
524 À F F peu par la bouche à feu que j’ai ménagée exprès.
Alors, au lieu de 36 quintaux, on en pourra paffer de
30 à 60 , & même plus fuivant que la coupelle fera
en état d’en fupporter fans être endommagée. Si les
cendres font bonnes, bien préparées & la coupelle
bien faite, cela ne fouffrira aucune difficulté. Si la
coupelle avoit 8 pieds de diamètre, elle poürroit contenir
environ 90 quintaux de plomb, & en lui donnant
, comme cela fe pratique depuis quelque temps
en baffe Bretagne , ib à 12 pouces de profondeur,
©il poürroit y en mettre 120 quintaux a la fois.
L’on a dit en traitant de la liquation, qu’il fàlloit
prendre du plomb dans le baffin de réception pour
en faire les effais avant l’affinage , & que leurs ré-
fultàts dévoient être portés fur un livre à ce def-
tiné on jugera, d’après cela, fi l’Affineur a bien ou
inal opéré.
Le feu doit être très-doux dans le commencement
de l’opération, afin que la coupelle ait le temps de
fe débarraffer de fon humidité furabondante ; car
elle n’eft pas tout-à-fàit évaporée, lorfque le plomb
a commencé à litharger ; mais ce qu’il en refte ne
peut caufer aucun préjudice dans un fourneau conf-
truit de la manière indiquée.
J’ai vu plufieurs fonderies en Allemagne oh l’on
fait chauffer avec beaucoup de charbon la coupelle
avant d’y porter le plomb, cette dépenfe eft très-
inutile.
Le% craffes ou écumes qui proviennent de l’affinage,
font mifes féparément pour être fondues avec les autres
déchets des opérations relatives à la liquation.
Le bain étant bien net & le plomb devenu rouge,
la litharge commence à fe former & à s’imbiber dans
les bords delà coupelle qu’elle durcit ; alors on donne
le vent, mais foiblement d’abord, & on l’augmente
peu à peu. Il eft indifférent de fe fervir de fouf-
flets ou de trompes , il efl même inutile, dans cette
dernière circonftance, de pofer deux buzes ou porte-
vents, un feulfuffit en mettant à fon extrémité une
foupape ronde, de fer, que le vent fait foulever. Cette
foupape qu’on nomme papillon, rabat le vent fur la
furface du bain, accélère la formation de la litharge
& la chaffe du côté de la voie ou elle trouve une
petite rigole pratiquée dans les cendres de la coupelle
, d’où elle coule fur l’aire de la fonderie. Sans
la foupape dont on vient de parler, le yent fillon-
neroit la furface du plomb dans fa direction fur une
petite largeur, & jeteroit même des grains de plomb
par la voie qui efl à peu près dans cette direélion ; &
la litharge, au lieu d’être pouffée vers la voie, fe rari-
gcroit des deux côtés du fourneau fans qu’on pût la
faire tomber : ce qui tripleroit la durée de l’opération
, qu’on ne poürroit même pas finir.
Le papillon fatisfait à tout ; il rend le vent moins
violent en le faifant tomber fur la furface du bain
etiformede lame très-large ; il chaffe la litharge vers
la v o ie , ce qui arrive également, foit que la coupelle
foit pleine, foit qu’elle ne contienne plus que
peu de plomb ; car le vent efl toujours dirigé en bas.
D ’ailleurs, fi l’Affineur s’âpperçôit que la foupape
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porte le vent plus d’un côté que de l’autre de la coupelle
, il y _remédie promptement en tournant un
peu la verge de fer au bout de laquelle cette foupape
efl fixée à une charnière, qui lui permet de fe
lever plus ou moins, fuivant la force du vent.
L’opération dont efl ici queflion, quoiqu’une des
plus fimpks de la Métallurgie, exige néanmoins de
la part de l’Affineur beaucoup d’attention , foit pour
donner le feu à propos, foit pour, éviter de laiffer
couler du plomb avec la litharge, & notamment
vers la fin . de l’affinage , temps où le plomb qui
refie fur la coupelle efl très-riche en argent; s’il
en couloit alors feulement un marc , on poürroit
perdre plufieurs onces d’argent.
L’opération d’un petit affinage de 36 quintaux,
dure environ 16 heures. On y confomme a peu près
400 petits fagots, ou depuis trois quarts de corde
jufqu a une corde de bois. Si on y ajoute du plomb
pendant l’opération, la confommatioii du bois & la
durée de l’affinage augmentent, mais non en proportion
; car 60 quintaux pourront etre paffes en 20
ou 22 heures, ce qui vient de ce que l’affinage étant
une fois en train, il va très-vite, fur-tout lorfque
le plomb qu’on y ajoute entretient toujours la coupelle
pleine , car alors la furface du bain efl la plus--
grande poffible, & l’on fait que plus cette furface
efl grande & plus il fe forme de litharges en même
temps : cette réflexion doit faire préférer les grandes
coupelles aux petites. A Poullaouen l’on affine 120
quintaux de plomb en 27 à 30 heures, avec 600 ou
700 fagots. ^
S’il arrivoit que l’on eût tous cuivres dont la teneur
en argent excédât 12 onces par quintal, qui
efl la teneur requife pour un rafraîchiffement riche,
ainfi que je l’ai dit en fon lieu, on poürroit faire
paffer une partie de ces cuivres à la coupelle en
affinant l’oeuvre provenant de la liquation. Par exemple,
fi, après les mélanges faits, il refloit des cuivres
dont la teneur fût de 4 marcs par quintal, alors il
n’y auroit pas à balancer d’en ajouter un peu à chaque
affinage ; on y en peut faire entrer fans beaucoup
d’inconvéniens la feizième partie du poids du plomb ;
mais je confeille de n’y en porter qu’un vingt-cinquième
, ou tout au plus un vingtième. Ce cuivre
qui doit être préalablement caffé en petits morceaux,
n’efl mis dans le bain que lorfque le plomb efl bien
chaud & qu’il litharge bien.
Il n’y a que le. cas ci-deffus où je puiffe con-
feiller d’imbiber du cuivre dans le plomb de 1 affinage
; car quoique ce cuivre paffe pour la plus
grande partie dans la litharge & dans les cendres de
la coupelle , il y en a toujours de perdu qui fe détruit
par la vitrification , 8c qu’il efl impoffible de
revivifier. D ’un autre côté , les litharges provenant
de ces affinages, contiennent le cuivre qu’elles ont
fcorifié avec elles , 8c pour s’en fervir dans les mélangés
d’un rafraîchiffement, il faut avoir égard a
ce cuivre 8c en conféquence en faire moins entrer
dans la compofition de chaque pièce ; il faut au 1
par la même raifon ajouter une plus-grande quaft-
A F F
rité fte litharges & proportionnellement au cuivre
oui y eft combiné , afin que , par ces mélangés on.
obtienne les mèmès réfultats que nous avons detail-
Uc au chapitre premier.
On arrête-communément le vent aufli-tot que-
l’éclair eft fin i,& on celle le feu; un moment apres,
on refroidit le plateau d’argefit, en verfant dans un
petit canal en bois, de l’eau, qui, du bord de la cou
pelle fe rend tonte bouillante fur 1 argent. Il y en a qui
font bduilÙr l’eau , ce qui eft inutile pmfque la cou-
nelié lui communique à l’inflant ce degre de chaleur,
d’autres-fe fervent d’une eau de favôn, ce qui eft
encore très-inutile. H H ., , . 1
Lorfque le plateau eft figé,'on le détache de la
coupelle avec un grand cifeau ou pince de fer, on le
fort du fourneau & on le plonge dans un baquet
plein d’eau; on lui enlève avec un petit marteau a
pointe, les parties de têt. qui peuvent y etre r e f -
tées adhérentes; on feit fécher ce plateau, on le,
pefe, &c.
Obfervations fier la préparation des Coupelles.
L’on n ’a iufqu’ici employé pour la formation des
coupelles que des cendres de bois ou d’os; quelques
Ghymiftes en ont fait avec de certains fpaths friables.
Toutes ces matières poreufes & absorbantes
font fans contredit très-bonnes pour fore les eiiais
■ en petit fous une moufle, ou il s agit de faire un-
biber dans la coupelle tout le plomb quon y met, a
mefure qu’il fe convertit en litharge , pour obtenir
le petit grain d’afgènt que contient ce plomb.
A l’imitation des Chymiftes & Effayeurs, les Me-
tallurgiftes ont fait de grandes coupelles avec des
cendres , ils fe font pourtant bornés aux cendres de
bois qui font plus communes qHe celles des os d’animaux.
Ils ont auffi conçu & reconnu par beau-
coup d’expériences, que fi l’on étoit contraint dans
l’affinage en grand, de faire pénétrer tout le plomb
dans la coupelle , il faudroit , d une part » une
très-grande épaiffeur à la coupelle , par conséquent
une prodigieufe quantité de cendres, & que, de 1 autre,
l’opération de l’affinage dureroit plus de huit
fois autant de temps qu’il eft neceffaire en failant
litharger. Ils ont vu que la litharge fe formant toujours
à la furface du bain, il étoit poffible de faire
tes avec des cendrés, qui font légères, font fujettes
à s’élever à la furface d’un métal en fufion infiniment
une petite rigole dans les cendres du bord de ' la
coupelle, 8c d’y faire couler la majeure partie des
litharges qui furnagent le plomb, tandis que 1 autre
partie pénétré dans la coupelle autour du bain. On a
auffi reconnu que, pour accélérer la formation de la
litharge 8c pour la chaffer vers la v o ie , à mefure
qu’elle fe forme , il étoit à propos d y appliquer des
foufflets , l’on en eft refté là depuis très-long-temps.
La difficulté de fe procurer affez de cendres dans
les atteliers en grand , leur prix , ce qu il en coûte
pour en faire la lotion à l’effet d’en retirer les fels,
les fables 8c le charbon,’8c pour leur recuit dans
des fours à réverbère, tous ces objets de beaucoup
de dépenfe , joints à ce que les coupelles conftrui- j
plus pefant qu’elles, fur-tout fi, comme je
l’ai d it, le fourneau n’eft pas conftruit avec attention,
& que les cendres ne foient ni bien préparées,
ni bien battues; tous ces jnconvéniens, dis-je , m’ont
fait naître le defir de trouver des moyens propres
a ies éviter.- . * .
Voici comment j’ai raifonné ; puifque dans 1 affinage
en grand on n’a en vue que de convertir le
plomb en chaux ou litharge , pour en obtenir 1 argent
, ne peut-on pas faire les coupelles de matières
non abforbantes , moins couteufes dans leur préparation
, plus durables, plus pefantes, 8c non fu jettes
à s’élever pendant l’affinage ? Il ne s agit plus
maintenant que de trouver les’ matières qui y font
.les plus propres.
L’on fait qu’un fol de fourneau fait avec de 1 ar-
gille bien battue', dure plufieurs mois à fondre du
minéral de plomb ; on en a l’exemple aux mines de
baffe Bretagne ; je fuis affuré qu’un baffin de coupelle
fait de bonne argille peu humeélée, bien battue
à mefure qu’elle fèche, & chauffée avant d’y ; porter
le plomb , dureroit beaucoup. Mais il fë préfente
une difficulté, c’eft que l’argille expofée au feu fe
I durcit trop-fortement pour pouvoir en couper, afin
de former la petite rigole fervant de paffage à la litharge;
on pourra remédier à cet inconvénient en
mêlant beaucoup de fable fin 8c tamifé à l’argille dont
o n fera la coupelle.j on pourra même, fuivant moi,
faire la coupelle entièrement de fable, ou, fi l’on veut,
l’endroit du paffage'de la litharge feulement. Alors la
voie fe formeroit avec facilité & même plus aifé-
ment que dans les cendres qui fe durciffent par l’im-
bibition de la litharge au point que l’Affineur a fou-
vent beaucoup de peine à former la voie. C ’eft ce
qui me fait croire que de Fargille mêlée de fable
poürroit fe couper avec les mêmes outils ; on pour-
roit même, en cas de néceffité , avoir recours à une
efpèce de lime ou râpe emmanchée au bout d’une
verge de fer. Enfin on peut faire la partie de la
voie de la litharge avec des cendres , foit d’os , foit
de bois, tandis que le baffin de la coupelle feroit
de fable 8c argille, auxquels on poürroit fubftituer
de certains fchiftes friables.
Dans une coupelle en grand préparée à ma manière
, on pourra, je crois, paffer plus de 6o milliers
de plomb de fuite fans craindre d’accident ; bien entendu
qu’à mefure que le premier plomb mis fur la
coupelle lithargeroit, on y en fubftitueroit d’autre,
ainfi qu’il eft expliqué.
Outre les avantages dont j’ai parle, cette*mamere
d’opérer en préfente d’autres. Elle confommeroit beaucoup
moins de bois , elle feroit plus expéditive. On
convertiroit tout fon plomb en litharges, puifqu’il
n’en pénétreroit point dans la coupelle , avantage
qu’on trouvera affez confidérable fi on fait attention,
i°. que la litharge eft une matière marchande, 8c
que le têt ne l’eft point ; 2°. que la litharge efl beaucoup
plus aifée à fondre ou à revivifier, que le plomb