
neutres. Voye%_ DISSOLVANT , MUR.ÏATE AMMONIACAL
& Se l n e u t r e .
11 paroît que la chaux d’or fulminante peut dé-
phlogiftiquer l’acide muriatique , puifqu’il y a presque
toujours une portion de cette chaux qui fe
réduit par l’évaporation de la dilTolütion * & ce qui
fert à appuyer cette'conjecture , c’eft que l’or
fulminant eft di/Tous, fans être décompofé, par
l ’acide muriatique ordinaire ; puifqu’en le précipitant
par l’alkali fix e , il fe trouve encore fulmi-,
nant. Mais j’aurai bientôt occaiion de parler delà
réduélion de la chaux de mercure pendant fa di-
geftion dans le même acide , & les motifs qui
m’empêchent d’en conclure la décompofition de^cet
acide, avant qu’elle foit décidée par des expériences
exaCtes , s’appliquent -à plus forte raifon
au phénomène dont il s’agit.
La platine pure & féparée de. tout fer eft attaquée,
fuivant M. Bergman, par l'acide muriatique
déphlogijliqué 3 lors même qu’elle eft en régule malléable.
Dans une fuite d’expériences fur la platine , publiées
dans le recueil de l’académie- royale des
fcien.ces de Faris pour 1779 > M. Tillet a recueilli
plufieurs obfervation?, foie fuîTaétipn qu’elle éprouve
de la part de cet acide, foit fur les conditions qui
paroiffent déterminer les propriétés de ce diftol-
vant • l’exaCtitude bien connue de ce favant acadé^- 1
micien leur donne trop de poids pou- que je n’en
faffe pas état dans cet article , quelles qu’en foient
les conféquences pour la théorie que j ’ai cru devoir
adopter,
Suivant M. T ille t , la platine qui , dans fon
alliage avec l ’or & l’argent, & par conféquent en
état de métal,~ fe laiffe attaquer par l’acide nitreux
feu!, réfifte plus que l’or à Yacide muriatique déphlogijliqué
par fa diftillation fur la manganèfe ,
pùifque Vacide ainjî préparé attaque Cor pur très-
fenfiblement, le corrode à fa furface , lui enlève par
conféquent tout fon brillant métallique, lui fait perdre
un douzième , o* dans certaines circonfiances jufquà
un fixièrne de fon poids, tandis qùune lame de platine
, duClile au point de palier par le laminoir,
- çonferve fon état métallique, refle prefque intaüle au
milieu de ce même acide déphlogijliqué en ébullition ,
&. ne perd (dans une proportion âffez copltamment
la même ) que - 0\ -$ de fon poids..
Le même académicien ayant reconnu, comme
je l’ai annoncé d’après les Chymiftes fuédois , que
la partie d’acide qui• paffe à la diftillation & qn on
recueille dans le récipient eft touojurs très-faible,
il a cherché à l’obtenir dans un plus haut degré
de concentration; pour y parvenir il a effayé de
dégager par l’acide vitriôlique celui qui reftoit dans
la cornue uni à la manganèfe , alors la liqqeqr du
récipient étoit plus concentrée, & fon aélion fur
ces métaux lui parut plus efficace. Cependant elle
fe trouvoit mêlée d’acide yitriolique ; & comme fa
puiffancé dilTolvante éprouvoit quelques variations,
foupçonna que la préfence de ce dernier acide
étoit néceffaire , mais dans de certaines proportions
que l’on ne pouvoir déterminer exactement
dans la diftillation : il prit donc le parti d’ajouter
à l’acide muriatique Amplement diftillé fur la manganèfe
une portion d’acids vitriôlique concentré;
il fit divers eftais pour dofer cette "portion , il
éprouva que l’acide vitriôlique mêlé à partie égale ,
en volume , avec l’acide muriatique arrêtoit la
diffolution ; qu’un tiers du premier ne la permet-
toit encore que jufqu’à un certain point , & que
la proportion la plus convenable étoit d’un fixièrne
d’acide vitriôlique concentré fur cinq fixâmes d’acide,
muriatique déphlogijliqué.
M. Tillet s’affiira d’abord par plufieurs expériences
que ce mélange enlevoit à l ’or fin , réduit en lames
minces ,plus de la moitié de fon poids , qu ilpouvoit
le diffoudre en total, f i on expo fait de nouveau la
portion d’or qui refloit à l’aêlion du même dijjolvant,
il avoit vu d'ailleurs que l’acide muriatique dégage
de la manganèfe n’avoit attaqué l’or, qu’à la faveur
de l’acide vitriôlique qui étoit monté avec lui ; il
avoit éprouvé enfin que la portion d’acide muriatique
déphlogiftiqué qui pajfoit dans le balton fans
l ’intermède de l’acide vitriôlique n’avoit prejque point
d’aÉlion fur l'or ; il conclut de la réunion de ces
faits que l’énergie de l'acide muriatique déphlogifli-
qué étoit due à fon mélange avec un peu d acide
vitriôlique, ati moyen duquel il acquéroit la propriété
de l ’eau régale. ’ _ ... /
Telles font les obfervations & les idées de ce
célèbre académicien ; il ne s’eft pas diffimule qu elles
s’écartoient beaucoup de ce qui avait été établi
par M. Schéele fur la nature & les ^propriétés de
ce diffolvant ; il paroît délirer que 1 on travaille n
éclaircir les difficultés que préfente cette matière ;
ce fera donc entrer dans fes vues que de propofer
ici quelques réflexions qui peuvent ramener a 1 uniformité
des principes des réfultats en apparence fi.
contraires,'
i 9. La platine laminée n'eft pas abfolument
indiffokible dfns Y acide muriatique déphlogijliqué ,
puifqu’elle y perd çonftamment une certaine quantité.
de fon poids, quoique très-faible : or il n’y
aurait que l’inldiflblubilité abfolue qui pourroit etrë
regardée ici comme un phénomène, comme un
fait hors de l’ordre. La quandcé d’eau régale, &
les çohobations répétées qu’exige la diffolution de
la platine çrqe , ou en grgins , nous àvoient déjà
convaincus que ce métal fingulier réliftoit plus que
l’or à ce diffolvant ;.il eft poffible encore quel écrouip
fement produit par le laminoir ajoute a cette re-
fiftançe, qu’il y ajoute dans une proportion qui
excède de beaucoup celle que l’or acquiert dans les
mêmes circonftances ; l’anomalie peut s’expliquer
encore par la fuppofuion rrès-vraifemblable que la
diffolution de la platine exige plus de chaleur que
celle de l’or , & que Yacide, muriatique dépblogtflU
qtiéy qui n’eft retenu que par le véhicule aqueux,
fondent difficilement ce degré ; ne pourroit-on pas
dire enfin que M. Tillet n’a pas mis la platine la-
. ; ’ minée
minée dans les Circonftances les plus favorables
pour juger de toute la puiffance du diflolvant,
puifqa’il ne l’a pas employé dans 1 état gafeux , ou
il jouit, comme je l’ai d it, de fa plus gran e énergie
; puifqu’il n’a pas effayé de rnetrn^ la platine
en contaél avec la manganèfe même , dans la cor-
-cue; puifque, comme le remarque 1 illuttre Bergman
, l’eau des récipiens n’eft le plus fouvent rendue
acide que par celui quLpaffe avant que d avoir
été décompofé par la m a n g a n è fe q u elle ne tient
qu’une infiniment petite portion de gas acide
déphlogiftiqué l Au refte ces expériences n’en ont
pas moins une utilité réelle pour completter le
Ivftême des propriétés particulières de la platine ;
on n’auroit pas foupçonné que ce métal, meme
précipité de la diffolution par l ’acide nitreux b réduit
à un état pulvérulent , eût rélifté à un diffolvant
quelconque capable de diffoudre des laines d’or fin.
a9. M. Wenzel a bien effayé d augmenter la
force d’un diffolvant acide., en le combinant avec
un autre, & principalement avec l’acide vitrioli-
que ( Foyeç ACIDE VITRIOLIQUE MIXTE ) ; mais
M. Tillet ne nous laiffe pas dans le doute fur le
point de favoir fi la force dilTolvante eft réellement
produite ici par l’aélion combinée des deux
acides vitriôlique & muriatique , comme on ex-
pliquoit anciennement l’énergie de l’eau régale ,
ou même par l’aétion que l’un des acides exerce
fur l’autre , comme celle de l’acide nitreux fur
l ’acide muriatique.
Il a tenté de faire attaquer l’or fin par un .mélange
d’un fixièrne d’acide vitriôlique concentré,
& de cinq fixièmes d’acide muriatique dans fon état
ordinaire , pourvu de fon phlogiftique , tiré du
même flacon duquel étoit forci celui qu’il avoit
diftillé fur la manganèfe ; Vor n a pas fouffert le
moindre déchet. L ’expérience a été répétée avec un
acide muriatique fumant très-concentré, & q u i , au
moment de fon mélange avec un fixièrne d’acide
vitriôlique , eft entré dans une fi grande effervef-
cence , qu’une portion de la liqueur a jailli avec
impétuôfité hors du vafe : il n’efi réfulté aucun indice
fenfible de diffolution.
On pourroit croire que ce défaut de puiffance
du mélange venoit de ce que l’acide vitriôlique y
étoit en trop petite quantité; mais on feroitbien
flans l’erreur, puifque M. Tillet affure au contraire
qu’on ne court aucun rifque de n’employer de ce
dernier, qu’un neuvième en volume, -ou même un
douzième , & que la diffolution a lieu conjlamment,
quand on fait entrer dans ce mélange. Y acide muriatique
déplogijliqué parfaitement.
A propos de cette déplogijlication parfaite, l’auteur
ajoute quelques remarques qui ,en même temps
qu Viles préparent la réfolution de la queftion,
peuvent fervir à éclairer la pratique des manipulations
pour préparer., & pour opérer avec ce
.diffolvant. Il faut que l’acide muriatique que l’on
veut déphlogiftiquer foit très-pur & dépouillé de
toute fubftance capable de paffer avec lui à la diftil-
Chymie. Tom^ J . %
la don , 8c par fa nature, de rendre inutile l’effet
que produit fur lui la manganèfe ; fans quoi i’acide
que l’on obtient n’a guères plus d’aélion fur l’or
que s’il eût été employé dans fon état ordinaire , '
& avant que d’avoir reçu cette préparation. L ’acide
muriatique qui, après cette diftillation , a une odeur
vive &. piquante, qui prend enfiiite une légère
teinte de couleur brune, n’a pas acquis, où n’a.
que très-foiblement la propriété de diffoudre l’or.
On eft plus certain qu’il a acquis cette propriété
lorfqu’il fort de cette opération, blanc comme de
l’èau diflillée u & exhalant une odeur douce ajfeç
agréable.
Il faut donc déjà tenir pour certain que l’acide
vitriôlique ne difpofe pas M acide muriatique à attaquer
l’or , que le mélange de ces deux acides eft
par lui-même inefficace; en un mot que l’aéliorrde
la manganèfe fur Yacide muriatique eft abfolumenc
néceffaire. Que manque - 1 - il prélèntement pour
completter les preuves de la théorie que j ’ai ex-
pofée au commencement de cet article ? rien autre
fans doute que la diffolution d’une portion d’or .
quelconque par Yacide muriatique traité feul avec
la manganèfe, & fans l’intervention de l’acide vi~
triolique. Mais M. Tillet ne nie pas précifement
ce fait, puifqu’il fe borne à dire que l ’acide ainû
préparé n’a prefque point d’aélion fur l’or ; & fi on
fait attention qu’il n’a pas employé cet acide dans
les circonftances les plus favorables , pour juger de
fon énergie ; qu’il n’a ni mêlé l’or à la manganèfe ,
ni préfenté ce: métal à l’acide en état de gas ;
qu’il Fa pris fous forme aqueufe, où il eft toujours
foible ; qu’il lui a appliqué la chaleur à laquelle
il fe diffipe fi facilement ; en un mot que cet acide
n’avoit peut-être pas été diftillé pour chaque opération
, avoit pu être en contaél plufieurs fois
avec l’air ambiant, ce qui fuffit pour lui reftituer
du phlogiftique ; on ne fera plus furpris qu’il n’ai-t
pas obtenu une diffolution aufti marquée que celle,
qui a été obfervée par MM. Schéele & Bergman,
que celle que j ’ai vu moi-même au laboratoire de
l’académie de Dijon , où les cornets d’or de départ
furent placés dans le récipient pendant la
diftillation de l’acide fur la manganèfe. Le principal
objet des recherches de M. Tillet étant d’approprier
ce nouveau diffolvant à l’art des effais , il
a dû fans doute le prendre dans l’état qui lui pro-»
mettoit une manipulation plus commode, une comparai
fon plus facile ; mais de ce qu il ne fe prêt©
pas à remplir ces conditions , on n’en doit rien
conclure contre une théorie étab ie fur la concordance
de tant de phénomènes , & que l’on regar-?
dera peut-être , après cette difeuftion , comme une
des vérités les mieux démontrées que nous offre la
Chymie moderne. :
11 refte cependant encore à favoir comment dans
toutes les expériences de M, I illet l’acide vitrio-
lique a du moins fenfiblement influé fur les réfiil-
tats, & augmenté réellement les quantités de
matière diffoute , les autres circonftances reftanc