■ differente "condition de température qui. convient à leur maximum d’affinité , de la plus ou moins grande facilité avec
laquelle elles commencent à fe déforganifer au-delà de l’humidité extrême de l’air , me fait penfer que l’on ne parviendra
jamais à mettre d’accord des hygromètres formés de diverfes fubftances! J’ai tenu pendant plufieurs mois dans
le même appartement , à Pabri du fol.eil, du vent & de toute autre imprèffion qui auroit pu être partielle ou inégale,
1*. l’hygromètre à plume remplie de mercure ; 20. l’hygromètre à cheveu ; 30. .deux onces d’acide fulfurique à 1,845
de derififé , dans un vafe un peu profond & couvert négligemment de papier bleu ; 40. enfin un hygromètre formé de
'6,00 grains de Carbonate de foude cryftallyfé , placés dans le baffin d’une balance , de la manière décrite par M.
ïnokodzow ( Méin. de Pétersbourg, ami. i jy S , part, i , page 193 ) . Mon intention n’eft pas de donner ici un Journal
d’obferyations , mâis de préfenter feulement quelques réfultatf généraux. On conçoit facilement que, dans les premiers
temps, l’acide a continué d’acquérir & la foude continué de perdre, quoique les deux autres hygromètres annonçaffent
un état de l’air qui devoit influer en fens contraire fur ces progrès ; cependant j’eus déjà occafion de remarquer que
la décroiflance ne correfpondoit pas à ces variations, de forte que fouvent l’acide acquéroit moins dans le jour plus
humide , Sc le?, cfyftaux de foude perdoiént moins dans le jour plus fec. Ce ne fut que quand l’acide eut pris environ
400 grains- d’eau , que fes abforptions commencèrent à marquer quelque correfpondance avec l’état plus ou moins humide
de l’air ambiant. Le Carbonate dé foude, qui n’avôit perdu que 11 grains le premier jour en perdit 30 un jour
de juillet, ou le’ temps fut'continuellement à la pluie. Une autre circonffance encore plus remarquable , c’eft que ce
fel ayant atteint, le 2 Août , fa plus grande diminution de pefanteur, Ôc fe trouvant réduit à ' 274 grains , ou environ
0,45 de fon poids, l’aiguille dé là balance qui le portoit demeura ftationnaire jufqu’au 20 Septembre , quoique dans
cet intervalle l’hygrontètr'e à cheveu ait varié fréquemment ôc quelquefois de 74 à 83 degrés. Dans les fix femaines qui
fuivirent , ce fel regagna '152 grains, ôc ce dans des progreffions fl peu concordantes avec les autres hygromètres placés
à peu d’e ffiftaace, que l’on eût été tenté de croire qu’il agifloit'fiir eux comme s’ils euffent été renfermés tous enfemble
èans un volume d’air déterminé , ou qu’il rendoit cét air d’autant plus fec , qu’il acquéroit lui-même plus d’humidité. Au mois
«le Février fuivant -, il lui manquoit encore de fon poids primitif 51,6 grains, l’hygromètre de M. de Sauflùre , placé à
co té, marquant .96. degrés. Enfin, j’ai été obligé de rénoncer à mettre quelqu’accord entre la marche de l’hygromètre
a plume Ôc celle dé l’hygromètre à cheveu, le.même degré de l’un coïncidant fucceffivement à des points differens de
l ’échelle xle l’autre,
H n’eft donc pas -moins mtéreftanf pouf la Phyfique eft général , que pour la Météorologie , que l’on s’accorde i
adopter un feul hygromètre , fi l’on veut déterminer les conditions des expériences, ôc tirer quelqu’avantage de la corn-
paraifon des obfervations. Le beau travail de M. de Sauflùre fur ce fujet >, l’art avec lequel il eft parvenu à approprier
a cet#infiniment l’une des matières les plus délicates , ôc pourtant des plus réfiftantes à la macération, ^e tous les corps
organifés-, ôc les moyens Amples qu'il a indiqués 'd’en régler-les mouvemens, d’en corriger les moindres aberrations, de
r®ffituer fa première fenfibilité , me femblent« bien capables dè décider le choix.
Chyràie, Tome A .T 1 1 1