j 8 i À F F
mence à fe geler à 10 degrés ( Voye{ ACIDE VI-
TRIOLIQUE , § . VI ) .
Cette viciffitude de propriétés, qui a évidemment
fon principe dans les diverfes proportions de compo-
fition, me fait naître l’idée d’une dernière objeâion
qui ne feroit probablement pas la moins confidérable.
L’acide que laiffe l’eau qui monte en vapeurs, ainfi
que celui qu’elle abandonne en fe congelant, n’eft
pas de l’acide abfolument pur ; il retient toujours une
portion d’eau , même au-delà de celle que l’on pour-
roit croire effentielle à fon état falin ; car, pour ne
parler encore que de l’acide vitriolique, il s’en faut
bien qu’il puiffe être porté dans ces opérations au
degré de concentration de celui que nous nommons
acide vitriolique glacial, que nous obtenons fous
forme cryftalline folide , qui la conferve à la température
de nos étés, & q ui, dans cet état, fe faifît
avec tant d’impétuofité de l’humidité de l’air athmof-
phérique, dès qu’on lui en rend le conta#. ( Voye^
a c id e VITRIOLIQUE FUMANT ). D’où il réfulte que
ce n’eft pas proprement une féparation de l’eau &
de l’acide, mais feulement la féparation d’une portion
d’eau qui furcompofoit une certaine combinai-
fon d’acide & d’eau : or , j’ai fait voir dans la Section
précédente, que l’on ne devoit point juger de
l’affinité de compofition de deux corps par l’affinité
du compofé avec l’un de fes principes par excès.
On conçoit qu’en effet le degré de température auquel
l’eau dépofe une partie du fel qu’elle avoit
diffous à une température plus élevée , ne peut être
donné pour lamefure abfolue de l ’affinité de l’eau
avec le fel.
On eft d’accord que durant le progrès du refroi-
diflement, la force aggrégative des molécules de
l’eau ne peut refter la même ; il eft également évident
que l’affinité de l’acide avec une nouvelle portion
d’eau, change d’inftant en inftant, à mefure qu’il fe
concentre ou qu’il fe délaie ; on fait enfin que les
accroiffemens & décroiffemens de ces puiffançes ne
font ni correfpondans entr’eux , ni même toujours
proportionnels à la quantité de^ chaleur ajoutée ou
fouftraite, au point que ces puiffançes reprennent
alternativement l’avantage l’une fur l’autre à différens
degrés: on n’auroit donc que des quantités variables
fans aucun terme fixe pour fervir de bafe à une
Table de rapports.
Ces réflexions me paroiffent fuffifamment établir
que nous n’avons , du moins jufqu’à préfent, aucun
moyen de déterminer, avec quelque précifion, la ré-
fiftance que deux fubftances combinées oppofent à
leur féparation ; que les décompofitions qui s’opèrent
par addition ou fouftraéfion de matière de la chaleur,
font des phénomènes tout-^-fait analogues aux précipitations
par l’affinité d’un troifième corps, & qu’elles
ne peuvent de même fervir qu’à régler l’ordre ref-
pe#if des principes qui font mis en jeu , dans les
circonftances, données.
I I I . Les affinités des corps qui s’uniffent ( dit
Macquer ) produifent, dans les opérations chymiques,
A F F
des effets proportionnés à la facilité avec laquelle ils
s’uniffent, & à la force de l’adhérence avec laquelle
Us reftent unis ; on peut regarder Vaffinité des corps
en général, comme étant en rai fon compofée de ces deux
propriétés.
Ce célèbre Chymifte paroît n’avoir embraffé cette
opinion mitoyenne, que parce qu’il étoit bien convaincu
que ni la facilité de l’union (qu’il eftimoit
auffi par la promptitude de la diffolution ) , ni la réfif-
tance à la féparation ne pouvoient feules fervir de
règle ; & je n’ai rien à ajouter aux preuves que j’ai
données de cette vérité. Je me bornerai donc à ob-
ferver, i °. que ces deux méthodes n’étant pas feulement
reconnues infuffifantes , mais fondées fur des
rapports qui ne correfjpondent pas néceflairement avec
la puiffance qu’il faut déterminer, qui dépendent
fouvent de caufes étrangères, il n’y a aucune probabilité
que ^eur réunion puiffe donner des, réfultats
exaéts. 2°. Que quand on pourroit l ’efpérer, nous
n’en ferions pas plus avancés, faute de moyens pour
trouver des valeurs comparables de cette facilité &
de cette adhérence. Ce feroit donc un principe purement
abftrait, qui trouveroit fans doute des applications
utiles dans d’autres occafions, s’il étoit démontré
, mais qui feroit ici de peu de fecours, par
la difficulté d’en vérifier l’accord avec les Tables de
précipitations : auffi le favant Auteur qui l’a pro-
pofé ne s’eft-il point expliqué fur la manière dont
il penfoit que l’on pût opérer & calculer, pour en
tirer des valeurs exaéies.
IV . Le fyftême de M. Kirwan exige un examen
un peu plus approfondi ; j’ai annoncé qu’il eftimoit
l’affinité des acides avec les bafès par les diverfeî
quantités qu’ils en exlgeoient pour leur faturation;
il faut voir préfentement comment il établit ce
principe.
M. Kirwan s’eft d’abord appliqué à déterminer
la quantité d’acide réel, qui fe trouve dans chacun
des trois acides minéraux, à un degré de pefanteur
fpécifique donné ; c’eft-à-dire , la quantité d’acide,
moins la quantité d’eau dont il eft impoffible de
le priver. On trouvera ailleurs les expériences &
les calculs qui lui ont fervi de bafes, les Tables qu’il
a dreffées pour indiquer tout de fuite les quantités
' d’acide réel & d’eau que recèlent les trois acides à
différens degrés de l’Aréomètre, & quelques réflexions
fur la conftruâion de ces Tables. ( Voyt{
ACIDE VITRIOLIQUE, §. I V y ACIDE NITREUX, §•
Vy 6* a c id e MURIATIQUE ). Il fuffit ici de favoir
que ce célèbre Chymifte confidérant le gas acide
muriatique comme l’acide ré e l, ou dans l’état de
ficcité, en chargea des quantités données d’eau,
obferva les poids qu’elles avoient acquis en abfor-
bant ce gas, & en détermina le rapport avec l’ac-
croiffement de pefanteur fpécifique , de maniéré
qu’on n’eût plus befoin que de connoître la denute
d’une femblable liqueur, pour eftimer les proportions
d’eau & d’acide réel dont elle étoit compofée. If
même procédé -n’étant pas applicable aux acides W*.
A F F
treux & vitriolique que l’on n’obtient point en gas,
M. Kirwan chercha à déterminer la pefanteur fpécifique
de l’acide réel contenu dans ces liqueurs. en
la calculant dans la fuppofition qu’à quantité égalé
d’acide ré e l, les trois acides minéraux étoient faturés_
par une égale quantité de potaffe ; & les réfultats
de ces calculs s’étant trouvés d’accord avec les ob-
fervations des pefanteurs fpécifiques de ces acides
étendus de diverfes quantités d’eau connues, il
en conclut la vérité du principe qu’il avoit fup-
pofé.
A l’aide de cette première donnée, de Vacide réel
exiftant dans les trois acides minéraux, M. Kirwan
entreprit de déterminer les dofes des parties confti-
tuantes de la plupart des fels qui en font formés, &
qui ont pour bafes des alkalis, des terres & des fubftances
métalliques. Il employa les moyens les plus
ingénieux & des précautions recherchées pour obtenir
le point précis de faturation, pour écarter tous
les accidens qui accompagnent ordinairement ces
expériences & qui les rendent fi incertaines. J’aurai
occafion d’en faire connoître bientôt les réfultats ;
je ne- dois m’occuper en ce moment que du fyftême
auquel elles l’ont conduit. Voici comment il l’expofe
lui-même.
Lorfqu’on a une fois déterminé la quantité de chacun
des acides minéraux néceffaire pour faturer les
différentes bafes (les bafes métalliques exceptées,
qui exigent un excès d’acide ) , il eft aifé de trouver
la quantité d’acide d’une bafe. quelconque qu’une
quantité donnée de chacun dès acides minéraux peut
prendre :■ car fi ioo grains d’une bafe quelconque
demandent , pour leur diffolution au point de faturation
, une quantité a d’acide, la quantité de cette
bafe que pourront diffoudre ioo grains du même
acide fera -i?— *
Après avoir fait fentir tous les avantages que peut
procurer cette connoiffance, l’Auteur ajoute : « Mais
” l’objet principal que je me fuis propofé depuis peu
», dans cés recherches, a été de déterminer le degré
» d’affinité bu d’attraélion qui exifte entre les acides
» minéraux & les différentes bafès avec lefquelles
» ils peuvent fe combiner -, objet de la plus grande
» importance, puifqu’il doit fervir de fondement à
i » la Chymie confidérée comme Science.............La
» découverte de la quantité d’acide réel exiftant dans
» chacun des acides minéraux en liqueur, de la
» proportion d’acide réel qu’une quantité donnée
» d’une bafe exige pour fa faturation, m’a conduit,
» fans y penfer, à une méthode qui me paroît être
» la véritable pour déterminer le degré d’attraélion
» de chacun des acides avec les diverfes bafes aux-
» quelles, ils peuvent s’unir ; car il m’étoit impoffible
» de ne pas remarquer:
ï 0. Que la quantité d’acide réel nécejjaire pour fa-
turet un poids donné de chacune des bafes, ejl en rai-
Jon inverfe de l ’affinité des bafes avec l ’acide.
- .2 * Que la quantité de chacune des bafes, nécef-
Jaire pour faturer une quantité donnée de chaque acide ,
A F F 583
efl en railon directe de l ’affinité du même acide avec la
bafe.
u C ’eft ainfi que 100 grains de chacun des acides
» demandent une plus grande quantité d’alkali fixe
» pour leur faturation que de terre calcaire ; plus de
” celle-ci que d’alkali volatil, que de magnéfie ; en-
» fin, plus de magnéfie que d’alumine, comme l’in-,
» dique la Table fuivante. »
Quantités de bafes que 100 grains de chacun des acides,
minéraux demandent pour leur faturation.
. _ potajfe fo u d e chaux ammon. magn, alumine
Acide vitriol. 215 165 110 90 80 75
Acide nitreux 215 165 96 87 75 65
Acide muriat. 215 158 89 79 71 5 j
« Comme les rapports de ces nombres fe trouvent
” d’accord avec tout ce que les expériences ordi-
» naires nous apprennent touchant l’affinité des acides
” avec leurs bafes, on pourra les regarder comme
» l’expreffion convenable du degré de cette affi-
» nité.. . . . . . Ainfi, l’affinité de l’acide vitriolique
» avec la potaffe, c’eft-à-dire , la force avec laquelle
» ils s’unifient ou tendent à s’unir entr’eu x , eft à l’af-
” fini té du même acide avec la chaux :: 21 f grains
» : n o ; & à celle avec laquelle l’acide nitreux at-
» tire la chaux :: 215 grains : 9 6 , &c. »
Enfin, M. Kirwan applique ces réfultats aux affinités
que j’ai nommées par concours. H confidère donc
en même temps, i°. les forces qui s’oppofent à la
decompofition , ou qui tendent à conferver les corps
dans leur état aéluel ; 20. les forces qui tendent à
opérer la décompofition & à former une nouvelle
union ; il^ appelle les premières affinités quiefcentes &
les dernieres affinités divellentes. On a déjà pu remarquer
par l’ufage que j’ai fait, d’après lu i, de cette
diftinâion , combien elle étoit avantageufe & même
nécefiàire, pour donner une jufte idée de ce qui fe
paffe dans les opérations où fe rencontrent à la fois
plufieurs fubftances.
C ’en eft affez pour faire connoître le principe for
lequel M. Kirwan fonde fa méthode. Les expériences
qu’elle exige , pour en tirer des conféquences exaéies,
prefentent fans doute des difficultés, fouvent infur-
mohtables, ou du moins qui ont fait jufqu’à ce jour
l’écueil de l’art dé l’analyfe entre les mains des plus
habiles Chyiniftes ; mais il feroit d’autant plus dé-*
raifonnable de rejeter la méthode par la confidéra-
tion de ces obftacles, que foit pour cet ob jet, foit
pour d’autres applications non moins utiles & encore
plus fréquentes, la détermination des proportions des
ingrédiens ou des parties conftituantes des fels & de '
tous les compofés en général, eft regardée aujourd’hui,
d’un commun accord , comme le point le
plus important pour avancer la théorie & pour per-
feéîionner la pratique de toutes les opérations. Bornons
nous donc à examiner fi la route qu’a pris M.
Kirwan eft à l’abri de toute objeâion ; & s’il eft
yra i, comme il le penfe, que ce but une fois at