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potafle, maïs qui bouillonnoient fur les charbons an
fieu de décrépiter , & que l’efflorefcence n’ a pas
tardé à décider vrais cryftaux de vitriol de foude.
Il n’y avoit donc point eu de décompofition.
Le fécond mélange a donné une quantité affez con-
fidérable de cryftaux de nitre de potaffe, en aiguilles
fines, & une croûte faline formée, pour la plus grande
partie , de vitriol de foude, qui bouillonnoit fur
fes charbons ardens, & qui, à la longue, s’eft recouvert
d’efflorefcence. Ainli, il y avoit eu échange
de bafes. ,
Que l’on applique maintenant à ces deux expè- j
riences les nombres de M. Kirwan , ou tous autres
qui exprimeroient égalité d’affinité des deux acides
avec les deux alkalis ; on verra qu’ils ne peuvent fe
concilier avec les réfultats : le fymbole fuivant rendra
cette conféquènce plus fenftble.
Application des nombres de M. Kirwan aux phénomènes
que préfente le mélange du vitriol de potaffe &•
du nitre de foude.
r • Potaffe 215
Vitriol
+
/ 215
de <
potaffe 1 Acide
* vitriolique ü i
300
Acide
nitreux (
165 ] 380
Soude
Nitre
de
foude
La fomme dès forces divellentes étant égale à celle
des forces quiefcentes, il n’y a point de .raifon pour
qu’aucune des parties compofkntes foit déplacée, & ,
ces fels doivent refter comme ils etoient avant le
mélange. Cette vérité, que M. Kirwan a lui-même
pofèe en principe , fe démontre par l’application des
mêmes nombres à l’expérience inverfe , j.e veux dire
au mélange du vitriol de foude & du nitre de potaffe
, car le fymbole de cet autre cas n’eft que la J
tranfpofition des noms des fubftances & des chiffres;
préfente encore 1 équilibré des forces confpirantes,
il fèroit de toute impoffibilité que les deux effets
contraires fuffent produits dans des circonftances
abfolument femblables pour la nature & l’intenfité ;
des puiffances.
A in li, les nombres deM. Kirwan ne s accordent
point ici avec l’obfervation, & ce qu’il faut bien
remarquer , c’ell que l’application que j ’en viens de
faire n’indique pas feulement la néceffité de changer
quelques rapports, d’élever ou d’abaiffer quelque
puiffance entre deux extrêmes donnés, pour (ju’ils
conviennent à un plus grand nombre de phénomènes,
comme je l’ai confeillé.pour perfeâionner ma Table
des expreffions numériques des aflinités ; cette application
met en défaut le principe même de M.
Kirwan , puifque, quand il fubftitueroit des expreffions
indéterminées ou algébriques aux valeurs arithmétiques
, il retomberoit toujours néceffairement dans
A F F
-le point d’équilibre, dès qu’il y attacheront la condition
de l’égalité d’attra&ion des deux acides avec
chacune des deux bafes.
Les Chymiftes auroient eu peine à croire , il y a
quelques années, que le vitriol de potaffe put etre
décompofé par le nitre de foude } mais ce jeu des
doubles affinités ne doit plus étonner après les exemples
que j’en ai donnés dans la l re. Sçélion de ce paragraphe.
Dès que-j’eus forme le plan des deux experiences
que je viens de décrire, j en conftruifis les
fymboles d’après la Table d’expreffions numériques
que j’ai propofées (pag. SS^) ; ils m’annoncerent
non-dé com pofition dans l’un des cas ou je pouvois
le moins m’y attendre , 8c confequemment decomposition
dans le cas oppofé. Il fuffira de rapporter ici
le dernier.
Echange des. bafes entre le vitriol de potaffe & le nitre
de foude, par la voie humide.
Nitre de potaffe. *\
[/ ------------— -------- \J
Potaffe 58 Acide
nitreux
62 + 5 0 ] lI2 I
Acide
V itr io liq u e Soude j
116 \ ________ f
Vitriol de foude.
. Nitre
de
foude
Vitriol
de
potaffe
Cet excès des forces divellentes a été démontré
par l’événement des deux expériences, & j’ai eu la
fatisfaélion de voir confirmer encore dans cette cir-
conftance ce que j’ai dit précédemment, que ces
rapports une fois établis d’après un certain nombre
de données, s'appliqueraient à bien d’autres cas qui
n’auraient pas été .obfervés, & pourraient fervir à
les prévoir. . . - .
Il relie cependant un point a éclaircir. Un le rappelle
qu’en ordonnant cette expérience, fuivant les
proportions de compofition des fels indiquées par M.
Kirwan, il devoit fe trouver, après l’échange, une
portion de foude libre; cette portion eût été un peu
moins confidérable , mais encore affez fenfible, en
l’eftimant d’après les proportions déterminées par
Bergman : car les 49 grains de potaffe, portés par
les 96 de vitriol de potaffe, n’auroient pu prendre
que 33 des 43 grains d’acide nitreux contenu dans
les 100 de nitre de foude ;les 38,88 d acide vitriolique
auroient été faturés par 22,21 des 32 de foude
exiftans dans le mélange ; & comme les 10 grains
d’acide nitreux reftans n’auroient eu befoin, pour
leur faturation, que de 7,4 grains de foude , il y «n
aurait eu 2,39 de non-combinés. On peut donc dc-
A F F
mander pourquoi la liqueur n’a pas donné le moindre
fiane de la préfence de cet alltâli libre ?
je conviens que ce ferait un très-fort argument
en faveur de l’opinion de M. Kirwan, fur la faturation
de la potaffe & de la foude par des dofes
pareilles des deux acides, fi les faits ne refiftoient
nas d’ailleurs à cette opinion, & s’il n’y avoit pas-
d’autre folution de cette difficulté; parce,que,hors 1
de cette hypothèfe, il ferait impoffible qu’il n y eut
pas excès de l'ih) des quatre principes entre leffiuels
fe fait l’échange : mais nous avons vu que ce fyllême
étoit inconciliable avec la décompofition réciproque,
& il ne me paraît pas difficile de rendre raifon de
la perfévérance du mélange dans l’etat neutre, malgré
cette décompofition ; il fuffit pour cela de considérer
que ce n’eft pas ici une feule affinité fupérieure»
nui enlève à un fel fon acide ou fa bafe ; que la
puiffance divellente n’eft que le réfultat de plufieurs
forces qui concourent ; que ce concours ceftànt, res
affinités fimples redeviennent efficaces, & qu’il ceffe
réellement dès que la bafe abandonnée par l’un des
acides, ou l’acide leparé de l’une des bafes ne trouve
plus à former une autre union. Audi a-t-on obfervé
que ces décompofitions n’étoient ■ jamais complètes ,
qu’il reftoit toujours une portion de chacun des deux
premiers Tels, en quelques proportions qu’on eut
Nous pouvons conclure maintenant que la méthode
de M. Kirwan n’eft pas fondée fur des principes
plus certains que les trois autres que j ai examinées
; que l’on n’en connoît encore aucune que 1 on
puiffe fiiivre avec-confiance , 8c appliquer a tous les
cas d’affinité, pour en déduire des valeurs exaétes de
cette puiffance ; & que jufqu’a ce Jour nous na-
vons point eu de guides plus affiires dans ces recherches
, que Fobfervation des affinités fimples ou
des précipitations des fubffances l’une par l’autre,
& la rectification des rapports qu’elles indiquent par
leur application à des phénomènes plus compolés j
comme je l’ai dit dans la Ire. Seaion de ce paragraphe,
en propofànt une Table d expreffions numériques
des affinités formée fur ce plan.
Ce ne fera pas cependant le feul fruit que nous
recueillerons de cette longue difcuffion : j ai déjà fait
mention de ce principe, que l’illuftre Bergman nous
a donné lui-même fous le nom de paradoxe chy-
mique : que telle étoit en général la nature des fels
fimples , que plus ils étoient forts , moins ils exigeaient
pour leur faturation. Si ce principe eft v ra i, il me pa-
roît mériter la plus grande attention, comme pouvant
offrir une nouvelle bafe aux calculs des affinités
, non-feulement par la liaifon intime & ne-
ceffaire des caufes de la faturation avec celles de la
combinaifon , mais auffi par les rapports naturels
qu’il indique dans les différences des quantités. On
auroit peine à concevoir que ces deux phénomènes
puffent être indépendans l’un de l’autre, 8c fuivre
une marche irrégulière. 4
O r , nous avons déjà un affez grand nombre d obfervations
qui confirment ce principe ; o u , pour
mieux dire , depuis Homberg & Plummer, qui, les
premiers, ont publié des effais fur ce fuje t, jufqu’à
M. Kirwan qui y revient par une route différente,
la plupart des tentatives qui ont été faites par les
Chymiffes pour déterminer les proportions des parties
conftituantes des fels, tendent à établir cette
généralité ; 8c les expériences même qui femblent
fi fort oppofées fur d’autres points, iè réunifient
ou du moins fe rapprochent fenfiblement fur celui
ci.
Quoique Bergman ait' donné à ce principe le nom
de paradoxe, il ne l’a pas moins cru fufceptible de
'démonftration : voici le procédé qu’il a indiqué ( Opuf
Differtat. I , § . #)•
« Soient deux flacons dont l’un plus grand , con-
» tenant un poids déterminé d’alkali diffous dans
v l’eau, pèfe, y compris la diffolution 8c le bou-
» chon, comme A ; dont l’autre plus petit rempli
» d’un acide quelconque * ait un poids B. Que Ton'
» verfe dans le grand flacon une portion de l’acide
» du petit , 8c qu’on les bouche auffi-tôt légèrement
j, l’un 8c l’autre ; dès que l’effervefcence aura ceffé,
d qu’on-verfe de nouveau de l’acide, ayant toujours
n foin de fermer tout de fuite le flacon, 8c que l’on
n continue ainfi jufqu’à faturation. Süppofons qu’a-
» près cela le poids du premier foit a , 8c celui du
P fécond b, il eft certain que B — b ayant été - verfé
» dans le grand flacon , la perte du petit devrait ré-
v pondre à ce que l’autre a gagné ou B — b=za-~ A ;
j> o r , c’eft ce qui n’arrive pas, à moins que l’on n’em-
» ploie un alkali parfaitement cauftique ; autrement,
»-ob trouve toujours B — b plus grand que ^— A ,
» 8c la différence B — b— a - t -A , indique le poids
» de l’air fixe qui a été dégagé. Il faut que l’effer-
» vefcence fe faffe lentement, fans augmentation de
» chaleur, 8c que le flacon foit d’une grandeur
v convenable, afin d’éviter qu’il ne forte un peu de
» vapeur humide avec l’air fixe , ce qui induirait en
j> erreur. 1 .
» Si on évapore maintenant jufqu’à ficcité la difi-
» folution contenue dans le grand flacon, 8c qu’on
n calcine doucement le réfidu pour enlever l’eau
jf de cryftallifation 8c l’acide furabondant qui peut
77 s’y trouver ; on reconnoîtra , à l’augmentation de
73 poids connu de l’alkali 8c de l’air fixe qui en a
77 été dégagé, quelle eft la quantité d’acide nécef-
77 faire à la faturation de l’alkali privé d’eau 8c de
37 gas acide. On trouve par ce procédé :
77 Que ioo parties d’alkali végétal pur
y} exigent . . . . . 78,5 d’acide vitriolique
64 d’acide nitreux
ci,^ d’acide muriatique
42 d’acide méphitique.
» Que 100 parties d’alkali minéral pur
77 exigent . . . . . 177 d’acide vitriolique
135,5 d’acide nitreux
125 d’acide muriatique
80 d’acide méphitique.
n Ce que nous venons de dire des alkaiis a éga