
mêlânge Mu flegme /avec la liqueur alkaline , à
une dofe un peu confidérable, donna des fignes
ferifibïes d’efrèrvefcence. L’eau furabondante en
ayant été féparée par diftillation , il refia dans la
cornue une fubftance amère, Talée, d’une odeur
défagréable , qui ne fit point d’effervefcence avec
l’alkali ; mais cette èffervefcenee Te manifeftoit
quand on y véffoif -quelques gouttes d’acide , &
alors on fentoit une odeur pareille à celle du fro*
mage de Hollande.
*''9°. La moelle de boeuf donna au commencement
de la diftillation une eau infipide, enfuite beaucoup
d’huile qui Te figea de nouveau pour la plus
grande partie , mais point de flegme. L’huile ayant
été remife dans une cornue avec de l’eau, pour
effayer d’en retirer l’acide, elle .s’éleva en même
temps que l’eau par foubrefauts, & avec impé-
tuofité; au furplus, cette eau ne don'na aucun
Ligne d’acidité. La graiffe reftée dans la cornue,
diftillée de nouveau, le flegme parut acide, cependant
il ne Te manifefta ni avec les alkalis , ni
avec le fyrop de violettes.
A ces expériences de M.Segner, j’ajouterai celles
de M. Crell fur les parties conftituantes de la graiffe
humaine , dont il a fait la matière d’un mémoire;
particulier & différent de celui dont j’ai parlé pré-* i
cédemment. ( Chemifches Journal, -paru 1 , page'.
ici 2. ) • __
Ce Chymifte mit dans une grande cornue de verre
2.8 onces de graiffe humaine, fondue & filtrée , &
diftilla.Tur le bain de fable au fourneau de réverbère ;
le feu n’ayant d’abord été porté qu’à environ 155
degrés ( dé Réaumur ) , la graiffe fe fondit, & il
pafla un p.eu de flegme infipide. Alors la diftillation
s’arrêta, quoique le feu e.ût été augmenté de près de;
45’degrés ; mais le feu n’ayant pas été pouffé au-delà
de 220 degrés , la maffe commença à fe bourfouffler
extraordinairement, jufqu’à s’élever dans le col d.e
la cornue , ce qui n’arrive pas avec la graiffe de:
boeuf. Il paffa en même temps, avec des vapeurs
fenfibles , une liqueur qui, s’étant raffemblée dans
le récipient , parut de deux efpèces: celle qui fur-
nage o i t, étôit une huile d’un rouge brun, dont la
couleur devint de plus en plus foncée ; au-deffoüs
étoit du flegme d’un jaune d’or. Il Le trouva encore
au forid du récipient de l’huile figée qui reffemblôit
à de l’huile de cire. La diftillation fut continuée &
le feu augmenté, jufqu’à ce qu’il ne paffât plus
rien, ce qui dura 21 heures. A l ’ouverture du récipient
, on fentit une odeur très pénétrante, moins
.vive cependant que celle de la diftillation du fuif de.
boeuf ; les liqueurs furent féparées par l’entonnoir ,
& on trouva Wk onces d’huile noire & une once
,7 gros,de flegme jaune acide. I Jrefta dans la cornue
un charbon friable brillant , du poids d’une once
a gros 2 fcruptues.
L’huile figée , refondue à l’aide de la chaleur, &
diftillée de nouveau à un feu de 200 degrés, donna
9 onces d’huile moins colorée que la première,une
nuce d’acide jaune, & ericore de 1 huile figée»
M. Crell continua Me remettre jufqii’à deux fols
dans la cornue cette portion d’huile : il eut à la
première, au même degré de feu, 7 onces6 gros
d’huile d’un jaune rougeâtre, & 3 gros 30 grains
d’acide. Il porta le feu la dernière fois au degré le
plus violent, & il trouva dans le récipient une once
3 gros 40 grains d’huile brune , & feulement un
■ gros d’acide. Les réfidus charbonneux de même
nature que les préeedens , pefoient une once 7
gros,
Ainfi la décompofition entière de la graiffe humaine
par la diftillation, a produit pour la quantité
de . . . . . . . . 28 onces.
onc. gros. gr.J
Huile fluide, 20 5 40. $ o'nc. gro-?. gr.
Flegme acide, 3 ' 3 30 > 27 a 5°
Charbon brit* ; J1 . '
lant, . . . . 3 1 40 J
Perte pendant l’opération. . .......... 5 10
Comme auparavant, . . . . » 2.8 onces»
M. Cuelt regarde le déchet de poids comme ;iine
portion même de graiffe, & calcule en confequence
ce qu’elle auroit fourni d’huile & de flegme acide
dans les même proportions , fi on eût auui recueilli
les produits de fa décompofition : je ne m’occuperai
pas ici de ce calcul qui me paroît évidemment
porter fur une fauffe bafo : les Chymiftes favent
que dans toutes ces diftiftillarions l’aâion du feu
réfout en Les elémens aériformes une portion de la
matière , & que c’eft là véritablement ce qui fait
la perte la plus confidérable , quand pu n’opère pas
fur-tout dans l’appareil pneumatique. Le réfidu
charbonneux démontré cette décompofition.
Pour enlever l’acide qui pouvoit refter adhérent
. à l’huile , M. Crell l’agita à plufieurs reprifos dans
l’eau, & en fit la féparation par l’entonnoir.; ces
eaux raffemblées furent faturées avec un gros 7
grains de potaffe comme il avoit précédemment
reconnu qu’il falloit 6 gros & demi de cet alkâli
pour faturer 30 grains de cet acide, il en conclut
que ces eaux avoient encore fourni 1 4 \ g r o s
d’acide.
L’huile brune, rediftillée à un feu doux, donna
une huile claire, volatile-, qui avoit un goût de
clou de girofle (1) ; le feu ayant été augmenté,
elle devint jaun e ,.& enfin rougeâtre.. Il refta-3
onces 30; grains de charbon. .
2 onces M11 réfidu charbonneux furent réduits
en tendres , ee qui exigea beaucoup de temps &
de travail. Cette cendre pefa 5 gros 30 ‘grains.
L’eau diflillée bouillante en retira feulement 4
grains de fel qui n’avoit point de faveur fonfible ,
81 qui laiffa précipiter un peu de terre calcaire
( i)J l y a dans l’original TV u r \h ( iftfp h jn e ç fa n d ç ,
m
l’addition de l’acide vitriolique. L acide nitreux,
digéré fur cette cendre rougeâtre , en prit la couleur
, mais l’acide vitriolique n’en précipita que peu
de folénite. La liqueur ayant été évaporée à ficcité,
& le réfidu calciné, il devint rdïige & pefoit 6
grains. M. Crell préfume que ce fel fixe au fou eft
de même nature que celui qu’il a retiré de la cendre
du fuif, c’eft-à-dire , de l’acide phofphorique.
Des 4 gros 45 grains de cendre qui reftoient,
l’acide vitriolique en prit par la diftillation 40 grains
de terre alumineufe , & le furplus mêlé avec partie
égale d’alkali fixe, coula en verre parfait.
Telle eft l’analyfe que M. Crell nous a donné de
la graiffe humaine : ce Chymifte a vérifié que fon
acide eft abfohiment le même que celui de la graiffe
de boeuf, dont nous nous occuperons bientôt plus
particulièrement , & qu’il donne les mêmes Tels.
» C ’e ft, ( dit-il ) , une chofe remarquable que cette -
1» fubftance recèle trois efpêces de terre, & fur-tout
» une terre vitrefcihle en aufïi grande quantité. On
» ne doit pas pour cela la regarder comme une
» partie conftituante du corps humain ; car on fait
» que la vitrification des os dépend d’un fel phof-
» phorique. Comment cette matière qui n’eft fo-
s? lubie , ni dans l’acide de la graiffe , ni dans l’huile,
v peut-elle être tenue en diffolution ? Je laiffe l’exa-
w men de cette queftjon aux phyfiologiftes ».
J’obforverai à ce fujet que fi le phofphate calcaire,
©11 tout autre fel phofphorique terreux, exifte réellement
dans les graiffes, il n’éft pas befoin d’un nouveau
principe pour rendre raifon de ce phénomène ;
l’huile , dans fon état decombinaifon avec l’acide,
forme un diffolvant compofé qui peut avoir aâiofl
fur des bafes qu’aucune de ces parties compofantes
n’attaque féparément.
Mais exifte-t il quelque fol phofphorique dans les i
graiffes ? Je n’ai rien à oppofor au témoignage dé M.
Crell qui affûteavoir vu.la lumière :phofphoriqiie
dans le col de la cornue , où il avoit mis de la cendre
de fuif avec du noir de fumée , ( exper. XL. ) ;
cependant je dois obforver que tous lès Chymiftes
s’ accordent à regarder la graiffe comme une fubf-
tan.ce qui, quoique travaillée dans le corps des animaux
, n’eft point réellementranimalifée , mais qui
doit fon origine à l’huile des alimens qui n’ont pu
entrer dans la eomp.oficion du fuc. nourricier, qui
eft par conféquent une huile furabondante à la nutrition
, que la nature met en réferve pour des deflina-,
lions particulières. Ce font les termes de rilluftrc
Macquer qui appuie cette conclufion.fur cette obfer-
vation importante , confirmée par les expériences
de M. Crell 3 que l’analyfo delà graiffe n’y décou-.
. vre pas un atome d’alkali volatil. Lapréfonçe de l’acide
phofphorique dans la graiffe fer oit donc un
caraéière d’animalifation , affez ni arqué pour détruire
cette eonféquence , & fous ce point dé vue ,
! ee fait devient trop important pour l’admettre ,
•fans en avoir des preuves multipliées & non équi-
Chymie9 Tome I,
voques. On a bien remarqué que lagfaiffe diftillée
au bain-marie, donnoit une eau vapide, d’une légère
odeur animale, qui acquéroit bientôt une odeur
putride , & qui dépofoit des filamens comme mu-
cilagineux : Ce phénomène , ( dit très - bien M. de
Foitrcroy, ) qui a lieu pour l’eau obtenue par la difm
tillaiion au bain-marie de toutes les fubjlances animales
, prouve que ce fluide entraîne avec lui quelque
principe muqueux qui efl la caufe de fon altération.
Mais , comme il eft certain que la graiffe n’eft:
qu’imprégnée de ce muqueux , qu’il n’entre pas
effentiellement dans fa compofition , il nepourroit
forvir à prouver fon animalifation.
A in fi, en nous renfermant dans les faits Tuffi-
fa m ment vérifiés , nous pouvons confidérer les
matières fébacées comme des huiles particulières,
qui doivent leur çonfiftance & leur fixité à un acide
qui leur eft intimémentuni, & q u i, à mefure qu’on
leur ôte ce principe,deviennent fluides & volatiles,
prefque comme les huiles effentielies, puifqu’elles
s’élèvent à-la-fin au degré de chaleur de l’eau
bouillante.
Cet acide y exifte tout formé avant les diftilla-
tions ; on ne peut en douter , puifque ces fubf-
ftances pouffées au feu en vaiffeaux clos, fourniffent
leur air vital acidifiant en état de gas acide méphitique
; les Chymiftes , dont-j’ai rapporté les expériences,
ont négligé de recueillir les produits aériformes
; mais le célèbre Haies a retiré 18 pouces
cubiques de fluide élaftique de la diftillation d’un
pouce cubique de fuif, ç’eft-à-dire, de la portion
de cette fubftance qui fe décompofa, tandis que
la plus grande partie paffoit entière dans le récipient.
D ’ailleurs, l’état du réfidu charbonneux de
ces opérations, qùi s’approche delà plombagine par
la réfiftance même qu’il oppofe à l’incinération
annonce encore une quantité confidérable d’air
vital acidifiant, fixé dans ce réfidu , & converti en
acide méphitique. Enfin , nous verrons bientôt
que la féparation de l’acide. de la portion hui-
leu fe peut fe faire par la voie humide & avant toute
.îélion du feu ; ce qui eft une preuve démônftrative
que l’acide y eft tout formé.
Comment cet acide fe trouve-t il uni à l’huile
avant la décompofition de l à graiffe par le feu ? C ’eft
encore une queftion que l’on eft en : droit de faire :
fi c’étoit une combinaifon fi m pie, direéte de ces
matières dans l’état où elles fe montrent après les
diftiilations , il devroity avoir récompofition par
le foui effet du contaél, ç’eft ce qui n’arrive pas ;
d’où il faut conclure que ce n’eft pas ici Amplement
Une féparation momentanée par le feu, à la faveur
de la plus grande volatilité de l’une des parties;
& que, comme nous n’adnrettons plus des modifications
fans matière, le changement qui (ubfifte
annonce néceffairement addition, fouftra£rion , ou
du moins difproportion de quelque matière. Mais
c’e ft, ainfi que je l’ai dit ailleurs ,1a grande difficulté
qui fs rencontre dans les analyfos, par le feu dç