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Les dimenfions de la cuve pneumatique varient fui-
vant l’objet qu’on fe propofe : un vaiffeau quarré-
long ou oval de 15 pouces de longueur, dé 1o de
largeur & de 8 à 9 de profondeur, fuffit à celui
qui ne veut que faire de^petits effais ou démontrer
quelques effets ; mais dans un laboratoire où l’on
fuit à la fois plufieurs expériences en grand, ces
proportions doivent être au mo'ins doublées.
On fait de ces cuves en cuivre étamé, en tôle
vernie,& en bois le choix de la matière des vaiffeaux
eft un article importantnon-feulement pour l’ufage
& la durée , mais encore pour la fidélité des ré-
fultats. Le cuivre & le fer l'ont trop facilement attaqués
par les acides qui, dans un grand nombre
d’opérations, fe mêlent en plus ou moins grande
quantité à l’eau de la cuve. Les vaiffeaux de bois
font fujets à couler & durent peu. Ce qu!il y a de
mieux eft une caiffe.de bois bien affemblée & doublée
de plomb à l’intérieur; la table peut fe faire
tout Amplement d’un plateau de bois un peu épais,
mais il faut bien fe garder d’y employer du chêne
ou autres bois de même nature, dans lefquels l’eau
devient bientôt noire & prend une qualité aftrin-
gente ; le. fapin , qui fe trouve par-tout, n’eft pas
lùjet.J cet inconvénient.
Quelques-uns adaptent encore à cette cuve deux
robinets ; l’un à la hauteur du fond, comme en M ,
pour la vuider plus .commodément ; l’autre à 4 ou 5
lignes au deffus du niveau de la table pour donner
iflùe au trop-plein , qui a lieu toutes les fois que l’on
plonge dans la cuve un vaiffeau d’un certain volume,
ou lorfquèle gas chaffe l’eau des récipiens placés fur
la table ; qui fouleveroit 6c pourroit renv.erfer ceux
qui feroient déjà remplis des produits aériformès;
qui pafferoit. enfin fur les bords de la .cuve , fi
l’on n’avoit la précaution de l’évacuer de quelque
manière.
Le fervice de la cuve pneumatique exige encore
plufieurs inftrumens, que je me bornerai à indiquer
en peu de mots.
Indépendamment’des récipiens dont j’ai .parlé &
qui doivent être de différentes grandeurs , il .eft bon
d’en avoir qui portent des divifions toutes faites fur
un de leurs côtés extérieurs , pouf donner en pouces
cubiques , quelquefois même en fractions,de pouces,
la mefure exaéle dé l’air produit ou abforbé. Ces
divifions peuvent être tracées fur une lame de papier
collée & couverte enfuite de vernis ; ou encore
mieux gravées fur le verre par l’acide fluorique,
comme je le dirai à l’article Fluate de Jilice.
Il eft foüvent neceffaire de pefer les gas : on a
pour cela un globe ou ballon A (/g. 28) garni d’un
robinet, qui fe viffe fur la tétine de la machine
pneumatique pour y faire le vuide , qui s’adapte en-
iuite au'robinet du récipient B , pour recevoir le
gas, 6c que l’on fufpend enfin par fon crochet C au
bras d’une bonne balance.
Il faut des fiphons de verre de . toute grandeur &
de tout calibre ; les uns fimplement courbés pour
établir des communications comme dans la fig. 24 ;
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d’autres en S comme G F E de la fig, 8, qui tra-
verfent les bouchons des bouteilles & flacons & fervent
à porter les gas fous les récipiens; d’autres
enfin qui portent deux branches droites & qu’on
emploie à la fucçion de l’air des récipiens, quand
la néceflité de difpofer d’autres matières dans leur
intérieur n’a pas permis de les vuider d’avance d’air
commun. Si les vaiffeaux font d’une grande capac
ité, au lieu d’afpirer l’air pâr la bouche, on fait
ufage de la pompe à main , repréfentée fig. /;/, dont
le robinet eft percé, pour porter au dehors l’air
•qu’elle attire du récipient à chaque coup de pifton.
On appelle fiphons anglais, ceux de la fécondé ef-
pèce, qui, au lieu de trayerfer fimplement le bouchon
de liège de la bouteille 1 portent eux - mêmes
un bouchon de verre ufé à l’émeri; ils conviennent
fur-tout dans les opérations où le gas eft de nature
à attaquer le liège ou le lut dont on a foin de le
garnir, & pourroit en conféquence recevoir quelque
altération.
Je ne t parle pas de bien d’autres uftenfiles qu’il
convient d’avoir fous fa main , comme des entonnoirs
6c capfules de verre, des fupports qui puiffent
| le. placer dans les récipiens, des pinces ou tenettes
courbes , pour y pçrter les matières, des petits outils
néceffaires pour arranger les fiphons ; non plus
que des veflies qu’on emploie,dans quelques cir-
conftances , foit en les liant fur le robinet d’un récipient
pour y introduire le gas , foit en leur fài-
fant porter un ajutage pour en exprimer le fluide
aériforme par la preflion , &ç. &c. Toutes ces choies
font aifées à imaginer & n’exigent ni figures ni descriptions;
bien plus, le Phyficien ingénieux fau-
ra , dan& le befoin , fe paffer de la cuve & de tout
fon appareil ; il eft peu de phénomènes qu’il ne
parvienne à opérer avec des tuyaux de v erre,
des bouteilles, des gobelets, &c. Mais il n’étoit pas
moins important de déterminer les formes les plus
avantageuses de ces inftrumens, les principes de leur
conftru&iqn, les vues d’après lefquelles ils ont été
fucceflivement rcorrigés & perfe&ionnés, puifqu’il n’y
a toujours que ce fouveilir qui puiffe guider l’induf-
trie dans le choix des matériaux dont elle peut faire
reffource.
II. L’eau ayant la propriété d’abforber plufieurs
efpèces de fluides élaftiques, l’appareil hydro-pneumatique
ne pou voit convenir aux expériences dont
ils faifoient le fujetoü dont ils étoient le produit; on
a donc cherché une autre .matière egalement propre
par fa fluidité à empêcher là communication de l’air
commun dans les vaiffeaux qui les contenoient, 6c
qui n’eût pas % même difpofition à s’unir avec eux :
le merc.ure a paru remplir ces conditions, & on a
établi un appareil hydrargiro-pneumatique. Le but que
fe font propofé ceux qui ont cherché à lé perfectionner,
étoit de tirer le plus grand parti d’une petite
quantité de mercure, afin de le rendre moins difpen-
,dieux.; les petites caiffes de bois où de tôle vernie
décrites par M, le Duc de Chaulnes & par M. Sigauç}
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de Lafond , & dont la capacité eft diminuée par
des efpèces de joues parallèles à leur longueur, répondent
affez bien à cette intention. Il faut avouer
néanmoins que fi elles fuffifent pour des démonftra-
tions, elles offrent bien peu de commodités pour des
expériences de recherche, 6c même qu’il eft ïmpof-
fible de déterminer avec précifion les dofes des
v produits , à caufe des pertes répétées qu’occafionne
néceffairement la fubftitution des récipiens d’une trop
foible capacité. C ’eft ce qui m’a engagé à adopter
l’appareil propofé par M. Lavoifier ( Mém. de VAcad,
royale des Sciences, année 1784.). Comme il eft conf-
truit fur les mêmes principes, ce que-j’en dirai fuf-
fira pour les faire connoître, on verra feulement que
j’en ai un peu réduit les dimenfions.
B CD E , fig‘ 2-9 des appareils pour les gas, repréfente
un bloc de marbre , ou tout fimplement de
pierre-affez compare pour prendre le poli, de ^
pouces de longueur, 11 \ de largeur & 7 d’épaif-
feur, creufé d’abord de la profondeur de 2 pouces,
en laiffant tout autour des bords de 15 lignes, dans
lequel, on a enfuite pratiqué une rigole T de 3
pouces de largeur & 3 pouces de profondeur fur
9 pouces de longueur à partir de l’extrémité BD.
Cette rigole eft terminée par une cavité circulaire V
de 4 pouces de diamètre, au furplus de même profondeur
que la rigole, & également arrondie dans
le bas. La figure^30 eft le plan de cette cuve; la
figure 31 en donne la coupe fur le milieu de fa longueur,
& on remarque en X X deux petites rainures
à 6 lignes-au deffous du bord de la rigole , qui ont
à peu près 6 lignes de hauteur & de profondeur',
& qui régnent des deux côtés de la rigole jufqu’à la
cavité circulaire; j’en indiquerai bientôt l’ufage.
Cette cuve forme, comme l’on voit, une furface
quarrée de 153 pouces, de forte qu’en en fuppofant
le fond couvert de la hauteur d’un demi-pouce , cela
produit 76 § pouces cubes ; à quoi ajoutant la capacité
de la rigole & de la partie circulaire d’environ
104 pouces cubiques, il en réfulte un total de 180.7
pouces cubiques, dont le poids, en fuppofant le
mercure le plus pur, eft de 99 liv. 3 onces & 91
grains. Ainfi, avec cent livres feulement de ce fluide
métallique, on fe procure un appareil qui peut fer-
vir à toutes les opérations. Je n’ai pas befoin d’avertir
que fi l’on vouloit élever dans cet appareil un
très-grand récipient également rempli de mercure ,
il faudroit en avoir d’autre part en provifion ; mais
dans beaucoup de circonftances, on peut s’en paffer
en rempliffant ces grands récipiens dans la cuve à
l’eau & les tranfportant enfuite dans la cuve au mercure
, au moyen des obturateurs dont j’ai parlé précédemment.
Au refte, il eft bien peu d’expériences
que l’on ne puiffe exécuter dans des récipiens ou
vaiffeaux cylindriques de 8 à 9 pouces de hauteur &
de 2 à, 3 pouces de diamètre; ce font ceux qui conviennent
principalement à l’appareil dont il s’agit, en
ce qu’ils peuvent s’enfoncer entièrement fous le mer-
cùre, dans la rigole de la cuve, foit pour les remplir,
foit pour tranfyafer le gas qu’ils contiennent,
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On a vu que cette rigole portoit deux rainures
latérales ; ces efpèces de couliffes font deftinées à
recevoir des tablettes de bois de différentes formes,
qui , étant divifées en plufieurs pièces, peuvent être
facilement introduites par l’extrémité circulaire à laquelle
on a donné à cet effet un plus grand diamètre.
Quelques-unes de ces tablettes font uniquement
difpofées pour fermer la rigole 6c tenir
lieu , du moins en quelques parties , d’un fond arrafé;
d’autres portent un entonnoir ou échancrure pour
recevoir les fiphons ; d’autres enfin font des portions
de cylindce plein, qui, en déplaçant le mercure dans
toute la profondeur de la rigole fur une longueur
plus ou moins confidérable , donnent le moyen de le
mettre tout en oeuvre , foit pour remplir à la fois
plufieurs-récipiens , foit pour entretenir le niveau
qui doit toujours fe trouver un peu au deffus de
l’orifice de ces récipiens. A in fi, cet appareil fa it,
à volonté 6c aux moindres frais poflibles, grande
&. petite cuve à mercure. On y manoeuvre au fur-
plus tout comme dans la cuve à l’eau ; on doit feulement
éviter d’y porter aucun des métaux qui forment
amalgame, ils s’y difloudroient facilement & foiiil—
leroient le mercure ; les robinets de cuivre font eux-
mêmes très-prdmptement attaqués, il n’y a guère
que le platine & le fer qui s’y maintiennent fans
altération. Il faut encore faire attention que les vaiffeaux
de verre qu’on emploie foient affez forts pour
réfifter à la grande pefanteur du mercure. Les récipiens
cylindriques font les plus convenables, parce
qu’on pôut les vuider complètement en les couchant
dans la rigole 6c fans avoir befoin de les retourner,
ce que l’on n’obtient pas avec les bouteilles ou .flacons.
11 eft bon enfin de placer cette cuve fur une
table un peu plus large , 6c portant des rebords
élevés de- 2 à 3 pouces pour recueillir les globules
de mercure qui fe dilperîent facilement au moindre
mouvement.
I I I . Indépendamment de ces deux grands inftrumens
6c de leurs acceffoires dont j’ai déjà fait mention
, il y en a plufieurs autres, tels que des récipiens
garnis de condufteurs électriques, des cornues
dont le col .porte foupape, cliverfes efpèces d’eudio-
mètre, des, machines à comprimer les gas, des appareils
pour imprégner' l’eau, &c. & c . mais ils ne
font pas d’un ufage aufli général, & leur defcrip-
tion fera mieux placée dans les articles auxquels
appartiennent les expériences pour lefquelles ils font
appropriés ; je me réferve aufli d’y faire connoître
quelques appareils dont je me fers pour mettre différentes
fùbftances en contaét avec les gas , opération
pour laquelle on éprouve fou vent de grandes
difficultés.
§. 11. Obfèrvations. générales fur les précautions à
prendre pour affurer les réfultats des expériences fur,
Vair & les gas,
I. La cuve à l’eau qui eft celle dont on fe fertlq