
quels on .ppu€oit à vitrification l’acide phofphoriquj
le plus pur , prenoient dans toute leur hauteur une '
couverte vîtreufe. Je ne crois pas .cependant que :
l’on puiffe ^attribuer à la formation d'un fel alutni- {
neux l’infolubilité de laimaïTe que je.regarde comme ;
le radical phofphcftique ; .fi cela é t a i t , les creu'fets ' .
leroienc facilement ipercqs , [ils deroient du moins
entamés denfiblemenc dans leur épaideur :.bien loin
.de là , l’enduit vitreux n’eft que fuperficiel, &. ce qui [
feft bien .digne d’attention , il éft d’une belle tranf-
‘patence , tandis que c’eft.au centre du verre phaf-
phoriquè & loin des parois des creufets que l’on
‘apperçoit quelquefois une jnarière plus blanche &
.plus opaque qui çjouit de la même infolubilité,
'L'acide ..plwfpforiqiu! cède -les lafes terreufes aux
Acides vatriolique, nitreux & muriatique.
11 leur cède auffi les alkalis , même à l’acide
scéteux.
Mais par'la voie fèc’ne , il décompofe les .vitriols ,
mitres de muriates alkalîns à ràifon de fa fixité.
Il précipite l'argent de fa diffolution nitreufe , le
mercure de les diflblutious niireufe & vitriolique.,;
qe ne fais ce qui a pu tromper M. L'avqiiier furie
’premier de ces phénomènes , mais ii a été vu plu-
Peins fois -aux cours publics de l ’Académie ,de
{pijon. PHO SP y ,ArE D ARGENT , DJi MERfCCIRE.,
&C. ,
L'acide fbofphoriijus a une aélian marquée fur les
tuiles,: mêlé à parties égales avec l’huile d’o live,
T l prend , par la feule agitation , une couleur fau-ve
qui iubfifte même après la réparation ; cette nuance
Augmente encore fi on fait digérer le mélange .fur
de feu, l’acide qui occupe le bas s’épaiffit, la couche
d ’huile qui eft en.contaél devient noire & .comme
leharbonneufej le tout acquiert une odeur forte, ref-
femblant à celle du mélange d’éther & d’huile de
ih é réb en tip.e l’acide conferve cette odeur, même
après avoir été étendu dans beaucoup d’eau & filtré;
'd’huile l’emporte à la dlftillation. Ainfi, il évident
que ces d'euxfubftancesontetéréciprpquement
qui peut fefter dans cet acide : cependant il «
loug-tenvps que les Académiciens de Dijon oiw
averti, qu’à raifcn de la mifcihflit-e de ces deux
fluides , il ne pouvoie manquer d ’y avoir une perte
quand on vonloit purifier,l'acide phofphorique par le
procédé de M. Rouelle ( £lémens, &c. tojn. 3 , pd
<3S'9%" Cette obfervation .vient <d’ètte confirmée par
M, Lavoîfier ,.qui a mêlé en différentes proportions
.de l ’efprit-de-vin & de Y acide phofphorique,, -tantôt
concentré, lanttt flegmatique, & qui allure que les
circonftances font à-peu -près les mêmes que celles
du mélange de cet acide avec l’eau \qiYid y a egar
iement chaleur, & que le thermomètre 3 ’élève à-
peu-près au même de-gré,^ Acaddes-Sc. ann. jy8o ,
■ pag. 34$ ). On trouve enfin, dans les tranfaétions
philofophique.s de 178.3, un mémoire où M. le duc
de Chaulnes recommande de purifier le phofphat.e
natif de l’urine par l ’efprit-de-vin , & où il affure
que l’acide qui relie dans la cornue après la diftil-
lation du fel impur eft déliquefç-ent , que celui qui
eft purifié laiffe un acide qui;confe^ve.^l’.air fa ttanf-
patence & fa folidité.
altérées , & les Académiciens de Dijon ont eu rai-
don de dire que cette obfervation méritoit d’être
duivie , comme pouvant donner quelque lumière
dur l'huile de Dippel , qui n’eft peut-être que le
produit de la combinaifon éthérée de l'aàde phpfc
phorique ayec l’huile effentielle animale.
J ’ai rapporté précédemment les obfervations bien
circonftanciées des célèbres C h y m i ft e sM a r-graff &,
.Rouelle , de l’infolubilité de l’acide.phofphorique dans
i ’efprit-de yin. propriété dont le dernier a tiré un
procédé de purification de cet acide, M. Wenzel
placç précitément le fel acide de 1 urine dans, la
telaffe des fubftances infolubles dans 1 efprit-de-vi.n;
Mi\L de Laffone & Cornette difentégalement qu’il
.coagule Y-acide phofphorique de même que la lymphe
4 es animaux .( Acad, des Sc. Jç/So, p a g .fi2 .) ]8 c
JV5. Sçhéele ; 'dans fa differtatiori fur l’éther, indique
encore 1’efprit-de-vin comme un très -bon
Véhicule pour çrnpprter à la di.ftillatjpa le phofphore
De la contrariété de ces témoignages refaite une
queftion qu’il feroit difficile de réfoudre, par la feule
confidératiqn de l’état plus ou moins pur dans lesquel
eps Chymiftès ont pris cet acide, puifque celui
de M. Lavôifier & des Académiciens de Dijon avoit
été retiré par la combuftion du phofphoiîe. Il eft
•très-probable qu’il ^contenoit encore du phofphore
non décompofé, &. pn fait que le phofphore eft
foluble dans fefprkrde-vin ; mais on n’en conclura
pas fans doute que la petite portion qui! en difTont
pui,ffe fervir d’intermède d’uftipn d’nn^ (jM.antite
d’acide bien plus -confidérable. ■
llparpîtdone que Y-acide phofphorique -ne fe fouf-
trait à la loi générale, qui foumet tous les acides
à la diffolution par l’efprit ardent, qu’autant quS
perd lui-même ;les paraélères acides-, fait en prer
! nant une bafe, foit par la privation ,d une portion
de fon air vital acidifiant, ce qui nous ramène encore
à l’hypothèfe de la réduélipn de cet acide a fon
principe radical vitriforme. Mais je ne me diffimule
pas que ces faits , ainfi que beaucoup d autres , doivent
être .remaniés dans ces vues nouvelles, avant
que l’on puiffe en tirer des conféquences décifives^
yoye{ A l ÇOH O J . P .H p S PH 0R IQ .U É & E T H E R ,.
L ’aélion de Y acide phofphorique fur les matière*
végétales & animales eft plus où moins vive , fui-
vant le degré de concentration ; chargé de toute 1 humidité
qu’il peut prendre par déliquefcence , il eft
encore capable de détruire à la longue leur tijflu &>
leurs couleurs.
A c i d e p h 0 s p h q r i q u e -p h l o g i s t 1 q ù é . Comm^
nous ayons vu que racide nitreux , en fe chargeant
de gas nitreux , devient acide nitreux phlogiftique,
de même l’acide phofphorique, qui retient une centaine
quantité de phofphore nop decompofé, doit
être appelleÿd$e pjipfphpri^e phlogifliqué ; les principes
Sc les propriétés de ces deux fur-compofes ,
ainfi que de l’acide vitrioliqüe phlogifliqué, font tout-
à^fai& analogues, c’eft* toujours la diffolution dun
foufre par ion propre» acide.
M. Sage donne à cette compofition le nomda-
cide phofphorique volatil fumant ; M. Prouft re-'
marque-'très-bien que dans rla diftillation du^; pnof-
phôre il y a toujours une portion de cet adde phofphorique
volatil) qui- e(l‘à l*acide*phofphorique ce.-que
Yacide- fulfureux ejl à Vacide vitriolique.
Il: eft beaucoup plus facile' de-préparer l'acide
phofphorique phlogifliqué que d’obtenir cet acide
exempt de toute combinaifon phlogifliqué : il fuffit
de brûler rapidement le phofphore , en lui appliquant
la chaleur; il s’élève fur-le-chàmp des vapeurs
blanches fuffocanteS', & on trouve après la déflagration
un réfidu d’un rouge de grenade qui attire *
l’humidité de l’air, 8c qui fe réfout en partie en une
liqueur acide très-pénétrante , c’eft Yacide phofphorique
■ phlogifliquê.
Cet acide a , de même que le phofphore , une
odeur d*ail très-marquée, qui a fait penfer qu’il
exiftoit une- analogie entre - le phofphore, l’arfenic
& le fluide éleélrique , dont l’odeur eft en effet affez '
femblable; mais, comme lfe difent MM. de Laffone
& Cornette, malgré les recherches qu’on a faites
à .ce fu je t, il faut convenir que la fimilitude com-
plette ne fanroit être adraife ( Acad, des Sô% 1780 ,
pag. y n) . Cette odeur peut venir d’une même com-
binaifon aéluelle , mais hors des corps, 8c feulement ;
par la-rencontre de quelques-uns de leurs principes
mis en liberté ; il femble quelle pourrait être attribuée
à l ’âir vital faturé inftahtanément de phlo-
giftique , puifque ces effets n’ont lieu que dans la
combuftion vive ou lente.
J ’ai remarqué qu’il fuffifoit de-faire bouillir de
l’efprit^de-vin fur racide; phofphorique inodore,
pour lui donner une forte odeur diacide phofphorique
phlogifliqué, qu’il confervoit même après avoir été.
évaporé en confiftance pâteufe ; & fi on y verfe alors
de nouvel efprit-de-vin , il produit une liqueur lai-
teufev
L 'acide phofphorique phlogifliqué fe décompofe à
la-longue à l’air libre, ou pour mieux dire, il s’affoi-
i l i t ; car cette décompofition ne peut s’opérer qu-’au-
tant que ce qui -refte de phofphore reçoit le con-
taél de l'air ; &- on fent qu’il y en a toujours une
portion défendue par la liqueur. Pour-, réduire cet
acide à l’état d’acide fimple , il faudroit donc multiplier
con fi durablement les furfaces-, ou encore
mieux le traiter avec l’acide nitreux , fui van t le
procédé qüe-.j’ai précédemment décrit d’après M.
jLavoifier.
L'acide phofphorique phlogifliqué attaque le verre
par la voie humide; mais cet effet eft lent, il eft
îbible & nullement comparable à l’aélion de.l’acide
fluorique:, comme on l ’a fuppofe pour fonder une
prétendue analogie entre deux acides auffi diffé-
rens. Le phénomène d’un acide affaibli par le phlo-
giftique, qui agit plus puiffamment fur \ç yejre que
Çhymie, Tom, /»
l’acide fjmpléjn’efl’eft pas moins dignefd’at-teri tiôn f
il feroit intéreffanfr d’examiner s’il' agit réélit ment
fur le verre, ou feulement fur fes fon dan s trop à
nu ; dans le- premier cas-, ce pourroit être plutôt
1 l’effet de l’affinité du radical phofphorique que de
■ l’acide fur-compofé.
; Cet acide forme auffi -dés combmaifonsavec les
ibafes terreufes &. alkalines, mais qui cryftallifent*
[plus -difficifement-, qui preunent une forme-gélàtî-
ineufe, qui reçoivent une altération progreffive dit
îcontaét de l’air, c ’eft-à-dire , qui fé comportent
comme lés hépars'fulfureux , ar-fénicaux 8c autre*
; fubftances qui admettent le phlogifliqué pour troi-
ifième principe.
A gide PRUSSIQUE. Il y a près de 60 ans -que
|la Chymieeften poffeffion de 4a m a-ti ère te i gn ante
.du bleu de Pruffe , 8c de plufieurs autres fels formés
du même principe-, fans qu’on ait o fé , pour ,
jainfi dire , y foupçonner un acide propre de fon
-genre , tant la chimère d’un acide unique , univers
e l, a voit prévenu les efprits, tant lés préjugés
■ ont de force, jufques' daris ‘ lés- feiences fondées
-fur l’expérience, pour, détourner les conféquences
'naturelles* dés faits les mieux établis.
; J ’annonçai, en 17.72 , dans mes Digrefflons académiques
, que le bleu de Pruffe n?étoit pas Amplement
le phlogifliqué uni au fer ; que ce compofé
étoit une forte d’hépar , & qu’il pouvoit retenir
une portion- de Yacide animal. Ce fut d’après les '
imêmes vues, que dans 1 es Elémens de Chymie de
l ’académie de Dijon , 8c dans mon Mémoire fur les
.dénominations chymiques, je propofai de fubflituer
■ rèxprefhon d'alkali prufflen à celle d\tlkaliphlogif-
Hiqué, pour défigner la liqueurfaturée de matière co-
dorante du bïeii de Pruffe. Enfin, quelques expériences
dont je rendrai compte , m’avoient dé-,
icidé- à admettre dans cette liqueur un principe
nouveau , à l’infcrire dans le tableau des acides,
fous le nom à'acide pnijflque ( voye^ ci - devant,
page32 ) , & ’ à l’arrnoncer dans nies notes fur le
fécond volume dès Opufçules de M. Bergman ,
longtemps avant que j ’euffe coiînoiffânce du beau
travail5 de M. Schéele fur ce fu je t, «Sc de' la nou- .
ivellc édition de la tablé des attraélions électives de
M. Bergman, où cet illuftre Chymifte lui donne
le;rang qui lui convient, fous le'nom Racide du
bleu de Berlin. De pareilles autorités , 8c fur-tout
les preuves décifives que'le premier a fournies fur
1 l ’exiftence de ce principe , ne' me. laiffént plus
aucun fcrupule fur ce que pourront penfer de
cette innovation ces hommes auffi vains qu’igno-
rans-, pour qui !a‘faïence n’eft que la tradition de
lêc-ole .où ils’ont-prisie's'élémêns.
Le grand nombre de faits 8c d’hypothèfes que
"j’ai a rapporter m’obligent de fuivre ici un ordre
un peu différent. Quoique le bleu de Pruffe 8c la
leffive colorante foient, en quelque forte , les matières
premières dont on retire notre acide, je
n’indiquerai d’-abord leur préparation que dans le