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grattes, & vlfqueufçs ; Galien reconnoît âuffi. à l’A i - 1
niant une vertu purgative ; & ç’eft pour cela, dit-il,
qu’on le mit prendre aux hydropiques, parce qu’il
évacue toutes lés humeurs du ventre. Par la fuite
on a attribué à l’Aimant beaucoup d’autres propriétés
fouvent fort oppofées. Santés de Ardoynis , Pierre de
Apono, & quelques autres,, regardoient l’ufage intérieur
de l’Aimant comme dangereux ; ils le placent
même au rang des poifons. Serapion, au contraire ,
l’indique comme alexipharmaque. Quelques-uns le
recommandent comme apéritif ; d’autres le vantent
comme aflringent ; on l’a auffi employé en topique
dans le traitement des plaies, des ulcères, des hémorragies
, des hernies, même des douleurs de
goutte, de rhumatifme.
D’après tant de propriétés, l’Aimant a été infcrit
au nombre des fubflances -officinales ; & il efl devenu
le fujet de plufieurs . préparations pharmaceutiques.
La plus .fimple, la plus ancienne de ces préparations
confiflok feulement dans la pulvérifation
& la porphyrifation ; quelques-uns y ajoutoient la
lotion ou l’infufion dans l’eau ou dans l’alcohol ,
avec quelques plantes amères & aromatiques. Ainfi,
préparé,, l’Aimant fervoit pour les ufages médicinaux ;
©ji le donnoit en p o u d r e e n ;bols, où délayé dans
quelque piqueur • pn en faifoit des trochifques ; on
l e ,faifoit entrer dans-des çollires contre les maladies
dès y eu x , dans des gargarifmes contre les douleurs
de-dents3 on l’incorporoit avec des fubflances grades,
réfineufes, pour former des onguens, des emplâtres,
auxquels on attribuoit non-feulement la vertu d’attirer
les portions. de, fer qui auroient pu refier dans
une bleffure , mais encore d’extraire les autres corps
étrangers, meme les humeurs vicieufes. Outre
ces préparations fimples, on a fournis l’Aimant à
l ’aélion du feu ; on l’a mis en digeflion avec de l’al-
cohof, du vinaigre & quelques autres fubflances ;
ainfi on en a compofé des élixirs , des mixtures, des
quintejfences, qui fe trouvent décrites dans les Ouvrages
de Paracelfe , de Quercetanus (Duchefne),
de Faber. Aujourd’hui toutes ces préparations fi vantées,,
fi merveilleufes, font oubliées, & avec jufle
raifon. L’Aimant perd par la calcination, par la pul-
vérifation, tojïte force d’attraélion ; ce n’efl plus,
qu’une mine de,fer, qtii n’a & ne peut avoir d’autre
vertu que celle d’une chaux de fer , & des fubflances,
terreufes avec lefiquellesplle eft combinée &,comme*
dans les différentes mines la proportion du fer va-,
rie, comme il peut fe trouver dans la mine du plomb,
du cuivrer ou quelques-autre? fubflances■ nuifiblesf, on
concilie facilement les , différentes opinions , quç les
Anciens ont eu de l’Aimant ; on conçoit pourquoi
les uns l’ont regardé comme un poifon , pourquoi
d’autres lui ont reconnu une vertu purgative très-
Torte, tandis que-d’autres l’employoient feulement
comme apéritif & aflringent. Ces obfervations au-
roient dû depuis long-temps faire bannir , l’Aimant
tfos Pharmacies. On en a abandonné, il efl v ra i,
l’ufàge intérieur ; cependant on conferve encore cette
fubflance pour la faire entrer dans Y emplâtre divin,
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Voppodeltoch, & quelques autres préparations deftN
nées pour l’extérieur ; mais fi dans ces compofitions
l’Aimant efl utile, en qualité de fubflance fèrrugi-
neufe, pourquoi ne pas employer une chaux de fer ?
S’il efl utile, à caufe des terres qui entrent dans
la compofition de ce minéral, pourquoi ne pas employer
des terres fimples dont on connoît la nature
& dont on peut déterminer les dofes ?
Quoi qu’il en fo it, comme l’Aimant efl encore
recommandé dans quelques Difpenfaires modernes,
nous expoferons la manière de le pulvérifer, à l’article
PORPHYRISATION.
Quelques anciens Médecins ont aufîi recommandé
d’appliquer & de porter fur différentes parties du
corps des morceaux d’Aimant pour remédier à di-
Verfes attestions. On affure, dit Aetius, que l’A imant
tenu par ceux qui font attaqués de la goutte
aux pieds & aux mains, calme leurs douleurs, &
il foulage également dans les convulfions. Alexandre
de Tralles & Marcellus tiennent à peu près le même
langage ; le dernier s’exprime ainfi : Magnetes . . . . ,
collo alligati aut cire a cap ut dolon capitis medentur.
Dans ces derniers temps, la Phyfique ayant trouvé
le moyen de foire des Aimans artificiels d’une très-
grande force, on a de nouveau effayé l’application
ae l’Aimant dans le traitement de plufieurs maladies
, mais principalement des attestions chroniques,
nerveufes & doulouretifes. Pour rendre cette application
facile & continue1 on a donné différentes
formes aux Aimans artificiels, on en a foit des barreaux,
des colliers, des bracelets, des lames diverfement
figurées. MM. Andry & Thouret ont publié fur ce
fujet un Mémoire rempli de recherches , d’expériences
& d’obfervations qui tendent à déterminer
ce que l’on doit tenter & efpérer de l’application de
ces Aimans. Mémoires de la. Société Roy, de Méd, ann.
■1.779 "> Paë- Ï 3U
AIMAN T ARSENICAL. ( Pharm. ) Angélus Sala
a donné ce nom à une combinaifon de foufre avec
parties égales d’arfenic & d’antimoine ; cette préparation
a aüfïï été défignée fous les noms de Lapis
pyrmyfon, Lapis de tribus. Nous en parlerons en
traitant des compofitions fulfureufes. Voyc^ sou fre.
AIMANT ASTRAL. ( Pharm. ) Dénomination
poiripeufe imaginée par Grimaldy, pour défignerune
préparation du vitriol de fer avec l’antimoine & le
nitre. Cette préparation qui fe trouve décrite fort
au long dans les OEuvres poflhumes de Grimaldy, fe
faifoit par différentes diflillations, calcinations & lotions
répétées fucceffivement. L’Auteur qui attachoit
beaucoup d’importance à cette préparation, préten-
doit en tirer un efprit univerfel, un diffolvant incomparable
qu’il employait pour faire l’or potable |
la Médecine univerfelle. Ces expreffions, qui font
celles de l’Auteur, fuffilent pour foire apprécier l’utilité
de cette compofition, '
.SECOND»
SECOND AVERTISSEMENT,
Pour fervir d’introduction aux articles qui fuivent, & pour indiquer
quelques corrections à faire à ceux qui précèdent.
A v a n t que d’entamer l’article a i r , qui efl: aujourd’hui l'un des plus
importans de toute la Chymie, je ne puis me difpenfer de prévenir le Leéteur
de quelques changemens par rapport à la théorie & à la nomenclature; il
ne tarderoit pas à les appercevoir en comparant ce qui précède avec ce qui
doit fuivre, &t il pourroit en conferver une impreffion défavorable contre
l'Ouvrage, entier, peut-être même le confondre avec ces compilations faites
à la hâte, oh l’on rencontre à chaque pas des contradiélions que les Auteurs
eux - mêmes n’ont point apperçues. Pour écarter ce foupçon , il convient
d’expofer d’abord les raifons qui ont déterminé ces changemens, d’indiquer
en même temps, les légères corrections qu’ils néceffitent, & la manière de
remettre entre tous les articles cette liaifon qui peut feule leur donner quelque
valeur aux yeux de celui qui cherche à recueillir des principes fûrs «u à
fixer fes opinions.
S u r la partie théorique.
Dans les Sciences phyfiques, la vérité efl tout ; voilà le but unique vers
lequel doivent tendre tous les efforts, & rien ne ferait plus propre à en
[éloigner que la prétention d’un Écrivain qui croiroit fa gloire intéreffée à
affortir toutes fes opinions au premier fyflême auquel il s’efl arrêté ; comme
|sil sagiffoit de ces conceptions que l’imagination produit d’un feul jet, qui
; n’ont de réel que la beauté de l’ordonnance, l’unité de plan & l’ordre fymmé-
i trique des parties. Celui qui n’a pas le courage de s’approcher des objets qui
heurtent fes préjugés, de renverfer lui-même ce qu’il a lui-même établi,
? nuit d’autant plus aux progrès de la philofophie naturelle, qu’il réuifit à fur-
prendre un plus grand nombre de fuffrages.
Ces réflexions s’appliquent naturellement à un Ouvrage qui ne peut être
: que le fruit d’un travail de plufieurs années ; elles s’appliquent fpécialement
! à la Science qui fait l’objet de celui que j’ai entrepris, l’une des plus immenfes
par fes détails, qui acquiert tous les jours de nouvelles richeffes, qui marche
j continuellement de découvertes en découvertes ; elles conviennent fur - tout à
1 époque oh j’ai pris cette Science, dans cet état de crife qui précède allez
ordinairement les grandes périodes d’accroiffement, dans le moment oh les
Premiers Chymifles étoient partagés fur les points les plus importans de la
théorie, où les dogmes anciens fe maintenoient encore par l’habitude de les
- ■ Chjfiaie. Tome 1. K k k k