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on fait l’affinage par le plomb, font des points im-
portans. Ce vaiffeau doit être plat Sç évafé pour
que l’air ait un facile accès à la furface du bain ;
de là font venus les noms de coupelle & de coupellation.
Dans les fonderies, ces vaiffeaux fe nomment auffi
cendrées, parce qu’on les prépare avec des cendres
de végétaux bien leffivées pour en enlever ous'
les fels qui les rendroient fufibles, & exa&ement ■
purgées de matières grades & charbonneufes, qui feraient
encore plus dangereufes, en ce qu’elles oc-
cafionneroient la réduduon d’une partie du plomb.
On emploie ordinairement de préférence la cendre
de hêtre. Quelques-uns mêlent à la cendre différentes
matières, telles que la chaux, le fable, Par-
g ille , le gypfe cuit ; comme il n’eft pas néceflàire
que ces fortes de coupelles abforbent tout le verre
de plomb, ces additions n’ont aucun inconvénient,
pourvu que la coupelle puiffe fupporter, fans fe vitrifier
elle-même, le degré de chaleur qu’exige l’opération,
& qui, à la vérité, n’eft pas fort confidé-
rable. Je paffe légèrement fur ces objets, ainft que
fur tout ce qui a rapport au travail en grand, parce
qu’on le trouvera décrit en détail dans la partie de
Métallurgie à la fuite de cet article.
Dans les Hôtels de Monnoies & dans les Laboratoires
, on n’emploie que des coupelles faites de
cendres d’os , c’en -à -d ire , d’os. calcinés au blanc,
réduits en poudre fine, paffés au tamis de foie,
bien lavés & mis en pâte avec un peu d’èau. Cette
cendre , que l’on nomme auffi terre ojfeufe, terre des
os, n’eft autre chofe qu’un phofphate calcaire ou fel
compofé d’acide phofphorique faturé de calce ; toutes
les parties Volatiles en ayant été féparées par la calcination
, & le phofphate de foude enlevé par les lotions.
J’ai fait des coupelles avec de la terre offéüfe
régénérée par la combinaifon de l’acide phofphô-
rique pur & de l’eau de chaux, & elles fe font
comportées abfolument comme les coupelles ordinaires.
Il eft remarquable que l’acide phofphorique
paffant'fi facilement à l’état de verre, il forme avec
la bafe terreufe une des matières les plus j-éfraélaires
eue l’on connoiffe, & réfifte même à l’aâion vitrifiante
de la litharge ; c’eft une des propriétés qui
ia rend fi précieufe dans les opérations de l’eflài &
de l’affinage.
Les coupelles étant deftinées à abforber la totalité
du verre de plomb, il eft très-important, pour
la perfe&ion de l’affinage, & fur-tout pour la fidélité
des effais, que ces vaiffeaux aient urv volume
proportionné à la quantité de plomb qui doit y
paffer, & qu’elles fe trouvent toujours uniformément
poreufes : les règlemens faits pour les Hôtels
des Monnoies contiennent à cet égard des difpofitions
qu’il eft bon de faire connoître, puifqu’elles font le
réfultat des travaux des plus célèbres Chyiniftes.
Par le règlement du 5 Décembre 1703 , formé
d’après les expériences de MM. Hellot, Macquer &
TiÛet, il a été ordonné, i°. que les coupelles Amples
géraient au moins 4 lignes d’épaiffeur, &, Jes cou-
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pelles doubles en proportion relativement à leur étei&
due, pourvue le bain de plomb fût contenu facile-*
ment, & qu’elles euffent affez de matière pour abforber
toute la litharge. a0. Que les coupelles, com-
pofées de pure chaux d’o s, feraient •formées fous
une preffe, dont la coupe & le modèle feraient envoyés
dans chaque Monnoie.
On voit par-là que fi les coupelles doivent être
effentiellement d’une compofition poreufe , qualité
que poffède éminemment la cendre d’o s , il faut encore,
fur-tout par rapport aux affinages d’effai, que
leur pâte ait fubi le même degré de compreffion.
Voici comment on donne la forme à ces vaiffeaux.
La pâte étant bien préparée & humeâée , au
point qu’elle puiffe prendre un peu de confiftance
après avoir été comprimée, on en remplit à plu-
fieurs reprifes la partie inférieure du moule, qui
s’appelle none, qui eft une pièce de cuivre dont la
concavité repréfente une portion dé cône, & qui
doit être placée fur un billot folide. ( Voye^ les planches
des foumeâux & injèrumens, fig: 2.) On foule cette
pâte avec les doigts, on paffe enfuite deffus la lame
d,e cuivre, fig. y , qui a la forme que doivent avoir
le baffin & les rebords de la coupelle, excepté qu’elle
ne creufe pas tout-à-fait le baffin au même point
où il doit être porté par la compreffion ; on la tourne
dans la none pour enlever la terre ftirabondante ;
on faupoudre alors la furface avec de la même terre
fèche très-fine, qui porte le nom de claire, par le
moyen d’un tamis très-ferré ; & pour finir la coupelle
, il ne refte plus qu’à appliquer la partie convexe
du moule, fig. 1, que l’on nomme moine , qui
eft également de cuivre, & dont le rebord fadlant
.eft deftiné à s’appuyer fur les bords de la coupelle.
Cette application fe fait ou par le moyen d’une
preffe, ou en frappant le manche du moine avec
un maillet. Les coupelles frappées font également
bonnes, fuivant M. Sage, quoique la Cour des
Monnoies donne là préférence à celles qui font
faites à la preffe.
Pour fortir la coupelle de la none, il fuffit d’appuyer
fon fond fur l’extrémité d’un cylindre de
bois du même diamètre. On laiffe enfuite fécher
lentement ces vaiffeaux à l’air ; par cette déficcation,
les parties fe rapprochent & ils acquièrent affez de
folidité pour être tranfportés avec précaution. La
fig. 4 repréfente une coupelle entière, la fig. 5 en
donne la coupe.
j II ferait facile de rendre ces vaiffeaux plus folides,
| en y ajoutant une petite quantité d’argille ; mais ce
ferait dire&ement contre l’objet, puifqu’ils deviendraient
en même temps plus compares & moins perméables
au verre de plomb. Quelques-uns recommandent
d’employer par préférence les os de veau
& de mouton ,• les effayeurs font même dans l’opinion
qu’il y a des os , comme ceux de porc , qui
ont la propriété d’abforber le fin : ces traditions ne
paroiffent fondées fur aucune expérience.
Dans les grands fourneaux d’affinage, les coupelles
font pahie effentielle de leur conftru&ion & en for-
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ment proprement l’aire. La forme de ces fourneaux
varie dans les différens pays. Suivant M.Pinus (de ve-
narum excofaone, §. 196), les Allemands pratiquoient
anciennement la coupellation à feu ouvert, c’eft-a-
dire, qu’ils mettoient fur la cendrée le bois & le
plomb pèle mêle, & qu’ils excitoientle feu avec des
foufflets , jufqu’à ce que tout le plomb fe fût diffipé;
de forte qu’ils ne recueilloient que la litharge qui
s’étoit imbibée dans la cendrée ; ils ont abandonné
çette méthode défe&ueufe ; on fe fort aujourd’hui
par-tout de fourneaux, de réverbère, ayant une
chauffe féparée, dans laquelle on met le combuftible ;
on emploie les foufflets pour porter à la furface du
bain, un air fans ceffe renouvellé qui hâte ;la vitrification
j on ouvre enfin une voie à la litharge pour
la faire couler par l’échancrure de la coupelle. (Voy.
ci-après Varticle AFFINAGE, Métallurgie.") M. Pinus,
qui a décrit avec beaucoup d’exa&itude le fourneau
allemand & celui des Anglois, donne la préférence
à ce dernier : il réfulte de la comparaifon qu’il en
fait, qu’il dépenfe moins de combuftible, qu’il n’y
a fur le plomb qu’une perte de 15 pour cent, au
lieu de 2.5 , & qu’on peut y affiner jufqu’à 100
quintaux & plus , tandis que,dans le fourneau allemand
, on ne peut guère paffer que 60 quintaux de
plomb tenant argent; cë qui vient, dit cet Auteur,
de ce que la coupelle allemande prend le quart , ou
même le tiers de la litharge, & que la coupelle an-
gloife en imbibe à peine la vingt-cinquième partie
( ouvrage cité, §.
Le fourneau le plus commode pour les effais, de
même que pour l’affinage dans les Laboratoires, eft
le fourneau à vent décrit par M. Sage dans fon traité
de l’art d’ ejfayer l ’or & l’argent. On s’eft fervi longtemps
de celui de Schindler, dont la figure fe trouve
dans le fécond volume des Elémens de Docimaftique
de Cramer, & dans les planches de l’ancienne Encyclopédie
; en 1776 le célèbre Tillet y fit déjà j
grand nombre de corrections très-avantageufes, prin- ■
cipalement pour en augmenter la chaleur par une
ventoufe, prenant l’air dans la chambre voifine, par
une chape fupérieure deftinée à y renouveller le
charbon , par un tuyau bien' proportionné^ qui s’élève
dans une cheminée, dont il intercepte à volonté
la communication de l’air avec celui du Laboratoire
, en pratiquant enfin une couliffe fous la
grille pour fe rendre maître du feu ( Mém. de l'Acad.
R. des Sciences , a n n .jjjô , pag. 414)', mais celui de
M. Sage m’a paru d’une conftruCtion plus fimple ;
il eft fait en terre & n’exige point de cage de tôle ;
on peut y adapter une ventoufe fi le local le permet
; la difpofition de la'chape m’a femblé fur-
tout plus commode ; & , à raifon de fa capacité, il
donne un coup de feu fuffifant pour tenir l’or en
fufion autant de temps que l’on le defirè. C ’eft celui
que j’ai fait exécuter au Laboratoire de T Académie,
& dont je donnerai les dimenfions- à l’article F o u r n
e a u d ’e s s a i .
Lorfqu’on veut affiner dans ce fourneau & lui donner
toute la chaleur dont il eft fufceptible, il faut
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le charger de charbons de moyenne graffeur, le gros
charbon laiffe des vuides, le petit laiffe trop peu
d’efpace à la circulation de l’air. On couvre d’abord
la grille d’un pouce & demi de charbon, on en
jette quelques-uns tout allumés par la chape , & on
achève de le remplir d’abord jufqu’à la hauteur du
plancher de la moufle , enfuite jufqu’au dôme, &
même un ou .deux pouces au deffus.
Lorfque la moufle eft rouge , & par conféquent
la coupelle, qui a dû y être placée dès le commencement
, on met dans la coupelle le plomb tenant
Y oeuvre, & on ferme la moufle avec la porte pleine
jufqu’à ce que l’alliage foit parfaitement en bain ;
alors on fubftitue la porte à lunettes, qui, laiffant paffer
l’air dans la moufle, accélère la calcination & donne
la faculté d’en obferver les progrès.
Le plomb aidant fenfibleinent la fufion des métaux
fins, même de la platine , on ne tarde pas à
voir la matière en bain clair & blanc, agité d’un mouvement
qu’on appelle circulation, & d’où fort une
fumée qui s’élève à la voûte de la moufle. Si cette
fiimée retomboit, ce ferait une preuve que le fourneau
n’eft pas affez chaud ; fi elle s’élevoit trop rapidement,
il faudrait au contraire modérer le feu,
i parce que fans cela le plomb fe vitrifierait trop
promptement & avant que d’avoir féorifié les métaux
imparfaits. Cet'te fumée n’eft autre chofe que
la chaux de ces métaux volatilifée par la chaleur;
la chaux de plomb en fait elle-même partie, puif-
que, malgré l’augmentation de poids que le plomb
acquiert en perdant la forme métallique , on trouve ,
en repefant la coupelle après l’opération , qu’il y a
toujours un déchet de 12 à 15 livres par quintal,
plus ou moins, fuivant le degré de chaleur.
A mefure que la coupellation avance, la maffe de
métal devient plus petite, & le feu doit être entretenu
ou même augmenté , puifque les proportions
de l’alliage ne font plus auffi favorables à la
fufioir, & que la plus grande fluidité eft néceffaire
pour que les dernières portions du plomb puiffent
fe vitrifier & fe féparer du fin ; à l’inftant que cela
arrive, le fin fe découvre fubitenjent, & préfente
une furface d’un blanc plus v i f & plus éclatant,
parce que le verre de plomb qui l’enveloppoit eft
bu par la coupelle, & que cette pellicule vitreufe
ceffe de fe reproduire par défaut de matière vitref-
cible. Cette lumière, qui paffe très-rapidement, eft
appellée Y éclair, la fulguration ou la corufcation. Il
refte , après cela, un bouton de fin , auffi pur qu’il
eft poffible de l’obtenir par la coupellation.
Comme dans l’affinage en petit on ne donne point
iffue à la litharge , on doit avoir l’attention de ne
charger de plomb les coupelles qu’autant qu’elles
en peuvent imbiber, c’eft-à-dire, feulement d’une
quantité égale à leur poids, & même plutôt au defi-
fous qu’au deffus. On court rifque, fans cela, de voir
la litharge, après que la coupelle en eft faturée,
couler fur le plancher de la moufle, l’attaquer &
quelquefois le percer ; d’autre part, la chaux de
plomb fe réduit facilement & reprend 'l’état mé