
3* A CI
gre comme le foècifique le plus fur contre toutes
les vapeurs malfaifantes & même comme capable
iïe détruire les odeurs défagréables, on ne fe bor-
noit pas à dire qu’il pouvoit être utile contre les
vapeurs alkalines putrides ,ce qui aurait eu du moins
quelque fondement, quoiqu’à cet égard l’aride
muriatique plus puiflant & plus volatil, foit en cette
occafion bien iupérieür' au vinaigre ; on fuppofoit
encore que cet acide devoit neutralifer les vraies
moufettes qui ne font elles-mêmes qu’un gasacide,
on fuppofoit qu’il devoit neutralifer le gas délétère
de toutes les foffes d’aifance, même de celles de Paris,
qui recèlent un vrai hépar ou foie de foufre volatil
produit par la combinaifon du plâtre avec l’ammoniac,
tandis que tous les Chymiftes favent que le vinaigre
ne fert qu’à dégager l’odeur hépatique & à
en augmenter fur le Champ l’intenfité. Cette prétendue
dècouvrete, annoncée avec emphafe, avoit
déjà faifi les efprits, malgré les réclamations des
gens inftruits, dont on ne manque pas en pareil
cas, de prèfenter le témoignage comme fufpeél ;
mais le preftige n’a duré que jufqu’à la malheureufe
expérience dont les commiffaires rèimis de la fociété
royale de médecine & de l’académie royale des
fciences, dreffèrent procès verbal le 23 mars 1782,
& qui a été publié par ordre du roi.
A cide a c é t e u x , ( Pharm. ) quoique tous le s
végétaux fufceptibles de fermentation fpiritueufe
puiffent fournir cet acide, c’eft celui qu’on retire
du vin qui doit fe trouver dans les pharmacies ,
& dont elles doivent offrir quatre efpèces, vulgairement
connues fous le nom de vinaigre, &
qui font le vinaigre rouge , le vinaigre diftillé ,
le vinaigre concentré à la gelée & le vinaigre retiré
parla diftillation de l’acéte de cuivre , qu’on a nommé
vinaigre radical. On a vu dans l’article précédent
qu’elle eft la nature de ces différentes efpèces
de vinaigre, par quels procédés on fe les procure,
& quelles font leurs propriétés Chymiques ; il
ne fera queftion ici que de leurs qualités médicinales
& de la préférence à donner dans l’occa-
fion aux unes ou aux autres des ces efpèces. Mais
comme il importe de pouvoir, en prefcrivant le
vinaigre , prévoir fes effets par la connoiffance de
fon degré d’acidité , je vais indiquer ici d’après
M. Geoffroy, une méthode capable de l’apprécier.
Celui qui parla gelée à été réduit de 18 parties à
6 , abforbant par gros-onze grains d’alkali fixe, bien
fe c , le plus foible n’en diffout que deux ;ainfi pour
juger du degré d’acidité d’un vinaigre, il faut y
tetter de l’alkali fixe cryftallifé, & eftimer fa force
par la quantité du fel diffous. J’ai fournis à cette
expérience du vinaigre diftillé, & du vinaigre radical
, & j’ai trouvé que 100 grains de celui-ci,
avoient diffous 23 , 95 de grain de potaffe mé-
phitifée , & que pareille quantité de l’autre avoit
diffous 1 4 , 58 de grain du même alkali.
Le vinaigre à raifon de fon acidité, a la propriété
de neutralifer les humeurs du alkalifées, ou
alkalefcentes. Le principe acidifiant qu’il contient,
A C I
qui a beaucoup d’affinité avec la matière ignée,& qu*5
la chaleur animale exaltée fuffit pour rendre libre &
capable de diminuer la fomme des molécules ignées
développées dans la malTe humorale, le met en
état de diffoudre les humeurs que l’excès de ces
molécules avoit condenfées de corriger celles
qu’une putridité commençante, ou déjà portée
’à un degré confidérable, avoit altérées ; fi la qualité
atraéfive de fon acide en fait un roborant irritant
des fibres, le principe huileux qui entre dans
fa combinaifon , en diminuant fon énergie, modifie
fon aétion, de manière à la rendre moins redoutable
que celles des acides minéraux.
Par la réunion de ces différentes propriétés , le
vinaigre eft un roborant modéré, un correâif édulcorant,
abforbant clù feu, réintégrant des humeurs,
& conféquemment un rafraichiffant , un raffer-
miffant, un antifeptique curatif & prophilaâique &
capable de régler le ton des fibres, de rendre aux
humeurs leur confiftance naturelle & de dépurer
la maffe humorale en favorifant par la tranlpira-
tion , par les fueurs , par les urines , l’évacuatioii
de celles de leurs parties qui ne font pas fiifcep-
tibles d’être réintégrées, & qui devenues des corps
étrangers à l’économie animale, ne pourroient fé-
journer dans le corps, fans troubler l’harmonie de
fes fondions. On ri’employe le vinaigre radical
! que pour les combinaifons falinès & comme un
violent irritant capable de ranimer les forces vitales
en irritant les nerfs olfaâifs: le vinaigre concentré
par la gelée , & le vinaigre diftillé peuvent
l’être comme médicament; mais c’eft du rouge dont
on fe fert communément & dont on fait ufage,
tant à l’extérieur que pour l’intérieur.
La propriété roborante du vinaigre le rend un ré-
percuffifefficace à la fuite des contufions,avantageux
dans les inflammations externes commençantes, dangereux
lorfqu’elles font affez avancées pour que l’on
doive craindre le froncement des vaiffeaux & la
gangrené qui en feroit la fuite ; cette même propriété
fait du vinaigre un aftringent utile dans les
hémorragies du nez, & dans celles de la matrice
qui ont pour caufe l’atonie de ce vifcère ; un antifeptique
externe dans les gangrenés humides ; un
déterfif des ulcères avec chairs baveufes & molles«
Ce remède appliqué extérieurement eft encore par
fa qualité abforbante de la matière ignée, un remède
avantageux contre les brûlures légères; un
corre&if des acres dans les dartres & dans les
éruptions accompagnées de démangeaifons v ive s,
dans les piquures des abeilles, des confins & au*,
très infeaes de cette claffe ; enfin , un reftaurant,
par fon aétion fur les nerfs dont il réveille la fen-
fibilité.
L’ufage interne du vinaigre eft encore favorable
dans un plus grand nombre de circonftances, il
calme la chaleur animale, il prévient l’altération
où la bile, les-levains putrides & peftilentiels ,
un travail exceflif dans des faifons brûlantes, & la
tendance des aliments à la putridité pourroieQjç,
A C I
porter leslqiMeiirs ; il corrige celles mie ces califes
ont altérées , appaife la foif, excite oc modère les
fueurs , augmente la fécrétion des urines, arrête
les effets fùneftes de l’opium pris avec excès ,
calme les fpafmes caufés par de trop fortes dofes
des émétiques antimoniaux , diflipe les accidens
foporeux de l’ivreffe ; & des obfervations récentes
donnent lieu d’efpérer qu’on pourra l’adminiflrer
avec avantage dans la râgë confirmée par l’hydro-
phobie, & dans les empoifonnemens par l’arfenic.
Excepté les cas de gangrené externe, humide &
d’ulcères indolens, fanieux & recouverts de chairs
baveufes , contre lefquels on employé le vinaigre
à une température un peu fupérieure à la naturelle,
c’eft toujours à celle de 16 degrés du thermomètre
de Réaumur & a«-deffous, qu’on en fait ufage tant
à l’extérieur qu’à l’intérieur.
On l’employe ordinairement uni à l’eau & ce
mélange porte le îioirf d'oxycras", uni au miel il prend
celui d'oximel ; uni au lucre il forme des firops.
Voyeç ces mois.
On a v u , à l’article des acétes , qu’il fe combinoit
:avec les terres effervefeentes & avec quelques terres
métalliques & formoit différens fels. On verra
aux articles Onguens , Emplâtres , qu’il entre
dans la compofition de plufieurs de ces préparations
& à ceux AlCohols,qu’on peut le dulcifier comme
les acides minéraux ; & à l’article Éther Âcéteuxl,
qu’il s’unit à l’efprit-de-vin, en état d’huile éthérée.
L'acide acéteux eft employé à extraire différens
principes des végétaux, & les compcfitions qui en
réfultent, prennent différens noms relativement
aux efpèces des fubftances végétales expofées à
fon aâion diffolvante. Foye^ Vinaigres composés.
Cet acide eft le diffolvant des gommes-réfines. Foye^ PRÉPARATIONS DES GOMMES-RÉSINES &
leurs DISSOLUTIONS.
Il diffout auffi les graiffes & forme avec elles des
efpèces de favons. Par cette propriété il eft un condiment
très-utile dans la préparation des alimens ,
mais fon ufage excefiif peut être dangereux , le
vinaigre peut en tant que diffolvant des graiffes,
porter ceux qui en abufent à un état de maigreur
funefte.
On sa cru avoir tiré du vinaigre un fel effen-
tiel, mais on verra au mot Sel essentiel , qu’on
s’eft trompé.
L'acide acéteux entre comme partie compofante,
dans un fel efficace contre les angines aphteufes,
& connu fous le nom do. fe l Pharingien. Foyer
ce mot.
Acide animal , e’eft le nom que l’on donne
en general à tout acide qui exifte dans quelques
fubftances animales, ou qui en eft tiré. L’acide for-
micin exifte bien sûrement dans les fourmis, &
on ne fait que le féparer par la diftillation ; l’acide
fébacé -au contraire, n’eft pas en état d’acide libre
dans le fuif.
Indépendamment des fix acides que nous avons
m C I
indiqués à l’article acides-, comme appartenant à
ce règne , il y "en a d’autres que l’on obtient par
la diftillation de la chair, du fang, de la graiffe
& de la plupart des matières animales, comme je
le ferai remarquer lorfque je m’occuperai de leur
analyfe. M. Macquer propofe de les défigner particuliérement
fous le nom d’acides animaux empyreu-
matiques, parce qu’on ne les obtient en e ffet, qu’à
un degré de feu qui rôtit une portion de l’huile qui
les accompagne, & dont ils retiennent le goût.
Ces acides font ordinairement affez foibles, ce
que l’on attribue à l’huile qui entre dans leur compofition
; mais ôn fent combien il feroit intéref-
îant d’examiner fi cette huile leur eft effentielle,
on parviendroit peut-être à la féparer comme on
parvient à féparer la matière extra&ive colorante
de Y acide acéteux ; i l feroit facile de s’affurer fi
après cette redification, ces acides feroient bien
les mêmes .qu’auparàvant, en comparant les produits
de leurs combinaifons dans ces différents états ;
il pourroit arriver que ces acides aiiifi débarraffés
d’un mélange favoneux qui mafquoit leurs propriétés
, reprendroient plus d’énergie & fe rapproche-
roient enfin, de quelques-uns des acides plus Amples
qui nous font déjà connus; il eft par exemple
très - vraifemblable que les acides de toutes
les matières graiffeufes pourroient être purifiés au.
point de ne former qu’une fubftance identique avec
l’acide fébacé.
Acide arsenical , les anciens Chymiftes avoient
bien reconnu dans l’arfenic une qualité faline &
meme corrofive , puifque Bec cher le nommoit
‘eau forte coagulée ; mais ils étoient bien éloignés
^de foupçonner qu’on en pût retirer un véritable
acide. Ce fut en 1746 , que M. Macquer fit le
premier pas vers cette importante découverte , en
démontrant la poffibilité de neutralifer complette-
ment l’alkali du nitre par l’arfenic ( Voye^ Ar-
seniate de potasse.) A la vérité M. Macquer n e-
toit pas parvenu à recueillir féparément le principe
acide de cette fubftance, de manière à le combiner
dire&ement avec la bafe alkaline, mais fon
^exiftence n etoit pas moins prouvée aux yeux de
- ceux qui, conduits par une faine logique, ne fe
croient pas fonde à nier la réalité d’un corps par
cela feul, qu’on n’a pas encore trouvé le moyen de
1 ifoler de toute bafe. Auffi les auteurs des élémens
de Chymie de l’académie de Dijon n’héfitèrent-ils
pas de placer cette fubftance effentielle à l’arfenic au
nombre des diffolvans acides ; ils publièrent dans
le fécond volume imprimé en 1778 , une fuite d’ef-
fais pour combiner ce nouveau diffolvant avec toutes
les bafes terreufes & métalliques, foit par voie
d’échange , foit en faifant intervenir, comme M.
Macquer, l’acide nitreux dans l’opération ; ils an-
annoncèrent enfin, qu’ilregardoientl’ancienne compofition
appellée foie d’arfenic commeun vrai hépar
ou fel a trois parties qui difteroit du fel neutre
de M. Macquer, parce qu’il contenoit du phlo-
giftique.